SF française et politique

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marc
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Message par marc » ven. févr. 16, 2007 12:20 pm

Lensman a écrit :Tu ne te tompes pas: beaucoup de gens ont cette impression... Mais cette impression ne reflète pas la réalité: l'immense majorité des textes envoyés aux éditeurs sont très, très mauvais (je parle des romans). Fais l'expérience si tu en as l'occasion: demande à un éditeur de te passer les manuscrits (de romans) qu'il a reçus ces derniers mois. Tu seras absolument épouvanté après lecture...
D'autre part, la plupart des éditeurs, lorsqu'ils tombent sur un texte publiable, mais qu'ils ne peuvent pas publier pour telle ou telle raison, essaient d'orienter l'auteur vers un collègue.
Pas rassurant tout ça ! C'est dû à quoi ce faible niveau ? On a perdu la flamme sacrée, ou on a oublié de passer le flambeau ? Je vais finir par regretter la période du FNA !
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » ven. févr. 16, 2007 12:27 pm

marc a écrit :C'est dû à quoi ce faible niveau ? On a perdu la flamme sacrée, ou on a oublié de passer le flambeau ? Je vais finir par regretter la période du FNA !
Ça m'étonnerait que le niveau général des manuscrits reçus par les éditeurs ait baissé (ou monté) de manière sensible depuis 1945. Et, puisque tu parles du Fleuve, ayant été lecteur chez eux, et ayant connu pas mal de gens qui l'ont également été, je peux te dire que « l'immense majorité des textes » étaient très, très mauvais.
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Mélanie
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Message par Mélanie » ven. févr. 16, 2007 1:01 pm

marc a écrit :Pas rassurant tout ça ! C'est dû à quoi ce faible niveau ?
A mon avis, le nombre de gens qui s'improvisent écrivains en se disant "tiens, ça a l'air facile" et qui soumettent leur tout premier manuscrit sans se donner le temps de progresser doit y être en partie pour quelque chose.

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Lensman
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Message par Lensman » ven. févr. 16, 2007 2:09 pm

Je pense que Mélanie a raison. Il n'y a là rien d'inquiétant. Ce qui serait bizarre, ce serait que beaucoup de gens soient vraiment doués pour l'écriture! ça se saurait chez les éditeurs... et les lecteurs. C'est une affaire de don et de travail, ceux qui réussissent à combiner les deux et à s'accrocher ne sont pas si nombreux.
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Arnaldus
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Message par Arnaldus » ven. févr. 16, 2007 7:22 pm

Lensman a écrit :demande à un éditeur de te passer les manuscrits (de romans) qu'il a reçus ces derniers mois. Tu seras absolument épouvanté après lecture...
Sans blaque ? Un éditeur accepte de laisser quelqu'un lire les manuscrits qu'il a reçu ?

JDB
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Message par JDB » ven. févr. 16, 2007 7:39 pm

Arnaldus a écrit :
Lensman a écrit :demande à un éditeur de te passer les manuscrits (de romans) qu'il a reçus ces derniers mois. Tu seras absolument épouvanté après lecture...
Sans blaque ? Un éditeur accepte de laisser quelqu'un lire les manuscrits qu'il a reçu ?
Un éditeur--c'est-à-dire un directeur de collection ou un directeur littéraire--s'entoure de "lecteurs d'édition" qui sont chargés de lire les manuscrits non sollicités, et même les autres, et aussi les livres étrangers transmis par les agents littéraires, et de rédiger des rapports.
L'année dernière, le directeur d'une collection de SF publiant de temps en temps des auteurs francophones a reçu 600* romans en français, dont beaucoup hors-sujet par rapport à l'orientation de sa collection.
Il est bien évident qu'il ne peut lire tout ça : ce sont ses "lecteurs" qui le font pour lui et lui signalent les éventuelles pépites dans ce flot de cailloux.
J'ai été lecteur d'édition il y a quelques années, lorsque je vivais dans la région parisienne ; je lisais surtout des ouvrages de terreur pour Albin Michel.
En générale, c'est quand plusieurs lecteurs sont enthousiastes que le directeur littéraire y regarde de plus près -- sauf auteur maison, bien entendu.
JDB
* Oui, 600 -- à mettre en parallèle avec le texte de Léa Silhol naguère posté sur ce site...

