Salut,
Non, c'est bien ce que j'ai lu: tu as inclus dans un antho un texte que tu n'aimes pas. Ou alors tu parles juste d'un cas de figure?
ENfin quoi qu'il en soit, ça me semble inconcevable. Certes je ne suis pas un professionnel de la chose, mais dans les deux que j'ai fait, il n'y a pas un texte que je ne défendrais pas: je (enfin nous pour la deuxième) les ai choisi parce que je les aimais et il n'était pas question de faire du remplissage.
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Patrice
Ordre cosmique, loyauté et conflits d'intérêts
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dracosolis
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d'abord je parlais d'un cas de figure que j'ai vu se présenter ailleurs, pas de mon anthoPatrice a écrit :Salut,
Non, c'est bien ce que j'ai lu: tu as inclus dans un antho un texte que tu n'aimes pas. Ou alors tu parles juste d'un cas de figure?
ENfin quoi qu'il en soit, ça me semble inconcevable. Certes je ne suis pas un professionnel de la chose, mais dans les deux que j'ai fait, il n'y a pas un texte que je ne défendrais pas: je (enfin nous pour la deuxième) les ai choisi parce que je les aimais et il n'était pas question de faire du remplissage.
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Patrice
ensuite
je pense que quand même ça pourrait arriver chez moi, sous cet angle :
a) j'aime pas le texte
b) il a une valeur tout de même
c) au lieu d'écouter mon goût perso, je me dis que si moi je l'apprécie pas d'autres peuvent y trouver leur compte
alors je prends
et je défends
are you capting ?
pour le "remplissage"
je pense que je pourrais en faire aussi mais sans doute pas avec un texte que je trouverai à gerber, ce serait dans un truc plus médian genre "texte correct, sympa, mais pas inoubliable"
et je défendrai comme les autres
Un jour, faudra que tu expliques le coup de la goyave, ce sera rigolo...dracosolis a écrit :ahlalalala
quand on parle pro tu ramènes la goyave
et quand on parle goyave tu ramènes le pro^^
Là dessus, rien à dire chacun fait comme il le sent.en tout cas moi c'est clair en tant qu'anthologiste, je ne prend pas quelqu'un dont je sais qu'il va taper sur les copains de la page d'à côté ensuite.
même si son texte (en fait j'ai horreur de ce mot) même si sa nouvelle est une tuerie.
Parce que mon boulot d'anthologiste c'est qu'une promo bonne de MES auteurs soit faite à partir du moment où je les ai choisis.
(et donc --- transparenceuh! - je suis désolée mais à ce stade, Don Lo tu sais que désormais tu ne seras jamais dans aucune de mes antho, mais c'est pas grave, elles marchent pas, elles sont éditées par des passionnés pas super pro, et je t'aurais super mal payé)
(et en plus, j'aurais du bol si j'en fais une tous les dix ans^^)
Ben déjà, visiblement, on a pas la même conception de ce qu'est une anthologie...mais bon je suppose que la transparence exigerait aussi que je dise quels textes je préfère dans mes antho, lequel j'ai pris parce que j'aimais plus la personne à ce moment-là que la littérature, lequel me fait gerber mais j'ai pris parce qu'il me manquait du texte ?
mouais
en fait
je crois que c'est une super mauvaise idée la transparence telle que tu la conçois^^
Ni de ce qu'est un travail d'édition, j'allais dire, pro, mais je vais encore me faire remarquer, haha. C'est tout aussi clair. Du coup, j'avoue que là, je rigole à plein... En fait tu es (presque, encore un effort) très transparente, et je trouve ça toujours bien. Et ça permet aux auteurs qui travailleront un jour avec toi de savoir à l'avance que tu es capable de prendre leur texte juste parce que tu aimes bien leur gueule à ce moment là et que tu es en rade de texte. Après, les auteurs auront le choix de dire m'en fous, je suis publié, ou de dire nan, mais en fait nan, quoi. Et je ne peux que regretter que tu n'aies pas été si *claire* avant. Ça m'aurait arrangé, pour le coup...
Quant à ceux qu'on préfère, c'est autre chose. On préfère toujours certains de nos textes ou de ceux qu'on publie, à d'autres. Qui oserait dire le contraire ? Certains ont plus de défauts, mais de mon point de vue, un texte qu'on publie est toujours un texte dont on estime pouvoir tirer une certaine fierté. Ad minima, il doit avoir une qualité revendiquée, ou alors effectivement, on fait dans le pute. J'ai publié des textes que j'aimais moins, mais j'ai une bonne raison, autre que commerciale ou financière, pour l'avoir fait et ça, pour chacun d'entre eux. Ça peut être l'écriture, ou le choix d'un sujet exceptionnel, ou la qualité de conteur de l'auteur, mais il en faut au moins une des trois. On a pas toujours la chance de tomber sur des textes qui allient les trois qualités, mais les autres méritent aussi une publication, dont on peut quand même être fier, encore, ad minima.
Quant aux relations avec les auteurs... Ce sont des êtres humains. Avec certains, on a des déceptions humaines. Ne pas dire du mal d'un auteur qu'on publie ? Si on veut. Moi, ça ne me gêne pas en soi, même si je suis plus du genre à râler qu'à être vraiment fâchée, ne serait-ce que parce que, sauf rare exception, quand on aime un texte, je pense sincèrement qu'on aime la personne qu'il y a derrière.
Pas le contraire, entendez-moi bien.
Et quand je râle, ce n'est pas en public, par contre, justement parce que ce n'est que du râlage, et que souvent, c'est parce que ce jour-là j'étais de mauvais poil et que je peux bien aimer quand même quelqu'un après qui je râle. On a aussi le droit de râler après moi, en plus, que je sache...
