Neurocmancien, à la limite. Le reste de sa biblio est plus qu'abordable. Il y déploie effectivement un style unique et tout à fait personnel qui devient un véritable plaisir de lecture. J'adore le style très fluide de Westerfeld, dans un autre registre.Florent a écrit :Oui, William Gibson. C'est illisible, mais au moins on ne trouve pas d'équivalent.
L'écriture de la SF
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Ah oui, tiens, j'y ai pensé après coup. J'ai commencé La Cité des Permutrucs, je trouve l'intro terrible, je suis tout excité, et là le 1er chapitre commence avec une espèce de cours appliqué sur la biochimie, et pas sur 1 page, non, mais sur tout chapitre ! J'ai doucement refermé tout ça et j'ai posé le livre sur une étagère.Aldaran a écrit :Dans le genre "illisible", Egan n'est pas mal non plus.
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C'est dommage que tu n'aies pas persévéré : il y a un sacré paquet de pages à la limite du compréhensible pour qui n'a pas fait au minimum un doctorat en physique ou en math (parce que le cours de biochimie simplifiée à 32 éléments n'est qu'une mise en bouche), des pages que j'ai allégrement sautées sans ressentir la moindre culpabilité, mais le voyage vaut vraiment le détour ; il y a là-dedans des concepts qui te pulvérisent littéralement le crâne. Essaye encore. Ou alors, tente Axiomatique, plus abordable et réellement excellent.Florent a écrit :J'ai commencé La Cité des Permutrucs, je trouve l'intro terrible, je suis tout excité, et là le 1er chapitre commence avec une espèce de cours appliqué sur la biochimie, et pas sur 1 page, non, mais sur tout chapitre ! J'ai doucement refermé tout ça et j'ai posé le livre sur une étagère.
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Oui mais moi, j'ai BTS assistant de gestion PME PMI comme diplôme, alors je crois que je vais rester au Magicien d'Oz. Pourtant je le répète, l'intro est terrible, avec cette espèce de mise en abîme du mec qui a créé son avatar pour tester de l'intérieur le programme qu'il a inventé.
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Re: Fermons un peu la "porte ouverte"
Vrai pour certains, faux pour d'autres qui n'ont pas perdu de vue l'essentiel : un roman est censé raconter une histoire...Marc Alotton a écrit :certains auteurs de SF ne se privent pas de bâcler les sous-bassements du monde au nom (de l'urgence) de l'écriture
C'est parce qu'ils ont du temps à perdre et pas vraiment d'histoire à raconter... D'autant que le monde ordinaire, on le connait déjà, l'imagination n'est donc pas au rendez-vous.Marc Alotton a écrit :tandis que certains auteurs "sans genre" investissent beaucoup de temps dans la construction d'un monde très ordinaire...
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Re: Fermons un peu la "porte ouverte"
Eons a écrit :Vrai pour certains, faux pour d'autres qui n'ont pas perdu de vue l'essentiel : un roman est censé raconter une histoire...Marc Alotton a écrit :certains auteurs de SF ne se privent pas de bâcler les sous-bassements du monde au nom (de l'urgence) de l'écritureC'est parce qu'ils ont du temps à perdre et pas vraiment d'histoire à raconter... D'autant que le monde ordinaire, on le connait déjà, l'imagination n'est donc pas au rendez-vous.Marc Alotton a écrit :tandis que certains auteurs "sans genre" investissent beaucoup de temps dans la construction d'un monde très ordinaire...
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Re: Fermons un peu la "porte ouverte"
ça peut être le cas, mais c'est le plus souvent parce qu'ils manipulent des dizaines de personnages, de lieux, d'anecdotes et qu'ils ont peur de ne pas s'y retrouver... Surtout quand ils laissent s'échapper un bon laps de temps entre deux séances d'écriture. Plus ce monde très ordinaire est éloigné du leur, plus ils en ont besoin.Eons a écrit :C'est parce qu'ils ont du temps à perdre et pas vraiment d'histoire à raconter... D'autant que le monde ordinaire, on le connait déjà, l'imagination n'est donc pas au rendez-vous.
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Pas d'accord. Sur les deux points de ta phrase d'ailleurs. Ça n'est pas illisible, et par ailleurs, si c'est personnel, ça n'est pas si original que ça. C'est même souvent très référencé. Gibson trouve assez facilement son équivalent en litt"gen' auprès d'auteurs comme Pynchon par exemple, il n'est pas si loin de Ellis non plus.Florent a écrit :Oui, William Gibson. C'est illisible, mais au moins on ne trouve pas d'équivalent.
Mais si on doit parler d'une spécificité SF, je trouve qu'un auteur comme Banks est un bon exemple d'une littérature à la fois parfaitement lisible, et qui, dans sa narration et les techniques qu'il emploie, ne trouve pas d'équivalent en blanche.
C'est d'ailleurs plus sur la mise en place des techniques de narration que va se marquer la différence. L'écriture en elle-même a des vertus plus universelles.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
J'aurais dû écrire "c'est incompréhensible". En tout cas pour moi.
La comparaison avec Ellis, je ne serais pas aussi catégorique. Ellis utilise de longue phrases sans ponctuation pour "épuiser" son lecteur, et lui faire ressentir la vacuité du quotidien de ses personnages (un peu comme quelqu'un qui parle tout le temps, au bout d'un moment on entend "blablabla").
