Lem a écrit :
Tu confonds pour me faire plaisir esthétique et politique, c'est bien. Et tu fais semblant de ne pas comprendre, c'est bien aussi. L'alternative n'est pas celle que tu décris, tu le sais parfaitement. On ne parlait pas de commerce mais de critères de jugement. Si tu refuses de te mouiller et d'élucider ce que sont, ou ce que pourraient être, de tels critères, tu abandonnes ta capacité de jugement au marché et tu dis en substance : "est bien ce qui se vend". Si c'est ta position, tu devrais l'expliciter.
Je l'ai pourtant assez dit : je ne distribue pas de bons points en matière de style. Ce que vous nommez "bien écrit", c'est juste des critères de classe, ça ne repose sur rien d'objectif.
Ce qui signifie que MES critères de "bon style" n'ont pas d'autre valeur autre que ma personne. Je ne vois pas au nom de quoi, je les imposerai aux autres.
Le marché est le cadre économique qui décide de la vie et survie des maisons d'édition. Vouloir s'en abstraire au nom de critères esthétiques, c'est de la politique, pas de la critique littéraire.
On peut décider "finalement, on se fout que des gens achètent et lisent les livres qu'on publie", c'est une posture politique. Ok. Très bien. Est-elle réaliste ou suicidaire, je n'ai pas à commenter cela, c'est un choix.
En revanche, faire semblant d'avancer que les critères esthétiques ne sont qu'esthétiques et qu'il n'y a rien de politique derrière, c'est quand même un peu se moquer du monde.
Des tas de personnes font comme si le critère du "c'est bien écrit/mal écrit" était une évidence partagée par tout le monde, qui ne mérite pas d'être explicitée ou discutée. Or, les rares fois où j'ai voulu en savoir un peu plus, chercher ce que ça voulait dire, j'ai bien vu que personne ne savait trop ce que ça recouvrait en réalité (un peu comme le terme métaphysique, hein ?).
A partir du moment où en dehors de 4-5 personnes, de groupes différents, de cultures différentes, ne se mettent pas d'accord, pour moi, c'est le signe qu'il faut placer le critère "style" dans la catégorie des critères "à la con".
On peut discuter sans fin si un livre est ou n'est pas de la SF. On le fait régulièrement ici, chacun peut exposer ses raisons de classer ou de ne pas classer, ça peut se discuter, et un observateur extérieur peut, au final, se faire un avis. Dans les "discussions" sur le style, en gros, les arguments c'est "c'est vachement mal écrit" "c'est superbement écrit". Point. Ca va rarement plus loin (parce que dès qu'on va plus loin, on se rend compte de tout ce qui est d'intime dans l'appréciation du style). Alors je trouve plus pertinent les critères qui permettent de discuter que ceux qui se résolvent à coups d'arguments d'autorité (style "moi j'ai fait l'école normale !", "moi j'étais à la sorbonne !").