Quelle est la chose la plus difficile pour devenir écrivain?
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C'est-à-dire que c'est vachement agréable, pour une fois, de voir aborder la question sous cet angle très terre à terre, celui des petites difficultés qui se posent quand on écrit au quotidien.Eons a écrit :Mais tout le monde répond à lka question de ce fil sur la forme, et personne sur le fond : le plus difficile pour devenir écrivain n'est pas d'arriver à consacrer du temps à l'écriture, mais bien savoir écrire, tout court – autrement dit, savoir raconter des choses intéressantes pour les autres et avec un style agréable à lire. Pour moi, le plus difficile, c'est ça.
Les autres obstacles, ceux qui soumettent nouvelle ou roman les ont déjà franchis.
Le plus difficile pour franchir l'étape de la publication, c'est sans doute effectivement "savoir écrire, tout court". Mais je trouve que les réponses donnent un panorama assez juste des difficultés qui se posent ensuite, une fois cette étape franchie. Personnellement, je n'écris pas au quotidien, mais je rencontre les mêmes problèmes avec la traduction : le plus difficile quand on traduit un bouquin, ce n'est pas de trouver le style de l'auteur ou de résoudre tel ou tel problème stylistique, c'est de résister au quotidien contre les distractions. Dans mon expérience en tout cas, c'est ça qui me bouffe le plus d'énergie. Et les deux activités se ressemblent pas mal à ce niveau.
- Don Lorenjy
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Pour revenir aussi au sujet terre à terre "devenir écrivain", je croise sur un autre forum beaucoup de gens qui se posent des tas de questions sur comment écrire, où commencer, selon quelle technique, quoi écrire, est-ce qu'ils ont une chance de devenir écrivains... et d'autre qui écrivent sans se poser de questions (peut-être s'en posent-il en écrivant, mais en tout cas pas avant d'écrire).
J'aurais donc tendance à dire qu'on peut constater qu'on est devenu écrivain après avoir pas mal écrit, mais que trop se poser la question avant est peut-être un signe qu'on ne l'est pas, ou en tout cas pas sur le bon chemin.
C'est un peu radical, je sais, mais vu de l'extérieur, c'est l'impression que ça donne.
J'aurais donc tendance à dire qu'on peut constater qu'on est devenu écrivain après avoir pas mal écrit, mais que trop se poser la question avant est peut-être un signe qu'on ne l'est pas, ou en tout cas pas sur le bon chemin.
C'est un peu radical, je sais, mais vu de l'extérieur, c'est l'impression que ça donne.
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons
Je souscris totalement aux propos de Don (et je remercie grandement Mélanie d'avoir recadré l'échange !) : pour user d'une métaphore simpliste, écrire c'est comme sauter d'un pont à l'élastique, si tu commences à trop réfléchir au vertige de la chute, tu finis paralysé cramponné au parapet. En revanche, de bonnes questions surgissent "en action", qui aident à améliorer sa technique de saut pour le prochain.
Et combattre les distractions du quotidien constitue assez vite la première et parfois insurmontable étape du boulot, je confirme aussi ! D'où la nécessaire acquisition d'une discipline, qui peut passer par la mise en place de rituels personnels – où l'on découvre que s'enfermer dans une routine peut avoir du bon...
Et combattre les distractions du quotidien constitue assez vite la première et parfois insurmontable étape du boulot, je confirme aussi ! D'où la nécessaire acquisition d'une discipline, qui peut passer par la mise en place de rituels personnels – où l'on découvre que s'enfermer dans une routine peut avoir du bon...
Je crois que tu soulèves là une grande angoisse, mais qui doit se produire dans tous les arts (la musique, ça doit être terrible!)Don Lorenjy a écrit : J'aurais donc tendance à dire qu'on peut constater qu'on est devenu écrivain après avoir pas mal écrit, mais que trop se poser la question avant est peut-être un signe qu'on ne l'est pas, ou en tout cas pas sur le bon chemin.
C'est un peu radical, je sais, mais vu de l'extérieur, c'est l'impression que ça donne.
Curieusement (et heureusement), les créateurs arrivent à la vaincre, ce n'est donc pas insurmontable. Il faut sans doute cesser d'y penser, et la discipline de la "routine" est sans doute une bonne manière d'y arriver: se forcer à écrire tous les jours quelques chose, par exemple (même juste quelques lignes). Cela ne doit pas marcher pour tout le monde, mais pour beaucoup, tout de même.
Oncle Joe
- Eons
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Vu qu'on n'a plus de président depuis près de 2 ans, tu aurais eu du mal à y faire allusion.Heliot a écrit :Je vois qu'il faut expliquer : je ne faisais pas allusion à la politique de notre président
Nous subissons la politique d'un usurpateur, pas celle d'un président.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
- Don Lorenjy
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(Johan me plussoie tellement souvent que j'en suis rose de confusion et tombe à genoux devant mon écran.)
