Pourquoi les anthologies de nouvelles se vendent-elles pas ?
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Supprimé parce que doublon à la suite d'une erreur de frappe.
Modifié en dernier par Gérard Klein le mer. juil. 29, 2009 3:05 pm, modifié 1 fois.
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La question initiale est fort intéressante.
Ayant publié une cinquantaine d'anthologies et un peu moins de recueils d'auteurs entre 1974 et 2005, je pense disposer d'une petite expérience.
D'abord, une question de terminologie. La nouvelle et le roman sont des genres littéraires différents, aussi différents que le sonnet et la longue élégie ou la tragédie en vers en quatre ou cinq actes. La nouvelle tolère mal la médiocrité, même d'un bref passage tandis que beaucoup d'excellents romans connaissent quelques points faibles. La nouvelle est donc un art particulièrement difficile. Au demeurant, les meilleurs auteurs de nouvelles ne font pas toujours de bons romanciers et réciproquement. Maupassant est surtout célèbre pour ses nouvelles. Katherine Mansfield que j'ai beaucoup admirée et qui m'a beaucoup influencé à mes débuts est une nouvelliste, pas une romancière (je partage l'admiration de Hoël pour cet écrivain). Borgès est nouvelliste (et certes poète), guère romancier et alors seulement en collaboration et relativement mineur. Dans notre domaine de prédilection, Frank Herbert est un grand romancier et un nouvelliste assez moyen. À l'inverse Robert Sheckley est un immense nouvelliste et même ses courts romans relèvent plus de l'agrégation de nouvelles que du véritable roman.
Quant à l'accueil des anthologies et recueils, il faut absolument distinguer deux périodes: avant les années 1980 et après. Il faut également distinguer entre littérature générale et genres, comme le policier et surtout la science-fiction. En littérature générale, la nouvelle est depuis très longtemps ignorée du public et mal traitée par les libraires et critiques. Un grand nouvelliste comme Daniel Boulanger a connu une carrière très difficile et a mis longtemps à s'imposer. Les quelques exceptions récentes et inattendues ne doivent pas faire illusion: la nouvelle est un genre mal aimé. En science-fiction notamment, il en a été tout à fait différemment et longtemps même si ce n'est plus le cas
Entre 1950 et disons 1984, dans le domaine de la science-fiction, non seulement on ne constate pas de différences dans l'accueil entre romans et recueils de nouvelles et anthologies, mais ces derniers connaissent parfois un succès soutenu et même exceptionnel. Ainsi, les Chroniques Martiennes, puis Demain les chiens dans une moindre mesure deviennent par exemple des succès durables et considérables. Les recueils de Pierre Boulle ne se portent pas mal. Les trente-six volumes de la Grande Anthologie de la science-fiction au Livre de Poche connaissent un triomphe qui a surpris tout le monde, l'éditeur et les anthologistes compris. La première série de 12 titres s'est vendue entre 140 000 et 80 000 exemplaires environ à partir de 1974; la deuxième de 24 titres n'est jamais descendue en dessous de 36 000 exemplaires environ. Des chiffres qui font aujourd'hui rêver.
De même, dans Ailleurs et demain, j'ai vendu également romans et recueils de nouvelles pendant des années.
Mais à partir du début des années 1980, peut-être en raison de la grande crise consécutive à la surproduction qui frappe le domaine (en quelques années quelques vingt collections spécialisées disparaissent), la tendance s'inverse et le sort des nouvelles de science-fiction (et accessoirement policières) rejoint, celui bien difficile, des nouvelles de littérature générale.
La troisième série de la GASF, comprenant six volumes couvrant la production française de 1950 à 2000, n'a jamais dépassé les 6000 exemplaires pour aboutir pour le dernier à un peu plus de 2 000 seulement. Grosse déception pour les anthologistes, Ellen Herzfeld, Dominique Martel et moi-même et pour le LdP qu'on aura du mal à y reprendre. Je tenais beaucoup à ces anthologies, complémentaires des trente-six volumes consacrés exclusivement aux anglo-saxons, et leur échec m'a consterné. L'accueil critique a été très bon, mais le public a boudé. Parce qu'il s'agissait d'auteurs français? On peut se le demander.
