Que penser de l'intérêt actuel pour l'uchronie en France?

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Aldaran
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Message par Aldaran » dim. juil. 10, 2011 7:03 pm

silramil a écrit :
Aldaran a écrit :Ben oué, mais si la divergence ne se fait pas à partir d'un antécédent historique commun, les trois quarts de la SF va tomber dans l'uchronie, non ?
Pas compris, tu pourrais reformuler ?
Pour moi, l'uchronie, c'est une divergence à partir de l'Histoire commune et passée.
Comme tu l'admets, les romans de Brunner (Le Choc du futur), peuvent être lus comme des uchronies. C'est aussi vrai pour La Parabole du semeur de Butler, ou même plein de romans de Wilson qui s'appuient sur un point de divergence sans se situer précisément dans l'Histoire.
Du coup des tas de bouquins de SF vont avoir le cul entre deux chaises...
(Pardon, chuis pas fortiche en reformulation.)

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silramil
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:04 pm

Bull a écrit :Je ne vois pas trop la difference la, en lecture rapide en en utilisant 0.5 neurone
Pour mettre un peu à plat :

je propose de considérer comme uchronie un texte qui se donne comme sujet ou comme cadre l'extrapolation sur une divergence.
Ex : le Général de Gaulle est tué en 60 / Hitler gagne la guerre / Alexandre ne tranche pas le noeud gordien, mais le dénoue / la peste noire tue vraiment beaucoup de monde en Occident.
De ces points de départ (ça peut être plus compliqué qu'une simple divergence) l'auteur extrapole des différences, tout en considérant que le reste est assez égal par ailleurs. Il nous présente un monde différent, mais aussi reconnaissable.

Je placerais hors de l'uchronie au sens fort (même si ça peut être un peu uchronique, je ne suis pas sectaire) les anciennes anticipations et les mondes alternatifs où se passent des choses que nous n'avons pas, parce que nous n'avons pas les mêmes lois physiques. Je ne considère pas non plus comme uchronique un texte placé dans le monde contemporain où une découverte ferait tout d'un coup avancer la science et la technique. Et enfin, si du fait du temps de l'écriture et de la publication le début d'une série se trouve rattrapé par l'Histoire lorsque s'achève la série, je ne considère pas que la fin de la série soit automatiquement uchronique.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Bull
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Message par Bull » dim. juil. 10, 2011 7:07 pm

silramil a écrit :
Bull a écrit :Je ne vois pas trop la difference la, en lecture rapide en en utilisant 0.5 neurone
Pour mettre un peu à plat :

je propose de considérer comme uchronie un texte qui se donne comme sujet ou comme cadre l'extrapolation sur une divergence.
Ex : le Général de Gaulle est tué en 60 / Hitler gagne la guerre / Alexandre ne tranche pas le noeud gordien, mais le dénoue / la peste noire tue vraiment beaucoup de monde en Occident.
De ces points de départ (ça peut être plus compliqué qu'une simple divergence) l'auteur extrapole des différences, tout en considérant que le reste est assez égal par ailleurs. Il nous présente un monde différent, mais aussi reconnaissable.

Je placerais hors de l'uchronie au sens fort (même si ça peut être un peu uchronique, je ne suis pas sectaire) les anciennes anticipations et les mondes alternatifs où se passent des choses que nous n'avons pas, parce que nous n'avons pas les mêmes lois physiques. Je ne considère pas non plus comme uchronique un texte placé dans le monde contemporain où une découverte ferait tout d'un coup avancer la science et la technique. Et enfin, si du fait du temps de l'écriture et de la publication le début d'une série se trouve rattrapé par l'Histoire lorsque s'achève la série, je ne considère pas que la fin de la série soit automatiquement uchronique.
Ok.

Donc retour a un message precedent : corpus trop faible (je pense, et Oncle Joe semble l'avoir confirme) pour commencer a analyser le phenomene (comme tu semble voulor le faire).

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silramil
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:08 pm

Aldaran a écrit :
silramil a écrit :
Aldaran a écrit :Ben oué, mais si la divergence ne se fait pas à partir d'un antécédent historique commun, les trois quarts de la SF va tomber dans l'uchronie, non ?
Pas compris, tu pourrais reformuler ?
Pour moi, l'uchronie, c'est une divergence à partir de l'Histoire commune et passée.
Comme tu l'admets, les romans de Brunner (Le Choc du futur), peuvent être lus comme des uchronies. C'est aussi vrai pour La Parabole du semeur de Butler, ou même plein de romans de Wilson qui s'appuient sur un point de divergence sans se situer précisément dans l'Histoire.
Du coup des tas de bouquins de SF vont avoir le cul entre deux chaises...
(Pardon, chuis pas fortiche en reformulation.)
pas tant que ça à mon avis. Toute l'anticipation y échappe, qu'elle soit dans le futur ou dans un passé alternatif/rattrapé. Lire Brunner comme uchronie, c'est quand même une erreur de lecture.
Néanmoins, il y a le cas très intéressant, que tu mets en avant, des mondes qui ne sont pas très nets, où on n'est pas très sûr qu'il n'y a pas eu de différences dans ce qui est pour nous et pour ce monde un passé commun.
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silramil
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:10 pm

