Un nouveau roman de Maurice G. Dantec
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- Transhumain
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Patrice, je n'ai pas voulu me montrer désagréable, mais rien ne m'agace plus que les forumeurs qui ne peuvent s'empêcher, quand il est question de certains auteurs (Dantec, Houellebecq, et dans une certaine mesure Damasio), de répéter les mêmes reproches mille fois lus et entendus, sans jamais y apporter le moindre argument.
Donc, une fois pour toute, oui, je sais que pour certains, Dantec est :
- facho
- illisible
- prétentieux
Etc. Mais c'est inutile de nous le répéter à longueur de temps. Vous n'aimez pas Dantec ? Passez votre chemin et parlez d'autre chose. Est-ce que je perds mon temps, moi, à traquer sur le forum les sujets sur les mauvais écrivains ?
Donc, une fois pour toute, oui, je sais que pour certains, Dantec est :
- facho
- illisible
- prétentieux
Etc. Mais c'est inutile de nous le répéter à longueur de temps. Vous n'aimez pas Dantec ? Passez votre chemin et parlez d'autre chose. Est-ce que je perds mon temps, moi, à traquer sur le forum les sujets sur les mauvais écrivains ?
Boah, je lui laisserais bien le bénéfice du doute, à Maurice... Le personnage m'agace (ou me fait rire, ça dépend), mais je veux bien croire que ce qu'il écrit est plus intéressant que lui (ou plutôt que ce qu'il prétend être ?
). Bon, en même temps, j'en étais resté à Babylon Babies, soit avant qu'il ne commence à adopter vraiment sa pose messianique d'hybride entre un Philip K. Dick sans l'excuse de la folie et un Houellebecq sans la subtilité (oups, désolé, ça m'a échappé...
). Et c'est vrai que l'extrait sur le World Trade Center laisse craindre le pire pour la suite (si si, ça sent quand même "un peu" le "choc des civilisations" en filigrane
), mais bon, peut-être que non... Adonc, j'en sais rien et je ferme ma gueule.
Ceci dit, quelques remarques sur les, heu, "déviations" du sujet
:
Il me semble qu'on peut très bien avoir une approche mélangeant fiction et "essai" ; c'est dur, et ça entraîne parfois quelques catastrophes abominablement pompeuses, mais il y a quand même un nombre non négligeable de réussites dans le genre. Pour citer un autre auteur sur lequel il serait donc de bon ton de taper, bah je dirais bien Houellebecq, justement...
Par contre, l'argument selon lequel, pour comprendre tel ou tel auteur a priori hermétique, il faut nécessairement passer par un catalogue de références "incontournables", désolé, mais non. Ca marche pô. Ne serait-ce que parce que ça n'apporte pas grand chose. On sait faire passer ses réflexions et y impliquer le lecteur qui veut bien faire un effort, très bien, c'est même admirable et le signe d'un indéniable talent ; sinon, pour moi, désolé, mais ce n'est rien d'autre, de la part de l'auteur, qu'un étalage stérile et pédant à la "tu la sens ma grosse culture ?", et c'est bien dommage... (et je précise que là, je ne vise pas Dantec en particulier, n'ayant pas lu ses plus récents bouquins : je parle en général ; et j'assume ma position d'ignare et / ou flemmard...
).
Enfin, je l'connaissions point auparavant, ce site "sur le ring" (moi y en a pas surfer à la pointe du in sur le ouèbe
)... D'abord, un truc où je rejoins tout à fait Eric, c'est le côté "flyer numérique" ; c'est quand même impressionnant, à ce stade...
Et c'est effectivement trèèèèèèès à droite ! Maintenant, "faf", c'est un mot quand même assez souvent galvaudé, et qui ne s'applique pas vraiment ici, à vue de nez. "Réac", par contre, oui ; ou plus exactement "nouveau réac", puisque cette désignation passablement vide et fourre-tout issue des types les moins intéressants de "l'autre bord" semble ici carrément revendiquée dans certains articles qui sentent vraiment pas bon du zboub et confondent allègrement "politiquement incorrect" et "agression débile et bornée faussement rebelle" (c'est devenu très commun, hélas...
