Philippe Caza sur Actusf
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Sur une Lettre Ouverte en octobre, tu annonces "je me suis mis en retraite".
C'est une blague ?
Est-ce à dire que tu arrêtes tout pour te consacrer à la pêche à la ligne ?
Kt
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«Un spécialiste, c'est quelqu'un qui sait tout sur quelque chose et rien sur tout le reste.» Ambrose Bierce
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Y'a-t-il des romans qui ont été plus difficile à illustrer que les autres ? Et ceux que tu as préféré ?
De mon côté, parmi les BD qui m'ont marqué de toi, il y a Scènes de la vie de banlieue. Je les ai lu il y a quelques mois et je les ai trouvé encore très pertinent, toujours d'actualité. Est-ce que je me trompe si je te dis que j'y ai cru décelé quelques correspondances avec certains album de Christin et Bilal ? Peux-tu nous raconter cette aventure des Scènes de la vie de banlieue ?
Je ne résiste pas à l'envie de mettre quelques images pour ceux qui ne connaissent pas.
De mon côté, parmi les BD qui m'ont marqué de toi, il y a Scènes de la vie de banlieue. Je les ai lu il y a quelques mois et je les ai trouvé encore très pertinent, toujours d'actualité. Est-ce que je me trompe si je te dis que j'y ai cru décelé quelques correspondances avec certains album de Christin et Bilal ? Peux-tu nous raconter cette aventure des Scènes de la vie de banlieue ?
Je ne résiste pas à l'envie de mettre quelques images pour ceux qui ne connaissent pas.
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
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Bonjour Monsieur Caza,
Cela fait un moment que vos illustrations me trottent dans la rétine, mais je ne suis pas connaisseur de votre parcours (et surtout de la chronologie de vos styles).
Jusqu'ici (et sans vous faire injure) je trouvais votre modelé proche de celui d'un Bilal, surtout dans sa période collaborative avec Christin. Et puis double Bang : une couverture de revue découverte sur Génération Science-Fiction et la planche ci-dessus (surtout dans le traité des nuages, mais aussi le crâne) me renvoient à d'autres traits : ceux de Druillet.
Ce gars-là a marqué mes jeunes années. Et vous ?
Cela fait un moment que vos illustrations me trottent dans la rétine, mais je ne suis pas connaisseur de votre parcours (et surtout de la chronologie de vos styles).
Jusqu'ici (et sans vous faire injure) je trouvais votre modelé proche de celui d'un Bilal, surtout dans sa période collaborative avec Christin. Et puis double Bang : une couverture de revue découverte sur Génération Science-Fiction et la planche ci-dessus (surtout dans le traité des nuages, mais aussi le crâne) me renvoient à d'autres traits : ceux de Druillet.
Ce gars-là a marqué mes jeunes années. Et vous ?
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons
- Philippe CAZA
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J'avoue que je ne suis ça que d'un peu loin. Je les connais un peu, à l'occasion, via Art&Fact, entre autres, je vois et j'apprécie leur boulot, à l'occasion aussi (je ne lis plus beaucoup de SF)… Mais je suis très content qu'ils existent, qu'ils fassent du très bon boulot… Souvent, je suis vert, devant la qualité de ce qu'ils produisent, de leur maîtrise des nouveaux outils, etc. Et si certains se réfèrent à nous, les autres illustrateurs de ma génération, comme maîtres ou pères, on peut considérer qu'on a fait de beaux enfants !Bruno a écrit :Bonsoir Philippe,
Depuis quelques années, un nombre assez important d'artistes ont émergé dans l'illustration de SF (dans le désordre le plus complet et en oubliant la plupart : Scala, Brion, Eikasia, Graffet, Rossbach, Sorrentino, Daylon, Labarre, Martiniere...). Suis-tu l'évolution du genre, te sens-tu proche de ces illustrateurs ?
