J'ai publié quelques articles (en fait des traductions d'articles envoyés par des auteurs locaux) dans Présences d'esprits sur d'autres pays concernés et, effectivement, une histoire par pays serait nécessaire.Lensman a écrit :Une histoire, je ne vois pas comment on pourrait faire (sauf, bien sûr, faire plusieurs histoires, pays par pays). Il n'y a d'ailleurs aucune raison à prendre le "continent européen" comme limite. Les USA ont une vieille SF considérable (avant Amazing), qui n'est pas plus exotique, pour nous, que la vieille SF allemande ou italienne (même moins, d'ailleurs...). Pareil pour la Russie, et le Japon (où il semble exister des choses, même si ce n'est pas quantitativement considérable).Lem a écrit :Bah… Les gars d'en face, ceux qui pensent que la SF n'est pas de la littérature, de la culture, ne le pensent pas non plus. Comme ça, tout le monde est content.Lensman a écrit :J'ai tendance à penser que ça ne s'articule pas.
Sinon, pour montrer à quel point le sujet de la SF ancienne est en friche (je préfère ne pas utiliser le terme "anticipation ancienne" parce que l'anticipation n'est qu'une partie de la SF, et que le terme n'a commencé à se généraliser en France qu'à partir des années 50), je jette ci-dessous, de mémoire, à peu près dans l'ordre chronologique, quelques œuvres européennes marquantes relevant du genre, tous supports confondus. Je trouve que ça laisse rêveur sur ce que pourrait donner une histoire systématique à l'échelle du continent.
Oncle Joe
Questions sur l'anticipation ancienne : les interviews
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- bormandg
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Pour la France, Lem s'y colle...bormandg a écrit : J'ai publié quelques articles (en fait des traductions d'articles envoyés par des auteurs locaux) dans Présences d'esprits sur d'autres pays concernés et, effectivement, une histoire par pays serait nécessaire.
Il y aura aussi une encyclopédie (jusqu'en 1950), dont je suis un des maîtres d'oeuvre (je suis censé rédiger, là, au lieu de bavasser sur Actusf...)
Pour les autres pays, il y a des trucs, mais dans les dialectes locaux (il n'y a pas une langue européenne que tout le monde parle, c'est dommage...)
Oncle Joe
Pour élargir le débat, n'oublions pas non plus que certains écrivains que nous voyons, avec le recul, comme représentatifs de l'AA, n'écrivaient pas uniquement dans ce genre -- qui n'était d'ailleurs pas constitué.Lem a écrit :Oncle a répondu : ce n'et pas le cinéma de SF ancienne qui est reconnu mais tel ou tel réalisateur, indépendamment des genres auxquels il touche. Lang a fait des films policiers, d'espionnage, d'aventures exotiques, de SF… Le point de vue de l'historien du cinéma, c'est que c'est d'abord et avant tout du Fritz Lang. Ça me paraît tout à fait normal, et le point de vue inverse (s'intéresser à Lang en tant que monstre sacré de la SF) également. L'important est de pouvoir articuler les deux.justi a écrit :Un point fascinant dans votre conversation : pourquoi le cinéma de SF ancienne est-il reconnu par tous (l'exemple de Lang est frappant), alors que la littérature n'a pas réussi cet exploit (Wells excepté ?) ?
Plus généralement, et pour me limiter au domaine historico-géographique que j'explore le plus en ce moment, à savoir celui de l'Angleterre edwardienne (1880-1914, en gros), nombre d'auteurs professionnels écrivaient dans tous les genres :
-- Conan Doyle : policier, historique, aventures
-- H. G. Wells : scientific romance, romans de moeurs, aventures, roman social
-- Richard Marsh : policier, sentimental, humour
-- Grant Allen : thriller, scientific romance, policier humoristique, roman tout court
-- Robert Barr : suspense, roman historique, humour
etc, etc.
En simplifiant, c'est avec les pulps américains qu'est arrivée la spécialisation des auteurs populaires (ce qu'Aldiss considère comme nuisible à l'évolution du genre SF, si ma mémoire est bonne), et peut-être imposons-nous au passé une grille du présent en cherchant à définir un mouvement littéraire baptisé AA.
Ce qui n'empêche pas que, d'une oeuvre à l'autre, d'un auteur à l'autre, on peut dégager des influences et des inspirations (Griffith ne devait rien à Wells, qui lui était strictement contemporain, mais tout à Verne).
JDB
“Miss Judith Lee, vous êtes l’une des choses les plus étranges de ce monde très étrange.”
Avant ou après 1945 ?Lem a écrit :Je pose la question autrement : y a-t-il une littérature européenne ?
