Sylvaner a écrit :J'ai d'ailleurs eu une discussion intéressante avec un IPR de sciences physiques (si, si) 
sur l'incapacité des physiciens à "faire passer" les concepts du XXe siècle aux élèves 
avant l'université... donc au commun des mortels. Pour tout un chacun, le monde est 
Copernicien, voire Newtonien... Si 10% de la population a une vision Einsteinienne et 
1% une vision quantique, c'est déjà énorme.
Si j'en crois mes propres évaluations, c'est plutôt pire : un peu moins de 5% 
d'une 
population d'enseignants et de futurs enseignants (niveau bac +4/5, donc) a une vision 
galiléenne du monde. (en revanche, pratiquement tous sont coperniciens : il y a
donc quelque chose d'assez intriguant qui se joue voici environ quatre siècles).
Dans une certaine mesure, le détour par la SF semble permettre de contourner 
l'obstacle épistémologique correspondant  (si la question t'intéresse, les actes des 
dernières  journées 
Enseignement et science-fiction de l'IUFM de Nice devraient 
sortir en octobre au Somnium).
Lensman a écrit :J'ai tendance à penser que c'est même optimiste. Pour les assimiler "en profondeur", 
il faut y être plongé en permanence, et c'est le cas de très, très peu de gens.  
Pas forcément d'accord avec toi. Si l'on parle de relativité restreinte, les bases en sont
à mon sens assimilables par un bon lycéen "scientifique" : le problème est plutôt,
comme pour la relativité galiléenne, la proportion d'enseignants et de soi-disant 
vulgarisateurs qui ne la maîtrisent pas vraiment eux-mêmes. La relativité générale 
et la méca Q sont nettement plus techniques, avec un "ticket d'entrée" correspondant 
à plusieurs années d'études supérieures ; mais ce niveau étant acquis, je ne pense 
pas qu'il faille être un pro "plongé en permanence" dans ces questions pour les 
maîtriser. 
Lensman a écrit :Il y a des aspects qui sont complètement contre-intuitifs. 
 Inutile d'ailleurs d'aller chercher les concepts de la physique. 
Oui. Ce sont autant de défis au pédagogue, mais leur assimilation n'est pas forcément
le plus difficile ou le plus long, si on les aborde par le bon bout.
dracosolis a écrit : je ne les "comprends (et encore vaguement) qu'au moment où je décide d'utiliser 
le concept pour définir un truc qui échappe à ma vision "normale" (compréhension 
instinctive) du monde (et du coup je me mets à ramer sombrement pour comprendre 
brièvement* le bouzin)
* brièvement est un mot clé, je veux dire que c'est un apprentissage opportuniste qui ne "reste" pas
Non, donc. On franchit l'obstacle ou on ne le franchit pas mais, une fois passé, il le 
reste  (je parle de l'assimilation d'un concept anti-intuitif, pas de l'habileté à le manipuler
techniquement : là, c'est comme tout, il faut continuer à faire ses gammes...)
L'apprentissage opportuniste dont tu parles, c'est, me semble-t-il,  celui qui permet de 
faire semblant  d'avoir compris (ce qui, dans bien des cas, est largement suffisant 
en SF — mais pour un effort équivalent, autant vraiment franchir le pas...).