Mais les recueils et anthologies de nouvelles traduites de l'anglais contemporaines de cette troisième série et ultérieures ne font pas mieux. Les quelques recueils d'auteurs connus (McDonald, Bear) que je publie dans Ailleurs et demain puis au LdP sont des échecs au moins relatifs (aujourd'hui, ils passeraient pour des succès). Je renonce donc à en publier, en le regrettant car j'adore les nouvelles, bonnes évidemment..
Les anthologies de science-fiction publiées ces dernières années dont je dispose des chiffres précis n'ont jamais atteint les 1500 exemplaires, bien en dessous du moindre seuil de rentabilité. Je ne livrerai pas des chiffres cruels ici mais vous pouvez les trouver sur le net, notamment chez Edistat moyennant une petite contribution. (Incidemment, les nombreux sondages que j'ai faits confirment leur validité contrairement à l'opinion de Gilles Dumay qui, sur un autre fil, la contestait: l'exemple qu'il citait me semble dû à une erreur de manipulation.)
Comment expliquer cette regrettable désaffection à l'endroit des nouvelles depuis environ trente ans? C'est très difficile.
D'abord, le phénomène n'est pas exclusivement français. On l'observe aussi, un peu plus tôt aux Ètats-Unis et en GB. Jusqu'aux années 1970, il y a pléthore de nouvelles, d'anthologies et de recueils. Le premier titre de sf proposé par le Pocket Book en 1943 est une anthologie de Donald Wollheim. Lorsque nous avons composé les sommaires de la GASF, Jacques Goimard, Demètre Ioakimidis et moi-même, nous avons pu puiser dans un fond immense. Mais après 1970, le sort des revues, recueils et anthologies devient de plus en plus difficile.
En France même Fiction qui avait connu des pointes au-dessus de 20 000 exemplaires et un régime de croisière autour de 12 000, végète et finit par disparaître. Aucune revue spécialisée actuelle ne dépasse les 2 000 exemplaires: on mesure le recul.
La crise du milieu des années 1980 n'explique pas tout, voire même rien. Il y a eu un recul massif du goût du public pour les nouvelles, d'abord concernant les nouvelles policières qui ont aussi connu leurs beaux jours avec notamment Mystère-Magazine puis celles de science-fiction.
On a évoqué le recul des transports en commun au profit de la voiture: les trajets courts étant supposés favoriser la lecture de nouvelles. J'ai tendance à penser que la télévision a joué un rôle mais je ne vois pas bien lequel exactement.
Certes, les supports se sont raréfiés: quotidiens, revues publiaient autrefois des nouvelles mais s'ils ont cessé, voire ont disparu, c'est bien parce que le lectorat ne les suivait pas.
L'enseignement: je n'y crois pas. D'abord, il faisait aux nouvelles une place (Mérimée, Maupassant, Flaubert, Nerval, etc), ensuite il l'a fait longtemps en s'appuyant sur des anthologies destinées aux jeunes et en introduisant des nouvelles dans des choix de textes: ma nouvelle Les Villes a été reproduite plus de vingt fois, y compris récemment.
Non, il s'est passé quelque chose dans l'esprit du public ou du moins dans ses comportements qu'il est très difficile d'expliquer. Si vous avez une idée…
Et qu'on ne me dise pas que les gros romans, voire les séries sont une invention récente. Sans remonter à Balzac, Hugo ou Tolstoï, l'après-guerre a connu les immenses succès d'Autant en emporte le vent ou d'Ambre (Kathleen Windsor). Etc. etc…
La nouvelle est une espèce littéraire menacée et pour répondre à la question initiale, il n'y a pas de différence notable aujourd'hui entre anthologies et recueils.
Sauvons cette espèce.
Mais nous sommes seuls et ils sont plusieurs.
Ayant publié une cinquantaine d'anthologies et un peu moins de recueils d'auteurs entre 1974 et 2005, je pense disposer d'une petite expérience.
