Extraits interview de Robert Charles Wilson

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Erion
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Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Erion » jeu. juin 25, 2009 1:30 pm

Piqué sur le site de Locus, une réflexion très intéressante de R.C. Wilson sur ce que signifie écrire de la science-fiction (et pourquoi en écrire...) : http://www.locusmag.com/Perspectives/20 ... c-and.html

“For me, part of the process of writing science fiction is continually asking yourself why you're doing it. Because I grew up loving science fiction, there's a tendency to accept it as a given -- that I love it because it is what it is. But as a writer you have to go beyond that and ask, 'What is it about science fiction that appeals to me so much? Why am I so obsessed with it?' If you can identify that core fascination, you can give it back to a reader in a single powerful dose. You're not just adopting tropes and images at random because you happen to like them or think they're cool. So that's what I've been trying to do in the course of my career: to get closer and closer to the thing about science fiction that electrifies me, the thing that drew me go to that shelf when I was ten years old at the library.”

Le reste des extraits est très intéressant, il aborde le débat qui nous a préoccupés ici, sur "que faut-il écrire en SF de nos jours ?", et je partage assez son idée qu'il ne faut pas minimiser l'élément SF sous prétexte d'atteindre un public plus large (Lem pourra sans doute y trouver son injonction à écrire des choses fortes, mais la perspective de Wilson me semble plus pragmatique et s'attache au coeur du genre comme moteur, pas comme décor).
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thomasday
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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par thomasday » ven. juin 26, 2009 6:00 am

Erion a écrit :Le reste des extraits est très intéressant, il aborde le débat qui nous a préoccupés ici, sur "que faut-il écrire en SF de nos jours ?", et je partage assez son idée qu'il ne faut pas minimiser l'élément SF sous prétexte d'atteindre un public plus large (Lem pourra sans doute y trouver son injonction à écrire des choses fortes, mais la perspective de Wilson me semble plus pragmatique et s'attache au coeur du genre comme moteur, pas comme décor).
Tu me diras si tu penses la même chose après avoir lu Axis, qui est avant tout autre chose un portrait de femme(s) dans un décor SF (là, dans ce cas précis, c'est la psychologie qui est au centre (le moteur) du livre pas les thèmes SF, sauf peut-être celui de l'incommunicabilité). Axis est la réponse américaine (canadienne) au Solaris deStanislas Lem. Le rédacteur en chef de Locus avait défini Spin comme un roman mainstream à sa sortie et s'était étonné qu'il ait réussi à avoir le Hugo quelques mois plus tard (c'était un étonnement ravi, d'après mes souvenirs).
Axis est un livre de Robert Charles Wilson tout à fait typique : humaniste, contemplatif, mélancolique, dénué de fin claire ; j'y ai trouvé de nombreux échos à l'œuvre de Ray Bradbury.

GD

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Lensman
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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Lensman » ven. juin 26, 2009 7:11 am

thomasday a écrit :[Le rédacteur en chef de Locus avait défini Spin comme un roman mainstream à sa sortie GD
C'est curieux, c'est plutôt comme ça que je définirais la science-fiction...
Oncle Joe

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Erion
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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Erion » ven. juin 26, 2009 8:00 am

Lensman a écrit :
thomasday a écrit :[Le rédacteur en chef de Locus avait défini Spin comme un roman mainstream à sa sortie GD
C'est curieux, c'est plutôt comme ça que je définirais la science-fiction...
Oncle Joe

Oui-Da.

Ce que je veux dire, c'est que tout est une question de point de départ. La psychologie dans un roman de SF n'en fait pas un roman mainstream pour autant. Le propos de Wilson est assez clair. Il part de la SF, et il étend. Spin c'est ça. Le fondement, c'est une idée de SF, et il en évalue les conséquences. C'est Sturgeonien. (Même si, à titre personnel j'aurais aimé que l'intrigue psychologique ait des conséquences sur l'idée de SF, ce qui n'est pas vraiment le cas. Rien à voir avec les Dépossédés où les réflexions de l'envoyé d'Anarrès produisent la théorie de l'Ansible)
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thomasday
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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par thomasday » ven. juin 26, 2009 8:11 am

