Lisore a écrit :Lensman a écrit :Tiens, c'est marrant, je me rends compte que je n'ai jamais lu de Lévy...
Est-ce si mauvais?
Oncle Joe
Non. C'est juste dénué de tout intérêt (tant scénaristique que stylistique... en gros, c'est de la soupe, mais au moins, tu n'étrangles pas avec). Ce n'est pas d'une nullité abyssale. C'est du Harlequin en légèrement moins pénible. Donc, objectivement, ce n'est pas si mauvais que ça.
Je pense que tu devrais essayer (lui ou Musso, c'est pareil). C'est assez édifiant sur notre société (enfin, sur ses goûts, mais on apprend toujours plein de choses sur les gens en connaissant leurs goûts). En plus, ça se lit vite, la punition sera courte.
En réalité, j'ai l'impression que c'est la crise de l'édition (on l'a déjà dit, mais il faut sans cesse y revenir) qui est le vrai problème. Il y a toujours eu des tas d'auteurs pas spécialement intéressants pour un public comme nous, et qui sont lus avec énormément de plaisir par des tas de gens qui en sont très satisfaits. Ce public s'ennuierait ferme s'il lisait les trucs qui nous intéressent.
La coexistence entre les auteurs "très grand public" (et généralement éphémères) et les auteurs que nous considérons comme intéressants s'est toujours faite sans problème, tant que l'édition était aux mains d'intellectuels cultivés, qui s'intéressaient à ce qu'ils faisaient d'un point de vue D'ABORD artistique, esthétique, et ENSUITE seulement financier.
Ce petit groupe d'élites (dans lequel on trouvait une infime minorité qui s'intéressait à la SF, minorité dans une minorité, mais qui se démenait avec vigueur) a désormais pratiquement perdu le pouvoir dans l'édition.
Ce n'est pas auprès du public qu'il faut faire du lobbying, ça ne sert à rien (le fameux "ça ne sert à rien" qui choque tant notre camarade Lem) mais auprès des décideurs, directement, en essayant de les séduire et de les amener à entretenir des "danseuses" (c'est à dire des collections qui ne rapportent pas, voire perdent de l'argent, mais mettent en avant les auteurs raffinés).
Si ça ne marche pas, c'est à dire si il ne se trouve pas parmi ces décideurs des gens qui, finalement, s'intéressent aussi à la création littéraire et, séduits par le raffinement (et non par de vains pamphlets écrits par des râleurs) décident de s'offrir des danseuses, eh bien, la situation continuera à se dégrader en ce qui concerne l'édition "traditionnelle", ma foi, la littérature raffinée se réfugiera plus encore dans la petite édition.
Mais il faut être optimiste, parce que, grâce au Net, tout le monde peut avoir accès au raffinement. Il faut en finir (de toute façon, c'est déjà fini) avec cette idée que l'on trouve les livres intéressants dans la librairie du coin, posés en pile. Maintenant, c'est grâce au Net qu'on va les trouver, et n'importe quel gamin aujourd'hui sait se servir de cet outil. C'est sur le Net qu'il faut développer les sites où le nouveau public viendra chercher des renseignements et des conseils sur la littérature (et la culture en général) raffinée.
Il faut s'y faire, à cette idée, et il est curieux de voir que, dans notre petit monde de la SF, nous avons (et je me comprends dans le lot!) bien du mal à nous y faire, et continuons à pleurer sur le vieux monde perdu de l'édition. Nostalgie, quand tu nous tiens...
Oncle Joe