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Arnaldus
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Message par Arnaldus » ven. févr. 16, 2007 8:33 pm

JDB a écrit :Un éditeur--c'est-à-dire un directeur de collection ou un directeur littéraire--s'entoure de "lecteurs d'édition" qui sont chargés de lire les manuscrits non sollicités, et même les autres, et aussi les livres étrangers transmis par les agents littéraires, et de rédiger des rapports.
L'année dernière, le directeur d'une collection de SF publiant de temps en temps des auteurs francophones a reçu 600* romans en français, dont beaucoup hors-sujet par rapport à l'orientation de sa collection.
D'accord, j'ai bien compris que ce n'est pas "le directeur" qui lit tous, et il est évident (et logique) qu'il utilise un pool de lecteurs, mais je parlais de personnes extérieures. Mr X qui débarque au siège des éditions XXX et qui demande à pouvoir consulter des manuscrits reçus sur tel genre (en acceptant bien sûr de se plier à des régles de confidentialité, voir de s'engager à faire un petit compte rendu - c.a.d de participer finalement au processus de sélection)

On lui répondrait quoi ?

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Eric
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Message par Eric » ven. févr. 16, 2007 9:02 pm

"Sécurité !"
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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marc
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Message par marc » sam. févr. 17, 2007 9:36 am

JDB a écrit :pour lui et lui signalent les éventuelles pépites dans ce flot de cailloux.
J'ai été lecteur d'édition il y a quelques années, lorsque je vivais dans la région parisienne ; je lisais surtout des ouvrages de terreur pour Albin Michel.
En générale, c'est quand plusieurs lecteurs sont enthousiastes que le directeur littéraire y regarde de plus près -- sauf auteur maison, bien entendu.
Tes lecteurs, ils lisent combien de pages d'un livre ? Car je suppose qu'ils ne vont pas jusqu'au bout. Il y a probablement des livres qui sont recalés depuis la première page.
Combien de lecteurs doivent lire le même bouquins pour qu'on se fasse une idée de celui-ci ? J'espère que c'est plus qu'un lecteur.
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Eric
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Message par Eric » sam. févr. 17, 2007 9:43 am

C'est assez cruel à dire, mais un mauvais texte se repère assez vite.

Il m'est arrivé, lorsque je donnais un coup de main sur les anthos de savoir au bout d'une phrase de la nouvelle que je lisais, que ça allait être mauvais.

Pour un roman, au bout de un ou deux chapitres (max.) tu sais si le manuscrit vaut, ou pas, la peine d'être retravaillé.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Eons
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Message par Eons » lun. févr. 19, 2007 8:35 am

marc a écrit :Tes lecteurs, ils lisent combien de pages d'un livre ? Car je suppose qu'ils ne vont pas jusqu'au bout. Il y a probablement des livres qui sont recalés depuis la première page.
Il y en a en effet pour lesquels je ne suis même pas allé jusqu'en bas de la première page. Déjà, dépasser la page 3 est bon signe, et entamer le chapitre II de très bon augure.
Exceptions : survol en diagonale (10mn pour le tapuscrit entier) quand c'est visiblement mal écrit mais que le scénario de base semble intéressant.
marc a écrit :Combien de lecteurs doivent lire le même bouquins pour qu'on se fasse une idée de celui-ci ? J'espère que c'est plus qu'un lecteur.
Chez Eons, il suffit de 3 avis positifs (surtout si ce sont les 3 premiers qui arrivent). Dans ces cas-là, on n'a jamais eu en face plus d'un avis négatif (et souvent zéro).
A contrario, si les 2 premiers retours sont négatifs, il y a peu de chance d'avoir au final une majorité positive.

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Arnaldus
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Message par Arnaldus » lun. févr. 19, 2007 9:37 pm

Eons a écrit :Il y en a en effet pour lesquels je ne suis même pas allé jusqu'en bas de la première page. Déjà, dépasser la page 3 est bon signe, et entamer le chapitre II de très bon augure.
Hum, à vous entendre, on se demande pourquoi les maisons d'édition demandent d'envoyer des manuscrits complets

(désolé, je n'ai pas pu me retenir) :oops:
Ce sont ces mises en phase, ma petite Laureline, ça me ravage je t’assure … (Mézière - Christin)
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Eric
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Message par Eric » lun. févr. 19, 2007 11:12 pm

Je t'assure que tu n'imagines pas le niveau des manuscrits qui peuvent être envoyés. Quand Lensman et Eons disent "mauvais", il faut lire "effroyablement mauvais". Intrigue lue un milliard de fois, style infantile ou au contraire ampoulé, évidemment aucun sens du rythme ou de l'accroche, grossières erreurs de continuité, il va sans dire, mais surtout, et c'est plus grave, généralement une langue à peine maîtrisée (c.a.d. des erreurs de syntaxe et de grammaire, mais aussi des fautes de vocabulaire).