Autre question : illustrer un livre, c'est - parfois - se plier à la maquette de la couverture. Conçois-tu ces obligations comme des contraintes qui parfois t'exaspèrent (contrairement à la bédé où tu es je pense plus libre), ou plutôt comme un jeu qui stimule ta créativité ?
merci,
bruno
Les contraintes de maquette, j'y ai toujours été habitué… ayant été maquettiste moi-même.. Alors c'est un jeu, oui, la plupart du temps, un stimulant… Mais si ça ne tenait qu'à moi, j'aimerais maquetter moi-même chaque bouquin, parce que je trouve toujours très intéressant le jeu, le rapport entre un texte (titre) et une image, à la fois graphiquement et littérairement. La bande dessinée est évidemment un lieu privilégié pour jouer avec ça !
En ces temps incertains, l'important, c'est de fluctuater sans mergiturer.
- Philippe CAZA
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C'était un peu un gag, pour faire causer…k_tastrof a écrit :Sur une Lettre Ouverte en octobre, tu annonces "je me suis mis en retraite".
C'est une blague ?
Est-ce à dire que tu arrêtes tout pour te consacrer à la pêche à la ligne ?
Kt
La pêche à la ligne, non ! Je fiche la paix aux poissons ! (Je ne ramasse même pas les champignons ! Laissez-les vivre !)
Par contre, ayant fini "Le Monde d'Arkadi", je considère que j'ai fini mon "grand oeuvre" - ça m'a tenu 20 ans !
Sur le plan administratif, le statut d'auteur permet de toucher sa retraite sécu tout en continuant à travailler. Donc, illustrations, toujours, selon les commandes… BD ? Je ne me presse pas de me lancer dans autre chose. Ce sera de toute façon plus léger : un one shot. Mais quoi au juste ? je ne sais pas encore…
En ces temps incertains, l'important, c'est de fluctuater sans mergiturer.
- Philippe CAZA
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Les romans les plus difficiles à illustrer sont souvent les meilleurs ! Non, pas forcément… En fait, il n'y a pas de loi… Mais un Dick (que j'adore), comme dit plus haut, c'est "dans la tête", il n'y a pas forcément d'éléments visuels excitants. Un Vance, par contre, c'est du gâteau : le texte donne déjà des formes, des couleurs, des goûts, des odeurs…jerome a écrit :Y'a-t-il des romans qui ont été plus difficile à illustrer que les autres ? Et ceux que tu as préféré ?
De mon côté, parmi les BD qui m'ont marqué de toi, il y a Scènes de la vie de banlieue. Je les ai lu il y a quelques mois et je les ai trouvé encore très pertinent, toujours d'actualité. Est-ce que je me trompe si je te dis que j'y ai cru décelé quelques correspondances avec certains album de Christin et Bilal ? Peux-tu nous raconter cette aventure des Scènes de la vie de banlieue ?
Je ne résiste pas à l'envie de mettre quelques images pour ceux qui ne connaissent pas.
Je me rappelle avoir souffert avec "La Destruction du temple" de Barry Malzberg, surtout pour faire un Kennedy ressemblant. Un autre défi, un peu à la même époque, était "Les Femmes de Stepford" de Ira Levin : comme chaque fois qu'on a affaire à des robots parfaitement humanoïdes, comment donner un air SF sans révéler le pot aux roses? J'ai souffert aussi, par exemple, sur "Poker d'âmes" de Tim Powers… mais là, surtout pour lire le livre !
Après, il y a le problème des mauvais livres… mais ce ne sont pas forcément les plus difficiles : il suffit qu'il y ait une bonne scène bien spectaculaire (Je pense à la série de "La Cité des robots", d'après Asimov… ou j'ai fait des couvs parmi mes préférées). Sinon, mes bonheurs, ça a été les "Tschaï", bien sûr, ou "Le Troupeau aveugle" de Brunner, "L'île des morts", "Le Poids de son regard", "Le Créateur chimérique", "Message de Frolix 8"… Et sur les RCW, je me régale, aussi : c'est un défi, tant les bouquins sont foisonnants et presque anti-illustratifs (un héros transparent, c'est pratique, tiens !) mais justement…
Les Banlieues… Pilote, années 70… Donc effectivement, c'était un peu dans le même état d'esprit que Christin-Bilal, et pas mal d'autres à l'époque (il y a du gotlibisme aussi, là-dedans…). L'histoire, c'est que, après quelques petits trucs dans Pilote, j'ai fait une, puis deux, puis trois histoires où je me mettais en scène dans une "vie de banlieue" à la fois contemporaine et rêvé, et que Guy Vidal, qui était alors rédac chef, m'a poussé à insister dans cette direction parce qu'il aimait bien qu'on parle de l'actualité. Et il s'est avéré très intéressant de creuser ce sillon, de créer vraiment une série, avec des personnages récurants, avec beaucoup de liberté, allant de l'histoire très courte à la taille moyenne, passant du très caricatural à des choses plus noires, pouvant y pratiquer le pastiche et nombre de clins d'oeil à la SF, aux Contes de la crypte ou au cinéma, et pouvant m'y manifester politiquement… Le fait de m'y mettre en scène (dans des situations tantôt réalistes, proches de moi, tantôt complètement fantasmées) était une des clés : je parlais à la première personne, je me projetais dans des rôles, je réagissais à des situations réelles, à l'actualité… avec ma propre voix… (Cela dit, sur Arkadi, c'est un peu pareil, en fait…)
En ces temps incertains, l'important, c'est de fluctuater sans mergiturer.