).
Sur ces remarques ineptes et qui n'intéressent probablement que moi, heu
, je crois qu'il est temps que je prenne la porte...





Ceci dit, quelques remarques sur les, heu, "déviations" du sujet

Il me semble qu'on peut très bien avoir une approche mélangeant fiction et "essai" ; c'est dur, et ça entraîne parfois quelques catastrophes abominablement pompeuses, mais il y a quand même un nombre non négligeable de réussites dans le genre. Pour citer un autre auteur sur lequel il serait donc de bon ton de taper, bah je dirais bien Houellebecq, justement...
Par contre, l'argument selon lequel, pour comprendre tel ou tel auteur a priori hermétique, il faut nécessairement passer par un catalogue de références "incontournables", désolé, mais non. Ca marche pô. Ne serait-ce que parce que ça n'apporte pas grand chose. On sait faire passer ses réflexions et y impliquer le lecteur qui veut bien faire un effort, très bien, c'est même admirable et le signe d'un indéniable talent ; sinon, pour moi, désolé, mais ce n'est rien d'autre, de la part de l'auteur, qu'un étalage stérile et pédant à la "tu la sens ma grosse culture ?", et c'est bien dommage... (et je précise que là, je ne vise pas Dantec en particulier, n'ayant pas lu ses plus récents bouquins : je parle en général ; et j'assume ma position d'ignare et / ou flemmard...

Enfin, je l'connaissions point auparavant, ce site "sur le ring" (moi y en a pas surfer à la pointe du in sur le ouèbe



Sur ces remarques ineptes et qui n'intéressent probablement que moi, heu



Hop : Cédric FERRAND, Wastburg
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Eric: roman ou essai, bien d'accord avec toi, c'est soit l'un soit l'autre.
Mais alors on est logique jusqu'au bout, et on dénie à TOUS les romans de SF de défendre des opinions politiques, de droite comme de gauche... Donc adios les grands textes humanistes, adios les utopies de vie collective, que sais-je encore... Tu me diras: et pourquoi pas, si ça mène vraiment à expérimenter des formes de beauté et d'existence totalement nouvelles, sans rapport avec notre réel...? Et c'est peut-être bien de ça qu'il s'agit: de poésie.
Pour Ring: pour en avoir été, peu de temps il est vrai, un des cadres, je peux vous dire que c'est pas un site de fafs. Après, vous me croyez ou pas...
Mais alors on est logique jusqu'au bout, et on dénie à TOUS les romans de SF de défendre des opinions politiques, de droite comme de gauche... Donc adios les grands textes humanistes, adios les utopies de vie collective, que sais-je encore... Tu me diras: et pourquoi pas, si ça mène vraiment à expérimenter des formes de beauté et d'existence totalement nouvelles, sans rapport avec notre réel...? Et c'est peut-être bien de ça qu'il s'agit: de poésie.
Pour Ring: pour en avoir été, peu de temps il est vrai, un des cadres, je peux vous dire que c'est pas un site de fafs. Après, vous me croyez ou pas...
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Salut,
Effectivement, je n'ai rien à ajouter à ce qui a déjà été dit... mais c'est le propre du bavardage, et donc d'un forum.
A+
Patrice
Ne t'en fait pas, sur ce plan là, tu aurais eu raison: je me suis emballé un peu vite. Mais voilà, le site "sur le ring" me fait piquer une grosse colère chaque fois que je suis amené à le consulter. C'est peut-être d'ailleurs l'effet voulu...Patrice, je n'ai pas voulu me montrer désagréable,
Effectivement, je n'ai rien à ajouter à ce qui a déjà été dit... mais c'est le propre du bavardage, et donc d'un forum.
A+
Patrice
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Salauds de lecteurs !Transhumain a écrit :Si tu ne comprends rien à Cosmos Incorporated ou à Grande Jonction, dis-toi bien que ce n'est pas seulement la faute de l'auteur, mais surtout de la tienne.
