Grindhouse la BA

[jerome]

Voici la BA de Grindhouse. Il y aura deux films en un : un premier de Tarantino (Death Proof) et deuxième de Rodriguez (Project Terror).

Sortie prévue : 6 avril 2007

http://movies.yahoo.com/feature/grindhouse.html

[Charlotte]

J'ai enfin vu ce week end le diptyque Grindhouse qui est juste une tuerie !

Le film de Rodriguez, Planet Terror, est certes gore mais drôle, extrêmement drôle. Si vous avez trouvé Une Nuit en Enfer excellent, c'est exactement dans la même veine. Pas une seconde de répit, des trouvailles à la con sans arrêt. C'est un bonheur. Attention, ce n'est pas un chef d'œuvre du 7ème Art, c'est juste un très bon film de zombies où ça pète et ça gicle de partout (parfois, c'est quand même assez crade mais bon, c'est chouette)

Et il y a Death Proof et là c'est un pur moment de félicité. Tarantino s'amuse comme un p'tit fou, s'éclate dans l'hommage aux films des années 70, dans la course-poursuite de bagnoles, dans les dialogues sans fin... Le film est résolument un hommage au ciné tout entier (notamment la seconde partie qui débute en noir et blanc) où l'une des actrices, Zoé Bell, joue son propre rôle.

Kurt Russel en tueur psychopathe est parfait. Les filles sont sexys à souhait et la scène finale (jouissive) va je pense demeurer dans mon Panthéon personnelle pendant très longtemps (ha mais ce "The End" sur une image juste géniale avec "Laisse tomber les filles" en bande son, c'est parfait !)

Et j'oubliai la sorte de faille temporelle de la première moitié, mélange plus que convaincant de notre époque (téléphone portable, les clins d'œil à ses propres films comme la sonnerie de la musique que siffle la tueuse borgne dans Kill Bill...) des seventies (les fringues, les décors, la pellicule, les faux raccords, la BO).

[jlavadou]

Je les avais vus au ciné et je confirme. Boulevard de la mort (Death proof) est excellent, la deuxième partie est effectivement jouissive, à la fois pour la dextérité de la réalisation, et par le côté anti-machiste plutôt rare au ciné.

J'ai été moins impressionné par Planète Terreur, mais je suis moins sensible aux films de zombies.

[Charlotte]

Boulevard de la Mort au ciné devait juste être excellent. (Je préfère largement le titre Death Proof que Boulevard de la Mort).

Une seconde partie anti-machiste qui a le mérite de rester super sexy mais qui ne marche qu'avec la première.

Dans les deux : des nanas qui parlent comme des charretiers, qui usent et abusent de l'alcool, des clopes et autres fumettes, qui passent leur temps à raconter leur histoire de cul et à allumer les mecs (la scène de lap-dance est géniale), qui portent short et T-shirt moulants.

Dans la première partie, hommage aux seventies : les nanas se libèrent, elles fument, boivent, sortent seules mais si elles sont méfiantes, elles restent naïves (ce n'est pas le meilleur terme mais je n'en vois pas d'autres).

Crash de la voiture: tout vole en éclats : on prend les mêmes et on recommence. Ce que fait cinématographiquement Tarantino (il reprend des scènes clefs pour les refaire à sa sauce).

D'une manière générale, ce qui était figé, comme ces icônes de la première partie (cf : les panneaux publicitaires de Jungle Julia que l'on voit par trois fois, je crois, et sur lesquels elles hurlent toutes à chaque fois) reprend vie sous la direction de Tarantino, se libèrent du carcan tout en conservant les codes du genre.

Dans la seconde, qui se déroule plus clairement à notre époque, les nanas sont tout aussi sexy et libérées mais elles ont appris à se défendre et le chasseur devient la proie. Elles sont cascadeuses, portent des jeans et des blousons de cuir et se battent à coups de poing, sauf qu'elles ne perdent pas leur féminité pour autant : cette scène finale !! Elles restent d'ailleurs d'indécrottables romantiques (les textos de Jungle Julia et les "oh, que c'est romantique" des copines quand l'une d'entre elle confie que son mec, bien qu'il l'ait trompée le jour de son anniversaire, lui a offert, une compil' de musique à l'ancienne, façon premières amours de collégiens/iennes)

Spoiler cette finale : Abernathy qui donne le coup de grâce à Kurt Russel est celle qui paraît la plus "fragile" ou "naïve", celle qui ne couche pas, qui vit dans sa jolie bulle avec son T-shirt rose une Licorne imprimée dessus, sa frange et queue de cheval impeccables. Elle lui éclate le visage en levant haut la jambe.

(Il faudrait d'ailleurs faire une étude approfondie des fringues des héroïnes et de l'omniprésence du sexe dit faible, largement surnuméraire, y compris dans les bars de la première partie.)