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Réalité: plus forte que la sf?
Bonjour Philippe,
j'espère que la marche matinale a été bonne et pas trop pluvieuse
tout d'abord un petit bonjour de Vitry-le-François et de l'équipe du festival "Bulles en Champagne"
ensuite une question: c'est quand même le but de ce forum de pouvoir parler avec toi de sf... d'où ma question... plus d'anticipation...
Aurais tu pensé il y a encore quelques années qu'un homme issu des minorités puisse devenir Président US ? en effet il n'y a pas encore longtemps les noirs et les blancs ne partageaient pas les mêmes espaces publics en amérique...
Que penses tu des années qui vont venir et si des "prévisions-prédictions" lues dans la sf sont sur le point de nous tomber dessus? en bien ou en mal...
Amitiés,
Tof
j'espère que la marche matinale a été bonne et pas trop pluvieuse
tout d'abord un petit bonjour de Vitry-le-François et de l'équipe du festival "Bulles en Champagne"
ensuite une question: c'est quand même le but de ce forum de pouvoir parler avec toi de sf... d'où ma question... plus d'anticipation...
Aurais tu pensé il y a encore quelques années qu'un homme issu des minorités puisse devenir Président US ? en effet il n'y a pas encore longtemps les noirs et les blancs ne partageaient pas les mêmes espaces publics en amérique...
Que penses tu des années qui vont venir et si des "prévisions-prédictions" lues dans la sf sont sur le point de nous tomber dessus? en bien ou en mal...
Amitiés,
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Amateur de bd et de sf, j'ai décidé il y a quelques années maintenant d'organiser un festival bd sur ma ville et ainsi de passer en partie de l'autre côté du mirroir (enfin de toucher du bout des doigts cet univers créatif)
- Philippe CAZA
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A vrai dire je me sens proche de l'un et de l'autre, et de Moebius aussi. Il y a une sorte d'"école francaise de l'illustration de SF". On se suit (par âge) Forest, Moebius, Caza, Druillet, Bilal… et puis tous les autres. Je pense qu'on s'est tous piqué des trucs les uns aux autre… ou qu'on a puisé aux mêmes sources… tous dans le même bain collectif d'une époque.Don Lorenjy a écrit :Bonjour Monsieur Caza,
Cela fait un moment que vos illustrations me trottent dans la rétine, mais je ne suis pas connaisseur de votre parcours (et surtout de la chronologie de vos styles).
Jusqu'ici (et sans vous faire injure) je trouvais votre modelé proche de celui d'un Bilal, surtout dans sa période collaborative avec Christin. Et puis double Bang : une couverture de revue découverte sur Génération Science-Fiction et la planche ci-dessus (surtout dans le traité des nuages, mais aussi le crâne) me renvoient à d'autres traits : ceux de Druillet.
Ce gars-là a marqué mes jeunes années. Et vous ?
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- Enregistré le : mer. oct. 24, 2007 10:35 am
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Parmi les jeunes illustrateurs actuels reconnais-tu un fils spirituel ?
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
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- Philippe CAZA
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- Enregistré le : lun. oct. 06, 2008 3:56 pm
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Re: Réalité: plus forte que la sf?
