Hoêl a écrit :Bon , j'avais parlé de nourrir le troll , j'en ai eu pour mon argrnt .
Sinon , Erion , puisque ta question est sérieuse , je vais prendre un exemple dont je me sers avec mes élèves au sujet de Marcel Proust , tu le retrouveras aisément dans le Lagarde et Michard du XXème .
Il s'agit d'un passage où , dans la 2ème ou 3ème phrase , il compare par métaphore les occupants des loges à des Néréides et des tritons , la phrase , interminable comme il se doit , file la métaphore de façon époustouflante tout du long , et son rythme mime le sac et le ressac de la mer qu'elle cherche à évoquer jusqu'à mourir sur le rivage de l'orchestre assimilé au monde des mortels .
Avoir su tenir un propos aussi longtemps , avec tant de cohérence , à la fois sur le plan du rythme , des images et du sens constitue , pour moi , la marque d'un grand styliste . mais je suis tout à fait conscient de la subjectivité de cet avis car je reste persuadé que l'appréciation d'un style est avant tout subjective .
J'ai l'impression que, dans ces cas, le sens du texte, on s'en fout un peu: c'est plutôt le rythme, quelque chose comme de la musique.
Cela me fait penser à l'opéra: combien d'opéras ai-je écoûtés et très appréciés sans comprendre le sens de ce que chantaient les chanteurs, hormis un vague synopsis?
Personnellement, ça me va très bien.
C'est pareil dans l'autre sens: un texte qui m'intéresse, je me fiche un peu du style, ou plutôt, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, je n'y fais pas tellement attention. Et d'ailleurs, je compte bien ne pas y faire attention, et j'entends bien que l'on ne m'ennuie pas avec cela, vu que cela ne m'intéresse pas beaucoup (hormis des trucs qui sautent aux yeux, mais ça ce n'est pas de faire de la critique, c'est faire des corrections).
Mais je comprends bien que l'on s'y intéresse, à condition de ne pas en parler comme s'il était évident que cela devrait être intéressant pour tout le monde, comme s'il était évident que c'est une composante fondamentale du roman. Or, dans les critiques, des tas de gens, plus incompétents les uns que les autres, passent leur temps à parler de style, alors que ce sont des brêle dans le domaines, imbus de parti-pris scolaires sans aucun intérêt. Ils s'imaginent avoir du goût, alors que, déjà, on se demande ce qu'ils comprennent de ce qu'ils lisent.
Parler réellement de style, c'est extrêmement difficile, c'est très technique, et ça ne peut intéresser que des spécialistes. Fait par des dilettantes, c'est insupportable...
Le critique dilettante, c'est mieux quant il dit vite fait, s'il y tient vraiment, "j'aime le style du texte" ou 'j'aime pas le style", et quand il passe vite ensuite au vif du sujet. Un critique dilettante peut parler du sens, mais je lui dénie tout intérêt et compétence dans le domaine du style.
Les vrais critiques compétents en style sont très rares.
Oncle Joe