Simon Bréan - La Science-fiction en France

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silramil
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Message par silramil » sam. nov. 17, 2012 9:48 pm

Concernant la vitalité de la SF française entre 65 et 69, effectivement j'insiste sur le rôle essentiel de Fiction, qui assure alors une fonction presque unique de "découvreur de talent".
Et il y a d'excellents auteurs publiés alors en traduction, c'est indéniable, mais justement : à cette époque il y avait un risque réel d'effacement des auteurs français, faute d'autre lieu de publication qu'anticipation.
(Bon, je me couche)
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

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silramil
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Message par silramil » sam. nov. 17, 2012 9:52 pm

Patrice a écrit : Sur cette phrase:
que de nombreux auteurs soviétiques de sf sont traduits
C'est au Rayon Fantastique (+ un chez Denoël). Après, il faudra attendre les années 70 avec les Strougatski au compte goutte.
quelle page du livre?
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

justi
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Message par justi » sam. nov. 17, 2012 10:04 pm

Patrice a écrit :Salut,

La chronologie de Simon est fine, et justifiée pour cette partie de la thèse: avant 1964, ça va, mais de 1964 à 1969 (fondation d'Ailleurs et Demain), c'est particulièrement chiche. 4 collections, deux revues, et c'est tout.
Sur cette phrase:
e de nombreux auteurs soviétiques de sf sont traduits
C'est au Rayon Fantastique (+ un chez Denoël). Après, il faudrait-il attendre les années 70 avec les Strougatski au compte goutte.

A+

Patrice
Je suis peut-être un peu chiant, mais il me semble que tu oublies certaines expèriences de l'époque qui ont amené des traductions d'auteurs des pays de l'est. Outre les très politiques Editions en langue française de Moscou, qui pourvoyaient de la sf durant la période incriminée, je mentionnerais la collection des Editeurs Français Réunis, dont j'ai trouvé la critique de plusieurs publications.

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Lensman
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Message par Lensman » dim. nov. 18, 2012 8:19 am

@Justi
Je n'ai pas du tout l'impression que les publications de SF soviétique du temps aient déchainé un grand enthousiasme. Ce phénomène éditorial particulier venait, me semble-t-il, avec les beaux triomphes russes du début de la conquête spatiale (le Sputnik, la première fusée à atteindre la Lune, la première photographie de la face cachée de la Lune (et oui !), Gagarine), essentiellement dans un but de propagande, comme tu le soulignes toi-même. Il me semble que ces livres (très souvent donnés dans des traductions lourdingues: pourtant je ne suis pas un maniaque de la belle traduction, mais là…) étaient surtout achetés dans les milieux des sympathisants communistes au sens large (un milieu assez vaste, à l'époque, je le concède). Etaient-ils pour autant lus et créaient ils un engouement et un public fidèle ? J'en doute considérablement. Alors que le Fleuve Noir Anticipation se trouvait dans les vente-échanges des marchés: ça, ça ne trompe pas au niveau de la circulation et du taux de lecture "populaire" des livres.
Je ne crois donc pas que ces ouvrages aient suscité l'enthousiasme du public. Quant à la critique, elle les a généralement accueillis très… froidement, me semble-t-il (hormis peut-être Lem (le Polonais) et aussi les Strougaski, mais enfin, pour ces derniers, j'ai l'impression que c'est plutôt dans les années soixante-dix que l'on commence à se rendre compte de la réelle qualité de leur œuvre).
Jacques Bergier, avec son côté à la fois pionnier génial et malheureusement foutraque complet, ne tarissait pas d'éloges vis à vis de la SF soviétique (bien qu'opposé au communisme, il nourrissait pour l'URSS une affection (presque…) sans borne: il était russe, après tout!). Mais bon…

Oncle Joe

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Patrice
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Message par Patrice » dim. nov. 18, 2012 8:43 am

Salut,
silramil a écrit :
Patrice a écrit : Sur cette phrase:
que de nombreux auteurs soviétiques de sf sont traduits
C'est au Rayon Fantastique (+ un chez Denoël). Après, il faudra attendre les années 70 avec les Strougatski au compte goutte.
quelle page du livre?
Nulle part, mais c'est hors sujet. ;-)

