Je suis tout à fait d'accord avec l'ami Systarsystar a écrit :Blague à part: je finis le Déchronologue, et... eh bien, on va dire quelque chose comme "Chapeau Maestro", et estimer que cela valait la peine d'attendre un peu (j'ai entendu parler de Le Vasseur pour la première fois dans un bar du 12ème en juin 2007...)
Si vous aimez qu'on vous raconte de belles histoires, et qu'on vous les raconte bien (et si en plus vous aimez sentir que ça a cogité derrière, mais que ça n'a pas cherché à vous en mettre plein la vue gratuitement non plus), lisez ce roman.
J'en retiendrai cette totale fluidité dans l'écriture, cette cohérence du projet d'écriture, maintenue de bout en bout, et je retiendrai aussi ces personnages formidables (coup de coeur à Sévère, et bien sûr à Fèfè de Dieppe, mais aussi à Pakal l'intransigeant, à Mendoza le "flic"...!).
La couv du prochain livre de Stéphane Beauverger
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Comme toujours avec les affirmations péremptoires sur LE n'importe quoi, il y a des exceptions. Heureusement, en tout cas pour celle-ci, elles ne sont pas plus nombreuses que LE cas "standard". ouf!erispoe a écrit :Je savais que ce roman est pour moi. J'adore la paléographie !bormandg a écrit :Alors je renouivelle mon opinion: le lecteur n'est pas un pervers masochiste qui prend plaisir à déchiffrer des manuscrits illisibles
Merci.

Blagapart, comme dit qqn d'autre: J'ai bien aimé le Déchronologue, qui présente un certain nombre de personnages pittoresques même si peu fouillés, ne prétend pas fournir LA réponse ultime (ou la question dont c'est la réponse


"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
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C'est vrai que ta critique est beaucoup plus détaillée et argumentée que celle que j'ai envoyée à Phenixweb, et que je ne peux qu'être d'accord avec la plupart de tes remarques. Pour le lecteur contemporain, les personnages, les événements, le langage et les jurons sont des merveilles...Stéphane a écrit : Je suis tout à fait d'accord avec l'ami Systar
Toutefois je ne crois pas que la déconstruction de la chronologie réalise sur le lecteur un effet comparable avec les problèmesqui se posent à Villon. même la confrontation avec des personnages venus du futur ou du passé ne brise en rien le fil chronologique de son vécu; pour lui, les événements arrvent bien dans l'ordre, même les tempêtes temporelles comme celle q'il subit dans le Yucatan, ne LUI font pas vivre 1646 avant 1644. Si le but était de mettre le lecteur dans la peau de Villon, le procédé n'est pas approprié.
Autre chose: l'uchronie semble partiellement commencée avant l'intervention des maravillas, en ce qu'il n'est à aucun moment question des colonies anglaises et françaises d'Amérique; cela pourrait n'être dû qu'au fait que toute l'histoire se déroule dans la mer des Caraïbes, mais il semble que cet effacement des colonies d'Amérique du Nord (au-delà de la Floride) imprègne le récit dès son début; et si est pris en compte la rupture des relations avec l'Europe, l'éxistence éventuelle de colonies nord-américaines (Virginie, Pennsylvanie, Canada) ou leur disparition n'est jamais évoquée. Non que cela présente la moindre importance par rapport au fil du récit; mais, dans le fil chronologique du roman, la bulle d'Urbain VII semble avoir eu un effet plus grand que dans notre fil....

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Je ne crois pas.bormandg a écrit : Autre chose: l'uchronie semble partiellement commencée avant l'intervention des maravillas, en ce qu'il n'est à aucun moment question des colonies anglaises et françaises d'Amérique; cela pourrait n'être dû qu'au fait que toute l'histoire se déroule dans la mer des Caraïbes, mais il semble que cet effacement des colonies d'Amérique du Nord (au-delà de la Floride) imprègne le récit dès son début; et si est pris en compte la rupture des relations avec l'Europe, l'éxistence éventuelle de colonies nord-américaines (Virginie, Pennsylvanie, Canada) ou leur disparition n'est jamais évoquée.