Gibson, lui, veut à tout prix être crédible, et échapper au style de la SF à papa. Pour cela, il utilise un langage de rue, et recourt à des mots sans jamais vraiment expliquer ce qu'ils signifient : le lecteur est censé vivre dans le monde que dépeint Gibson, il n'a donc aucune raison de lui expliquer.
Exemple : dans les premières phrases de NEUROMANCIEN, il sort une vanne et précise que c'est une vanne typique de la Coburn, et ne laisse entendre que bien plus loin ce qu'est la Coburn. Ses phrases sont remplies de ce genre de références qui oblige tout le temps le lecteur à se demander "MAIS BON SANG, C'EST QUOI UN FURTZBLOGTERZEN ?" et personnellement, ça me fait à chaque fois sortir du récit.
La comparaison avec Ellis, je ne serais pas aussi catégorique. Ellis utilise de longue phrases sans ponctuation pour "épuiser" son lecteur, et lui faire ressentir la vacuité du quotidien de ses personnages (un peu comme quelqu'un qui parle tout le temps, au bout d'un moment on entend "blablabla").
Gibson, lui, veut à tout prix être crédible, et échapper au style de la SF à papa. Pour cela, il utilise un langage de rue, et recourt à des mots sans jamais vraiment expliquer ce qu'ils signifient : le lecteur est censé vivre dans le monde que dépeint Gibson, il n'a donc aucune raison de lui expliquer.
Exemple : dans les premières phrases de NEUROMANCIEN, il sort une vanne et précise que c'est une vanne typique de la Coburn, et ne laisse entendre que bien plus loin ce qu'est la Coburn. Ses phrases sont remplies de ce genre de références qui oblige tout le temps le lecteur à se demander "MAIS BON SANG, C'EST QUOI UN FURTZBLOGTERZEN ?" et personnellement, ça me fait à chaque fois sortir du récit.
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Gibson illisible
C'est vrai que Gibson a voulu traduire dans le style un nouveau rythme, une nouvelle forme de vie et de pensée. Mais il a eu recours à des procédés littéraires qui existaient déjà (ne serait-ce que la littérature punk). Son style, comme pour chaque auteur, est unique, mais son originalité se situe surtout dans l'utilisation d'un vocabulaire technique novateur dans les années 80. Cela ne suffit pas (pour moi) à qualifier le style d'original (au sens de "nouveau", pas de "bizarre").Florent a écrit :Oui, William Gibson. C'est illisible, mais au moins on ne trouve pas d'équivalent.
Toute oeuvre de SF allie style littéraire + univers (et donc vocabulaire) technologique ou décalé. Si on estime que l'usage d'un certain vocabulaire modifie le style, ça signifie qu'un auteur contemporain qui écrirait un roman général et un roman SF utiliserait forcément deux styles différents. Ca me paraît plutôt abusif !
De façon générale, des écrivains illisibles, on en trouve beaucoup plus en littérature générale qu'en SF, d'abord parce qu'ils sont plus nombreux, ensuite parce qu'ils privilégient plus facilement la personnalisation du style que l'intérêt du contenu.
Ce serait, d'ailleurs, amusant d'en dresser une liste (la notion d'illisibilité étant toute relative). Il suffirait de définir une échelle d'illisibilité (sur des critères à peu près objectifs) et de distribuer les médailles...
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Techniques de narration
Salut Eric,Eric a écrit :C'est d'ailleurs plus sur la mise en place des techniques de narration que va se marquer la différence. L'écriture en elle-même a des vertus plus universelles.
Où vois-tu les différences sur les techniques de narration ? Se mettre dans la peau d'un équivalent alien, dans celle d'un dieu de niveau 6, de multiplier les narrateurs, de faire des "flash forth", etc., tout ça, ça existe dans la littérature (pas toujours bonne d'ailleurs) qui ne se reconnaît pas comme de la littérature SF.
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A ce moment-là, il faut que le style soit justifié. Céline, par exemple, on peut le considérer comme illisible. Bukowski, dans certaines nouvelles où il se laisse un peu aller (= comprendre "il était bourré") peut aussi être considéré comme illisible. Pourtant, leur style traduit parfaitement le fond de ce qu'ils voulait faire passer, il y avait une osmose. Ce n'était pas du tape à l'oeil. Je ne dis pas que Gibson c'est du tape à l'oeil, attention, mais le fait qu'il évolue dans la SF rend bien plus difficile sa lecture car, en plus d'un style "bizarre" il associe des sciences et un vocabulaire inconnus de notre quotidien qui ajoutent encore à la difficulté de la compréhension, ce qui rend pour moi le tout indigeste.
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Le fait de truffer un texte de mots inconnues, bizarres, etc, contribue au sentiment d'étrangeté que veux (peut-être) donner l'auteur. Cela peut ejecter le lecteur, ou le fasciner, ou les deux - mais il faut bien reconnaitre qu'il n'est marqué nulle part dans le contrat tacite qui lie l'auteur au lecteur, que c'est à l'auteur de fournir toutes les clés de son texte. Sinon (et Claude Ecken le mentionne bien dans son article) l'auteur finit par passer des pages et des pages à prendre son lecteur par la main. Et il a peut-être pas que ça à foutre l'auteur...
Quant au roi de l'illisible, c'est Pynchon. Au bout de 300 pages de l'Arc en Ciel de la Gravité, j'ai décroché, suis tombé en vrille pour m'écraser comme une merde. Rien compris à ce machin.
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