Le débat est plus complexe et plus profond (et pour le coup, il ne concerne pas que Bragelonne), je crois.Anne a écrit :Je dis sans doute une connerie (désolée, l'habitude...) mais il me semble que Bragelonne publie aussi des auteurs plus "obscurs" et plus littéraires comme Lovegrove. Et que la maison d'édition garde le principe de "8 livres "commerciaux" en font vivre 2 plus "ambitieux d'un point de vue littéraire".
Ils peuvent se faire plaisir à côté, puisque leurs finances le leur permet.
Je ne comprends pas ce débat: pourquoi une maison d'édition se retiendrait-elle de réussir pour en favoriser une autre? Les lecteurs de Bragelonne iraient-ils vraiment chercher autre chose ailleurs? Je pense naïvement qu'il y a un lecteur pour chaque livre...
À titre personnel, ce qui me gêne, c'est la volonté de dire "amen" à tout et de ne pas reconnaître l'asphyxie potentielle des rayons. Hors considérations éditoriales, il s'agit de faire de l'argent (et si j'étais à leur place, je doute agir autrement sur ce point particulier).
La position dominante (c'est un détail que j'ai oublié) permet aussi de négocier plus durement les contrats avec les intervenants, de diminuer les redevances. Je ne dis pas qu'ils vont le faire. Ils le peuvent. Nous sommes sur le terrain du potentiel. Mais sauront-ils résister à la tentation ? Et aujourd'hui, et demain ?
Ça, c'était pour l'histoire économique.
Maintenant et d'autre part, ils possèdent (pour paraphraser Éric) une puissance de feu suffisamment conséquente pour influer sur le comportement du lectorat. Et c'est ici que le bât blesse: je pense qu'ils le conforte, que ça leur suffit, que finalement ça fonctionne bien comme ça et que le très bas niveau d'exigence permet de refiler tout et n'importe quoi sans trop se poser de question.
Parenthèse: on voit encore pire comme comportement, si ce qu'on entend est exact, à propos des titres de la collection Van Helsing; collection qui semble prendre la notion de qualité (des manuscrits) à la légère, avant de les envoyer à la vente.
Pour revenir aux histoires de ventes:
Je vais pas trop me mouiller car je risque de dire beaucoup de conneries, mais grosso modo, 20% de la prod génère 80% du CA (c'est du pifomètre de mémoire; merci de prendre cette affirmation avec de grosses pincettes). Je doute qu'il soit utile de sortir 10 grosses bouses pour 2 livres "corrects". Oui, Bragelonne a fait une poignée de titres plus ambitieux (enfin, "moins putassiers" serait plus approprié pour la majorité des cas), ils ont aussi osés sortir de jeunes auteurs et c'est très louable. Mais je pense que c'est insuffisant. Leurs épaules sont solides et ils prennent très peu de risques. Parfois, je me demande si cela sert pas d'écran de fumée pour rassurer tout le monde pendant que des palettes de BCF sont refourguées.
Maintenant, voilà, c'est leur business, pourquoi pas. Mais il ne faut pas venir s'étonner que des gens se crispent.
Ce n'est qu'un maigre exemple, personne ne le pratique, mais je me suis toujours étonné que les collections ne consacrent pas un demi cahier à la fin de leurs titres pour pratiquer du "si vous avez aimé ce livre, vous aimerez certainement aussi" et essayer d'amener progressivement les lecteurs vers des titres "ambitieux" et/ou du back catalogue. Les programmes de parution c'est chouette, mais ça ne parle pas au lecteur.
Cela coûterait-il plus cher de perdre un peu de temps à l'éducation des lecteurs ?
Accessoirement, ça devient un support de communication pour la marque et cela permet aussi de faire de la relance sur des titres qui vendent moins.
Mais je dis ça; je ne dis rien.
Voilà.