D'abord, une question de terminologie. La nouvelle et le roman sont des genres littéraires différents, aussi différents que le sonnet et la longue élégie ou la tragédie en vers en quatre ou cinq actes. La nouvelle tolère mal la médiocrité, même d'un bref passage tandis que beaucoup d'excellents romans connaissent quelques points faibles. La nouvelle est donc un art particulièrement difficile. Au demeurant, les meilleurs auteurs de nouvelles ne font pas toujours de bons romanciers et réciproquement. Maupassant est surtout célèbre pour ses nouvelles. Katherine Mansfield que j'ai beaucoup admirée et qui m'a beaucoup influencé à mes débuts est une nouvelliste, pas une romancière (je partage l'admiration de Hoël pour cet écrivain). Borgès est nouvelliste (et certes poète), guère romancier et alors seulement en collaboration et relativement mineur. Dans notre domaine de prédilection, Frank Herbert est un grand romancier et un nouvelliste assez moyen. À l'inverse Robert Sheckley est un immense nouvelliste et même ses courts romans relèvent plus de l'agrégation de nouvelles que du véritable roman.
Quant à l'accueil des anthologies et recueils, il faut absolument distinguer deux périodes: avant les années 1980 et après. Il faut également distinguer entre littérature générale et genres, comme le policier et surtout la science-fiction. En littérature générale, la nouvelle est depuis très longtemps ignorée du public et mal traitée par les libraires et critiques. Un grand nouvelliste comme Daniel Boulanger a connu une carrière très difficile et a mis longtemps à s'imposer. Les quelques exceptions récentes et inattendues ne doivent pas faire illusion: la nouvelle est un genre mal aimé. En science-fiction notamment, il en a été tout à fait différemment et longtemps même si ce n'est plus le cas
Entre 1950 et disons 1984, dans le domaine de la science-fiction, non seulement on ne constate pas de différences dans l'accueil entre romans et recueils de nouvelles et anthologies, mais ces derniers connaissent parfois un succès soutenu et même exceptionnel. Ainsi, les Chroniques Martiennes, puis Demain les chiens dans une moindre mesure deviennent par exemple des succès durables et considérables. Les recueils de Pierre Boulle ne se portent pas mal. Les trente-six volumes de la Grande Anthologie de la science-fiction au Livre de Poche connaissent un triomphe qui a surpris tout le monde, l'éditeur et les anthologistes compris. La première série de 12 titres s'est vendue entre 140 000 et 80 000 exemplaires environ à partir de 1974; la deuxième de 24 titres n'est jamais descendue en dessous de 36 000 exemplaires environ. Des chiffres qui font aujourd'hui rêver.
De même, dans Ailleurs et demain, j'ai vendu également romans et recueils de nouvelles pendant des années.
Mais à partir du début des années 1980, peut-être en raison de la grande crise consécutive à la surproduction qui frappe le domaine (en quelques années quelques vingt collections spécialisées disparaissent), la tendance s'inverse et le sort des nouvelles de science-fiction (et accessoirement policières) rejoint, celui bien difficile, des nouvelles de littérature générale.
La troisième série de la GASF, comprenant six volumes couvrant la production française de 1950 à 2000, n'a jamais dépassé les 6000 exemplaires pour aboutir pour le dernier à un peu plus de 2 000 seulement. Grosse déception pour les anthologistes, Ellen Herzfeld, Dominique Martel et moi-même et pour le LdP qu'on aura du mal à y reprendre. Je tenais beaucoup à ces anthologies, complémentaires des trente-six volumes consacrés exclusivement aux anglo-saxons, et leur échec m'a consterné. L'accueil critique a été très bon, mais le public a boudé. Parce qu'il s'agissait d'auteurs français? On peut se le demander.
Mais les recueils et anthologies de nouvelles traduites de l'anglais contemporaines de cette troisième série et ultérieures ne font pas mieux. Les quelques recueils d'auteurs connus (McDonald, Bear) que je publie dans Ailleurs et demain puis au LdP sont des échecs au moins relatifs (aujourd'hui, ils passeraient pour des succès). Je renonce donc à en publier, en le regrettant car j'adore les nouvelles, bonnes évidemment..