Bull a écrit : Donc retour a un message precedent : corpus trop faible (je pense, et Oncle Joe semble l'avoir confirme) pour commencer a analyser le phenomene (comme tu semble voulor le faire).
oh, moi je veux juste causer calmement.

Corpus faible... pas si sûr.
Si on regarde ici, on trouve des choses, quand même.
http://www.uchronia.net/bib.cgi/diverge.html
Enfin, il y a de tout, mais de quoi commencer.
Et je ne crois pas que ça inclue les romans français récents.
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Patrice
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Message par Patrice » dim. juil. 10, 2011 7:10 pm

Salut,

En voilà une bien belle question, en tout cas.
Nostalgie est sans doute le maître mot, même si certains auteurs n'en font pas preuve et au contraire utilise l'uchronie comme moyen de faire de la "science historique-fiction". Le meilleur exemple de ceux-là qui me vienne en tête étant Roma Aeterna de Silverberg. Mais j'ai déjà assez souvent parlé de l'admiration que j'ai pour ce roman et sa solidité intellectuelle.

Par contre, je ne sais pas s'il faut limiter le phénomène à la France. Dans mon papier accompagnant le dossier sur l'imaginaire russe (Galaxies n°11), je citai plusieurs critiques et auteurs qui disaient bien que les deux genres qui se taille la plus grande place en SF actuellement, dans les pays russophones, sont le post-apo et l'uchronie. L'une des critiques disaient même que c'était une façon typiquement européenne de ne pas voir le futur, à la différence des auteurs américains qui, eux, iraient de l'avant. Mais qu'en est-il de l'uchronie aux USA? Je ne sais pas.

A+

Patrice

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silramil
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:15 pm

Pas de raison de se limiter, en effet.

En ce qui concerne le refus du futur, c'est une idée que j'ai déjà rencontrée, en effet. Je ne sais pas trop quoi en penser.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » dim. juil. 10, 2011 7:16 pm

L'uchronie est une sorte de jeu intellectuel. On prend un point de divergence (ou plusieurs) et à partir de là on imagine ce que serait cette réalité alternative. Je pense que le coté ludique explique sans doute l'intérêt pour l'uchronie. C'est avant tout un jeu, et si...
Et l'histoire est un domaine si fascinant et si riches que les possibilités sont multiples.
Et si les cathares n'avaient pas perdu face aux croisés ?
Et si la loi salique n'avait pas été appliquée ?
Et si les Girondins l'avaient emporté contre les Montagnards en 1792 ?
Et si Napoléon III avait repoussé les Prussiens en 1870 ?

Il y a une autre possibilité c'est l'uchronie technique. On imagine qu'une découverte ou invention - qui dans notre histoire a été ignoré - a bouleversé le monde. Que ce serait il passé si Héron d'Alexandrie avait été à l'origine de la révolution industrielle avec sa machine à vapeur ? Si le fardier de Cugnot avait été massivement utilisé dès ses débuts ? Si Léonard de Vinci avait réussi à convaincre de l'utilité d'un certains nombres de ses machines ? ....
Bienvenu chez Pulp Factory :
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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:19 pm

Ludique... J'avoue que mon intérêt pour Civilization vient de mes envies de réécrire l'histoire!
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Lensman
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Message par Lensman » dim. juil. 10, 2011 7:21 pm

Bull a écrit :
silramil a écrit :Ensuite, il y a la question de ce qui est uchronie et de ce qui est réalité alternative.

L'uchronie s'organise à partir du passé et extrapole sur un présent différent de celui de l'écriture (ou alors un passé, s'il y a des étapes intermédiaires). On pourrait mettre dans l'uchronie une histoire où des croisés récupèrent une technologie extraterrestre et gagnent les guerres saintes avant de conquérir le monde, par exemple.

