Leçons du monde fluctuant de Jérôme Noirez
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Leçons du monde fluctuant de Jérôme Noirez
Bon, selon Jérôme S., Renwick est percepteur ( http://www.actusf.com/spip/?article5013 ), et pour Bruno G. ( http://www.actusf.com/spip/?article5012 ), il est précepteur. C'est quoi ce binz ? Il y en a un qui a abusé du liquide de refroidissement. Et je crois savoir qui...
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Re: Leçons du monde fluctuant de Jérôme Noirez
oué bon ben c'était moi... En même temps Jab ferait un bon percepteur des impôts...Transhumain a écrit :Bon, selon Jérôme S., Renwick est percepteur ( http://www.actusf.com/spip/?article5013 ), et pour Bruno G. ( http://www.actusf.com/spip/?article5012 ), il est précepteur. C'est quoi ce binz ? Il y en a un qui a abusé du liquide de refroidissement. Et je crois savoir qui...

Plus sérieusement, qui a lu le livre ? Qu'en pensez vous ?
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
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Moi je l'ai lu (normal, j'l'ai chroniqué).
C'est très bon. J'ai passé un très bon moment.
Pour ceux qui n'aiment pas les mots compliqués, "immanentiste" dans l'article, ça veut dire qui refuse de se référer à des forces ou à des êtres dits supérieurs, ou divin, qui se contente de vivre sur terre sans croire à un au-delà ou à l'existence de choses invisibles.
Il faudrait pousser l'analyse des simulacres, l'opposition aux empreintes, analyser en profondeur pas mal de personnages, analyser ce récit cyclique où l'on revient toujours à Lulunruntu, alors même que cette ville-corps change à chaque fois...
Lisez Noirez.
C'est très bon. J'ai passé un très bon moment.
Pour ceux qui n'aiment pas les mots compliqués, "immanentiste" dans l'article, ça veut dire qui refuse de se référer à des forces ou à des êtres dits supérieurs, ou divin, qui se contente de vivre sur terre sans croire à un au-delà ou à l'existence de choses invisibles.
Il faudrait pousser l'analyse des simulacres, l'opposition aux empreintes, analyser en profondeur pas mal de personnages, analyser ce récit cyclique où l'on revient toujours à Lulunruntu, alors même que cette ville-corps change à chaque fois...
Lisez Noirez.
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C'est bien, c'est vrai. Noirez a une plume intelligente, et parfaitement maîtrisée. EN fait, bien que la comparaison soit un peu galvaudée, pour une fois, il la soutient sans rougir. Leçons du monde fluctuant évoque immanquablement Neil Gaiman.
Dans tout ce que ça a de bon, et de moins bon, comme notamment une certaine inconsistance. On pense par exemple à Anansi Boys. C'est brillant, mais il manque une histoire qui tiennent la route.
Donc pour moi c'est léger, mais carrément à suivre...
Dans tout ce que ça a de bon, et de moins bon, comme notamment une certaine inconsistance. On pense par exemple à Anansi Boys. C'est brillant, mais il manque une histoire qui tiennent la route.
Donc pour moi c'est léger, mais carrément à suivre...
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
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Parfaitement maîtrisée: au point de paraître parfois lisse. Jérôme N. a d'énormes possibilités stylistiques, il a volontairement fait quelque chose de soft de ce point de vue, justement sans doute pour être accessible et faire accéder les gens à ce fameux "rêve" qui est la clé du roman et sans doute ce qui serait une possible solution éthique aux problèmes que pointe Jérôme (phallocratie, théocratie, scientisme idéologique, etc.)Eric a écrit :C'est bien, c'est vrai. Noirez a une plume intelligente, et parfaitement maîtrisée. EN fait, bien que la comparaison soit un peu galvaudée, pour une fois, il la soutient sans rougir. Leçons du monde fluctuant évoque immanquablement Neil Gaiman.