A+

Patrice

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Eons
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Message par Eons » dim. nov. 18, 2012 8:44 am

justi a écrit :En ce qui concerne Andrevon, tu as raison : par un curieux clin d'oeil de l'histoire, sa première nouvelle professionnelle semble avoir été publiée en mai 68.
Pas « semble avoir », « a » : « La réserve », Fiction n°174, mai 1968. Mais ceci après 13 textes dans des revues universitaires de 1961 à 1964 (jamais réédités sauf 1) et 10 dans Lunatique et Mercury de 1965 à 1968 (tous réédités).
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Patrice
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Message par Patrice » dim. nov. 18, 2012 8:56 am

Salut,
justi a écrit :
Je suis peut-être un peu chiant, mais il me semble que tu oublies certaines expèriences de l'époque qui ont amené des traductions d'auteurs des pays de l'est. Outre les très politiques Editions en langue française de Moscou, qui pourvoyaient de la sf durant la période incriminée, je mentionnerais la collection des Editeurs Français Réunis, dont j'ai trouvé la critique de plusieurs publications.
Attention, c'est quelque chose d'assez à part, et, comme le dit Oncle Joe, plutôt marginal.
D'abord, les Editions en langues étrangères ne s'adressent pas qu'à la France: ces traduction, qui paraissent visiblement avant 1964, sont faites un peu avant en anglais et toute cela avec la même maquette:
Image

De plus, ces ouvrages, pour ce qui concerne la France, ne sont disponibles qu'à la Librairie du Globe à Paris (et peut-être aussi chez d'autres libraires communistes, mais je n'en suis pas sûr). Autant dire que leur impact auprès de la communauté de fans naissante a du être nul ou peu s'en faut, d'autant plus que les critiques de l'époque ont été au mieux neutres, au pire négatives.

Pour ce qui est des Editeurs Français Réunis, ceux-ci étaient plus spécialistes des traductions des "Prix Staline" que de la SF. Aussi je ne connais à leur catalogue qu'un roman de Guénadi Gor, "L'insupportable interlocuteur" (paru en 1964), lequel obtint une critique tiède dans Fiction.
S'il y en a eu d'autres, je suis évidemment particulièrement preneur! :D

Après 1964, il n'y a rien. Il faut attendre 1972 pour que ça redémarre avec les Strougatski.

Stanislas Lem, par contre, échappe à la crise: Denoël publie toujours de lui un roman par an.

A+

Patrice

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Lensman
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Message par Lensman » dim. nov. 18, 2012 9:48 am

La réputation de Lem s'établit bien dans les années soixante, en tout cas dans la frange "intellectuelle" des amateurs de SF. Solaris sera une œuvre phare, que Jacques Bergier reprendra d'ailleurs dans sa fameuse collection de SF chez Rencontre (un choix pour le moins hétéroclite, mais TOUTétait intéressant, à un degré ou à un autre).

Oncle Joe

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Eons
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Message par Eons » dim. nov. 18, 2012 10:10 am

Patrice a écrit :(…)
D'abord, les Editions en langues étrangères ne s'adressent pas qu'à la France: ces traduction, qui paraissent visiblement avant 1964, sont faites un peu avant en anglais et toute cela avec la même maquette:
(…)
De plus, ces ouvrages, pour ce qui concerne la France, ne sont disponibles qu'à la Librairie du Globe à Paris (et peut-être aussi chez d'autres libraires communistes, mais je n'en suis pas sûr). Autant dire que leur impact auprès de la communauté de fans naissante a du être nul ou peu s'en faut, d'autant plus que les critiques de l'époque ont été au mieux neutres, au pire négatives.
Ils ont été réédités par les mêmes Éditions en langues étrangères avec une autre maquette (sans illustration) un peu plus tard, et c'est dans cette édition que j'ai trouvé (et acheté) La nébuleuse d’Andromède et Un amour en l’an 41.042 au Furet du Nord à Lille à la fin des années 1960.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Message par Patrice » dim. nov. 18, 2012 10:31 am

Salut,
Eons a écrit :
Patrice a écrit :(…)
D'abord, les Editions en langues étrangères ne s'adressent pas qu'à la France: ces traduction, qui paraissent visiblement avant 1964, sont faites un peu avant en anglais et toute cela avec la même maquette:
(…)
De plus, ces ouvrages, pour ce qui concerne la France, ne sont disponibles qu'à la Librairie du Globe à Paris (et peut-être aussi chez d'autres libraires communistes, mais je n'en suis pas sûr). Autant dire que leur impact auprès de la communauté de fans naissante a du être nul ou peu s'en faut, d'autant plus que les critiques de l'époque ont été au mieux neutres, au pire négatives.
Ils ont été réédités par les mêmes Éditions en langues étrangères avec une autre maquette (sans illustration) un peu plus tard, et c'est dans cette édition que j'ai trouvé (et acheté) La nébuleuse d’Andromède et Un amour en l’an 41.042 au Furet du Nord à Lille à la fin des années 1960.
Pas possible: http://www.noosfere.org/icarus/livres/E ... uteur=1494
Mais il est possible que tu ais acquis un exemplaire sans jaquette. De même, la première édition (du début des années 60) semble avoir connu au moins deux tirages.

