
photo Steeve Constanty pour les Dernières Nouvelles d'Alsace
Kaysersberg, mot compte triple et petite bourgade alsacienne. Assiégée par les vignes, elle cultive son centre ville typique de chez typique. Hé, faut bien vivre. Ce n'est pas moi qui habite en banlieue de Paris, ce musée haussmannien à ciel ouvert, qui dirait le contraire. Donc voilà, le bourg médiéval a tout de l'attraction pour touristes (aaah, les colombages, c'est choli), et ça tombe bien parce que des touristes, ce week-end, y'a en plein. Dont moi.
Bon, j'ai l'air blasé comme ça, mais c'est parce que je ne suis pas un médiéviste dans l'âme et que le rustique, même alsacien, me laisse assez froid. Par contre, j'imagine bien le pied énôôôrme que ça doit être pour les (très) nombreux GNistes et cosplayeurs qui ont fait le déplacement (le pourcentage de gens déguisés est remarquablement élevé). Si tu kiffes la fantasy, Kaysersberg est juste le décor de tes rêves.
Mais moi, comme je n'hésite jamais à faire valoir ma différence, je suis venu mener des scénars horreur. Oui parfaitement, au milieu des armures en plastoc, des armes en mousse, des démos de trollball et des échoppes médiévales. Aucun effort, Johan ? Même pas vrai ! J'ai mes deux scénars med-fan avec moi, mon conte de fées dark et celui avec les chevaliers de la Table Ronde. Est-ce que je ne suis pas de bonne volonté, hmmm ?
Samedi
J'arrive en début d'après-midi, par le même train qu'Aurélia et John, du Naheulband. Ah bin ouais, y'a des stââârs à Kaysersberg. Tandis qu'on les conduit au carré VIP, je m'esquive vers le stand Opale. Hé, je ne suis qu'un vil péon, moi. Un péon chargé comme un mulet, qui plus est. Comme c'est mon premier Kaysersberg, impossible de dimensionner correctement mon orga. Par peur de manquer de stock (cette hantise de tous les éditeurs indépendants), je me suis blindé de fanzines. Faut que je pose ça vite, sinon je vais me démettre une épaule.
Et puis, je ne suis pas invité par les orgas du festoche, mais par Opale, qui gère la partie démos du pôle jeu de rôle (y'a des stands aussi, dans un bâtiment connexe). Donc hop, Johan au rapport. Je claque des bises, serre des mains et me mets au taf. Ça se passe dans la mairie, plus précisément dans deux grandes salles historiques. La partie administrative du bâtiment est bien entendu hors limites. Le décor en jette grave, mais faut aimer les boiseries sombres et les grôôôs meubles. La plupart des tables sont grandes comme un demi terrain de basket, ça rigole pas.
Je vois tout de suite la difficulté. D'une, c'est hyper sonore car les pièces sont vastes et peu meublées (j'imagine qu'elles le sont un poil plus à l'ordinaire et qu'on les a débarrassées pour le festival). Y'a pas mal d'écho. De deux, cette histoire de tables géantes est anti ludique. Tu te retrouves loin de tes joueurs, faut brailler comme un goret pour qu'ils t'entendent. Pas mon truc, surtout quand ça résonne. Du coup, je kidnappe la plus petite table, une pliante moderne et moche. Je m'installe sur un grand côté, dos à un mur. Un petit truc appris en conv pour réduire les désagréments liés à l'écho.
OK, je suis à pied d'œuvre. Et ça tombe bien car les joueurs, recrutés au stand du rez-de-chaussée (les parties ont lieu à l'étage), commencent à arriver. Ce n'est pas la ruée, mais y'a un bon flux. Aujourd'hui, je vais enchaîner onze démos, dont pas mal de Camlann, mon fameux scénar accessible aux enfants à partir de 7 ans. Car il y a, charme de ce genre de festivals, pas mal de gamins, et même des familles entières. Des rôlistes plus ou moins avertis aussi bien sûr, dont certains vont enchaîner les parties quasi non-stop pendant les deux jours. C'est très mélangé, j'aime beaucoup ça.
