Pouah ! ce fil devient sérieux.
En l'absence d'oncle Joe, je prends la relève :
De belles découvertes ce w-e :
Samedi, sur le stand O’Merveille à Sèvres, un livre (
Le grand midi) de Yves et Ada Rémy dont j’ignorais l’existence, ainsi que
La guerre des océans de Moselli.
Et dimanche, en revenant de la « Coulée verte du sud parisien », je suis passé devant ce lieu de perdition qu’est la librairie (bouquiniste) rim’ (79 bvd St Michel, en face du Luxembourg). Résultat : Un recueil "Bouquins" des romans et nouvelles préhistoriques de Rosny aîné,
Le matérialisme dialectique de Henri Lefebvre (éd. 1947), et un livre de 1964 traduit du russe (URSS),
La vie au XXIè siècle.
Au début du livre de Lefebvre (puf, non tranché), sur la page listant les ouvrages de l’auteur, un, deux ou trois astérisques signalent respectivement ceux ayant été : « saisi et détruit en octobre 1939 par ordre du gouvernement Daladier » (
Le nationalisme contre les nations), "saisis et détruits début 1940 par suppression de l’éditeur" (
Hitler au pouvoir, bilan de cinq ans de fascisme en Allemagne et
Nietzsche) ou « saisis et détruits fin 1940 par ordre de l’autorité occupante » (
Le matérialisme dialectique et
Cahiers de Lénine sur la dialectique). Ex libris au nom d’Emile Callot (lui ?
http://www.idih.org/wiki/%C3%89mile_Callot).
Le livre de prospective est une petite perle. Il contient un bandeau (malheureusement coupé) portant la mention
Par les plus grand savants russes (scientifiques et ingénieurs interrogés par des journalistes pour confectionner l’ouvrage, et dont la liste est donnée à la fin du livre). L’introduction mériterait d’être citée en totalité. Se contenter de rire des grandioses visions de l’avenir du socialisme réellement existant serait manquer d’humilité et de relativisme, mais un peu de détente des zygomatiques ne saurait faire de mal (sachant que la même expérience peut être faite avec des textes français, américains etc.) :
L’idée de ce livre est née dans la salle de rédaction de la revue « Komsomolskaïa Pravda ». […]
Un combattant de l’armée rouge à qui on aurait raconté notre présent au temps de la guerre civile, l’aurait pris pour une utopie irréalisable ; mais pour nos jeunes lecteurs, c’est la réalité quotidienne. […]
Et il est certain que parmi les premières traces de pas humains qu’on trouvera sur la couche de poussière multiséculaire couvrant la Lune, parmi celles qui se verront sur le sol couleur de rouille de Mars, il y aura des empreintes de chaussures de journalistes… Et nous sommes personnellement persuadés que ce seront les empreintes des représentants de la « Komsomolskaïa Pravda ».
Nous pensons à lui, à notre avenir lumineux, quand le majestueux édifice du communisme sera devenu une réalité vivante. […]
« Il faut rêver », écrivait V. I. Lénine. Dans les années pénibles de la dévastation, il faisait part de ses rêves sur l’avenir de la Russie à l’écrivain Herbert Wells. Le célèbre « fictionniste » ne crut pas aux paroles de Vladimir Ilyitch, il appela celui-ci « le rêveur du Kremlin ». Les années ont passé et nous voyons que le rêve merveilleux de Lénine s’est réalisé.
On offre de face la vérité à son égal : on la laisse entrevoir de profil à son maître.
(Chamfort, Eloge de La Fontaine)