Au-delà de ça, tout le film fonctionne sur le chiffre deux. Et plus globalement encore, le diptyque dans son ensemble.

Grinhouse est construit comme Une Nuit en Enfer :
Première partie (premier film) , centré sur les personnages, du sang "réel" , des meurtres, un jeu du chat et de la souris (Clooney et Tarantino qui fuient la police et veulent traverser la frontière sans se faire choper).

Coupure pubs / passage de la frontière et arrivée au Mexique : autre monde, autre genre abordé.

Seconde partie (Planète Terreur) : le film de genre. Ici des zombies, là des vampires, du gore, des membres arrachés, ça gicle de partout et on se marre devant les trouvailles. Fin en demi-teinte de la même façon et retour au pyramides mayas.

Les personnages récurrents :

Planète Terreur s'attache à suivre des personnages vus dans Death Proof :
Le shérif et son fils qui s'interrogent à l'hôpital après que Stuntman Mike a tué les quatre première filles reviennent dans Planète terreur. On comprend d'ailleurs dans ce volet, la raison de la colère de la nana médecin qui envoie proprement chier le shérif (son père apprendra-t-on).

Rose McGowan, blonde décolorée, joue la première victime de Kurt Russel avant de revenir en brune incendiaire dans tous les sens du terme dans Planète Terreur.

[jlavadou]

Wahou, quelle analyse ! Je n'avais pas fait le lien comme tu le fais entre les deux parties mais en le lisant ça devient évident. Je n'ai rien à ajouter, sinon que le shérif, il me semble, est aussi celui que l'on voit dans Kill Bill (même si ce n'est peut-être pas le même acteur, c'est le même type de personnage).

Sinon je me souviens aussi avoir été impressionné par la scène de discut' dans la deuxième partie de Deathproof, entre les filles, dans le resto : superbement filmée (c'est un peu lointain, mais il me semble que c'est un plan-séquence, non ?), arrivant à nous intéresser par une conversation complètement banale.

[Virprudens]

Jolie analyse effectivement, bien que je ne partage ni tes conclusions ni ton enthousiasme.
Apparemment, je dois être le seul à avoir eu une lecture différente de ce Death Proof. Tel que je le vois c'est bien au contraire un film terriblement macho, creux et vulgaire - sans compter qu'il est affreusement chiant.

Anti-machiste ? Vraiment ?
J'ai eu l'impression de voir un film réalisé par un macho de première bourre n'ayant rien trouvé de mieux (pour se donner l'alibi falacieux d'anti-macho - apparemment ça marche, tout le monde se fait avoir) que de faire se comporter ses personnages féminins de la même façon stupide que les mecs. Genre : 'ouah, ces gonzesses, elles ont trop des couilles!'. La simple inversion des genres ne suffit pas pour qu'on puisse qualifier Tarantino d'anti-macho ou de féministe.
Le dernier plan est de ce point de vue d'une vulgarité crasse (comme la quasi totalité du cinéma de Tarantino - le cinéaste le plus surestimé de sa génération). Et vous appellez ça jouissif ? Pfffff....

Bref, de mon point de vue, Death Proof était bien la plus belle bouse de l'année dernière.
Et j'espère bien que dans 10 ans, on n'entendra plus parler de ce Tarantino. On peut rêver...

[Charlotte]

Sinon je me souviens aussi avoir été impressionné par la scène de discut' dans la deuxième partie de Deathproof, entre les filles, dans le resto : superbement filmée (c'est un peu lointain, mais il me semble que c'est un plan-séquence, non ?), arrivant à nous intéresser par une conversation complètement banale.

Monstrueux plan-séquence où les dialogues sont hyper importants narrativement et mythologie perso de Tarantino. On y apprend entre autre que Kim a un flingue (intrigue) et la passion pour les films avec des bagnoles (Point Limite Zéro, Mary la Garce), et le cinéma encore et toujours avec des anecdotes de cascadeuse (utilisée plus tard : Zoé le chat)

Wahou, quelle analyse ! Je n'avais pas fait le lien comme tu le fais entre les deux parties mais en le lisant ça devient évident. Je n'ai rien à ajouter, sinon que le shérif, il me semble, est aussi celui que l'on voit dans Kill Bill (même si ce n'est peut-être pas le même acteur, c'est le même type de personnage).

Kill Bill, les références sont assez nombreuses : la sonnerie du téléphone portable mais surtout la couleur de la voiture des quatre nanas de la seconde partie, jaune à bandes noires, couleurs de la Mariée. Zoé Bell a été la doublure d'Uma Thurman sur le tournage de Kill Bill justement. Tout se recoupe !

