Emily the Strange, c'est surtout une oeuvre toute entière tournée vers l'auto-dérision; les très nombreux clichés sont assumés à ce sens, et bien sûr totalement second degré (et n'empêche d'ailleurs pas des références pas dégueu). A commencer par le cliché qui structure tout l'album : le côté profondément dépressif du mouvement gothique, totalement détournée par l'humour ravageur et l'imagination débordante de l'adorable héroïne. Un antidote à la fois contre la culture "hype" prétentieuse et le catastrophisme parano d'un docu TF1 sur les méchants ados satanistes.
Emily ne se contente pas d'être drôle, elle se permet une véritable poèsie loufoque digne des plus grands cartoonistes. Vous pourrez ainsi apprendre la fabrication très tirée par les cheveux d'une machine à tuer le Père Temps, comment se perdre dans un magasin, grimper dans les nuages pour chercher les moins ennuyeux, pêcher une carte de l'Atlantide dans le caniveau, et bien d'autres inventions déliceuses.
Tout ceci concourt quand même rien de moins qu'à rendre captivant un album sur le thème de...l'ennui

L'avantage de cette BD, c'est que même si le mouvement gothique vous indiffére juste un peu plus que le making of de Secret story, vous pourrez quand même adorer. Tout le contraire d'une BD "hype" et communautariste.
Bref, si vous aimez la loufoquerie, n'hésitez pas, ça vaut le coup d'oeil.