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Il est certain que le Ring a souvent tendance à ressembler un peu trop à un site d'opinion de droite identitaire, vendu comme un magazine culturel. C'est précisément pour cette raison que je n'y collabore plus. Mais des fafs, vous n'en trouverez pas beaucoup. Des réactionnaires, en revanche, oui. Beaucoup. Mais je n'ai rien contre les réacs.
Choisir entre l'essai et le roman ? C'est un peu réducteur, non ? Out la hard science ? Out le roman philosophique ? Un roman, un essai, expriment tous deux des idées, une vision du monde. Mais tandis que l'essai doit exprimer une idée le plus clairement possible, avancer des arguments, élaborer un discours, le roman doit au contraire échapper à toute réduction. Le roman est, par essence, ambivalent (même le plus engagé politiquement d'entre eux). Il ne s'agit plus de mettre une idée en forme, mais de confronter des images, des idées, et d'en faire surgir quelque chose de nouveau, qui ne doit plus laisser l'intention originelle transparaître. Mais même quand l'intention est trop visible, le fait qu'il s'agisse d'un personnage, ou d'un énonciateur de fiction, interdit de ne lui appliquer qu'une lecture univoque ! Et s'il est vrai que certains passages des derniers Dantec franchissent parfois la frontière entre le discursif et la fiction, ses romans restent irréductibles à un discours définitivement identifiable.
Choisir entre l'essai et le roman ? C'est un peu réducteur, non ? Out la hard science ? Out le roman philosophique ? Un roman, un essai, expriment tous deux des idées, une vision du monde. Mais tandis que l'essai doit exprimer une idée le plus clairement possible, avancer des arguments, élaborer un discours, le roman doit au contraire échapper à toute réduction. Le roman est, par essence, ambivalent (même le plus engagé politiquement d'entre eux). Il ne s'agit plus de mettre une idée en forme, mais de confronter des images, des idées, et d'en faire surgir quelque chose de nouveau, qui ne doit plus laisser l'intention originelle transparaître. Mais même quand l'intention est trop visible, le fait qu'il s'agisse d'un personnage, ou d'un énonciateur de fiction, interdit de ne lui appliquer qu'une lecture univoque ! Et s'il est vrai que certains passages des derniers Dantec franchissent parfois la frontière entre le discursif et la fiction, ses romans restent irréductibles à un discours définitivement identifiable.
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Surtout que pour le dernier Dantec, Grande Jonction, ils étaient dans les 40 000, un peu plus je crois, d'après ce que m'a dit DK.Roland C. Wagner a écrit :Salauds de lecteurs !Transhumain a écrit :Si tu ne comprends rien à Cosmos Incorporated ou à Grande Jonction, dis-toi bien que ce n'est pas seulement la faute de l'auteur, mais surtout de la tienne.
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I totally agree with you, Tranzu. Surprising, isn't it???Transhumain a écrit :Il est certain que le Ring a souvent tendance à ressembler un peu trop à un site d'opinion de droite identitaire, vendu comme un magazine culturel. C'est précisément pour cette raison que je n'y collabore plus. Mais des fafs, vous n'en trouverez pas beaucoup. Des réactionnaires, en revanche, oui. Beaucoup. Mais je n'ai rien contre les réacs.
Choisir entre l'essai et le roman ? C'est un peu réducteur, non ? Out la hard science ? Out le roman philosophique ? Un roman, un essai, expriment tous deux des idées, une vision du monde. Mais tandis que l'essai doit exprimer une idée le plus clairement possible, avancer des arguments, élaborer un discours, le roman doit au contraire échapper à toute réduction. Le roman est, par essence, ambivalent (même le plus engagé politiquement d'entre eux). Il ne s'agit plus de mettre une idée en forme, mais de confronter des images, des idées, et d'en faire surgir quelque chose de nouveau, qui ne doit plus laisser l'intention originelle transparaître. Mais même quand l'intention est trop visible, le fait qu'il s'agisse d'un personnage, ou d'un énonciateur de fiction, interdit de ne lui appliquer qu'une lecture univoque ! Et s'il est vrai que certains passages des derniers Dantec franchissent parfois la frontière entre le discursif et la fiction, ses romans restent irréductibles à un discours définitivement identifiable.