Death Proof est un film sur le cinéma, totalement; Les quatre héroïnes de la seconde partie bossent toute dans le ciné. Trois sont d'ailleurs sur un même film : Abernathy est la maquilleuse de la vedette (Lindsay Lohan), Kim est la cascadeuse et Lee est l'une des actrices, et Zoe est donc dans son propre rôle de cascadeuse.

Les anecdotes qu'elles se racontent dans la voiture sont des coucheries de plateau, c'est du off, l'envers du décor.

Avec ton idée du shérif, j'ai fait un tour sur imdb. Cecil Evans, le réalisateur du film en tournage et avec qui couche Abernathy, est en fait le responsable logistique (transports) de Planet Terror.

Et le shérif, eh bien, t'as le coup d'œil parce que effectivement, c'est le même que dans Kill Bill. Et tout cela va plus loin, même acteur, Michael Parks, et même personnage : Earl McGraw. Et son fils dans la vie, James Parks, joue donc son fils aussi dans les films Grindhouse et le premier volet de Kill Bill : Edgar McGraw.

[Charlotte]

Juste pour revenir sur l'un des thèmes les plus évidents de Death Proof : l'hommage au cinéma de cascades, aux cascadeurs, aux courses-poursuites de bagnoles...

D'abord le personnage principal : Stuntman Mike, Mike le Cascadeur qui a donc une voiture "Death Proof", à l'épreuve de la mort et qui l'utilise pour tuer les filles qu'ils trouvent.

Le dialogue entre Pam, la blonde jouée par Rose McGowan, où il explique ce qu'est sa voiture et son boulot, cascadeur. Pam en gros lui dit : mais les images sont retouchées à l'ordi. Et Stuntman Mike de répondre: (piqué sur imdb) : Well, nowadays unfortunately you're right more often than not. But back in the all or nothing days, the Vanishing Point days, the Dirty Mary Crazy Larry days, the White Line Fever days, they had real cars crashing into real cars and real dumb people driving em.

Films qui seront recités par Zoë et Kim, les deux cascadeuses dans la seconde partie; qui est une redite de la première.

En plus de Zoë Bell jouant son propre rôle, une autre cascadeuse, Monica Staggs, joue l'une des victimes de la première partie, Lanna Frank.
Et Monica Staggs a notamment été la doublure de Daryl Hannah dans Kill Bill.

Tout ça pour arriver à LA scène du film, la course-poursuite finale réalisée à l'ancienne, avec de vraies cascades.

[jlavadou]

J'ai eu l'impression de voir un film réalisé par un macho de première bourre n'ayant rien trouvé de mieux (pour se donner l'alibi falacieux d'anti-macho - apparemment ça marche, tout le monde se fait avoir) que de faire se comporter ses personnages féminins de la même façon stupide que les mecs.

Et tu les aurais montrées comment, les femmes ? Courtoises, douces, gentilles en train de faire du tricot à la maison ? Je ne pense pas que Tarantino ait voulu rendre les femmes masculines (Charlotte dit bien comment elles ont gardé leur féminité), mais plutôt inverser la tendance d'un genre machiste (le film de bagnoles).

Ce n'est peut-être pas très subtil, j'en conviens, mais ça dénote son profond - et sincère, je pense - amour des femmes. On ne confie pas les premiers rôles de ces derniers films à des femmes lorsqu'on est machiste - d'autant plus que Tarantino n'a plus rien à prouver.

Et puis l'attitude de ces femmes dans le film, tu la trouves masculine, mais c'est parce que jusqu'à présent on ne montrait que des hommes dans ce genre de rôles. Il n'y a aucune raison pour que des femmes n'aient pas ce comportement.

[Charlotte]

Anti-machiste ? Vraiment ?
J'ai eu l'impression de voir un film réalisé par un macho de première bourre n'ayant rien trouvé de mieux (pour se donner l'alibi falacieux d'anti-macho - apparemment ça marche, tout le monde se fait avoir) que de faire se comporter ses personnages féminins de la même façon stupide que les mecs. Genre : 'ouah, ces gonzesses, elles ont trop des couilles!'. La simple inversion des genres ne suffit pas pour qu'on puisse qualifier Tarantino d'anti-macho ou de féministe.

Je suis entièrement d'accord avec tout ce qu'a répondu Jlavadou (pfouh, ça me fait bizarre de t'appeler comme ça Jérôme)
Ils gardent les codes du genre mais les revisite grâce notamment à ses personnages féminins.

Le film de Tarantino ne se revendique pas comme féministe mais prouve que l'on peut faire un film de bagnoles aussi haletant avec de superbes nanas.

Le dernier plan est de ce point de vue d'une vulgarité crasse (comme la quasi totalité du cinéma de Tarantino - le cinéaste le plus surestimé de sa génération). Et vous appellez ça jouissif ? Pfffff....
..