Oui, mais (en France en tout cas) on n'apprend pas à être écrivain, alors que les conservatoires de musique ou les écoles d'art permettent d'acquérir la technique et l'arrière-plan pour étouffer une partie de l'angoisse. Pour reprendre l'image de Johan, on doit sauter du pont, et sans même être sûr qu'on a bien fait le noeud à l'élastique. Et il y en a qui le font.Lensman a écrit :Je crois que tu soulèves là une grande angoisse, mais qui doit se produire dans tous les arts (la musique, ça doit être terrible!)
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Pourquoi serait-ce angoissant ?Lensman a écrit :Je crois que tu soulèves là une grande angoisse, mais qui doit se produire dans tous les arts (la musique, ça doit être terrible!)
Curieusement (et heureusement), les créateurs arrivent à la vaincre, ce n'est donc pas insurmontable. Il faut sans doute cesser d'y penser, et la discipline de la "routine" est sans doute une bonne manière d'y arriver: se forcer à écrire tous les jours quelques chose, par exemple (même juste quelques lignes). Cela ne doit pas marcher pour tout le monde, mais pour beaucoup, tout de même.
Ce qui m'étonne (m'agace ?) le plus, c'est que je lis ici et là qu'écrire serait difficile, angoissant, etc.
Si nous écrivons, c'est que nous aimons ça. Même si certaines phrases viennent moins vite que d'autres, que des pages entières doivent être réécrites, ça nous plait, nous épanouit, nous transporte.
Ensuite, que ce soit difficile/angoissant de faire lire à quelqu'un, de trouver un éditeur... OK. Mais la création est un plaisir...
J'ai parfois l'impression que l'on prétend que c'est difficile pour se faire mousser, genre je réalise un exploit... mais, pour aller dans le sens de Don, ceux qui se posent des questions avant, ce sont ceux qui n'écrivent pas, genre ceux qui en parlent le plus, etc.
Bref, il n'y a pas d'exploit dans le fait de se faire plaisir et de s'épanouir dans un domaine qu'on aime et où l'on se sent bien/à sa place...
Modifié en dernier par Cibylline le lun. mars 02, 2009 10:29 am, modifié 3 fois.
- Eric
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Aux US, ils son très "workshop" (Clarion est le plus fameux). Je me pose pas mal de questions à ce sujet, mais force est de constater, au vu des noms qui en sortent, que ça doit marcher, quelque part. Même si je pense surtout qu'on t'y apprends des techniques, une méthodologie pour accoucher de ton histoire. Comme dans les conservatoires de musique, au fond...Don Lorenjy a écrit :Oui, mais (en France en tout cas) on n'apprend pas à être écrivain, alors que les conservatoires de musique ou les écoles d'art permettent d'acquérir la technique et l'arrière-plan pour étouffer une partie de l'angoisse. Pour reprendre l'image de Johan, on doit sauter du pont, et sans même être sûr qu'on a bien fait le noeud à l'élastique. Et il y en a qui le font.
Pour l'angoisse, je ne suis pas certain, et d'ailleurs, je ne pense pas que ça soit nécessaire. Tout artiste est forcément quelqu'un qui a envie de se soumettre au jugement du public, sans quoi, il reste un écrivain de tiroir, un peintre du dimanche ou un musicien de salon...
Je suis convaincu qu'il y a une formidable présomption qui précède toute démarche artistique : celle de se dire que sa manière de pratiquer son art peut intéresser autrui.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Il y a un truc qui aide, quand on commence à avoir un peu d'expérience, et que Karen Miller résume assez bien dans sa réponse à la question initiale : quand on galère sur une phrase ou un passage, qu'on a l'impression de s'être embarqué dans un truc insurmontable, quand on trouve que ce qu'on vient d'écrire ne ressemble à rien, on se rappelle qu'on est déjà passé par là et qu'on l'a même vécu quasiment chaque fois. Du coup, on se force à avancer en se disant "on verra bien", et puis on se retourne et on s'aperçoit que le résultat ne marche pas si mal. Quand on débute, on n'a pas cette certitude-là et c'est vrai que ça peut être paralysant.Heliot a écrit :Je souscris totalement aux propos de Don (et je remercie grandement Mélanie d'avoir recadré l'échange !) : pour user d'une métaphore simpliste, écrire c'est comme sauter d'un pont à l'élastique, si tu commences à trop réfléchir au vertige de la chute, tu finis paralysé cramponné au parapet.
Ce qui m'a frappée en devenant indépendante, c'est que quand on a un boulot salarié avec des horaires fixes, on ne rêve que de cette liberté : ne pas avoir de patron sur le dos, pouvoir bosser chez soi, choisir ses propres horaires, etc. Et une fois qu'on a franchi le pas, on s'aperçoit qu'en réalité on a besoin de structures et on cherche à les recréer. Je n'aimerais pas redevenir salariée, mais je regrette des fois (souvent) de ne pas avoir un bureau où travailler, un endroit dédié au travail et qui soit, surtout, situé hors de chez moi.Et combattre les distractions du quotidien constitue assez vite la première et parfois insurmontable étape du boulot, je confirme aussi ! D'où la nécessaire acquisition d'une discipline, qui peut passer par la mise en place de rituels personnels – où l'on découvre que s'enfermer dans une routine peut avoir du bon...
