Pendant l'entretien, l'auteur évoque la naissance de Viator, un roman inédit chez nous. L'anecdote est rigolote. Comme quoi la création littéraire tient parfois à peu de chose.
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Bifrost : On retrouve cette idée dans Viator, un livre encore plus récent; Ca se passe en Alaska, il y a une jungle, un bateau échoué, des gens qui vivent dessus pour le compte de quelqu'un qu'on ne voit jamais... Ils découpent peu à peu le navire et ils deviennent fous les uns après les autres. Là, c'est très clair, le décor a une influence. Et vous avez réécrit la fin, c'est vrai ?
Lucius Shepard : Viator, à l'origine, c'était une blague. Je participais à une table ronde pendant une convention, aux Etats-Unis. Et je n'aimais pas beaucoup la fille qui l'animait. Jeff Vandermeer et moi, on a décidé d'inventer un faux auteur, avec un nom imprononçable, un type dont on tenait absolument à parler... Alors on a inventé les livres qu'il avait écrits, et l'un d'entre eux, c'était Viator... Je me suis dit : pas mal, comme idée... Et j'ai fini par écrire le livre. Ok, c'était une blague, mais au final, j'y ai développé ma capacité à faire des phrases très longues. Je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais de lâcher la bride à cette tendance. Faire des phrases qui s'étireraient sur plusieurs pages, vous voyez le genre... "