A vrai dire TOUT est pluvieux, en ce moment, et mes bonnes balades matinales en pâtissent (ça et les chasseurs… les attaques de champignons cannibales… les forums, la crise…)Bubulle a écrit :Bonjour Philippe,
j'espère que la marche matinale a été bonne et pas trop pluvieuse
tout d'abord un petit bonjour de Vitry-le-François et de l'équipe du festival "Bulles en Champagne"
ensuite une question: c'est quand même le but de ce forum de pouvoir parler avec toi de sf... d'où ma question... plus d'anticipation...
Aurais tu pensé il y a encore quelques années qu'un homme issu des minorités puisse devenir Président US ? en effet il n'y a pas encore longtemps les noirs et les blancs ne partageaient pas les mêmes espaces publics en amérique...
Que penses tu des années qui vont venir et si des "prévisions-prédictions" lues dans la sf sont sur le point de nous tomber dessus? en bien ou en mal...
Amitiés,
Tof
Anticipation ? Les affaires d'apartheid dans les bus ou ailleurs, aux USA, ce n'est pas si vieux, non, et ça a fait des morts ! On n'imaginait pas, non… Pas plus qu'un Amérindien… ou une femme. Obama aurait pu faire un effort, quand même, être aussi femme, ou pédé… Bon, moi, sans bouder mon plaisir de le voir là, je ne me fais quand même pas de grandes illusions. Il fera ce qu'il pourra dans le bon sens. Mais c'est pas Jésus-Christ : la situation (américaine comme mondiale) est telle que personne n'y peut grand chose. Les prévisions les pires de la SF (lire ou relire John Brunner) sont en train de nous tomber dessus, oui. Ce n'est pas pour 2050, c'est maintenant. Je ne vois pas comment ça pourrait s'arranger…
En attendant, j'écoute sur mon ordi une radio de la Nouvelle-Orléans qui passe un max de jazz, de blues (wwoz). Ils ont l'air contents !
En ces temps incertains, l'important, c'est de fluctuater sans mergiturer.
- the black frog
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- Enregistré le : jeu. nov. 06, 2008 11:30 am
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Good morning Maîîîîître,
Alors, moi j'ai une question aussi.
C'est peut-être plus intime... Tu peux y répondre comme tu veux. Ça tient plus d'une curiosité purement professionnelle. C'est un peu une question à ralonge, méfie-toi
Comment se découpe une semaine de travail pour toi.
Les heures auquelles tu te lève, celles auquelles tu te couche, le nombre d'heures passées par jour devant ta planche à dessin/ta bécane.
Arrive-tu à déccrocher?
Que fais-tu pour reprendre ton souffle? Prends-tu des vacances, si oui, d'une heure, d'un jour ou plus? A faire quoi?
Comment fais-tu cohabiter la "passion-travail-monastère" avec le "monde-vie-social"?
(quelle place laisse-tu à l'une et à l'autre?)
Bises
Igor
Alors, moi j'ai une question aussi.
C'est peut-être plus intime... Tu peux y répondre comme tu veux. Ça tient plus d'une curiosité purement professionnelle. C'est un peu une question à ralonge, méfie-toi
Comment se découpe une semaine de travail pour toi.
Les heures auquelles tu te lève, celles auquelles tu te couche, le nombre d'heures passées par jour devant ta planche à dessin/ta bécane.
Arrive-tu à déccrocher?
Que fais-tu pour reprendre ton souffle? Prends-tu des vacances, si oui, d'une heure, d'un jour ou plus? A faire quoi?
Comment fais-tu cohabiter la "passion-travail-monastère" avec le "monde-vie-social"?
(quelle place laisse-tu à l'une et à l'autre?)
Bises
Igor
Modifié en dernier par the black frog le jeu. nov. 06, 2008 11:48 am, modifié 1 fois.
- Philippe CAZA
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- Philippe CAZA
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Bon, ça vient un peu tard, comme questions ! J'ai pris ma retraite, Igor ! Je fous plus rien ! Et j'ai pas de vie sociale non plus, à part discuter avec les lapins dans les bois (et avec les internautes, ici…)the black frog a écrit :Good morning Maîîîîître,
Comment se découpe une semaine de travail pour toi.
Les heures auquelles tu te lève, celles auquelles tu te couche, le nombre d'heures passées par jour devant ta planche à dessin/ta bécane.
