Et Autre-Monde, de Maxime Chattam, ça vaut quoi ?

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Lensman
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Message par Lensman » sam. janv. 08, 2011 3:56 pm

Cibylline a écrit : Le seul truc, c'est que je ne dis pas que ça empêche qu'il y ait de "bons" auteurs.
Oui, mais selon les catégories.
Oncle Joe

Cibylline

Message par Cibylline » sam. janv. 08, 2011 3:56 pm

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Erion
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Message par Erion » sam. janv. 08, 2011 3:57 pm

Cibylline a écrit : Le seul truc, c'est que je ne dis pas que ça empêche qu'il y ait de "bons" auteurs.
Le fait d'être un "bon" auteur, n'a rien à voir avec le fait "d'écrire bien". Tant que t'arriveras pas à déconnecter les deux, la discussion sera difficile.

Prenons le cas d'un auteur que tu aimes, et qui, pour toi, écrit bien. Imagine ensuite qu'un fin lettré, qu'un expert (appelons-le Jourde/Naulleau, par exemple) débarque et te démontre à coups d'exemples, de phrases tirés des romans de cet auteur qui te touche et t'émeut, que cet auteur écrit mal, que c'est une horreur littéraire.

Il se passe quoi ensuite ? Tu vas décréter que finalement l'auteur que tu aimais, écrit mal et ne plus jamais le lire ? Est-ce que ça va changer quoi que ce soit aux émotions que tu as ressenties ? Ou vas-tu décréter que l'expert en question ne s'y connaît pas, ou a mal lu, ou trouver toute raison que tu veux pour disqualifier son avis ?

C'est intenable. Le mieux, c'est de ne PAS chercher à définir des critères objectifs du "bien écrit", parce que, finalement, il apparaît très vite que ce qui nous touche chez un auteur ne se résume pas au "bien écrit", c'est beaucoup plus vaste que cela.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Message par Cibylline » sam. janv. 08, 2011 3:57 pm

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Message par Cibylline » sam. janv. 08, 2011 4:06 pm

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Erion
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Message par Erion » sam. janv. 08, 2011 4:08 pm

Cibylline a écrit : Je n'ai pas peur de me tromper, je n'ai pas peur d'aimer un truc moche, j'adore aller au Quick, mais je sais ce qu'est la gastronomie.
Moi, c'est ça qui me plait, dans la vie.
Et donc, ça signifie que le critère du "bien écrit" n'a aucune importance pour qualifier une oeuvre. CQFD.
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Lensman
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Message par Lensman » sam. janv. 08, 2011 4:09 pm

Cibylline a écrit :
Lensman a écrit :
Cibylline a écrit : Le seul truc, c'est que je ne dis pas que ça empêche qu'il y ait de "bons" auteurs.
Oui, mais selon les catégories.
Je suis assez naïve pour penser que les lecteurs d'une catégorie peuvent reconnaître les qualités d'une oeuvre appartenant à une autre catégorie.
Honnêtement, je pense que c'est extrêmement difficile. En littérature, on peut avoir cette impression, mais c'est trompeur. On voit d'ailleurs de manière flagrante que ça ne marche pas pour les autres arts (demande moi de juger de la qualité d'un concert métal, moi qui me targue de m'y connaître en classique, ce sera lamentable (en fait non: je refuse de le faire parce que ça n'a pas de sens)). En peinture aussi, ça ne veut rien dire.
Oncle Joe

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Message par Cibylline » sam. janv. 08, 2011 4:15 pm

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Message par Cibylline » sam. janv. 08, 2011 4:18 pm

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Jean-Claude Dunyach
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Message par Jean-Claude Dunyach » sam. janv. 08, 2011 4:20 pm