Les anthologies de science-fiction publiées ces dernières années dont je dispose des chiffres précis n'ont jamais atteint les 1500 exemplaires, bien en dessous du moindre seuil de rentabilité. Je ne livrerai pas des chiffres cruels ici mais vous pouvez les trouver sur le net, notamment chez Edistat moyennant une petite contribution. (Incidemment, les nombreux sondages que j'ai faits confirment leur validité contrairement à l'opinion de Gilles Dumay qui, sur un autre fil, la contestait: l'exemple qu'il citait me semble dû à une erreur de manipulation.)
Comment expliquer cette regrettable désaffection à l'endroit des nouvelles depuis environ trente ans? C'est très difficile.
D'abord, le phénomène n'est pas exclusivement français. On l'observe aussi, un peu plus tôt aux Ètats-Unis et en GB. Jusqu'aux années 1970, il y a pléthore de nouvelles, d'anthologies et de recueils. Le premier titre de sf proposé par le Pocket Book en 1943 est une anthologie de Donald Wollheim. Lorsque nous avons composé les sommaires de la GASF, Jacques Goimard, Demètre Ioakimidis et moi-même, nous avons pu puiser dans un fond immense. Mais après 1970, le sort des revues, recueils et anthologies devient de plus en plus difficile.
En France même Fiction qui avait connu des pointes au-dessus de 20 000 exemplaires et un régime de croisière autour de 12 000, végète et finit par disparaître. Aucune revue spécialisée actuelle ne dépasse les 2 000 exemplaires: on mesure le recul.
La crise du milieu des années 1980 n'explique pas tout, voire même rien. Il y a eu un recul massif du goût du public pour les nouvelles, d'abord concernant les nouvelles policières qui ont aussi connu leurs beaux jours avec notamment Mystère-Magazine puis celles de science-fiction.
On a évoqué le recul des transports en commun au profit de la voiture: les trajets courts étant supposés favoriser la lecture de nouvelles. J'ai tendance à penser que la télévision a joué un rôle mais je ne vois pas bien lequel exactement.
Certes, les supports se sont raréfiés: quotidiens, revues publiaient autrefois des nouvelles mais s'ils ont cessé, voire ont disparu, c'est bien parce que le lectorat ne les suivait pas.
L'enseignement: je n'y crois pas. D'abord, il faisait aux nouvelles une place (Mérimée, Maupassant, Flaubert, Nerval, etc), ensuite il l'a fait longtemps en s'appuyant sur des anthologies destinées aux jeunes et en introduisant des nouvelles dans des choix de textes: ma nouvelle Les Villes a été reproduite plus de vingt fois, y compris récemment.
Non, il s'est passé quelque chose dans l'esprit du public ou du moins dans ses comportements qu'il est très difficile d'expliquer. Si vous avez une idée…
Et qu'on ne me dise pas que les gros romans, voire les séries sont une invention récente. Sans remonter à Balzac, Hugo ou Tolstoï, l'après-guerre a connu les immenses succès d'Autant en emporte le vent ou d'Ambre (Kathleen Windsor). Etc. etc…
La nouvelle est une espèce littéraire menacée et pour répondre à la question initiale, il n'y a pas de différence notable aujourd'hui entre anthologies et recueils.
Sauvons cette espèce.
Mais nous sommes seuls et ils sont plusieurs.
Bon, je suis rarement d'accord avec Gérard alors, pour une fois que j'apprécie son intervention, autant le souligner
Merci déjà pour cet heureux rappel sur la différence nouvelliste vs romancier : je ne me sens pas du tout l'âme d'une romancière et je grince toujours des dents quand je lis que la nouvelle est moins noble ou que sais-je encore...
Et merci aussi pour les précisions historiques, fort instructives.
Si j'ai tout bien compris, je suis née trop tard. Parce qu'en 1980, j'avais juste 7 ans...
Du coup, je vais prétendre que la ligne éditoriale de CitronMeringue vient de ma nature rebelle (ça fera plus dans le coup que juste mon amour du court).