Arrive-tu à déccrocher?
Que fais-tu pour reprendre ton souffle? Prends-tu des vacances, si oui, d'une heure, d'un jour ou plus? A faire quoi?
Comment fais-tu cohabiter la "passion-travail-monastère" avec le "monde-vie-social"?
(quelle place laisse-tu à l'une et à l'autre?)
Bises
Igor
Bon. Dans mes vraies périodes de production, j'ai tendance à être tous les jours de la semaine au boulot, sans compter les heures et au grand dam de la vie sociale, oui. Ce qui me tire de la table, c'est comme pour tout le monde : la faim, l'envie de pisser…
Ce qu'il y a, surtout quand on fait de la BD, c'est qu'on ne peut pas traîner en attendant l'inspiration : il faut être à sa table tous les jours, et parfois se pousser au cul. Parce qu'il faut tomber des pages. Donc être relativement organisé. Et puis trouver des trucs pour éviter la routine : alterner entre dessin crayon et encrage, et couleur. Un truc bien, ces dernières années, avec l'équipement informatique, c'est que je peux enchaîner immédiatement : dessiner une page, la scanner, attaquer la couleur, sans forcément la finir, etc.
Autre exemple : le téléphone est sur répondeur en permanence. Les messages arrivent par e-mail, je réponds quand je veux. C'est beaucoup une défense pour garder ma concentration.
Sinon, les vacances, ça m'est arrivé, oui… mais au bout de 8 jours je m'emmerde. Alors, pour décrocher, il y a plutôt ces fameuses balades à pied tous les jours. Et pas mal d'activités qui ne sont pas typiquement "du boulot" (lire, écrire mes lettres ouvertes, faire des dessins sur l'actualité ou pour des amis-es… Je vais peut-être me remettre à bricoler ou à faire de la peinture…)
De temps en temps, je vais refaire le monde (qui en a bien besoin) avec mon voisin d'en face, je regarde un film ou je vais "en ville" écouter une copine qui chante…
En ces temps incertains, l'important, c'est de fluctuater sans mergiturer.
- Philippe CAZA
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Oui, c'est vrai, c'est une des caractéristique de cette "école" - du coup Siudmak (même génération) se retrouve un peu à part.Bouse Bleuâtre a écrit :Qui tous ont fait de la bande dessinée.Philippe CAZA a écrit :Il y a une sorte d'"école francaise de l'illustration de SF". On se suit (par âge) Forest, Moebius, Caza, Druillet, Bilal…
Ce qui m'amène à te demander ce que la BD a pu t'apporter en tant qu'illustrateur.
Et vice versa.
Alors pour moi, oui, il y a un aller-retour constant entre BD et illus. A priori, c'est très différent : une illustration doit être synthétique, représenter un état général du livre plutôt qu'un moment précis, même si ça arrive. Alors qu'en BD, chaque dessin (case) n'est qu'une phrase dans un paragraphe, en quelque sorte, il n'a pas de valeur en soi, mais dans une suite, une séquence, même si là aussi il arrive qu'une case puisse être très proche d'une illus - tenir debout toute seule. Mais une BD qui serait une sorte de suite d'illustrations collées côte à côte, ça ne marche pas bien.
Alors, en illus, je n'ai pas peur d'être statique, "sculptural", et chiadé : on doit pouvoir l'avoir entre les mains longtemps, la regarder plusieurs fois. En BD, ça doit couler, il faut arriver à un style plus dynamique, plus rapide : le lecteur ne doit pas avoir à s'attarder sur une case.
Cela dit, cette recherche de plus de dynamique pour la BD m'a permis d'insuffler parfois cette même dynamique dans les illustrations. L'histoire des dessins au petits points est typique : pour la BD, j'ai dû développé un travail sur le trait… et chercher plus de sobriété, de rapidité… et ensuite cette recherche est venue "polliniser" mon travail d'illustrateur. Au début, les deux étaient très séparés, et petit à petit, les deux démarches se sont entrecroisées… sinon qu'une illustration reste encore le plus souvent statique, souvent en vue frontale, par exemple.
En ces temps incertains, l'important, c'est de fluctuater sans mergiturer.