Bon allez, pour bien te faire montrer, je fais un truc salaud. Je te mets un exemple glâné sur le net du genre de texte qu'un éditeur reçoit à longueur d'année :
Je n'ai jamais été très à l'aise dans la matière.
"Non."
Elle baissa les yeux. Sans doute s'attendait-elle à recevoir une fois de plus cette réponse. Je crus un moment qu'elle allait pleurer mais elle ne dit mot, se contentant de se lever et de commencer à se rhabiller. La lumière de cette fin d'après-midi était diffuse et donnait des airs de métaphysique à l'intérieur dépouillé de l'appartement. Mais le mannequin était vivant et, si l'on ne pouvait voir son visage, de longs cheveux aux reflets roux en soulignaient les courbes délicieuses.
"Alex, je ne crois pas que je pourrai vivre ainsi..."
Je me dis que cette fois le fil fragile de notre relation était bien près de se rompre. Cindy m'aimait, assurément, mais je savais qu'elle était aussi écartelée que moi par un dilemme que l'on eût pu dire énantiomorphe du mien.
"N'importe quelle bactérie stupide sur sa gélose peut se reproduire", lui avais-je dit un jour. "Depuis des millions d'années", avais-je continué, dans une optique qui trahissait le sociobiologiste, "le psychisme, du plus humble réflexe à la pensée discursive la plus élaborée, a été le serviteur du gène, aidant son hôte à survivre aux jours et aux nuits, au gel et aux insolations, à déjouer les prédateurs et à surprendre ses proies, jusqu'à ce qu'il puisse enfin passer à la génération suivante une copie de tous ces égoïstes recroquevillés au creux de chacune de ses cellules. Avec l'espèce humaine, l'intelligence a enfin le choix : bien qu'elle soit toujours asservie à la survie du corps dont sa propre survie dépend autant que la perpétuation des gènes, elle peut désormais choisir de ne pas servir ces derniers et de se consacrer à ses propres quêtes, esthétiques et intellectuelles, plutôt qu'à la reproduction et aux soins des jeunes."
"Mais l'esprit est un condamné à mort... Sans possibilité d'évasion." avait- elle argué.
Arrivé à ce niveau de la nouvelle, le plus bienveillant des lecteurs a arrêté, et mis le truc à la poubelle.

Déjà, rien qu'en commençant par...
Je n'ai jamais été très à l'aise dans la matière.
... le malheureux a perdu la moitié la moins magnanime de ses lecteurs potentiels.

Et là, ce n'est qu'une nouvelle de 28 000 signes (même pas 20 pages)...
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

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Davidian
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Message par Davidian » mar. févr. 20, 2007 12:35 am

Eric a écrit :Déjà, rien qu'en commençant par...
Je n'ai jamais été très à l'aise dans la matière.
... le malheureux a perdu la moitié la moins magnanime de ses lecteurs potentiels.
En ce qui me concerne, c'est plus l'aspect ennuyeux à mourir qui m'a achevé.

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Arnaldus
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Message par Arnaldus » mar. févr. 20, 2007 7:36 am

Eric a écrit :...un exemple glâné sur le net du genre de texte qu'un éditeur reçoit à longueur d'année...
Oui. Là, il n'y a rien à débattre (frisson), mais justement, je trouve normal qu'un éditeur qui reçoit ça, lise 2 minutes et retourne une réponse "style lourd et indigeste" (sélection rapide dans une liste préparée à l'avance) et basta.
Perte de temps minimal, et qui sera encore moindre si on ne solicite que les 10 premières pages et un synopsis. Si ça passe ce premier stade, alors on autorise l'auteur à envoyer le reste.

Si je ne me trompe, c'est un peu comme ça que ça marche aux US, non ?
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