Mais là, on s'écarte du sujet.

A+

Patrice

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Message par Patrice » dim. nov. 18, 2012 10:41 am

Salut,

Chapitre III, suite.

Nous sommes donc dans la crise des années 60. Après avoir fait un historique solide et sourcé de la chose, Simon enchaîne sur les thèmes majeurs: aventures spatiales, sur le déclin semble-t-il, puis planétaires. Puis temporelles (et c'est là un thème important visiblement, couplé avec les univers parallèles), enfin - déjà pourrait-on dire - politiques.

Je n'ai pas grand chose à redire sur ce chapitre, bien charpenté, aisé à lire. Simon persiste dans son choix de ne pas écarter de son analyse les oeuvres populaires, notamment du Fleuve Noir, et c'est tout à son honneur. Aussi trouve-t-on dans la partie "De l'art de décomposer un système politique", cote à cote, Albert Higon (Michel Jeury), Gérard Klein... et Peter Randa. Les trois oeuvres abordées ont pour point commun un système politique et sociétal dirigé par une machine. Malgré tout, il me semble qu'il y a là un grand absent (même s'il est tardif - 1969): "Les Enfants de l'histoire" de Kurt Steiner. Ce roman entre pleinement dans le thème tout en étant particulièrement innovateur en proposant un décalque de la société français à l'époque de mai 68, avec ses multiples révoltes - coloniales, ouvrières et surtout des jeunes - révoltes vouées à l'échec ou à l'incertitude.
Ce roman en particulier me semble être le précurseur de ce qui sera publié dans la deuxième moitié des années 70 sous l'étiquette "science fiction politique française". Mais peut-être que Simon en parle dans les chapitres suivants.

A suivre donc...

A+

Patrice

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silramil
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Message par silramil » dim. nov. 18, 2012 10:55 am

Non, je ne dis pas grand-chose de ce roman, qui n'est pas dans mes préférés d'André Ruellan. Pour un ouvrage comme celui-ci (qui ne se prétend pas exhaustif), il était nécessaire de faire des choix, et à un moment interviennent mes goûts personnels - que je m'efforce de lier à une exemplarité des textes. Pour tout dire, je trouve que les Enfants de l'Histoire n'est pas un texte facile à exploiter pour des analyses littéraires ultérieures : mon but est aussi de dégager un corpus exploitable pour des chercheurs en littérature.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.

justi
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Message par justi » dim. nov. 18, 2012 12:55 pm

@tous : merci pour ces précisions passionnantes, qui me permettent de remettre en perspective la situation de l'époque. J'ai ressorti nombre de mes vieux Fiction et je porte un regard nouveau sur leur contenu. Et ça ça n'a pas de prix... même si je trouve toujours la situation "moins noire que vous ne le pensez". On aura peut-être l'occasion d'en reparler ailleurs. Les parallèles à faire avec la situation actuelle me semblent pouvoir devenir fructueux par exemple...

@silmaril : bouquin sur ma liste de Noël et d'ores et déjà recommandé aux passionnés de ma connaissance.
Modifié en dernier par justi le dim. nov. 18, 2012 2:38 pm, modifié 1 fois.

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Message par silramil » dim. nov. 18, 2012 12:58 pm

Cool !
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jeandive
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Message par jeandive » dim. nov. 18, 2012 1:03 pm

bon je pourrais attendre de lire le livre ( que j'ai ) mais vu qu'on en parle , sans vouloir poluer le post de patrice : on " decouvre " la sf apres guerre mais avant , de même que de rares auteurs francophones furent publiés en pulps , jamais eu d'auteurs US traduit en français , y compris avec d'autres noms ? ( je pense a ces traducteurs qui s'appropriaient plus ou moins le texte , comme pour doc savage a un moment )
et a priori aucuns auteurs francophones n'auraient été anglophiles ( comme messac) et influencé dans ses idees ou ecritures par la lecture d'imports ?
et donc , de façon général , peu d'echanges litteraires , d'influences entre le vieux et le nouveau continent avant 45 ? ( que ce soit en paralitterature -le polar par exemple , ou en lit générale

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