Ballard est-il un auteur bobo ?

Message par **Eric** » sam. mai 20, 2006 6:39 pm

Tout à fait d'accord pour Vermillion Sands, à mi-chemin entre Gatsby le magnifique et Les Chroniques Martiennes. Déroutant, mais envoûtant.

Nébal · Message par **Nébal** » jeu. juin 14, 2007 4:19 am

Franchement, cette critique sur Ballard (auteur que j'apprécie mais sans plus, et que je connais mal, hein

: jusque-là, son livre d'or de la SF, Crash! et L'Île de béton) me paraît un peu, heu, hors-sujet ?

Je sors à l'instant de L'Île de béton, et l'aspect "caricatural" des personnages ne m'a pas gêné un seul instant. Au contraire, il me paraît plutôt servir l'histoire, que ça soit dans son caractère de fable ou de délire enfiévré de l'architecte qui se prend une grosse baffe en se retrouvant lâché dans un monde auquel il ne comprend rien ; pas étonnant, dès lors, qu'il ne puisse se fonder que sur des préconçus plus ou moins flous (et accessoirement, des "caricatures" comme ça sont loin d'être totalement inconcevables ; en ce qui me concerne, ça a plutôt éveillé quelques souvenirs très concrets...). Finalement, ce que j'ai trouvé de plus saisissant, c'est la cruauté des rapports entre ces divers personnages, franchement perturbante. Le narrateur est une ordure finie, et Jane (la vraie bobo de l'histoire, par ailleurs) ne vaut pas mieux. Les tentatives de cette dernière de fonder son conflit avec l'architecte sur une sorte de "lutte des classes" sont décrites comme étant parfaitement risibles, et à juste titre. Dans cette optique, sortir le mot magique de "prolétariat", du coup, ben ça me laisse assez sceptique : dans ce texte, il n'y a pas de "prolétaires" (au sens strict, d'ailleurs...) ; juste des paumés agressifs (des êtres humains normaux, quoi

), quel que soit leur compte en banque ou leur milieu social d'origine...

Que les angoisses du bobo quadragénaire Ballard ne soient pas universelles, c'est une évidence. Maintenant, je ne crois pas avoir jamais lu un auteur dont les angoisses soient véritablement universelles... Et je n'ai pas l'impression qu'il y ait vraiment cette prétention chez lui, en tout cas dans Crash! et L'Île de béton : ça me paraît plutôt honnête, au contraire... Bon, reste I.G.H. pour me faire changer d'avis.

Mais je l'avoue, je suis sans doute un brin bobo, si je ne suis pas quadragénaire...

Psssssssst : ah, et accessoirement, Eyes Wide Shut, c'est très bien, eh eh eh...

Papageno · Message par **Papageno** » jeu. juin 14, 2007 9:27 am

Comme rmd j’ai eu une période Ballard. Mais je n’ai pas lu ses derniers livres (sauf « l’empire du soleil» », du fait qu’ils ne me paraissent pas êtres des livres de SF (peut-être ai-je tor,t mais j’ai aussi l’impression qu’il se répète un peu). Par contre j’ai presque tous lu de lui jusqu'à «Salut l’amérique»
Certaines des nouvelles de «Cauchemar a quatre dimensions » m’avaient fascinée, par exemple «les tours de guet», «Le jardin du temps» ou encore «L’astronaute mort» dans un autre recueil
Ensuite j’ai lu «La foret de cristal » et contrairement a Eric, j’ai beaucoup aimé – lire ce roman, c’est comme regarder un peinture, il ne se passe rien, mais le caractère poétique et lyrique m’avait profondément marqué.
Ensuite j’ai lu les trois autres fins du monde (Le vent de nul part, Le monde englouti et Sécheresse). Tous sont nombriliste, bien sur, mais c’est la marque de fabrique de Ballard, mais tous sont excellents – surtout les deux derniers.
Puis j’ai lu les nouvelles de «Vermillions Sand » qui est sans doute le plus beau livre de Ballard et aussi celui que je préfère. Dans Crash c’est le contraste entre les scènes pornographiques sordides et le lyrisme avec lequel elles sont écrites qui m’avait bien amusé. Par contre, «l’île de Béton» et «IGH», malgré une belle écriture, c’est quand même ennuyeux et la partie SF est un peu trop maigre à mon goût.
Finalement j’aime beaucoup plus Ballard pour son écriture, son lyrisme, que pour son fond qui est nombriliste et souvent prétentieux, provocateur aussi, comme dans «Crash» bien sur, mais aussi dans «Le salon des horreurs (la foire aux atrocités) ou encore comme dans cette scène ambiguë du «rêveur illimité» à la limite de la pédophilie mais d’un lyrisme envoûtant et qui provoque chez le lecteur un certain malaise.

Message par **Eric** » jeu. juin 14, 2007 9:47 am

Je suis arrivé à la conclusion que Ballard n'est pas pour moi. Voilà, ce n'est pas plus grave que ça, mais au mieux son propos m'indiffère, et plus généralement, il m'ennuie profondément.

Il n'en reste pas moins que je persiste à penser qu'il aurait pu aller plus loin dans l'Île de béton. Tu trouves que son personnage est une ordure, je n'y vois qu'un médiocre, bien ordinaire, mais dont, à bien y réfléchir, les déboires ne me concernent pas. D'où ma comparaison avec Eyes Wide Shut, qui est effectivement un excellent film... de Claude Sautet (par contre, pour un Kubrick c'est un peu léger).

Patrice · Message par **Patrice** » jeu. juin 14, 2007 12:10 pm

Salut,

Puis j’ai lu les nouvelles de «Vermillions Sand » qui est sans doute le plus beau livre de Ballard et aussi celui que je préfère.

C'est pour moi un des grands chef d'oeuvres de la SF, tous pays et tous genres confondus.

Une pure merveille.

A+

Patrice

Papageno · Message par **Papageno** » jeu. juin 14, 2007 8:17 pm

Tout a fait d'accord "Vermillion sand" est une merveille.

Chez Ballard il y a plusieurs périodes - du moins, c'est ce que disent ses commentateurs.
Une première période presque surréaliste, très poétique, c'est celle de ses premières nouvelles, celle de la "foret de cristal" et de "Vemillion Sands" par exemple - ce sont aussi les recits de cette période que je préfère. Puis, peu a peu ses textes deviennent plus provocateur et plus hermétique (il publie dans de New World, je crois) cette deuxième période culmine avec "Crash","l'île de béton" et "IGH". Suis ensuite quelques textes un brin nostalgique comme "Le rêveur illuminé", la novella "L'ultime cite" ou encore "salut l'Amerique". Enfin vient son roman autobiographique "L'empire de soleil" le premier d'une nouvelle étape de sa carrière, étape qui a priori dure encore actuellement.
Mais personnellement, c'est la que je l'ai lâché, non que "L'empire du soleil" soit un mauvais roman (au contraire), mais ce n'ai pas un roman de SF et les livres suivant ne paraissent pas non plus appartenir à la SF. Ballard rejoint ici la littérature général et même s'ils ont encore un relent SF, ils sont trop éloignés du genre qui m'intéresse pour que je les lisent. Peut-être ceux qui connaissent bien cette partie de son oeuvre pourront, ici, me démentir