La réalité alternative présente simplement un monde différent. Dans le cas d'un cycle placé dans notre réalité initialement, la divergence se creuse au fur et à mesure qu'avance le récit, qui se contente de s'éloigner de plus en plus de notre monde. Ainsi, dans les Futurs Mystères de Paris, si je ne m'abuse, il y a des éléments du passé du monde de la fiction qui sont différents de notre histoire : ça n'en fait pas un futur uchronique.
Je ne vois pas trop la difference la, en lecture rapide en en utilisant 0.5 neurone
Il y a tout de même que l'idée que l'on se fait aujourd'hui de mondes alternatifs diffère sans doute assez sensiblement de ce que l'on s'imaginait à l'époque de Louis Geoffroy... ça demande à être creusé.
De nos jours, paf, une fonction d'onde qui s'effondre ou pas, et toc, un univers alternatif ! c'est presque du gâchis, on ne sait plus où donner de la tête...
Du temps de Geoffroy... ou même après...voyons... il faut lire L'éternité par les astres de Blanqui, mais ça nous mène déjà vers 1870...

Pour ma part, je distinguerait nettement entre l'uchronie "à l'ancienne" (la vraie d'origine) et l'uchronie "science-fictionesque", dans laquelle apparaît presque toujours explicitement l'idée de mondes alternatifs. Dans Le Maître du Haut-Chateau, je rappelle qu'il y a au moins trois mondes: celui des personnages, celui du roman La sauterelle pèse lourd, où les USA n'ont pas perdu la guerre, notamment parce que leur flotte avait quitté Pearl Harbour au moment de l'attaque des Japs (amusante raison), et un autre monde (le nôtre?) dans lequel bascule brièvement Mr Tagomi, et et où les blancs refusent de se lever par respect lorsqu'il entre dans un bar (ce qui le surprend beaucoup).
Souvent, l'uchronie "science-fictionesque" résulte d'un voyage temporel dans le passé où un imbécile fout la zone (Autant en emporte le temps de Ward Moore).
C'est le prix à payer pour que l'uchronie reçoive son estampille "SF": il faut des univers alternatifs bien perçus. evidemment, s'il y a divergence provoquée par une étourderie d'un voyageur temporel, c'est parfait, on est dans la SF pur jus !
La SF, genre nouveau, absorbe l'uchronie à ce prix: l'acceptation des mondes alternatifs. alors que par le passé, cette acceptation n'était pas nécessaire, le texte uchronique n'avait pas besoin de cet alibi de plausibilité, même s'il est pour le moins discutable.
Ce n'est que mon avis...

Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le dim. juil. 10, 2011 7:25 pm, modifié 2 fois.

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Message par Lensman » dim. juil. 10, 2011 7:23 pm

Patrice a écrit :
E Le meilleur exemple de ceux-là qui me vienne en tête étant Roma Aeterna de Silverberg. Mais j'ai déjà assez souvent parlé de l'admiration que j'ai pour ce roman et sa solidité intellectuelle.
Je crois que tout le monde n'est pas du même avis sur ce fil...

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Message par Patrice » dim. juil. 10, 2011 7:24 pm

Salut,
En ce qui concerne le refus du futur, c'est une idée que j'ai déjà rencontrée, en effet. Je ne sais pas trop quoi en penser.
Au risque de faire de la psycho-socio de comptoir, je suis tenté d'y croire. Nous vivons clairement une époque qui ne correspond plus à l'image des futurs flamboyants de la SF de l'âge d'or. Comment penser le futur quand on vit une crise qui est finalement autrement plus grave que celle de 1973, que l'on détruit lentement mais surement tous les programmes spatiaux un minimum ambitieux (au point de célébrer une pauvre navette automatique alors que les Russes en ont fait voler une il y a maintenant près de 30 ans), bref, quand on vit une époque qui manque singulièrement de rêve scientifique?
C'est sans doute une facilité, mais s'inventer d'autres futurs peut séduire.

A+

Patrice

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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:25 pm

Je suis assez d'accord avec ce que tu dis. l'uchronie ressemble beaucoup à l'utopie de ce point de vue : la SF l'a assimilée pour en faire autre chose.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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Message par Patrice » dim. juil. 10, 2011 7:27 pm

Salut,
Lensman a écrit :
Patrice a écrit :
E Le meilleur exemple de ceux-là qui me vienne en tête étant Roma Aeterna de Silverberg. Mais j'ai déjà assez souvent parlé de l'admiration que j'ai pour ce roman et sa solidité intellectuelle.
Je crois que tout le monde n'est pas du même avis sur ce fil...

Oncle Joe
C'est bien pour cela que j'ai parlé de solidité intellectuelle et non nécessairement de qualité littéraire: je sais que certaines des nouvelles qui le composent traînent un peu en longueur.

A+

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Message par silramil » dim. juil. 10, 2011 7:27 pm

Je comprends l'argument et il me convainc en partie, mais de toute façon l'enthousiasme forcené pour la technique a toujours été très américain, me semble-t-il. L'uchronie ne serait qu'un symptôme à la mode pour une ancienne divergence de points de vue sur la science.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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