Livres hors collections SF (Volodine, Raspail, Capron)
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Livres hors collections SF (Volodine, Raspail, Capron)
Au moins trois livres, dont je parlerai très bientôt en chroniques, et qui valent soit un petit coup d'oeil, soit de belles heures vraiment très planantes:
- Volodine, d'abord, avec Songes de Mevlido. L'impression d'une poétique d'écriture parfaitement juste, en phase avec l'immense ambition de Volodine de subvertir, par la création d'un monde "post-exotique", les rapports habituellement posés entre fiction et réalité, entre vérité et mensonge. Peut-être, dans des sociétés chaotiques post-totalitaires, faut-il s'inventer à soi ses propres mensonges, ses propres sas de passage dans des univers moisis et asphyxiés, pour retrouver la valeur qu'a toute existence. Un très grand Volodine, donc. Le début de l'histoire, grosso modo: un flic envoyé on ne sait plus quand surveiller d'anciens bolcheviques dans une espèce de ghetto, qui fait d'étranges rêves (corbeaux mutants, etc), et vit, après le décès de sa femme, avec une femme apparemment simple d'esprit, mais habitée d'éclairs de poésie et d'intelligence. Narration de moins en moins conceptuelle, de plus en plus proche de la réalité concrète, par rapport aux précédents ouvrages. Et, comme toujours, les obsessions de l'auteur: le nombre 49 (ici, le nombre de chapitres), les scènes d'auto-accusation, les scènes policières, la moisissure des choses, la dissolution des arêtes nettes de la réalité.
- Jean Raspail, ensuite, avec Septentrion. Clairement inscrit dans une certaine lignée d'écriture anti-totalitaire (bien écrit, mais trop didactique pour qu'on adhère réellement). Une plaidoirie contre l'uniformisation totale de toutes choses et de toute pensée.
L'histoire: Une trentaine de personnages hors-normes (ancien marchand d'esclaves, prêtre dévergondé, filles de joie, hussards...) fuient leur pays d'origine par un train lancé à pleine puissance, vers le "Septentrion", censé abriter un pays encore intact... Pourquoi? Parce que tous les autres êtres humains ont perdu leur individualité, s'appellent tous désormais "Rudeau", et sont habillés de gris... Le message est transparent: préserver la singularité contre l'immense uniformité qui menace les sociétés contemporaines.
- Julien Capron, enfin, avec Amende Honorable, dont j'ai lu un petit tiers pour le moment (650 pages, tout de même), qui propose une fresque épique se situant dans une République imaginaire où la peine de mort a été rétablie et où il s'agit pour les condamnés, avant d'être guillotinés, de faire "amende honorable", de regretter leurs crimes. Enjeux politico-médiatiques, fichages ADN, tout est foisonnant, servi par une plume à la fois légère et puissante, précise et inspirée.
Quelqu'un a eu l'occasion de lire l'un ou l'autre de ces livres?
(ou bien tout le monde attend mes chroniques en retard?)
- Volodine, d'abord, avec Songes de Mevlido. L'impression d'une poétique d'écriture parfaitement juste, en phase avec l'immense ambition de Volodine de subvertir, par la création d'un monde "post-exotique", les rapports habituellement posés entre fiction et réalité, entre vérité et mensonge. Peut-être, dans des sociétés chaotiques post-totalitaires, faut-il s'inventer à soi ses propres mensonges, ses propres sas de passage dans des univers moisis et asphyxiés, pour retrouver la valeur qu'a toute existence. Un très grand Volodine, donc. Le début de l'histoire, grosso modo: un flic envoyé on ne sait plus quand surveiller d'anciens bolcheviques dans une espèce de ghetto, qui fait d'étranges rêves (corbeaux mutants, etc), et vit, après le décès de sa femme, avec une femme apparemment simple d'esprit, mais habitée d'éclairs de poésie et d'intelligence. Narration de moins en moins conceptuelle, de plus en plus proche de la réalité concrète, par rapport aux précédents ouvrages. Et, comme toujours, les obsessions de l'auteur: le nombre 49 (ici, le nombre de chapitres), les scènes d'auto-accusation, les scènes policières, la moisissure des choses, la dissolution des arêtes nettes de la réalité.
- Jean Raspail, ensuite, avec Septentrion. Clairement inscrit dans une certaine lignée d'écriture anti-totalitaire (bien écrit, mais trop didactique pour qu'on adhère réellement). Une plaidoirie contre l'uniformisation totale de toutes choses et de toute pensée.
