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par ub » jeu. mai 07, 2009 10:14 am
Je suis très fier de cette couverture d'Arnaud et je tiens, s'il est en visite dans les parages, à le remercier chaleureusement pour son travail. Il a manifestement bien compris la cinétique et la symbolique du roman, sinon son ambition profonde, que j'ai mis tant de temps à formaliser, puis à livrer. A mon sens, si la violence est la première chose qui saute au yeux, et qui correspond bien à la réalité de la première croisade, l'altérité culturelle se glisse juste derrière, tant dans la symbolique des armes et des architectures, que dans le jeu, plus subtil, des formes et des couleurs. C'est remarquable (tout comme son travail pour "Gagner la Guerre" de Jean-Philippe Jaworski). Mais pour le ressentir pleinement, et c'est d'autant plus fin de la part de l'auteur de la couverture et du maquettiste, il faut avoir sous les yeux, aussi, le large rabat de la première de couverture, caractéristique de la Bibliothèque Voltaïque.
J'ai toujours eu beaucoup de chance avec les couvertures de mes ouvrages. Je me souviendrai longtemps des variations de Benjamin Carré sur la Cité du Soleil, au Bélial' puis en Folio-SF, passant de la verrière hémisphérique de la halle de Saint-Malo, sertie dans une structure gyroscopique, au hublot démesuré ouvrant sur l'espace profond et à l'aplomb duquel guette un certain héritier de l'empire... Et les deux couv. du Double Corps du roi, de Sorel, bien que la seconde ait nettement ma préférence, avec la scène de l'assimilation qui, en fait, ne sert que de faire-valoir, à l'arme blanche magnifiquement ouvragée, au tout premier plan. Quant à la couv. de l'Ecole des Assassins, au Bélial', qui reste l'un de mes meilleurs souvenirs de coécriture, sa puissance cinétique, son côté délibérément manga, m'a toujours énormément plu. Olivier Girard l'avait fait suivre de quelques impacts, en première page, qui prolongeaient l'impression de mouvement de la couv.
Tout cela montre, d'une certaine manière, la puissance immédiate de l'image, par rapport à celle, plus progressive, des mots. Dans le meilleur de cas, elle parvient à magnifier les propos de l'auteur du texte, voire à leur donner une ampleur ou une accessibilité qu'ils n'avaient peut-être pas au départ. D'une certaine manière, à les justifier. On le voit très clairement, si l'on se penche sur les rapports entre l'art et le politique (vaste champ d'étude). L'adjonction d'une couverture est le moment délicat où, véritablement, un texte prend sa place dans le paysage et peut être "capté" par les lecteurs. Ainsi, la probable couverture de Daylon pour le deuxième volume de Hal Duncan chez Denoël, que je trouve superbe, me semble jouer pleinement ce rôle de l'image qui protège comme un bouclier, réhausse comme un bijou, sinon garantit la communication, ce qui est une très lourde responsabilité.
Salutations à tous,
Ugo