Dans tout ce que ça a de bon, et de moins bon, comme notamment une certaine inconsistance. On pense par exemple à Anansi Boys. C'est brillant, mais il manque une histoire qui tiennent la route.
Donc pour moi c'est léger, mais carrément à suivre...
Tiens, pendant qu'on y est, je me demande tout de même pourquoi vous avez trouvé l'histoire un peu faiblarde: je lui ai trouvé beaucoup de richesse, pour ma part; ça pète de partout, il y a une guerre à la fin, il y a une immense auberge/château qui se transforme en corps-forêt-continent, il y a une petite fille qui mène une guerre, etc. Disons qu'il raconte vite, parfois, trop vite peut-être (c'est plus ou moins ce que je dis dans la chronique) par rapport à tout ce qu'il a à montrer et à mettre en place.
En tout cas, il y a une démarche qui est passionnante, c'est ce primat du corps. Chez Noirez, on est d'abord un corps. Sachant qu'un corps, c'est pas seulement de la matière, c'est plein de choses, c'est du sens, de l'efflorescence de lumière, c'est une liberté à faire exister. Voir le personnage de Renwick: sa nature est déterminée par sa naissance: il est né de l'accouplement d'un cachot et d'un prisonnier. C'est ce qui, d'emblée, pose le personnage comme noir et drôle à la fois. Et en même temps, en poussant à fond ses potentialités corporelles, ça devient un dandy, un être élégant et cruel. Jusqu'à, éventuellement, après une dernière chute, trouver une forme de salut, ou de transformation...
J'en discutais avec Jérôme N., justement, et c'est bien Rabelais qu'il faut ici convoquer, et avec lui toute la perspective humaniste de libération du corps, pour bien entrer dans ce roman. Il y a une histoire dans l'histoire, qui pour une fois avec ces phénomènes d'enchâssement/mises en abîme, ne raconte pas la naissance de toute littérature (*), mais l'histoire d'un corps entravé (celui de Kematia, bien sûr, mais aussi celui du révérend nigaud Dodgson, qui justement, bégaie) qui apprend peu à peu toutes les formes de libération possible : la rencontre avec la lumière, la fusion avec le monde (voir le personnage de Lulunruntu, qui devient un paysage/pays), le voyage à la surface de la matière (1ère scène avec Kematia, où elle flotte sur l'herbe avant de rencontrer son chien de chiffon), etc.
Pas de thèses, pas de doctrines, mais l'exploration de possibilités pour le corps humain, donc. Un truc vachement spinoziste, au fond: que peut un corps?
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Et...
Ce aui manque dans cette histoire, justement, c'est par exemple, ce qui fait la difference entre American Gods, et Anansi Boys. Un truc qui depasse le simplement agreable, ou la mise en texte de reflexions personnelles, pour les integrer vraiment au recit.
Ce aui manque dans cette histoire, justement, c'est par exemple, ce qui fait la difference entre American Gods, et Anansi Boys. Un truc qui depasse le simplement agreable, ou la mise en texte de reflexions personnelles, pour les integrer vraiment au recit.
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Mmh... pas trop d'accord. Le problème quand je parle d'un bouquin, c'est que je pousse la lecture immédiate un peu plus loin, et on a l'impression de livres intellos pas assez incarnés. En réalité ça se lit bien, on flotte bien dans cet espace proprement littéraire qui doit se situer au croisement du plaisir esthétique, de l'interrogation intellectuelle, et, plus souterrainement, de la dimension éthique/politique.Eric a écrit :Et...
Ce qui manque dans cette histoire, justement, c'est par exemple, ce qui fait la difference entre American Gods, et Anansi Boys. Un truc qui depasse le simplement agreable, ou la mise en texte de reflexions personnelles, pour les integrer vraiment au recit.
Enfin, en fait, si, d'accord avec toi: ce qui manque dans cette histoire, c'est quelques pages pour aller moins vite dans le jeu intellectuel, dans les fluctuations... mais c'était aussi le jeu d'aller vite, de faire sans cesse varier les êtres, les décors, les thèmes...

