Qui suis-je pour contredire Pierrot ?fatmatiu a écrit :
Bonjour Stef,
inscription today sur le forum et premier message, rien que pour avoir le plaisir de te causer : youpi!
donc, alons-y:
1- Moi aussi, je suis un ancien de l'IUT de Journalisme de Bordeaux (merci pour la sympathique dédicace, via S.Nochet...), et histoire de tresser encore des lauriers à notre cher prof Pierre Christin je replace cette définition magnifique qu'il m'avait donné de la Science-Fiction: C'est la mise en surchauffe du réel.
Que penses-tu de cette formule?
La définition me paraît tout à fait valable. Je la mettrai bien en parallèle avec celle d'Elisabeth Vonarburg (cité par Roland - encore lui !) récemment sur ce forum : la SF c'est "l'application obstinée de l'hyperrationalité au totalement implausible". Je crois que c'est Spinrad qui avait dit aussi à peu près (et nous glissons là vers la dimension comique à laquelle tu faisais référence) : "Un livre est de la SF quand c'est écrit dessus par l'éditeur."
J'en avais entendu une autre qui m'avait beaucoup plu, mais qui hélas m'échappe totalement, là, qui fait la différence entre la fantasy, le fantastique et la SF, par rapport à la manière dont un quidam réagit quand il entend son chat parler... Si quelqu'un s'en souvient, je suis preneur.
Bref, j'ai l'impression qu'il y a autant de définitions de la SF qu'il y a d'exégètes et de spécialistes du genre, mais l'impression d'ensemble, c'est quand même qu'il s'agit d'abord, quelque part, de donner un p'tit coup d'accélérateur ou de trajectoire elliptique au réel. On a un peu l'impression qu'il faut avoir les doigts pleins de cambouis à force de tripatouiller le moteur de la Réalité
En fait, l'idée de La Volte, dans sa démarche consistant à associer un texte et un autre support d'expression (illustration, musique, etc) c'est de nourrir une création à partir d'une autre, mais pas de la subordonner. Le résultat doit être complémentaire. En tout cas, c'est comme ça que je le perçois.2- Autre question: peux-tu nous expliquer le processus créatif lié à l'usage de l'image dans les éditions originales de tes bouquins à La Volte (je ne parle que de la Trilogie, je n'ai pas encore le nouveau) : le choix de graphistes aux univers visuels très fort, l'emplacement de ces créations graphiques, la mise en page, etc: comment cela s'est-il passé? Tu as eu (j'imagine) ton mot à dire? Et quand tu écris, est-ce que tu "vois" déjà l'objet livre terminé?
Dans le cadre du travail d'illustration de Corinne Billon sur Chromozone, par exemple, je lui ai fourni à sa demande une liste de mots clefs par chapitre pour lui préciser le cadre. Elle avait carte blanche, avec seulement deux contraintes liées à la mise en page et à la direction artistique du projet :
1 - le titre du chapitre concerné devait être présent, même seulement sous forme de rappel, dans l'illustration.
2 - l'image devait être lisible en noir et blanc (pas question de les imprimer en couleur).
(Tiens, j'en profite pour insérer un petit lien pour voir les originaux en couleurs sur son site : Corbillart.)
Pour [Les Noctivores et La Cité nymphale, il a été décidé d'illustrer seulement les courts chapitres faisant office de fil rouge : les incursions dans l'univers virtuelo-phéromonique du Non-Monde (et après, on doute encore que la SF consiste à mettre le réel en surchauffe ? ^^) dans le cas des Noctivores, et la progression du tueur dans La Cité Nymphale.
Pour ce qui du rapport à la maquette et à la mise en page, je suis navré de ne pas pouvoir te répondre davantage, mais ce n'est pas mon domaine et je n'ai pas vraiment les compétences pour parler à la place de la personne concernée.
J'aime à croire que j'écris des romans non dénué d'un certain humour, en tout cas, non sans un ricanement triste ou désabusé. "L'humour est la politesse du désespoir" dit le poète. Je ne crois pas avoir déjà écrit un texte "drôle" (du moins, pas volontairement * glups * ). Ca viendra peut-être mais, comme je l'ai écrit plus haut, ça me semble être un exercice très difficile, à peine moins difficile que d'écrire une scène de cul.3- Et enfin: peux-tu nous parler de la place que tu accordes à l'humour, dans la science-fiction? (ca c'est exprès parce que ma question est juste en dessous de Roland Wagner et que son LGM m'a fait presque littéralement pisser de rire tellement c'était drôle...)
Pour autant, j'adore lire des choses drôles. Desproges est un monument, il me semble, dans le genre. "Le cintre est un loup pour l'homme" ==> moi, juste, je me plie en deux
En SF, J'ai trouvé chez Varley des passages que j'ai trouvé très drôle... Une nouvelle qui s'appelle "Le texte non traité", me fait marrer à chaque fois que je la lis. Peut-être parce qu'elle parle et se moque de l'Ecrivain et de sa posture.