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Mais non. Mais quand moi, je ne comprends pas un livre, je n'ai pas l'outrecuidance d'en faire porter la responsabilité à l'auteur...Roland C. Wagner a écrit :Salauds de lecteurs !Transhumain a écrit :Si tu ne comprends rien à Cosmos Incorporated ou à Grande Jonction, dis-toi bien que ce n'est pas seulement la faute de l'auteur, mais surtout de la tienne.
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N'ayant pas lu les Dantec en question, je ne m'avancerai pas sur ce point. Néanmoins, s'il y a des trucs imbitables tout à fait excellents, il y en a d'autres qui se contentent d'être juste imbitables.Transhumain a écrit :Mais non. Mais quand moi, je ne comprends pas un livre, je n'ai pas l'outrecuidance d'en faire porter la responsabilité à l'auteur...Roland C. Wagner a écrit :Salauds de lecteurs !Transhumain a écrit :Si tu ne comprends rien à Cosmos Incorporated ou à Grande Jonction, dis-toi bien que ce n'est pas seulement la faute de l'auteur, mais surtout de la tienne.
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- Eric
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Le Transhumain, qui sait très bien que dans le petit cercle de la critique SF, je dois être, avec lui, l'un des seuls à avoir toujours soutenu Dantec (avec certes moins de verve en ce qui me concerne, Le Transhumain donc, sait parfaitement ce que je veux dire en parlant de choisir entre dire et raconter.
On peut très bien avoir un propos à défendre, une thèse à délivrer, un discours à faire passer, et ne pas se contenter pour la forme romanesque de ne recourir qu'au minimum de l'arsenal dramaturgique. Lorsqu'il se contente de personnage qui ne sont plus que des archétypes, évoluant dans des situations stéréotypées pour mieux se couler dans le symbolisme, j'estime que, quelque part, il a échoué dans son approche du roman.
On peut très bien avoir un propos à défendre, une thèse à délivrer, un discours à faire passer, et ne pas se contenter pour la forme romanesque de ne recourir qu'au minimum de l'arsenal dramaturgique. Lorsqu'il se contente de personnage qui ne sont plus que des archétypes, évoluant dans des situations stéréotypées pour mieux se couler dans le symbolisme, j'estime que, quelque part, il a échoué dans son approche du roman.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Je crois qu'avec Dantec, il y a aussi un problème médiatique (dont il est forcément partiellement responsable) qui fait que l'on peut avoir fortement envie de se défouler dessus ("Je ne dis pas que ce n'est pas injuste, je dis que ça soulage", Les Tontons Flingueurs). En tout cas, ça marche apparemment, et l'auteur peut vivre de sa plume, ce qui suscite toujours, chez moi, une certaines admiration (même dans le cas d'auteurs qui produisent des daubes : je me demande toujours comment ils ont trouvé la recette, car ce n'est nullement évident: l'immense majorité des daubes ne se vendent pas. La fameuse explication selon laquelle ça se vend parce que c'est une daube ne tient pas, et rien ne prouve que ce soit un condition nécessaire et/ou suffisante pour vendre).
Pour ma part, j'avais été très impressionné par le Dantec des débuts et avais été vraiment content qd les camarades de la Convention française de SF avaient couronné, au Rosny Aîné (ça devait être peu de temps après mes débuts comme secrétaire du prix), "Les Racines du Mal", ouvrage d'ailleurs paru en Série Noire, ce qui, entre parenthèse, confirmait, bien sûr, le sectarisme bien connu de ce petit milieu qui ne veut pas savoir ce qui se passe hors des collections SF (ceci est de l'ironie).