Il me semble que les colonies d'Amérique sont évoquées. L'uchronie est peu marquée au début mais beaucoup plus au fur et à mesure que les perturbations temporelles prennent de l'ampleur, transformant le cours de l'Histoire.
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Il y a quelque chose que vous n'avez pas pris en compte dans le Déchronologue (ou pas suffisamment), quelque chose d'essentiel qui justifie pleinement, à mon avis, cette narration éclatée. Le capitaine Villon n'est pas seulement témoin d'événements se déroulant dans le temps. Sur ce point, Georges, tu n'as pas tort. Mais précisément, cette donnée est d'importance. Le livre épouse, plus encore que son "point de vue", sa relation au monde. Mais j'en ai déjà trop dit !bormandg a écrit :Toutefois je ne crois pas que la déconstruction de la chronologie réalise sur le lecteur un effet comparable avec les problèmesqui se posent à Villon. même la confrontation avec des personnages venus du futur ou du passé ne brise en rien le fil chronologique de son vécu; pour lui, les événements arrvent bien dans l'ordre, même les tempêtes temporelles comme celle q'il subit dans le Yucatan, ne LUI font pas vivre 1646 avant 1644. Si le but était de mettre le lecteur dans la peau de Villon, le procédé n'est pas approprié.
Je me suis enfilé 250 pages du Déchronologue cette nuit -vivent les insomnies , elle permettent de rattrapper (en partie) les retards de lectures- et je suis globalement d'accord avec ce que j'ai lu sur le fil , Beauverger a un beau brin de plume , il maîtrise l'art du conteur avec brio .
Une question me chiffonne cependant : lorsque le "commando" de navires français part prendre la Tortue , il semble commandité par la couronne française alors qu'il est constitué de protestants . Est-ce une invention de Beauverger ou exact sur le plan historique ?
Une question me chiffonne cependant : lorsque le "commando" de navires français part prendre la Tortue , il semble commandité par la couronne française alors qu'il est constitué de protestants . Est-ce une invention de Beauverger ou exact sur le plan historique ?
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
Hello HoêlHoêl a écrit :Je me suis enfilé 250 pages du Déchronologue cette nuit -vivent les insomnies , elle permettent de rattrapper (en partie) les retards de lectures- et je suis globalement d'accord avec ce que j'ai lu sur le fil , Beauverger a un beau brin de plume , il maîtrise l'art du conteur avec brio .
Une question me chiffonne cependant : lorsque le "commando" de navires français part prendre la Tortue , il semble commandité par la couronne française alors qu'il est constitué de protestants . Est-ce une invention de Beauverger ou exact sur le plan historique ?

J'ose affirmer que ce qui concerne la prise de La Tortue par les Français partis de Port-Margot (officiellement pour "venger" des meurtres de Français par les Anglais qui occupaient alors La Tortue) est historiquement avéré.
D'après les documents d'époque, François Le Vasseur a été effectivement mandaté par le représentant de Louis XIII dans les caraïbes (le chevalier Philippe de Longvilliers-Poincy, "gouverneur général des isles d'Amérique" pour la France) pour mener cette affaire. Il semble également avéré, d'après différents témoignages, que Le Vasseur "et ses amis huguenots" furent désignés pour mener cette expédition parce que justement leur radicalisme commençait à semer le trouble à Saint-Christophe (qui constitue à l'époque le siège du pouvoir français dans cette partie du monde).
Le Vasseur fera halte à Port-Margot, y recrutera des boucaniers pendant qu'il "mène négociation" (en vain) avec les Anglais de Tortuga, avant de finalement organiser la prise de l'île.
Il faut savoir que Tortuga était une ile très disputée, qui changeait de drapeau régulièrement.
Christophe Colomb y a mis les pieds en 1492 (après avoir découvert Saint-Domingue, juste au sud), et l'île passe sous contrôle espagnol mais ne connaît pas de véritable conquête (l'île n'a que peu d'intérêt, quand on dispose d'Hispaniola juste à côté)... En 1625, Belain d'Esnambuc prend possession de Saint-Christophe pour la France (à l'est de Puerto Rico) pour en faire un camp de base afin d'attaquer les convois espagnols de la région. Il en est chassé en 1630 par les Espagnols, et porte sa flotte vers l'ouest jusqu'à La tortue dont il prend possession afin de répéter l'opération. On sait que Le Vasseur a été lieutenant d'Esnambuc, et c'est peut-être à cette occasion qu'il a exploré l'île pour la première fois (et ça justifierait aussi que ce soit lui qui soit désigné 10 ans plus tard pour la reprendre).