@Le Navire : Perso, je n'aime pas du tout les nouvelles lues... Suis-je la seule ?
(10 pages avant de lancer vraiment la conversation... On craint
)

Merci déjà pour cet heureux rappel sur la différence nouvelliste vs romancier : je ne me sens pas du tout l'âme d'une romancière et je grince toujours des dents quand je lis que la nouvelle est moins noble ou que sais-je encore...
Et merci aussi pour les précisions historiques, fort instructives.
Si j'ai tout bien compris, je suis née trop tard. Parce qu'en 1980, j'avais juste 7 ans...
Du coup, je vais prétendre que la ligne éditoriale de CitronMeringue vient de ma nature rebelle (ça fera plus dans le coup que juste mon amour du court).
@Le Navire : Perso, je n'aime pas du tout les nouvelles lues... Suis-je la seule ?
(10 pages avant de lancer vraiment la conversation... On craint

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Personnellement, je préfère aussi les nouvelles.
Peut-être est-ce un effet de génération - La mienne, et plus encore celles venant avant moi, ont été biberonné à la nouvelles !
Pour les suivantes, ce serait plutôt avec des romans - il est probable que les gouts se forment des l'enfance !
En plus, chez moi - venant d'une famille ouvrière - je n'avais aucune culture littéraire - La littérature - Pour moi, c'était la SF et uniquement la SF.
La Grande anthologie dont parle Gérard Klein venant juste à point (et je ne remercierais jamais assez les trois anthologistes pour ça) - Les histoires présentées répondaient exactement aux interrogations et aux préoccupations de l'Ado que j'étais alors - Elle se substitua aux professeurs de lettre qui eux, me parlaient d'une littérature qui n'éveillait rien en moi (sinon ennui et agacement).
Il est possible qu'aujourd'hui, les lecteurs arrivent dans la SF avec une culture littéraire plus large, plus générale. Chez eux la SF ne serait qu'un genre parmi d'autres (alors que chez moi, c'était LA littérature) - Il est donc possible qu'ils transportent dans la SF des habitudes de lecture venant de la littérature générale - donc, plutôt des romans que des nouvelles.
Bon, évidemment, on peut trouver beaucoup de contre exemple. Tous ceci n'est qu'une hypothèse forcement indémontrable ! (et basée sur un échantillon gigantesque - moi tous seul
)
Peut-être est-ce un effet de génération - La mienne, et plus encore celles venant avant moi, ont été biberonné à la nouvelles !
Pour les suivantes, ce serait plutôt avec des romans - il est probable que les gouts se forment des l'enfance !
En plus, chez moi - venant d'une famille ouvrière - je n'avais aucune culture littéraire - La littérature - Pour moi, c'était la SF et uniquement la SF.
La Grande anthologie dont parle Gérard Klein venant juste à point (et je ne remercierais jamais assez les trois anthologistes pour ça) - Les histoires présentées répondaient exactement aux interrogations et aux préoccupations de l'Ado que j'étais alors - Elle se substitua aux professeurs de lettre qui eux, me parlaient d'une littérature qui n'éveillait rien en moi (sinon ennui et agacement).
Il est possible qu'aujourd'hui, les lecteurs arrivent dans la SF avec une culture littéraire plus large, plus générale. Chez eux la SF ne serait qu'un genre parmi d'autres (alors que chez moi, c'était LA littérature) - Il est donc possible qu'ils transportent dans la SF des habitudes de lecture venant de la littérature générale - donc, plutôt des romans que des nouvelles.
Bon, évidemment, on peut trouver beaucoup de contre exemple. Tous ceci n'est qu'une hypothèse forcement indémontrable ! (et basée sur un échantillon gigantesque - moi tous seul

- M le maudit
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Effectivement, je viens jouer le rôle du contre-exemple. Je suis né en 1982 et je n'ai donc pas connu l'âge d'or de la nouvelle. pourtant, c'est une forme que j'apprécie énormément et qui me semble bien plus délicate à ciseler qu'un roman, même si je me rends compte en vous lisant tous que les avis divergent sur ce point.Papageno a écrit :Personnellement, je préfère aussi les nouvelles.