Lensman a écrit :
thomasday a écrit :[Le rédacteur en chef de Locus avait défini Spin comme un roman mainstream à sa sortie GD
C'est curieux, c'est plutôt comme ça que je définirais la science-fiction...
Oncle Joe
Oh mais pour moi, il n'y a pas de doute, Spin c'est de la science-fiction, celle que j'aime, de Walter Tevis à Christopher Priest... Mais pour les américains que je connais et avec qui je discute, le futur de la SF (si futur il y a) c'est plutôt Charles Stross, Robert J. Sawyer et Cory Doctorow. En tout cas, ce sont les noms qui reviennent le plus souvent.
(Il manque un nom à cette liste, mais c'est normal, mon patron n'a pas encore signé le contrat)

GD

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Message par Lensman » ven. juin 26, 2009 8:20 am

Par ailleurs je suis toujours surpris de voir que, pour certains critiques, le fait que, dans un roman de SF, la psychologie des personnages soit développée ferait que, quelque part, le roman ne serait plus de la SF (cf."L'oreille interne"). Le concept de "décor" est aussi employé de manière bien désinvolte : pourquoi diable s'encombrer d'un décor (d'ailleurs très problématique, comme celui de la SF) s'il ne sert à rien?
Mais je ne suis pas écrivain. Peut-être que les écrivains se disent, avant de commencer un texte: "Tiens, le truc profond que je vais écrire, aujourd'hui, je vais le faire en décor western, c'est plus fun... ou non tiens, plutôt un décor polar... humm... un décor SF me semble plus approprié, à bien y réfléchir... mais ça a mauvaise presse chez les critiques snobs, méfiance... allez, un bon décor historique à la Dumas... oh et puis tant pis, je prend le décors vie quotidienne normale..."
J'ai du mal à croire que ça se passe comme ça...
qu'en disent les écrivains?
Oncle Joe

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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Lensman » ven. juin 26, 2009 8:24 am

thomasday a écrit :Mais pour les américains que je connais et avec qui je discute, le futur de la SF (si futur il y a) c'est plutôt Charles Stross, Robert J. Sawyer et Cory Doctorow.
GD
Plutôt que Wilson? ils ne sont pas très sympa...
Oncle Joe

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thomasday
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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par thomasday » ven. juin 26, 2009 8:41 am

Lensman a écrit :
thomasday a écrit :Mais pour les américains que je connais et avec qui je discute, le futur de la SF (si futur il y a) c'est plutôt Charles Stross, Robert J. Sawyer et Cory Doctorow.
GD
Plutôt que Wilson? ils ne sont pas très sympa...
Oncle Joe
Il faudrait que je redemande ses chiffres de ventes à Wilson, mais la dernière fois que je l'ai vu, il n'avait pas réussi à vendre Spin sur le marché anglais, malgré le prix Hugo. Axis n'a pas été nominé au Hugo, ni a aucun autre prix majeur, sauf erreur de ma part ; non, Wilson n'a pas la côte qu'on aimerait qu'il aie.
J'espère que Julian lui vaudra un second prix Hugo (je serai étonné, s'il n'est pas au moins finaliste) ; il a adoré écrire ce (long) roman à la Mark twain, et AMHA ça se voit.

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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Lensman » ven. juin 26, 2009 8:48 am

thomasday a écrit :Il faudrait que je redemande ses chiffres de ventes à Wilson, mais la dernière fois que je l'ai vu, il n'avait pas réussi à vendre Spin sur le marché anglais
GD
C'est vraiment mystérieux... c'est exactement le genre de texte que j'imaginerais apprécié par le public anglais... heureusement que je ne suis pas éditeur anglais, ce serait la faillite immédiate!
Remarque, en France, "Spin" semble avoir bien marché, alors que toi même tu n'y croyais pas plus que ça (tout en l'espérant, j'imagine...).
Décidément, le public complique bougrement le travail des éditeurs et des auteurs!
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Travis
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Message par Travis » ven. juin 26, 2009 9:15 am

Par ailleurs je suis toujours surpris de voir que, pour certains critiques, le fait que, dans un roman de SF, la psychologie des personnages soit développée ferait que, quelque part, le roman ne serait plus de la SF
En lisant Blind Lake c'est ce que j'ai ressenti, un livre de SF mais où on s'intéresse plus aux relations entre les personnages qu'à ce qui se passe sur une autre planète. C'est vraiment ce qui m'a plu dans le bouquin de Wilson, et en plus à aucun moment on ne s'ennuie.