L'histoire: Une trentaine de personnages hors-normes (ancien marchand d'esclaves, prêtre dévergondé, filles de joie, hussards...) fuient leur pays d'origine par un train lancé à pleine puissance, vers le "Septentrion", censé abriter un pays encore intact... Pourquoi? Parce que tous les autres êtres humains ont perdu leur individualité, s'appellent tous désormais "Rudeau", et sont habillés de gris... Le message est transparent: préserver la singularité contre l'immense uniformité qui menace les sociétés contemporaines.
- Julien Capron, enfin, avec Amende Honorable, dont j'ai lu un petit tiers pour le moment (650 pages, tout de même), qui propose une fresque épique se situant dans une République imaginaire où la peine de mort a été rétablie et où il s'agit pour les condamnés, avant d'être guillotinés, de faire "amende honorable", de regretter leurs crimes. Enjeux politico-médiatiques, fichages ADN, tout est foisonnant, servi par une plume à la fois légère et puissante, précise et inspirée.
Quelqu'un a eu l'occasion de lire l'un ou l'autre de ces livres?
(ou bien tout le monde attend mes chroniques en retard?)
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Voilà qui promet ! J'attends surtout tes chroniques sur Volodine et Capron, dont tu m'avais dit beaucoup de bien. Mais il y a certainement plus urgent ces temps-ci...
Pour ma part, je suis dans Cyrano de Bergerac, un illustre ancêtre de la SF (si, si), je pense le faire étudier à mes élèves.
Bon courage pour les concours et à bientôt.
F.
Pour ma part, je suis dans Cyrano de Bergerac, un illustre ancêtre de la SF (si, si), je pense le faire étudier à mes élèves.
Bon courage pour les concours et à bientôt.
F.
François - http://malioutine.overblog.com/
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Cyrano , je l'avais déjà lu dans une édition de poche. Mais récemment on m'a fait cadeau d'une édition "érudite" de type universitaire (Édition champion classique) ou la partie critique est au moins deux fois plus longue que les textes eux-mêmes - Ce volume comprend "Les états et empires de la lune" et "Les états et empires du soleil" (plus "Fragment de physique"). Chaque paragraphe est annoté (une note toute les cinq lignes) .
Je n'ai pas encore dépouille toute tous ces textes, études, notes, biographies, rappels historiques et autres présent dans ce volume, mais c'est une somme assez impressionnante.
En fait je me demande bien si tous cet attirail hypertrophié est vraiment utile et ne noie pas le récit lui-même sous une avalanche de réflexions un peu superflues qui finissent par nous éloigner du simple plaisir de la lecture.
Je n'ai pas encore dépouille toute tous ces textes, études, notes, biographies, rappels historiques et autres présent dans ce volume, mais c'est une somme assez impressionnante.
En fait je me demande bien si tous cet attirail hypertrophié est vraiment utile et ne noie pas le récit lui-même sous une avalanche de réflexions un peu superflues qui finissent par nous éloigner du simple plaisir de la lecture.
Je suis actuellement en pleine lecture de Oui-Oui.
C'est un récit truffé de métaphores ontologiques en voie de réification. Par contre, je ne suis pas convaincu par l'aspect subversif de la chose. On sent que l'auteur dépasse difficilement le stade anal. En gros et dit de manière très vulgaire, ça ne troue pas le cul.
PS : Joli paratexte à colorier ICI
C'est un récit truffé de métaphores ontologiques en voie de réification. Par contre, je ne suis pas convaincu par l'aspect subversif de la chose. On sent que l'auteur dépasse difficilement le stade anal. En gros et dit de manière très vulgaire, ça ne troue pas le cul.
PS : Joli paratexte à colorier ICI
Volodine fait toujours de la SF, mais il ne le dit pas. exemple.
(sinon, c'est vraiment la plaie des bibliographes, ces gens qui sortent des bouquins hors collections spécialisées.)
(sinon, c'est vraiment la plaie des bibliographes, ces gens qui sortent des bouquins hors collections spécialisées.)
Après des années de cérémonie du Thé, il n’y a rien de meilleur que de vomir de la Bière.
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Cet apparat critique impressionnant a une explication toute simple : il me semble que cette édition a été réalisée spécifiquement pour le programme de l'agrégation 2006, où Cyrano était au programme.Papageno a écrit :Cyrano , je l'avais déjà lu dans une édition de poche. Mais récemment on m'a fait cadeau d'une édition "érudite" de type universitaire (Édition champion classique) ou la partie critique est au moins deux fois plus longue que les textes eux-mêmes - Ce volume comprend "Les états et empires de la lune" et "Les états et empires du soleil" (plus "Fragment de physique"). Chaque paragraphe est annoté (une note toute les cinq lignes) .