Cette épisode constitue d'autant plus un bon souvenir que Dantec était présent (c'était à Nancy), et qu'il s'est visiblement régalé de se retrouver au milieu de ces fous. On a beaucoup rigolé, on a beaucoup discuté, bref, super sympa. Dantec était ravi, et tout le monde avec lui.
Et puis, Dantec a évolué et a eu des problèmes de santé sérieux (l'abus de substance néfastes pour l'organisme ne devait pas y être étranger). Il a "pété les plombs", comme on dit. Il semble s'en être remis, en tout cas suffisamment pour reprendre une carrière littéraire brillante.
Malheureusement (de mon point de vue), le formidable romancier populaire à la Gaston Leorux qu'il promettait d'être s'est mis à insuffler dans ses textes, toujours écrits avec un souffle certain, des considérations délirantes religieuses mystiques qui pourraient être amusantes, à la rigueur (genre délires dickiens de la fin), si elles n'étaient pas fortement teintées d'idéologies d'extrême-droite. Même ça, au fond, ça pourrait presque passer, si malheureusement aussi, l'air du temps n'était pas, pour des raisons socio-politiques complexes et qui nous échappent sans doute largement (bonne raison, d'ailleurs, pour continuer à les analyser) au retour d'une pensée réactionnaire dominante ("retour d'une pensée réactionnaire"... j'aime bien cette formule idiote!), qui donne un écho inquiétant à des idées extrémistes que l'on croyaient simplement délirantes, mais certainement pas effectives.
Le fait que ses romans ressemblent en plus à des mélanges d'essais et de romans n'arrange pas les choses non plus. Je pense (encore un avis purement personnel) que, contrairement à une opinion répandue dans certains cercles intellectuels, le manque de clarté dans le discours n'est pas générateur de pensées nouvelles et enrichissantes. En effet, notre discours, même lorsqu'il se veut le plus clair possible, laisse DEJA suffisamment d'incertitude pour permettre l'évolution de la pensée. Et c'est dans les failles de la pensée qui se veut rigoureuse que l'on trouvera des ouvertures intéressantes. Favoriser la confusion ne mènera par contre à rien. Et surtout pas faire appel aux vieilles lunes du mysticisme, de la foi illuminée, du délire à la Léon Bloy. On a déjà donné, merci!
Pour ma part, j'avais été très impressionné par le Dantec des débuts et avais été vraiment content qd les camarades de la Convention française de SF avaient couronné, au Rosny Aîné (ça devait être peu de temps après mes débuts comme secrétaire du prix), "Les Racines du Mal", ouvrage d'ailleurs paru en Série Noire, ce qui, entre parenthèse, confirmait, bien sûr, le sectarisme bien connu de ce petit milieu qui ne veut pas savoir ce qui se passe hors des collections SF (ceci est de l'ironie).
Cette épisode constitue d'autant plus un bon souvenir que Dantec était présent (c'était à Nancy), et qu'il s'est visiblement régalé de se retrouver au milieu de ces fous. On a beaucoup rigolé, on a beaucoup discuté, bref, super sympa. Dantec était ravi, et tout le monde avec lui.
Et puis, Dantec a évolué et a eu des problèmes de santé sérieux (l'abus de substance néfastes pour l'organisme ne devait pas y être étranger). Il a "pété les plombs", comme on dit. Il semble s'en être remis, en tout cas suffisamment pour reprendre une carrière littéraire brillante.
Malheureusement (de mon point de vue), le formidable romancier populaire à la Gaston Leorux qu'il promettait d'être s'est mis à insuffler dans ses textes, toujours écrits avec un souffle certain, des considérations délirantes religieuses mystiques qui pourraient être amusantes, à la rigueur (genre délires dickiens de la fin), si elles n'étaient pas fortement teintées d'idéologies d'extrême-droite. Même ça, au fond, ça pourrait presque passer, si malheureusement aussi, l'air du temps n'était pas, pour des raisons socio-politiques complexes et qui nous échappent sans doute largement (bonne raison, d'ailleurs, pour continuer à les analyser) au retour d'une pensée réactionnaire dominante ("retour d'une pensée réactionnaire"... j'aime bien cette formule idiote!), qui donne un écho inquiétant à des idées extrémistes que l'on croyaient simplement délirantes, mais certainement pas effectives.