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Non... toujours pas. En fait, à te lire, je crois que, justement, ce qui me gêne, c'est que je trouve la démarche peut-être un rien trop artificielle. Je lui reproche en fait d'avoir tenté de trouver une histoire sur laquelle saupoudrer ses interrogations, plutôt que de simplement raconter une histoire, dans laquelle, nécessairement avec son talent, son propos aurait émergé.
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systar a écrit :Tiens, pendant qu'on y est, je me demande tout de même pourquoi vous avez trouvé l'histoire un peu faiblarde: je lui ai trouvé beaucoup de richesse, pour ma part; ça pète de partout, il y a une guerre à la fin, il y a une immense auberge/château qui se transforme en corps-forêt-continent, il y a une petite fille qui mène une guerre, etc. Disons qu'il raconte vite, parfois, trop vite peut-être (c'est plus ou moins ce que je dis dans la chronique) par rapport à tout ce qu'il a à montrer et à mettre en place.
En fait, de mon côté, si j'ai bien aimé l'univers et les personnages, si j'ai bien aimé le style, j'ai trouvé que l'ensemble était un peu aseptisé. Je n'ai pas eu peur avec Kematia, ou de grands frissons avec Dogson. C'est un peu comme si rien ne pouvait leur arriver. Il manque une certaine charge émotionnelle. Finalement le moment qui m'a le plus marqué dans le roman, c'est la révelation du passé du chien en chiffon. Pour le reste, on est dans une sorte de quête mais sans véritablement d'obstacles à franchir. Et ceci dit sans rien enlever à la richesse du roman hein. D'un point de vue stylistique, il n'y a rien à dire. Pas plus que dans la construction de son univers et de ses personnages. Je n'ai juste pas été complètement embarqué par Kematia et Dogson.
Jérôme
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Bon, j'ai bavardé chez moi, paske moi ce livre, j'ai vraiment bien aimé. ça se passe là:
http://systar.hautetfort.com/archive/20 ... oirez.html
http://systar.hautetfort.com/archive/20 ... oirez.html
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Coucou, braves gens,
Je ne tiens pas trop à m’immiscer dans une discussion sur mes romans. C’est écrit, publié, il vous appartient, en bien ou en mal. Faites en ce que vous voulez.
Mais je pense qu’il y a matière à une discussion d’ordre plus général, sur ce qu’on pourrait appeler « les archétypes narratifs dans les genres de l’imaginaire ».
« Je n'ai pas eu peur avec Kematia, ou de grands frissons avec Dogson. C'est un peu comme si rien ne pouvait leur arriver. Il manque une certaine charge émotionnelle. »
Faut-il qu’un personnage soit en danger pour que se créent des liens d’empathie ? Faut-il toujours frissonner, s’interroger sur la survie ou non d’un personnage pour se rapprocher de lui ? La charge émotionnelle n’est-elle liée qu’au suspens ?
Ne peut-on imaginer que l’émotion naisse aussi de contemplations, de paysages, de constructions abstraites, d’un jeu de lumière, d’un regard, d’une posture, d’un vol de lucanes ?
(voir à ce propos ce qu'en dit Catherine Dufour sur le Cafard Cosmique:
http://www.cafardcosmique.com/phpBB2/vi ... 937b73b753
« Pour le reste, on est dans une sorte de quête mais sans véritablement d'obstacles à franchir. »
Est-ce qu’une narration, pour impliquer le lecteur (faut-il d’ailleurs obligatoirement impliquer le lecteur ?), doit être constituée, selon l’immuable règle de « la quête du héros » qu’affectionnent tant les scénaristes d’Hollywood et les créateurs de jeu vidéo, d’une série d’obstacles à franchir ?
(la « quête » de Kematia est un voyage shamanique, un tel voyage n’est pas une succession d’épreuves, mais une succession d’états... Leçons du Monde Fluctuant est un roman de Fantasy floue, les grilles de lecture de genre ne s’y appliquent pas, pas plus qu’elles ne s’appliquaient à Féerie pour les Ténèbres.)
