
Quel n'est pas l'effroi de Razvan, un immigré roumain, lorsqu'il découvre, au fond d'un hangar de la banlieue parisienne, le corps d'un homme empalé sur un pieu de bois, le visage tordu de souffrance ante mortem et les entrailles broyées : voilà exactement le sort qu'infligeait à ses victimes l'ignoble Vlad Tepes alias Dracula... Et si les vampires n'étaient pas morts ? Rue de Belleville, dans une ancienne folie abandonnée, ayant appartenu à un riche comte roumain, se terre depuis un demi-siècle la famille Radescu. Des sans-âge au teint blafard, noctambules par nécessité, hommes et femmes sur qui le temps n'a pas de prise, interdits de soleil et alourdis de désirs inassouvis. A l'initiative du patriarche Petre, ils décident de réintégrer la communauté humaine, pour en finir avec l'éternité et tenter d'échapper à cette existence désespérante. Bien qu'inachevé, ce roman posthume de Thierry Jonquet dit bien la fascination de cet écrivain pour la mort et l'immortalité, la souffrance des corps et des âmes. Dans ce texte très abouti, le macabre côtoie le drolatique, l'humour noir le dispute à la plus profonde humanité.