Transhumain a écrit :Erion, grand fou, la SF n'est pas la fantasy, n'est pas le fantastique. Certes. Mais, comme tout corpus, celui de la SF n'est pas totalement isolé des autres, et recoupe en partie ceux du fantastique et de la fantasy, mais aussi celui de ce que d'aucuns appellent "mainstream". Ainsi Le Maître du Haut-château, que je prends souvent en exemple lors de discussions telles que celle-ci, ne respecte pas les critères d'une définition étroite de la SF.
Evidemment, si tu prends comme point de départ une définition étroite, tu peux tout exclure. Comme la SF est une position vis à vis du réel, la question de son croisement avec la fantasy et le fantastique ne se pose même pas. Il existe des polars SF, des thrillers SF, et ainsi de suite. Il est évident que "le Maître du Haut-Château" est de la SF, même en retournant le truc dans tous les sens.
Il est beaucoup plus intéressant, à mon avis, de comparer l'Homme invisible de Wells et l'Homme invisible de Ralph Ellison. Même titre, même enjeu, mais l'un est de la SF, l'autre pas. Ou aussi Brazil de John Updike à comparer avec Good News from outer space de John Kessel.
On a des métaphores très proches, et pourtant, il est facile de déterminer ce qui est de la SF ou pas. Dire qu'ils sont "aux bornes de l'imaginaire" n'est pas suffisant. A partir de quel degré d'imaginaire est-on dans la littérature de l'imaginaire ? Est-ce que si on a un pied dedans, on est dedans ou dehors ?
A mes étudiants, je leur fais lire deux textes tirés des anthos de SF, estampillés SF, reconnus par tout le monde comme faisant partie du corpus, aucun problème sur ce point : "Ceux qui partent d'Omelas" de LeGuin et "Déchiffrer la trame" de Dunyach. Jamais on ne m'a dit que ces textes étaient de l'imaginaire, mais que c'était soit du fantastique, soit de la fantasy. Mais c'est en cherchant pourquoi il s'agit de SF qu'on comprend mieux la mécanique du genre (qui est une approche particulière du réel). Il n'y a guère d'ambiguïté. "Ceux qui partent d'Omelas" fait beaucoup penser au discours d'Ivan et Aliocha, mais non seulement LeGuin n'a pas écrit ce texte en référence à Dostoïevski, mais elle avait en tête un pur ouvrage de philosophie dont son texte est une sorte d'application pratique.