Erion a écrit : Tu sais, comme éditeurs, j'ai eu Chambon, Jean-Claude et Mireille, à aucun moment nous n'avons parlé d'écriture. La question du "bien écrit" ne s'est jamais posée.
Exact en ce qui me concerne. Disons que, dès la première nouvelle d'Olivier que j'ai lue, ("La première oeuvre", publiée dans Galaxies) je me suis dit : "OK, le bonhomme maîtrise bien une palette d'outils stylistiques, il a une écriture, un style". J'ai pu signaler quelques bricoles locales, mais je n'ai effectivement jamais eu besoin de travailler avec lui sur les fondamentaux de l'écriture. Il a développé ses propres solutions et elles sont convaincantes à mes yeux.
La discussion entre nous, qui dure depuis pas mal d'années, porte sur des notions de "gestion de l'information" au sens large, de l'explicite versus l'elliptique, de rythme de narration, de "bonne longueur" d'un texte, etc. Et c'est passionnant parce qu'il n'y a pas une bonne ou une mauvaise façon de faire, mais diverses approches, donnant des résultats acceptables, et pouvant être diversement appréciées suivant la sensibilité de chacun.
C'est pour ça que je suis assez d'accord avec ce que martèle Erion/Olivier depuis pas mal de temps. Le style, en tant que critère d'appréciation, me pose des problèmes et mes critères de jugement dans ce domaine sont éminemment personnels, non généralisables. Et variables. Des notions comme "la musicalité", "la richesse", "l'inventivité", ou au contraire "la sécheresse", "la pauvreté", "la boursouflure", peuvent se définir, mais ils s'apprécient aussi au sens fonctionnel. Un style boursouflé, ça peut être très bien, ou ça peut donner Van Vogt, qui passe effectivement très bien dans un certain contexte, ou à l'âge idoine. Un style sec aussi. Un style sans musique, volontairement non sensoriel, aussi.
Par contre, dire que "les dialogues sont utilitaires", "les décors sont de carton pâte", "les personnages sont creux", ça renvoie pour moi à de la gestion d'information. Pas au style proprement dit. Mais pour d'autres (et je pense à Thomas Day avec qui j'ai eu cette discussion il y a quelques années et que j'en profite pour invoquer) cette gestion d'information fait partie du style. Si c'est le cas, peut-être faut-il lire sa critique du Chattam sous cet angle-là.
Parce que Chattam, comme Werber, gère l'information d'une façon assez opposée à celle que nous aimons, en SF en particulier. Il dit et redit la même chose sans approfondir - c'est pratique quand on lit deux pages chaque soir - et il ne procède jamais par induction, ou presque. Tout est explicite, rien n'est déduit, tout ce qu'on a besoin de savoir à un moment donné de la lecture a été dit ou répété dans les dix pages précédentes.
Et ça, c'est sans doute une façon de faire détestable pour les gros lecteurs expérimentés que nous sommes, mais qu'est-ce que c'est bien quand on lit un bouquin par an, péniblement, sur la plage, en oubliant d'un jour sur l'autre ce qui s'est passé avant... Et tant qu'il y aura plus de lecteurs de ce type-là que des autres, les chiffres de vente de certains auteurs dont le nom déclenche des polémiques resteront confortables.
Après, on peut tenter de m'expliquer que le rôle de l'éditeur, du libraire, du critique, est de mener le troupeau des masses ignorantes vers l'horizon radieux du bon goût et de l'élitisme discriminatoire en ne publiant/vendant/chroniquant que des choses d'un intérêt certain et d'une qualité littéraire suffisante. Ou on peut aller boire un coup, ce que personnellement je vais faire !
Modifié en dernier par Jean-Claude Dunyach le sam. janv. 08, 2011 5:53 pm, modifié 1 fois.
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
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Message par Erion » sam. janv. 08, 2011 4:21 pm

Cibylline a écrit : Tu ne peux pas qualifier un dessert en disant juste qu'il est sucré. Est-ce une crème ? Un moelleux ? Quelle est sa couleur ? Sa texture ?
Ca ne veut pas dire qu'il ne soit pas sucré et que tous les desserts doivent être sucrés.
Le sucre est composé de saccharose, une molécule que l'on peut repérer, identifier, évaluer. On peut dire d'un dessert qu'il est pas assez sucré (ça manque de cette molécule) ou qu'il est trop sucré (il y en a trop).
Le "bien écrit" n'est composé de rien de repérable, d'identifiable ou d'évaluable. Chacun a sa propre idée de sa composition. C'est précisément le problème. Y'a pas de formule, pas de proportions d'adjectifs et d'adverbes pour permettre d'affirmer la qualité d'écriture d'un texte.
Ca dépend de ce que chaque lecteur recherche dans un texte, c'est en fonction de son parcours de lecteur, de sa personnalité. Vouloir en faire un critère objectif, assumer qu'il est communément partagé par tous, c'est une erreur.
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Message par Cibylline » sam. janv. 08, 2011 4:32 pm

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Message par Lensman » sam. janv. 08, 2011 4:35 pm

Cibylline a écrit :
Tu es trop excessif.
Ou trop méridional...
Sérieux, regarde en musique... même à l'intérieur des catégories (en classique, par exemple), c'est un bordel sans nom au niveau de la critique. Alors, inter-catégorie, ce serait de la folie!
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Message par Lensman » sam. janv. 08, 2011 4:43 pm

Jean-Claude Dunyach a écrit : Parce que Chattam, comme Werber, gère l'information d'une façon assez opposée à celle que nous aimons, en SF en particulier. Il dit et redit la même chose sans approfondir - c'est pratique quand on lit deux pages chaque soir - et il ne procède jamais par induction, ou presque. Tout est explicite, rien n'est déduit, tout ce qu'on a besoin de savoir à un moment donné de la lecture a été dit ou répété dans les dix pages précédentes.
Et ça, c'est sans doute une façon de faire détestable pour les gros lecteurs expérimentés que nous sommes, mais coqu'est-ce que c'est bien quand on lit un bouquin par an, péniblement, sur la plage, en oubliant d'un jour sur l'autre ce qui s'est passé avant... Et tant qu'il y aura plus de lecteurs de ce type-là que des autres, les chiffres de vente de certains auteurs dont le nom déclenche des polémiques restera confortable.
C'est d'ailleurs une des grandes caractéristiques de la littérature "populaire" qui s'est développée formidablement au XIXe siècle, et qui perdure aujourd'hui (comme tu le dis, elle a ses lecteurs, et il est heureux qu'ils puissent trouver leur pitance ; c'est le contraire qui serait scandaleux).
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Sand
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Message par Sand » sam. janv. 08, 2011 5:43 pm

Erion a écrit :
C'est intenable. Le mieux, c'est de ne PAS chercher à définir des critères objectifs du "bien écrit", parce que, finalement, il apparaît très vite que ce qui nous touche chez un auteur ne se résume pas au "bien écrit", c'est beaucoup plus vaste que cela.
C'est tout à fait tenable.

il suffit de ne pas confondre "j'aime" avec "c'est bien"

Ce n'est pas parce que tu n'y arrives pas que d'autres n'en sont pas capables.

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