Après, il y a des plus et des moins, et on peut défendre le texte de quelqu'un qu'on aime plus, je le fais à l'occase pour des gens qui ne sont pas mes auteurs et que je déteste sincèrement si le texte est bon. Je m'en fous, c'est, finalement, le texte qui compte.
Bon, il y a des limites humaines à toute position de principe, ceci dit. Je ne publierai jamais un texte même bon, de quelqu'un que je déteste d'emblée. Il y a d'autres éditeurs sur la place publique, ils n'ont qu'à aller se faire publier ailleurs.
Bref. On continue dans l'irréconciliable, tant sur la conceptions des relations humaines que sur les principes de base du boulot.
Maintenant, ça ne me gênerait pas, il y a de la place dans ce petit monde pour des conceptions du monde et du boulot différentes.
A condition évidemment, qu'on dise les choses comme elles sont, qu'on arrête les sous-entendus vaseux et mesquins, et qu'on ait le courage de dire ce qu'on pense sans en faire le serpent de mer sous-marinant dans la vase.
J'édite : je viens de voir l'échange avec Patrice.
Tu ne parlais pas de toi, donc.
J'avais compris comme Patrice, moi...
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Je défie Mallarmé de revenir d'outre-tombe nous dire en face qu'il a lu tous les livres... Surproduction, mon amour...silramil a écrit :Mallarmé a écrit : La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
C'est une des grandes forces de la versification, je le reconnais: quand ça sonne bien, ça permet de dire n'importe quoi sans pour autant susciter immédiatement l'hilarité.. un peu comme la musique...silramil a écrit :Mallarmé a écrit : La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
Oncle Joe
Hum, c'est un peu le contraire de ce que tu as l'air de dire. La force de la versification est d'alerter sur le fait que les mots employés ont été pesés soigneusement et qu'ils ont en général plus d'un sens.Lensman a écrit :C'est une des grandes forces de la versification, je le reconnais: quand ça sonne bien, ça permet de dire n'importe quoi sans pour autant susciter immédiatement l'hilarité.. un peu comme la musique...silramil a écrit :Mallarmé a écrit : La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
Oncle Joe
Par exemple, "j'ai lu tous les livres" ne signifie sans doute pas que Mallarmé revendique d'avoir tout lu de la production contemporaine ou passée, mais bien plutôt qu'il ne trouve plus de lecture à son goût, ce qui peut arriver à n'importe quelle époque.
Maintenant, si cette métaphore était réifiée, nous serions dans la science-fiction ou la fantasy.
silramil a écrit :Hum, c'est un peu le contraire de ce que tu as l'air de dire. La force de la versification est d'alerter sur le fait que les mots employés ont été pesés soigneusement et qu'ils ont en général plus d'un sens.Lensman a écrit :C'est une des grandes forces de la versification, je le reconnais: quand ça sonne bien, ça permet de dire n'importe quoi sans pour autant susciter immédiatement l'hilarité.. un peu comme la musique...silramil a écrit :Mallarmé a écrit : La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
Oncle Joe
Par exemple, "j'ai lu tous les livres" ne signifie sans doute pas que Mallarmé revendique d'avoir tout lu de la production contemporaine ou passée, mais bien plutôt qu'il ne trouve plus de lecture à son goût, ce qui peut arriver à n'importe quelle époque.
Maintenant, si cette métaphore était réifiée, nous serions dans la science-fiction ou la fantasy.
Ah, lui, il savait comment utiliser la métaphore et les doubles sens. Ça, c'est de la poésie!Apollinaire in [i]Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople[/i] a écrit : Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
Et les "oiseaux ivres", c'est sensé vouloir dire quelque chose? Perso, je vois la mouette de Gaston Lagaffe ayant abusé d'un apéro à la réaction de Spirou...silramil a écrit :Hum, c'est un peu le contraire de ce que tu as l'air de dire. La force de la versification est d'alerter sur le fait que les mots employés ont été pesés soigneusement et qu'ils ont en général plus d'un sens.Lensman a écrit :C'est une des grandes forces de la versification, je le reconnais: quand ça sonne bien, ça permet de dire n'importe quoi sans pour autant susciter immédiatement l'hilarité.. un peu comme la musique...silramil a écrit :Mallarmé a écrit : La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
Oncle Joe
Par exemple, "j'ai lu tous les livres" ne signifie sans doute pas que Mallarmé revendique d'avoir tout lu de la production contemporaine ou passée, mais bien plutôt qu'il ne trouve plus de lecture à son goût, ce qui peut arriver à n'importe quelle époque.
Maintenant, si cette métaphore était réifiée, nous serions dans la science-fiction ou la fantasy.
J'avoue n'avoir jamais compris comment un art qui me touche aussi peu a pu avoir une telle importance dans l'hisotire mondiale de la culture... c'est un peu comme le sport... je suis vraiment décalé!
Oncle Joe
Tu n'es pas très loin. La phrase n'était pas finie. Puisque tu es curieux, je te mets tout le poème.
Brise marine
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Mallarmé
Brise marine
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Mallarmé
En gros, l'appel du grand large prend le pas sur toutes ses passions précédentes : le sexe, la lecture, la promenade, l'écriture, le mariage et les enfants. Tout ce qu'il connaît l'ennuie et il ne désire plus que l'inconnu, le voyage qui est pour lui une fuite vers de nouvelles passions. Et même cet espoir se révèle insuffisant, car il n'est pas de voyage sans retour, pas de passion sans déception, à moins d'un naufrage... et je m'arrête car toute parole est superflue.
Cela dit, je n'aime pas Mallarmé.
Cela dit, je n'aime pas Mallarmé.