Je n'ai pas encore dépouille toute tous ces textes, études, notes, biographies, rappels historiques et autres présent dans ce volume, mais c'est une somme assez impressionnante.
En fait je me demande bien si tous cet attirail hypertrophié est vraiment utile et ne noie pas le récit lui-même sous une avalanche de réflexions un peu superflues qui finissent par nous éloigner du simple plaisir de la lecture.
Je découvre moi-même le texte en édition Folio ; c'est nettement moins cher, et le texte est toujours aussi bon.
A +
François.
François - http://malioutine.overblog.com/
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Si Transhumain passe par ici, est-ce qu'il pourrait me prêter son Baygon? j'ai l'impression qu'il y a des débuts d'installation de cafards sur Actu SF...kibu a écrit :Je suis actuellement en pleine lecture de Oui-Oui.
C'est un récit truffé de métaphores ontologiques en voie de réification. Par contre, je ne suis pas convaincu par l'aspect subversif de la chose. On sent que l'auteur dépasse difficilement le stade anal. En gros et dit de manière très vulgaire, ça ne troue pas le cul.
PS : Joli paratexte à colorier ICI
Bon, à part ça... la connerie étant la décontraction de l'intelligence, je sens l'ami kibu vraiment très décontracté. mais alors vraiment beaucoup.
Volodine, c'est chiant? Ah bon...
Remarque, je ne sais même pas pourquoi je m'emmerde à essayer d'en parler.
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Ouais faut le punir, à cause de lui, j'ai éclaté de rire en plein amphi hier, et le prof m'a engueulé !! méchant kibu !!systar a écrit :Si Transhumain passe par ici, est-ce qu'il pourrait me prêter son Baygon? j'ai l'impression qu'il y a des débuts d'installation de cafards sur Actu SF...kibu a écrit :Je suis actuellement en pleine lecture de Oui-Oui.
C'est un récit truffé de métaphores ontologiques en voie de réification. Par contre, je ne suis pas convaincu par l'aspect subversif de la chose. On sent que l'auteur dépasse difficilement le stade anal. En gros et dit de manière très vulgaire, ça ne troue pas le cul.
PS : Joli paratexte à colorier ICI
Bon, à part ça... la connerie étant la décontraction de l'intelligence, je sens l'ami kibu vraiment très décontracté. mais alors vraiment beaucoup.
http://www.fantastinet.com l'actualité de la littérature de l'imaginaire
- Transhumain
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- Eric
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Non, je ne me trompe pas.
Je ne te dis pas que c'est nécessairement nul, et à vrai dire, je n'ai jamais tenu assez longtemps sur un de ses bouquins, pour le dire, ou pour avoir envie de persevérer plus avant. (C'est un peu mon problème avec le groupe Limite)
Je te dis juste que je me suis toujours fait chier en le lisant, et ça, c'est une expérience subjective avérée qui ne souffre aucune remise en question.
Donc tu vois que j'ai raison.
Maintenant Bruno, les goûts et les couleurs... d'où l'intérêt de ton avis.
Je ne te dis pas que c'est nécessairement nul, et à vrai dire, je n'ai jamais tenu assez longtemps sur un de ses bouquins, pour le dire, ou pour avoir envie de persevérer plus avant. (C'est un peu mon problème avec le groupe Limite)
Je te dis juste que je me suis toujours fait chier en le lisant, et ça, c'est une expérience subjective avérée qui ne souffre aucune remise en question.
Donc tu vois que j'ai raison.
Maintenant Bruno, les goûts et les couleurs... d'où l'intérêt de ton avis.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- Transhumain
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Faudrait savoir : Volodine c'est chiant (affirmation péremptoire) ou tu trouves ça chiant (avis subjectif) ? Ah ah !Eric a écrit :Non, je ne me trompe pas.
Je ne te dis pas que c'est nécessairement nul, et à vrai dire, je n'ai jamais tenu assez longtemps sur un de ses bouquins, pour le dire, ou pour avoir envie de persevérer plus avant. (C'est un peu mon problème avec le groupe Limite)
Je te dis juste que je me suis toujours fait chier en le lisant, et ça, c'est une expérience subjective avérée qui ne souffre aucune remise en question.
Donc tu vois que j'ai raison.
- Transhumain
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