Sand a écrit :
Quand on part pour un pays inconnu, on n'en a un peu rien à foutre de savoir au départ de Paris que telle rue coupe telle avenue dans New York. On a tout le temps de vol pour ça, et au pire on prendra un taxi à l'arrivée. Etre rassuré sur le fait qu'on prend bien l'avion pour l'Amérique et pas pour l'Asie est le plus important, au départ.
C'est bien faux ce que tu dis. J'ai fait quelques interventions en bibliothèques à l'intention du public et des bibliothécaires, à propos du manga. Et ce qu'ils désiraient AVANT d'en lire, c'est qu'on leur donne des repères, qu'on mette des panneaux, qu'on leur explique qu'il existe de routes et pas un inconnu total.
Perso, quand je me suis mis au manga, je n'y connaissais rien, mais j'ai eu la chance d'être au début du phénomène, où il était possible d'acheter TOUT ce qui se publiait et de s'organiser par la suite. Quand la production devient démentielle, ce picorage, le côté bohême de "tiens je vais essayer ça, on verra bien", ça ne fonctionne plus, et la masse devient un obstacle.
Les étiquettes SF/Fantasy/fantastique sont une barrière pour autant qu'elles sont un point d'entrée. On est pas obligé de la franchir, mais si on la franchit c'est plutôt bien balisé. Quand on est à l'aise, alors seulement on peut quitter la route. Faut avoir une bonne carte pour faire de la randonnée,
Pourquoi Google existe si ce n'est pour poser des repères ? Les genres sont ces repères, ces panneaux indicateurs. Mais JAMAIS, je dis bien JAMAIS, ils n'ont interdit la lecture buissonnière. Jamais la SF s'est présentée au lecteur, en lui disant "je vous interdit de lire ce livre, verboten". Les étiquettes n'ont jamais interdit la curiosité, le désir. C'est juste un feu dans la nuit. La carte n'est pas le territoire, mais c'est parce que la carte existe qu'on peut se déplacer dans le territoire.
Et le problème du terme "littératures de l'imaginaire", c'est qu'il n'indique rien. Il n'offre pas de repère. Il n'est pas une carte.