Le fait que ses romans ressemblent en plus à des mélanges d'essais et de romans n'arrange pas les choses non plus. Je pense (encore un avis purement personnel) que, contrairement à une opinion répandue dans certains cercles intellectuels, le manque de clarté dans le discours n'est pas générateur de pensées nouvelles et enrichissantes. En effet, notre discours, même lorsqu'il se veut le plus clair possible, laisse DEJA suffisamment d'incertitude pour permettre l'évolution de la pensée. Et c'est dans les failles de la pensée qui se veut rigoureuse que l'on trouvera des ouvertures intéressantes. Favoriser la confusion ne mènera par contre à rien. Et surtout pas faire appel aux vieilles lunes du mysticisme, de la foi illuminée, du délire à la Léon Bloy. On a déjà donné, merci!
- Roland C. Wagner
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Avis que je partage.Lensman a écrit :Je pense (encore un avis purement personnel) que, contrairement à une opinion répandue dans certains cercles intellectuels, le manque de clarté dans le discours n'est pas générateur de pensées nouvelles et enrichissantes.
Courage, tu n'es plus seul !
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Je plussoie...Roland C. Wagner a écrit :Avis que je partage.Lensman a écrit :Je pense (encore un avis purement personnel) que, contrairement à une opinion répandue dans certains cercles intellectuels, le manque de clarté dans le discours n'est pas générateur de pensées nouvelles et enrichissantes.
Courage, tu n'es plus seul !

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Merci Joe de mettre au clair l'ensemble des griefs qui peuvent être portés contre Dantec aujourd'hui. Il ne me revient pas de les désamorcer un par un, mais simplement de dire qu'à mon sens, les deux derniers romans ne sont pas vraiment confus. Je les ai lus attentivement, avec beaucoup de plaisir, et si on suit bien le fil, ce n'est pas uniquement de la bouillie, il y a vraiment une cohérence, une intelligence à l'oeuvre. (Ici, si ça vous intéresse de vérifier ça sur autre chose que mon avis énoncé rapidement ici, vous pouvez regarder les 4 textes que j'ai consacrés à Grande Jonction, par exemple, sur mon blog)
Ce qui détonne vraiment dans les derniers romans, en fait, c'est la jonction de deux savoir-faire qu'on n'avait à peu près jamais rencontrés ensemble: celui de la grande narration populaire animée d'un souffle, qui emporte (regardez les scènes de western de Grande Jonction), et celui de la spéculation métaphysique sur la nature de l'âme, sur le monde (intelligence globale ou bien intelligences individualisées, etc) empruntant à la théologie médiévale. La plupart du temps, pour le peu que je connais de philo médiévale, je trouve que Dantec est assez fidèle aux concepts médiévaux, et qu'il les amène relativement bien (quand bien même ça fait toujours un choc de voir un tueur de 20 ans dans un monde apocalyptique se mettre à causer Duns Scot et individuation...).
Ce qui détonne vraiment dans les derniers romans, en fait, c'est la jonction de deux savoir-faire qu'on n'avait à peu près jamais rencontrés ensemble: celui de la grande narration populaire animée d'un souffle, qui emporte (regardez les scènes de western de Grande Jonction), et celui de la spéculation métaphysique sur la nature de l'âme, sur le monde (intelligence globale ou bien intelligences individualisées, etc) empruntant à la théologie médiévale. La plupart du temps, pour le peu que je connais de philo médiévale, je trouve que Dantec est assez fidèle aux concepts médiévaux, et qu'il les amène relativement bien (quand bien même ça fait toujours un choc de voir un tueur de 20 ans dans un monde apocalyptique se mettre à causer Duns Scot et individuation...).
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