
Clément Pieyre est conservateur à la BNF. Il commence son allocution en citant la définition du mot « patrimoine : Ensemble des biens hérités des ascendants ou réunis et conservés pour être transmis aux descendants. ». CP souligne le lien avec la transmission, montrant que son travail de conservateur n’est pas dirigé vers le passé, mais vers le futur. Cette œuvre de conservation exige une compréhension du patrimoine à transmettre qui n’est pas immédiate. Le patrimoine, dit-il, citant Malraux, se conquiert.
La BNF, ajoute encore C.P. a également une vocation encyclopédique et se réjouit d’avoir pu collecter les archives d’auteurs comme Claude Lévi-Strauss, Jean-François Revel, Gaston Leroux, et Julien Gracq.
Depuis deux ans, le département des manuscrits et archives littéraires s’est ouvert à la science-fiction française. Il s’agit de dépasser le clivage entre la littérature dite légitime et les littératures de genre, voire de mauvais genre. Pour C.P, l’apport spécifique de la science fiction se constate tant au niveau du fond que de la forme.
La SF que Klein définit comme une subculture consciente d’elle-même, C.P. ne la sépare pas du reste de la littérature. Le travail sur la correspondance d’auteurs de SF montre que les liens existent bel et bien entre les auteurs de l’imaginaire et les autres.
La BNF collecte, précise-t-il, des synopsis, des notes préparatoires, des épreuves corrigées, des journaux intimes, de la correspondance… Ces archives ouvrent des perspectives nouvelles pour les travaux universitaires en histoire ou en théorie littéraire. La critique génétique (cf.revue recto-verso), par exemple, travaille à partir des brouillons, manuscrits et notes préparatoires.
En SF, ces dernières sont, fondamentales, dit C. P, à cause de l’originalité de l’écriture. La science-fiction, littérature d’images et d’idées (pas l’un ou l’autre, mais les deux à la fois) a ses objets et nécessite la création d’une xénoencyclopédie dont les éléments seront présentés au lecteur suivant une stratégie choisie par l’auteur : soit il expose d’emblée son univers en début de récit, soit il choisit de distiller des informations progressivement.
Quel que soit son choix, il faudra construire ce monde étranger et c’est généralement dans les notes préparatoires qu’on va découvrir le travail de l’auteur, la façon dont se sont décidés des éléments clés de ce texte de science-fiction.
Ainsi, conclut C.P., l’entrée de la SF dans les archives de la BNF constitue, non pas un enterrement, mais plutôt le début d’une nouvelle vie.
Le public pose des questions :
Q : À partir de quand pourra-t-on consulter ces archives de SF.
R : Les œuvres et documents collectés sont immédiatement enregistrés et classés. Pour la consultation, il s’agit donc de procéder comme pour n’importe quel ouvrage : il faut venir sur place. Pour être sûr de la disponibilité des documents voulus, on peut prévenir par mail.
Q : comment cette arrivée de la SF est-elle valorisée ? y a-t-il des expositions, des manifestations prévues ?
R : La valorisation du fonds a déjà commencé. Voir par exemple le numéro 28 de la revue de la bibliothèque nationale.
Q : Cette collecte de manuscrits SF a-t-elle des équivalents à l’étranger ?
R : Les bibliothèques anglo-saxonnes sont en avance sur la BNF pour ce qui concerne la SF. Cependant, la conservation n’est pas centralisée, mais éclatée sur plusieurs bibliothèques. Ce qui change également au Royaume uni et aux USA, c’est le statut des archives collectés dont les bibliothèques sont les propriétaires, elles peuvent donc les vendre, ce qui n’est pas envisageable pour le fonds de la BNF.
Puis, c'était l'heure de l'apéro pendant les discours des personnalités locales. Rosé en abondance et bonnes olives. Je ne me souviens pas bien des discours.
Kt