En 1638, les Espagnols reprennent la Tortue de force, mais n'en chassent pas la population française agricole qui s'y était installée sous la protection de Belain d'Esnambuc.
En 1639, ce sont les Anglais qui y débarquent et la prennent aux Espagnols, mais eux se livrent à quelques exactions contre les Français qui y résidaient encore, ce qui provoquera le débarquement de Le Vasseur en 1640.
Une fois La Tortue prise par Le Vasseur et ses lieutenants, il va obtenir le statut officiel de gouverneur de l'île de la tortue auprès des autorités de Saint-Christophe, y proclamer une "république huguenote" qui va peu à peu virer à la dictature...
[Edit] je rajoute, pour que l'histoire soit compréhensible, qu'entre le moment où Belain d'Esnambuc est chassé de Saint-Christophe par les Espagnols et s'installe à la Tortue, et le moment où, 10 ans plus tard, Le Vasseur recommence la même opération, les Français ont repris - et cette fois de manière durable - Saint-Christophe, jusqu'à en faire le coeur politique, commercial et stratégique de l'implantation française dans les Caraïbes. C'est de Saint-Christophe que les colons français essaimeront vers La Martinique, la Guadeloupe, etc.
Je peux essayer au moins, même s'il faudrait écrire des pages et des pages pour étayer en profondeur ce fait, car il y a - comme dans toute entreprise humaine humaine - de nombreux facteurs (économiques, religieux, militaires) aux origine de cette situation.Hoêl a écrit :Merci pour tes précieuses informations , mais pourrais-tu m'éclairer sur le paradoxe de ces réformés ayant mandat de la couronne ?
Je peux, déjà, te renvoyer à l'extraordinaire livre de Michel Le Bris, que j'ai déjà cité dans le fil de discussion que je mène en parallèle en ce moment sur ce forum : "D'or, de rêve et de sang, l'épopée de la flibuste".
Donc, si tu veux bien, pour éviter de m'éparpiller, je vais te répondre sur le fil dédié et je t'invite à m'y retrouver pour plus d'explications

Ben voilà, c'est tout à fait cela.Nometon a écrit :Le truc, c'est... Quand on a lu le Déchronologue, les mots viennent tout seul. Parce qu'on a juste envie, très fort, d'emporter les autres, pour qu'ils plongent à leur tour. Et puis dans ce chaos formidable, l'image des maravillas reste intemporelle. Non ?
Je remets ici ce que je viens d'écrire sur le CC, je n'avais pas vu passer ce sujet...
Put... la claque.
J'avais lu rapidement le premier chapître car l'auteur était sur le feu (...) puis j'avais dû lâcher le livre à contre-coeur par manque de temps de lecture.
Je me suis pris deux heure cet AM, et la vache !
Pour avoir eu le privilège de parler avec l'auteur lors d'un passage à Paris, je m'attendais à un livre posé, calme, serein. De qualité, mais linéaire.
Hahaha.
Tout le contraire (sauf pour la qualité).
En fermant les yeux tout de suite, je vois une explosion de bruits, de couleurs, d'émotions, de pardoxes temporels, d'être humains brisés, d'Amour inabordable, de sang, d'alcool, d'énérgie et surtout de forces et de volontés.
Une explosion par écrit. Qui se retrouve même dans la manière dont le texte se décline.
Ce texte est un animal sauvage que l'auteur a pafaitement su maitrisé.
J'avais dit à S. Beauverger que j'attachais avant tout une grande importance à la cohérence interne d'un livre, quelque soit le postulat de départ, aussi dérangeant et absurde soit-il.
Si on considère que la maitrise technologique du temps peut avoir comme effet indésirable la création de nexus au sein de certaines zones définies, ben le récit est parfaitement "logique" avec lui-même.