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Cibylline a écrit :Pourquoi serait-ce angoissant ?Lensman a écrit :Je crois que tu soulèves là une grande angoisse, mais qui doit se produire dans tous les arts (la musique, ça doit être terrible!)
Curieusement (et heureusement), les créateurs arrivent à la vaincre, ce n'est donc pas insurmontable. Il faut sans doute cesser d'y penser, et la discipline de la "routine" est sans doute une bonne manière d'y arriver: se forcer à écrire tous les jours quelques chose, par exemple (même juste quelques lignes). Cela ne doit pas marcher pour tout le monde, mais pour beaucoup, tout de même.
Ce qui m'étonne (m'agace ?) le plus, c'est que je lis ici et là qu'écrire serait difficile, angoissant, etc.
Si nous écrivons, c'est que nous aimons ça. Même si certaines phrases viennent moins vite que d'autres, que des pages entières doivent être réécrites, ça nous plait, nous épanouit, nous transporte.
Ensuite, que ce soit difficile/angoissant de faire lire à quelqu'un, de trouver un éditeur... OK. Mais la création est un plaisir...
J'ai parfois l'impression que l'on prétend que c'est difficile pour se faire mousser, genre je réalise un exploit... mais, pour aller dans le sens de Don, ceux qui se posent des questions avant, ce sont ceux qui n'écrivent pas, genre ceux qui en parlent le plus, etc.
Bref, il n'y a pas d'exploit dans le fait de se faire plaisir et de s'épanouir dans un domaine qu'on aime et où l'on se sent bien/à sa place...
Là je suis d'accord avec toi.
J'ai un ami qui m'a dit un jour connaître quelqu'un pour qui écrire était une souffrance quasi obligée pour accoucher de son texte. Je pense que c'est à la fois absurde et un chouïa prétentieux, et je rejoins le raisonnement de Cibylline.
"C'est comme une des œuvres de petits et exquis de l'art comme je pense que vous aimerez à croire que je suis droit dans votre propre de voir pour savoir."
Yoyoangel, bot.
Yoyoangel, bot.
Les techniques et la méthodologie, c'est à mon avis la seule chose qui puisse s'enseigner, mais c'est aussi ce qui peut faire toute la différence. Quand tu as un peu d'expérience de l'écriture et que tu lis un texte de débutant, tu es frappé de constater à quel point tu as acquis des automatismes qui sont en réalité des petits trucs tout bêtes, remplacer tel mot par tel autre pour alléger la phrase, placer tel bout de phrase au début pour plus de dynamislme, etc. Je ne suis pas sûre qu'on puisse réellement apprendre à écrire, mais il y a des techniques qui s'apprennent et qui aident à progresser. Ma dernière année d'études était orientée sur la traduction littéraire, on y faisait plein de petits exercices pratiques pour travailler sur le rythme, la sonorité, etc. Sur le moment tu ne te rends compte de rien, mais quand tu sors de là tu t'aperçois que tu écris différemment. Ça n'apprend pas forcément à composer une histoire, à créer un personnage, etc, mais le style coule mieux, simplement parce qu'on a appris des techniques toutes bêtes pour éliminer quelques scories.Eric a écrit :Aux US, ils son très "workshop" (Clarion est le plus fameux). Je me pose pas mal de questions à ce sujet, mais force est de constater, au vu des noms qui en sortent, que ça doit marcher, quelque part. Même si je pense surtout qu'on t'y apprends des techniques, une méthodologie pour accoucher de ton histoire. Comme dans les conservatoires de musique, au fond...
C'est ça que j'aime bien dans ce sujet : on se fait de l'écriture l'image d'un grand truc mystérieux, alors que c'est juste une succession de petits trucs pratiques et terre à terre.
- Virprudens
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- Enregistré le : mer. févr. 07, 2007 11:34 am
- Localisation : Exception raised
Le 'On verra bien' de Mélanie me permet de rebondir sur des domaines connexes qui sont de véritables boosters pour le wannabe écrivain : le théâtre d'impro. C'est une école formidable pour la définition claire (et rapide) des enjeux d'une histoire, ainsi que pour la construction de persos.
- Please, be polite.
- Go fuck yourself.
- Go fuck yourself.
Virprudens a écrit :Le 'On verra bien' de Mélanie me permet de rebondir sur des domaines connexes qui sont de véritables boosters pour le wannabe écrivain : le théâtre d'impro. C'est une école formidable pour la définition claire (et rapide) des enjeux d'une histoire, ainsi que pour la construction de persos.
C'est de là que vient Jamel Debouze, non ?

(Petite intervention gratuite sans méchanceté, par ce que je sens déjà que tu vas mal le prendre).
« J’ai un projet, devenir fou. »
Charles Bukowski
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