Ha non, non, non. Je ne suis pas du tout d'accord. Le dernier plan est juste génial. Qu'une nana se fasse découper en rondelles tout le monde trouve ça chouette mais qu'un mec se fasse défoncer la tronche à coups de bottes fashion, ça ne passe pas.

Pour la vulgarité. Je suppose que tu parles de la manière qu'a Tarantino de filmer ses héroïnes ? Elle n'est pas vulgaire, elle est limite béate, il aime profondément ses actrices, ça se sent notamment parce que l'intégralité du film aurait pu faire passer ses personnages pour des gourdasses de premier ordre et que ce n'est pas le cas. Il montre, effectivement, plus souvent les parties du corps féminin qu'il apprécie le plus (à savoir les fesses et les pieds) mais là c'est son délire de mec (un autre se serait concentré sur la poitrine ou les jambes).

Elles restent féminines à travers des clichés peut-être parfois (commander du Red Bull sans sucre, débourser 27 dollars pour chopé un inédit de Vogue Italie) mais elles ont justement arrêté d'être l'alibi bimbo des films à petits budgets. Elles se défendent, bossent, font des métiers d'habitude masculin (cascadeuse). D'ailleurs, elles battent Stuntman Mike, un mec avec sa voiture à l'épreuve de la mort, sur ce qui le définit totalement (à tel point qu'il se fait appeler par ce surnom -ridicule au demeurant- il le porte comme un fier étendard-) Elles maîtrisent au final mieux que lui les cascades, elles le prennent à son propre jeu et même le dépasse.

[Simon]

J'ai assez bien aimé Death Proof. Par contre j'étais pas dans un état réceptif et j'avoue avoir passé pas mal de temps sur la touche avance rapide pendant les dialogues. C'est même hallucinant car une de ces scènes m'a bien prise 5 minutes d'avance rapide à elle-seule.

[Lensman]

Mais... c'est épouvantable: j'ai l'effroyable impression que vous avez regardé ces films sur une... télé, et non pas un écran de cinéma!!!
Dites moi que je cauchemarde!
Oncle Joe

[Virprudens]

Le dernier plan est de ce point de vue d'une vulgarité crasse (comme la quasi totalité du cinéma de Tarantino - le cinéaste le plus surestimé de sa génération). Et vous appellez ça jouissif ? Pfffff....
..

Ha non, non, non. Je ne suis pas du tout d'accord. Le dernier plan est juste génial. Qu'une nana se fasse découper en rondelles tout le monde trouve ça chouette mais qu'un mec se fasse défoncer la tronche à coups de bottes fashion, ça ne passe pas.
Pour la vulgarité. Je suppose que tu parles de la manière qu'a Tarantino de filmer ses héroïnes ?

Je ne crois pas avoir jamais dit que j'aimais bien voir les gonzesses se faire découper en rondelles.Hostel (produit par ? - oh, quel hasard!) est lui aussi d'une vulgarité et d'une beaufitude sans nom - avec plein de gonzesses qui gueulent en se faisant découper. Bravo. Super cool.
Cela étant, je m'inquiètes gravement de la santé mentale de celles et ceux qui trouvent le dernier plan génial, sous le prétexte que le paradigme est renversé.
Et quand à l'argument 'il n'y a aucune raison pour que les femmes ne se comportent pas de cette façon', c'est du politiquement correct ou je ne m'y connais pas. Mais je suppose que c'est parce que je suis un vieux réac - ah ah ah.

Quand je parle de la vulgarité de Tarantino, je parle de son cinéma en général : c'est un cinéaste vulgaire, beauf, vouant un culte puéril aux séries B et Z, inculte dans tout autre domaine que le cinéma (un peu comme Leone en son temps - à la différence prêt que Leone avait du génie). Son cinéma est un cinéma dégénéré, un cinéma du recyclage, de la merde enrobée dans un joli paquet cadeau (et encore ... joli, joli, faut voir)

Après, libre à chacun et chacune, de trouver ce cinéaste génial ou non.
Pour ma part, la réponse est toute trouvée.

Et pis de toute façon je suis un gros réac machiste. Et pis c'est tout.

[Simon]

Mais... c'est épouvantable: j'ai l'effroyable impression que vous avez regardé ces films sur une... télé, et non pas un écran de cinéma!!!
Dites moi que je cauchemarde!
Oncle Joe

Parfois j'aimerais une télécommande au cinéma.

[céline B]

Parfois j'aimerais une télécommande au cinéma.

toi, tu as vu "le pont du roi saint-louis" !! le film où j'ai failli me pendre tellement c'était nul !! pourtant y'vait des acteurs connus (