bormandg a écrit :
Bon, il faut quand même bien dire que si il n'y a pas de piratage organisé de la littérature, c'est d'abord parce que les pirates ne s'intéressent pas à la lecture et n'y voient aucun profit envisageable même un profit d'orgueil.
Ce n'est pas une question de profit. Quand y'a un désir pour un roman, le piratage s'organise (cf Harry Potter). L'une des raisons, aussi, c'est que le prêt en bibliothèque fonctionne et annule le barrage du prix. Pour qui a déjà emprunté un CD ou un DVD en médiathèque, il est assez évident que le piratage est bien plus pratique (ah, ces CDs qu'on croirait passés à l'émeri, tellement la surface est abîmée).
Dès qu'il y a blocage dans la chaîne de distribution (en l'occurrence le délai de traduction, de diffusion), le piratage contourne l'obstacle. Si le piratage des films est aussi répandu, c'est aussi parce que le décalage des sorties DVD, les zones, etc, sont insupportables. Mettez des DRM sur les livres, rendez les difficiles à lire, et le piratage prospérera. Si les mangas et les séries d'animation ont eu un tel public, c'est parce que l'industrie française n'avait pas la capacité de fournir les séries au rythme auquel les amateurs voulaient les consommer.
Le fait que les dinosaures lecteurs n'aient encore que partiellement disparu et même qu'on voie des jeunes continuer à lire (mais le renouvellement n'est quand même quie partiel et le nombre total de lecteurs va diminuer de plus en plus fortement dans les années à venir, sauf inversion de tendance)
Dans ce cas, si on en juge les chiffres, l'industrie du disque, du DVD va mourir avant l'industrie du livre. Ce que les chiffres montrent, c'est que le maintien de l'industrie du livre se fait essentiellement (à 72%) avec la LITTERATURE. Ce qu'Internet est en train de tuer dans l'édition, ce sont les dictionnaires, guides, manuels et autres. Et le nombre de grands lecteurs diminue. Ce qui signifie donc, si on fait un peu de mathématiques, qu'il y a de plus en plus de lecteurs, même si chacun lit un peu moins. Le renouvellement a donc lieu.
C'est bien beau de pleurer sur la fin de la littérature, mais il se trouve que sur le plan global, les chiffres (source GFK) disent l'inverse. Alors que l'industrie du disque et du DVD s'effondre dans des proportions dix fois supérieures. Donc, quand j'entends parler de la fin de la civilisation de l'écrit par rapport à l'image, je rigole.
En revanche, il est vrai qu'un changement des pratiques culturelles autour de la lecture est en cours. Déjà au Japon, les éditeurs font des "coups" avec des romans spécifiquement conçus pour les téléphones portables (le SMS n'existe pas là-bas, c'est l'avantage des idéogrammes). Dans des tas de pays, on essaye de profiter des avancées technologiques pour promouvoir le livre sous d'autres formes, et créer de nouveaux usages. Il est clair que ce n'est pas le cas en France, parce qu'il faut changer ses habitudes et que la profession est profondément conservatrice. Et aussi que c'est beaucoup plus confortable de pleurer sur un âge d'or perdu.