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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Matthieu » ven. juin 26, 2009 10:34 am

thomasday a écrit : Mais pour les américains que je connais et avec qui je discute, le futur de la SF (si futur il y a) c'est plutôt Charles Stross, Robert J. Sawyer et Cory Doctorow. En tout cas, ce sont les noms qui reviennent le plus souvent.
(Il manque un nom à cette liste, mais c'est normal, mon patron n'a pas encore signé le contrat)
Il y a surtout un nom en trop, Robert J. Sawyer. "Experience Terminale", je prends le titre au pied de la lettre, j'ai essayé de lire Sawyer, j'arrête.

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Re: Extraits interview de Robert Charles Wilson

Message par Matthieu » ven. juin 26, 2009 10:42 am

thomasday a écrit : Tu me diras si tu penses la même chose après avoir lu Axis, qui est avant tout autre chose un portrait de femme(s) dans un décor SF (là, dans ce cas précis, c'est la psychologie qui est au centre (le moteur) du livre pas les thèmes SF.
Justement, Axis est un très bon roman mais beaucoup moins fort que Spin : avec Spin, Wilson va dans le sens du passage qu'Erion cite, pas avec Axis.

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Lensman
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Message par Lensman » ven. juin 26, 2009 10:44 am

Travis a écrit :c'est ce que j'ai ressenti, un livre de SF mais où on s'intéresse plus aux relations entre les personnages qu'à ce qui se passe sur une autre planète. C'est vraiment ce qui m'a plu dans le bouquin de Wilson, et en plus à aucun moment on ne s'ennuie.
Oui, je suis tout à fait d'accord. Je disais juste que ce que je ne comprenais pas, c'est que pour cette raison, d'après certains critiques, quelque part, ce ne serait plus VRAIMENT de la SF. Tu sais, la fameuse remarque de 4e de couverture (rédigée par l'éditeur, tout de même, le plus souvent...): "Ce roman N'EST PAS SEULEMENT (ou N'EST PAS tout court, pour les plus exaltés) un roman de SF: c'est surtout un magnifique roman psychologique etc etc..."
C'est cette bizarre approche critique que je fustige, et que l'on trouve encore, explicite ou sous-entendue, chez des gens qui ne sont pas nécessairement des imbéciles.
Oncle Joe

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Travis
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Message par Travis » ven. juin 26, 2009 10:58 am

Lensman a écrit :
Travis a écrit :c'est ce que j'ai ressenti, un livre de SF mais où on s'intéresse plus aux relations entre les personnages qu'à ce qui se passe sur une autre planète. C'est vraiment ce qui m'a plu dans le bouquin de Wilson, et en plus à aucun moment on ne s'ennuie.
Oui, je suis tout à fait d'accord. Je disais juste que ce que je ne comprenais pas, c'est que pour cette raison, d'après certains critiques, quelque part, ce ne serait plus VRAIMENT de la SF. Tu sais, la fameuse remarque de 4e de couverture (rédigée par l'éditeur, tout de même, le plus souvent...): "Ce roman N'EST PAS SEULEMENT (ou N'EST PAS tout court, pour les plus exaltés) un roman de SF: c'est surtout un magnifique roman psychologique etc etc..."
C'est cette bizarre approche critique que je fustige, et que l'on trouve encore, explicite ou sous-entendue, chez des gens qui ne sont pas nécessairement des imbéciles.
Oncle Joe
pour les "critiques" il faut toujours faire entrer les choses dans des cases. ça c'est de la sf ça c'est du polar... Si le côté sf n'est pas prédominant dans un bouquin étiqueté sf alors ce n'est plus vraiment de la sf, toujours le même problème des genres et de leur classification.
« Putain Wilson vous faîtes chier à écrire des bouquins de...allez "sf psychologique"

Et "La Route" sf, blanche (je n'aime vraiment pas ce terme) aventure, drame, etc...

En tout cas Priest, Wilson sf ou pas ils écrivent de très bonnes choes.

Papageno
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Message par Papageno » ven. juin 26, 2009 11:09 am

Dire que Spin n’est pas de la SF – cela parait ridicule ! Mais alors, ce serait quoi si ce n’est pas de la SF ? (ou alors, on est dans la logique : le livre est bon – donc, ce n’est pas de la SF – le livre est mauvais, c’est donc de la SF)
De toute façon, Wilson n’est pas le premier à introduire un fort élément psychologique. Déjà chez les classiques ! Thomasday à raison de penser à Bradbury, et on peut parler aussi de Strugeon, voir de Simak ou de Leiber
Et il me semble bien que tout ces auteurs aient fait de la SF ! - Du moins c’est ce que j’ai toujours cru – mais, je suis peut-être mal informé.

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