Lensman a écrit :
Justement, il me semble que l'approche historique avec travail sur les sources (recoupements et tout le tintouin) est un approche relativement récente (fin XIXe, peut-être?). Lachons le mot qui fâche: ça prend un côté scientifique, avec de la critique, des comparaisons...A partir de ce moment, ça commence à être intéressant et, justement, il y a des remises en question.
Tu as entièrement raison. Ca a été fait par les historiens de l'école dite méthodique, qui ont mis en place une méthode "scientifique" d'étude des documents à partir de la fin du XIXe siècle. Langlois & Seignobos en furent les "théoriciens".
En gros, tu critiques d'abord le document pour savoir s'il est authentique ou pas (critique externe) : La langue, la nature même du document et d'autres signes (présence de sceau...) te permettent de savoir si tu es face à un document authentique, à une copie ou à un faux. Par exemple, une charte carolingienne écrite avec la bonne écriture et dans le latin du IXe siècle sur du papier pose problème... On utilise normalement du parchemin dans l'Europe carolingienne à l'époque. A priori, les documents qui ont déjà été étudiés depuis la fin du XIXe siècle et/ou qui ont été publiés ont passé cette première étape. Normalement, on travaille sur des documents authentiques ou sur des copies relativement fiables. J'ai écrit a priori car on peut avoir des surprises et qu'il reste encore des questionnements. Par exemple, ces dernières années, j'avais lu un article concernant la couleur d'origine du sceau de l'Edit de Nantes, ça entraînait une polémique -à mon sens artificielle- sur la portée réelle qu'Henri IV avait souhaité donner à son édit...
Ensuite, tu passes à la "critique interne". On commence à s'interroger réellement sur le sens du document. Ce qu'écrit l'auteur est-il vrai ? A qui adresse-t-il le document ? Quel est son but ? D'autres documents permettent-ils de vérifier si ce qui est dit est exact ou crédible ?
-> Même si les questionnements de l'Ecole Méthodique sont aujourd'hui dépassés. La méthode de critique des documents reste globalement pertinente.
A partir de Marc Bloch & Lucien Febvre (Ecole des Annales, qui prend son essor en France à partir de la fin des années 20) on a juste commencé à poser de "nouvelles questions" aux documents. On a aussi utilisé des documents jusque là ignorés, dans le cadre de questions économiques et sociales principalement.
P.S. : A propos de la religion des Gaulois, un article sur l'étonnant sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre, dans la Somme, dans le numéro de mars de L'Histoire.