Allez, pour finir, un jeu-concours avec rien à gagner. Et même ce monstre cérébral de Systar ne l’a pas vu. Le titre du roman fait directement référence à quelque chose de précis (indice : simultanément dans le champ de la littérature et de l’art graphique). Mais à quoi ?
Cordialement,
Jérôme Noirez[/url]
Je ne tiens pas trop à m’immiscer dans une discussion sur mes romans. C’est écrit, publié, il vous appartient, en bien ou en mal. Faites en ce que vous voulez.
Mais je pense qu’il y a matière à une discussion d’ordre plus général, sur ce qu’on pourrait appeler « les archétypes narratifs dans les genres de l’imaginaire ».
« Je n'ai pas eu peur avec Kematia, ou de grands frissons avec Dogson. C'est un peu comme si rien ne pouvait leur arriver. Il manque une certaine charge émotionnelle. »
Faut-il qu’un personnage soit en danger pour que se créent des liens d’empathie ? Faut-il toujours frissonner, s’interroger sur la survie ou non d’un personnage pour se rapprocher de lui ? La charge émotionnelle n’est-elle liée qu’au suspens ?
Ne peut-on imaginer que l’émotion naisse aussi de contemplations, de paysages, de constructions abstraites, d’un jeu de lumière, d’un regard, d’une posture, d’un vol de lucanes ?
(voir à ce propos ce qu'en dit Catherine Dufour sur le Cafard Cosmique:
http://www.cafardcosmique.com/phpBB2/vi ... 937b73b753
« Pour le reste, on est dans une sorte de quête mais sans véritablement d'obstacles à franchir. »
Est-ce qu’une narration, pour impliquer le lecteur (faut-il d’ailleurs obligatoirement impliquer le lecteur ?), doit être constituée, selon l’immuable règle de « la quête du héros » qu’affectionnent tant les scénaristes d’Hollywood et les créateurs de jeu vidéo, d’une série d’obstacles à franchir ?
(la « quête » de Kematia est un voyage shamanique, un tel voyage n’est pas une succession d’épreuves, mais une succession d’états... Leçons du Monde Fluctuant est un roman de Fantasy floue, les grilles de lecture de genre ne s’y appliquent pas, pas plus qu’elles ne s’appliquaient à Féerie pour les Ténèbres.)
Allez, pour finir, un jeu-concours avec rien à gagner. Et même ce monstre cérébral de Systar ne l’a pas vu. Le titre du roman fait directement référence à quelque chose de précis (indice : simultanément dans le champ de la littérature et de l’art graphique). Mais à quoi ?
Cordialement,
Jérôme Noirez[/url]
Hokusai ?eidolon a écrit : Allez, pour finir, un jeu-concours avec rien à gagner. Et même ce monstre cérébral de Systar ne l’a pas vu. Le titre du roman fait directement référence à quelque chose de précis (indice : simultanément dans le champ de la littérature et de l’art graphique). Mais à quoi ?
[/url]
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Un artiste du monde flottant... Leçons du monde fluctuant... tout ça... J'y avais pensé aussi.eidolon a écrit :(Kazuo, c'est limite quand même)
A part ça, je n'en sais rien, je passe mon tour.
Sinon, je voulais juste dire que je suis totalement d'accord avec ça :
Pas encore lu ton bouquin, mais je compte bien me le procurer assez vite (chez Scylla le 6 octobre par exemple).Faut-il qu’un personnage soit en danger pour que se créent des liens d’empathie ? Faut-il toujours frissonner, s’interroger sur la survie ou non d’un personnage pour se rapprocher de lui ? La charge émotionnelle n’est-elle liée qu’au suspens ?
Ne peut-on imaginer que l’émotion naisse aussi de contemplations, de paysages, de constructions abstraites, d’un jeu de lumière, d’un regard, d’une posture, d’un vol de lucanes ?