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
http://melkine.wordpress.com/
Il y a eu depuis le début du 20e siècle (au moins) des échanges entre les pays, grâce à l'action de traducteurs mais aussi d'écrivains qui servaient de passeurs par-dessus les frontières.Lem a écrit :Je pose la question autrement : y a-t-il une littérature européenne ?
Lire une biographie de Stefan Zweig, par exemple, pour comprendre ce genre d'activisme. Bien entendu, cela se faisait par affinités : Zweig se faisait le promoteur auprès des lecteurs germanophones d'auteurs comme Romain Rolland en France et Emile Verhaeren en Belgique, dont il était proche idéologiquement.
JDB
“Miss Judith Lee, vous êtes l’une des choses les plus étranges de ce monde très étrange.”
Je n'en vois pas. Occidentale, peut-être... de Melville à Dostoïevski...Lem a écrit :Je pose la question autrement : y a-t-il une littérature européenne ?
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le jeu. févr. 17, 2011 1:31 pm, modifié 1 fois.
Tout à fait vrai.JDB a écrit :En simplifiant, c'est avec les pulps américains qu'est arrivée la spécialisation des auteurs populaires
Attention : il n'existe effectivement aucun mouvement littéraire baptisé AA (c'est une invention rétrospective des années 50 – on disait plutôt AS, d'ailleurs : Anticipation Scientifique. Voir la revue Fiction entre 1950 et 60) mais il existe un genre littéraire baptisé merveilleux-scientifique, scientific romance et finalement roman scientifique. La différence avec les USA, c'est que ce genre ne fait pas l'objet d'un dispositif éditorial spécifique.et peut-être imposons-nous au passé une grille du présent en cherchant à définir un mouvement littéraire baptisé AA.
C'est ça: ce que l'on appelle SF aujourd'hui, c'est ce qui découle de cette spécialisation.JDB a écrit : En simplifiant, c'est avec les pulps américains qu'est arrivée la spécialisation des auteurs populaires (ce qu'Aldiss considère comme nuisible à l'évolution du genre SF, si ma mémoire est bonne), et peut-être imposons-nous au passé une grille du présent en cherchant à définir un mouvement littéraire baptisé AA.
Les textes "non spécialisés" ont continué à paraître partout, c'est autre chose.
Je n'ai pas le même avis critique qu'Aldiss, mais il a raison: ça a tout changé.
Oncle Joe
Ce n'est pas un hasard si le manifeste du futurisme parait en France, avec le patronage de Rolland.
Pour Capek, il fait partie de cette intelligentsia tchèque qui vient étudier à Berlin ou en France (Cas de Benes aussi). Tomas Masaryk, futur président de la Tchécoslovaquie conseille à Husserl de suivre les cours de Brentano, par exemple. Il y a toute une frange de la société de la Mitteleuropa qui partage les mêmes auteurs, entretient des correspondances, se suivant les uns les autres.
Evidemment, on le voit moins en France, parce que c'est un pivot artistique, une référence, mais il est clair que l'Europe centrale, via l'empire austro-hongrois, développe une littérature et des contacts artistiques.
Pour Capek, il fait partie de cette intelligentsia tchèque qui vient étudier à Berlin ou en France (Cas de Benes aussi). Tomas Masaryk, futur président de la Tchécoslovaquie conseille à Husserl de suivre les cours de Brentano, par exemple. Il y a toute une frange de la société de la Mitteleuropa qui partage les mêmes auteurs, entretient des correspondances, se suivant les uns les autres.
Evidemment, on le voit moins en France, parce que c'est un pivot artistique, une référence, mais il est clair que l'Europe centrale, via l'empire austro-hongrois, développe une littérature et des contacts artistiques.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Mais ce n'est pas encore la science-fiction au sens moderne, justement, qui elle, est précisément liée au dispositif éditorial spécifique.Lem a écrit : Attention : il n'existe effectivement aucun mouvement littéraire baptisé AA (c'est une invention rétrospective des années 50 – on disait plutôt AS, d'ailleurs : Anticipation Scientifique. Voir la revue Fiction entre 1950 et 60) mais il existe un genre littéraire baptisé merveilleux-scientifique, scientific romance et finalement roman scientifique. La différence avec les USA, c'est que ce genre ne fait pas l'objet d'un dispositif éditorial spécifique.
Oncle Joe
PS: tu as osé parler de genre, tu sais bien pourtant que Georges nous l'interdit...
Il est clair qu'il y a DES littératures européennes, dont certaines sont d'ailleurs mal perçues comme telles chez nous...Erion a écrit :
Evidemment, on le voit moins en France, parce que c'est un pivot artistique, une référence, mais il est clair que l'Europe centrale, via l'empire austro-hongrois, développe une littérature et des contacts artistiques.
Oncle Joe