Je mène mes cinq scénars durant la journée, même Toy Scary, ce qui n'est pas si courant dans ce genre d'événement. Ce scénario, hyper technique, ne rend rien avec un public familial. Mais là, j'ai une table plus aguerrie et je tente le coup. Super partie ! Content, Johan. Je termine à une heure du matin par un double feature en Sombre zéro, un petit Camlann enchaîné avec une version longue des Grimmies, ce qui est cool car je n'ai pas souvent l'occase de le mener sur ce format. Bien que pas mal crevé, je fais l'effort pour une table de rôlistes expérimentés a priori super dubitatifs sur les formats flash et court. Or ils en sortent emballés. Ça fait plaisir. Mais à la fin, je suis tout crevé, genre sur les rotules. Lessivé de chez lessivé.
Je rassemble mon matos, enfile mon manteau et traverse le bourg jusqu'au Badhus, la salle des fêtes communale, dans laquelle vont se dérouler certaines parties nocturnes. Ah putain de vache, niveau amplitude thermique, l'Alsace c'est du lourd ! Samedi jour, automne. Samedi nuit, hiver (on n'est pas loin des températures négatives, impressionnant). Dimanche jour, printemps. Car oui, après une bonne nuit de sommeil, me voilà de retour à la mairie pour une deuxième journée de démos.
Dimanche
Un peu de chômage technique dans l'heure de midi (récup du concert de la veille + pause repas + animation conteur sur la place), mais ça repart en début d'aprème. Six parties avant de reprendre le train, dont, juste pour le fun, un Sombre max en PvP avec huit joueurs à table. M'a bien fait kiffer, ça. Je termine sur un Deep space gore plutôt très bon, en dépit d'un joueur à la limite de l'antijeu (can't win 'em all, eh). Mais le reste de la table est übermotivé, particulièrement trois jeunes joueuses grave au taquet. Rhâââ, ça m'a fait bien plaize de les voir trépigner ! Big up à Julie, cosplayée barbare et hardcore fan de Sombre (à ma gauche sur la photo, en bout de table). Pas moins de cinq parties sur le week-end ! Total respect.
Et le soir, supplément de festoche : suicide sur la voie TGV, arrêt en pleine campagne, pompiers, flics, remplacement du conducteur. Retour à Paris en cinq heures au lieu de trois.
Bilan
Très positif.
Des orgas sympas, accueillants, hyper polis (l'Alsace, l'autre pays du vouvoiement) et très serviables, quoique grave noyés dans la masse. Hé les gars (et les filles), payez vous des t-shirts orange, qu'on vous voie bien de loin. Ouais je sais, c'est moyen médiéval, mais faut être lucide : la boucle d'oreille d20, ça marche juste pas. J'ai passé le week-end à vous chercher dans la foule. Un point info serait une bonne idée aussi, pour les noobs comme moi. Y'en avait peut-être un cela dit, mais je l'ai non vu (ce qui serait en soi un problème).
Niveau Opale, c'était super carré, comme d'hab'. Orga, recrutement, couchage, tout nickel de chez nickel. Merci les kopaings, c'est toujours un super plaisir de bosser avec vous. Spéciale dédicace à Cédric, hyper réactif dans la phase préparatoire et super disponible durant le week-end, allant jusqu'à interrompre sa partie de L5R pour me conduire au gîte samedi soir, lorsque j'étais en mode demi zombie. Être pris en charge de cette manière, c'est vraiment royal. T'as rien à penser, rien à gérer, juste à te concentrer sur tes démos. J'apprécie grave. Merci tout plein, mon petit.
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Mon body count
Deep space gore :
+ Partie 1 : cinq joueurs, zéro survivant.
+ Partie 2 : cinq joueurs, zéro survivant.
+ Partie 3 : cinq joueurs, zéro survivant.
Camlann :
+ Partie 1 : quatre joueurs, zéro survivant.
+ Partie 2 : cinq joueurs, deux survivants.
+ Partie 3 : cinq joueurs, un survivant.
+ Partie 4 : quatre joueurs, un survivant.
+ Partie 5 : quatre joueurs, zéro survivant.
+ Partie 6 : cinq joueurs, zéro survivant.
Les Grimmies :
+ Partie 1 : quatre joueurs, zéro survivant.
+ Partie 2 : quatre joueurs, zéro survivant.
Toy Scary :
+ Partie 1 : cinq joueurs, trois survivants.
Overlord :
+ Partie 1 : six joueurs, zéro survivant.
+ Partie 2 : quatre joueurs, zéro survivant.
+ Partie 3 : six joueurs, un survivant.
+ Partie 4 : six joueurs, un survivant.
Sombre max :
+ Partie 1 : huit joueurs, un survivant.
Total : 17 parties, 85 joueurs, 78 morts.
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