
Tale 52
Iasonas a organisé un dîner entre amis : courses, préparation du repas, il maîtrise, tout presque tout. Car il y a une inconnue à cette équation, une invitée amie d'amie, Pénélope. Qui en prime arrive en retard parce qu'elle s'était perdue. L'inconnue va faire basculer la soirée. Le duo qu'elle forme avec Iasonas fait un malheur au Scrabble en plaçant le mot Propriété. Ce partenariat chanceux au jeu va se prolonger en une autre complicité : ils deviennent un couple. Ils se découvrent, elle soulève des impossibilités dans son comportement ou ses habitudes mais l'amour rend leur cohabitation possible. Cohabitation qui se concrétise quand Pénelope emménage. Dans ses cartons, une paire de chaussures rouge, un tableau (toile à laquelle elle tient et qui représente des vagues) et pas de brosse à dents.
Mais un matin, Iasonas se réveille et Pénélope n'est plus là. Ni ses affaires. Leur amie commune ne fournit qu'un début d'explication à cette disparition. Encore plus insupportable que cette disparition. Iasonas entreprend alors de se remémorer les 7 derniers jours dont il n'a aucun souvenir, de comprendre ce qui a provoqué le départ de Pénélope. Il réécrit et réecrit encore l'histoire pour tenter d'infléchir son cours et de retenir Pénélope à ses côtés.
A l'inverse du protagoniste d'Eternal Sunshine of a spotless mind, le héros du film d'Alexis Alexiou essaie par bribes de reconstituer l'histoire et de lui donner si possible la fin qu'il attendait. Schizophrènie et amnésie se mêlent et se nourrissent.
Le cadrage retranscrit ses changements de perspective, les mouvements de caméra se font l'écho de la pensée du héros. Flou et tourbillon, saccades trahissent le désarroi et la folie d'Iasonas. La bande son s'affole et martèle en même temps que ses pensées.
Pour son premier long métrage, Alexis Alexiou a brillamment surpassé les contraintes liées à son petit budget. Il a créé une atmosphère pleine de tension mais aussi de subtilité. Le film questionne finement la notion même de narrateur et de narration. Car cette histoire est peut-être "celle d'un autre homme qui raconte une histoire qui est proche de la sienne" et la fin de cette histoire rejoint peut-être le milieu ou même le début.
A l'image des vagues qui figurent sur la toile qui constitue un des points de discorde entre les amoureux, ce film avance, se dérobe, réavance, se redérobe mais il crée un mouvement dans l'esprit du spectateur, mouvement qui érode les certitudes et déclenche le questionnement.
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