J'avoue avoir un peu tiqué sur le point soulevé par Daylon, mais c'était sur le coup, et si je ne venais pas de lire son intervention, ben je l'aurai déjà oublié, donc je n'en tiens pas compte.
Nous avons tout de même affaire à un livre avec :
-Une première phrase exceptionnelle : "Je suis le capitaine Henri Villon et je mourrai bientôt"
-Des scènes de violences et de souffrance extrêmes, y compris de la torture méticuleusement décrite, mais sans que cela soit malsain, hors de propos ou "gore". Ce qui est très rare. Enfin, amha.
-Une réelle histoire d'Amour, avec en tout et pour tout une esquisse de baiser sur la bouche.
-Ces "salauds d'Espagnoles" (avis perso) qui se font botter le C... par les Amérindiens.
-La vie de la Flibuste détaillée et décortiquée de main de maître
-Une vision du siège de la Rochelle qui m'a fait particulièrement plaisir (même si je ne renie pas mes lecture de Dumas)
-Un art de conter très réel
-La Fin du Monde
-Une Utopie plausible et semble-t'il viable
-Un jaguar (j'adore cet animal)
Et surtout, surtout, un souffle tout au long du récit. Nous sommes sur le bord du Chronos, sur le Toujours Debout, sur le Dechronologue et nous sentons la brise marine qui les emprêgne en permanence. Les tempêtes temporelles s'abattent aussi bien sur les personnages du livre que sur le lecteur. Nous sommes ballotés dans le temps sans défense et sans avoir son mot à dire.
Bref ce livre est un ouragan, une tornade.
Laissez-vous emporter.
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On en parle tellement ici et là que j'ai voulu le voir en vrai.
Pas moyen de la trouver, cette couverture superbe, dans les rayons de la Cnaf de chez moi.
Dévalisé, ou mal distribué ?
Je le trouverai à Paris dans 3 semaines, mais là ça m'a frustré. Et inquiété pour La Volte.
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Dévalisé, ou mal distribué ?
Je le trouverai à Paris dans 3 semaines, mais là ça m'a frustré. Et inquiété pour La Volte.
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons
Pas mal distribué puisque La Volte passe par volumen pour ça. Sans doute mal diffusé : ce sont les repré du Seuil qui s'en occupent, et ils doivent s'en foutre éperdument de La Volte tellement c'est tout petit et hors registre par rapport aux autres éditeurs de leur catalogue. Ta fnac a dû en avoir un seul, et t'es passé trop tard...Don Lorenjy a écrit :On en parle tellement ici et là que j'ai voulu le voir en vrai.
Pas moyen de la trouver, cette couverture superbe, dans les rayons de la Cnaf de chez moi.
Dévalisé, ou mal distribué ?
Je le trouverai à Paris dans 3 semaines, mais là ça m'a frustré. Et inquiété pour La Volte.
- bormandg
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La FNAC a son service; mais si le responsable du rayon n'a pas envie de commander le livre, ne sait pas qu'il y aura des lecteurs.... Eh bien il faut le dresser....DuncanI a écrit :Pas mal distribué puisque La Volte passe par volumen pour ça. Sans doute mal diffusé : ce sont les repré du Seuil qui s'en occupent, et ils doivent s'en foutre éperdument de La Volte tellement c'est tout petit et hors registre par rapport aux autres éditeurs de leur catalogue. Ta fnac a dû en avoir un seul, et t'es passé trop tard...Don Lorenjy a écrit :On en parle tellement ici et là que j'ai voulu le voir en vrai.
Pas moyen de la trouver, cette couverture superbe, dans les rayons de la Cnaf de chez moi.
Dévalisé, ou mal distribué ?
Je le trouverai à Paris dans 3 semaines, mais là ça m'a frustré. Et inquiété pour La Volte.

bibliosurfhttp://www.bibliosurf.com/Le-Dechronologue, etc....
en n'oubliant surtout pas de le faire bien savoir au crétin fnacien....
Modifié en dernier par bormandg le dim. avr. 19, 2009 8:59 am, modifié 1 fois.
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