Peut-être est-ce un effet de génération - La mienne, et plus encore celles venant avant moi, ont été biberonné à la nouvelles !
Pour les suivantes, ce serait plutôt avec des romans - il est probable que les gouts se forment des l'enfance !
En plus, chez moi - venant d'une famille ouvrière - je n'avais aucune culture littéraire - La littérature - Pour moi, c'était la SF et uniquement la SF.
La Grande anthologie dont parle Gérard Klein venant juste à point (et je ne remercierais jamais assez les trois anthologistes pour ça) - Les histoires présentées répondaient exactement aux interrogations et aux préoccupations de l'Ado que j'étais alors - Elle se substitua aux professeurs de lettre qui eux, me parlaient d'une littérature qui n'éveillait rien en moi (sinon ennui et agacement).
Il est possible qu'aujourd'hui, les lecteurs arrivent dans la SF avec une culture littéraire plus large, plus générale. Chez eux la SF ne serait qu'un genre parmi d'autres (alors que chez moi, c'était LA littérature) - Il est donc possible qu'ils transportent dans la SF des habitudes de lecture venant de la littérature générale - donc, plutôt des romans que des nouvelles.
Bon, évidemment, on peut trouver beaucoup de contre exemple. Tous ceci n'est qu'une hypothèse forcement indémontrable ! (et basée sur un échantillon gigantesque - moi tous seul)
Si les goûts se forment essentiellement à l'enfance, j'espère quand même que certains lecteurs sont suffisamment curieux pour butiner dans l'offre littéraire et voir ce qui s'y fait. Pour ma part, ce n'est pas l'école qui m'a conduit à la nouvelle. Du moins pas directement. Au collège, j'avais étudié Le Horla, de Maupassant et cela m'avait beaucoup plu. J'ai ensuite lu les nouvelles fantastiques de Maupassant et de Poe, puis de fil en aiguille j'ai formé mon goût pour la nouvelle.
Par contre, je me rends compte en en parlant autour de moi ou en écoutant les lecteurs de ma bibliothèque, que les nouvelles n'ont effectivement plus bonne presse. Je ne peux pas avancer de réelles explications à cela, le sujet étant généralement balayé d'un lapidaire : "je n'aime pas les nouvelles" (et que ce soit des nouvelles de S-F ou de littérature générale n'entre pour le coup pas en compte, les deux genres sont à égalité pour le coup). Les nouvelles sont, la plupart du temps, dénigrées sans savoir, du moins si j'en crois ma courte expérience en bibliothèque. La mode semble être aux best-sellers en tout genre, mais j'espère que les nouvelles arriveront à se maintenir. Le contraire serait bien triste.
La meilleure preuve que l' homme n' est pas fait pour le travail, c' est que ça le fatigue... (Mark Twain)
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(La nouvelle) a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l'intensité de l'effet. Cette lecture, qui peut être accomplie tout d'une haleine, laisse dans l'esprit un souvenir bien plus puissant qu'une lecture brisée, interrompue souvent par le tracas des affaires et le soin des intérêts mondains. L'unité d'impression, la totalité d'effet est un avantage immense qui peut donner à ce genre de composition une supériorité tout à fait particulière, à ce point qu'une nouvelle trop courte (c'est sans doute un défaut) vaut encore mieux qu'une nouvelle trop longue… Dans la composition tout entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit pas une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité.
Charles Baudelaire,
Notes nouvelles sur Edgar Poe,
cité par Nathalie Prince en préface de son anthologie Petit Musée des horreurs, nouvelles fantastiques, cruelles et macabres, Bouquins, Laffont, 2008
Charles Baudelaire,
Notes nouvelles sur Edgar Poe,
cité par Nathalie Prince en préface de son anthologie Petit Musée des horreurs, nouvelles fantastiques, cruelles et macabres, Bouquins, Laffont, 2008
Modifié en dernier par Gérard Klein le sam. août 01, 2009 11:16 am, modifié 1 fois.
- orcusnf
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( c'est marrant le recueil que je viens finir s'appelait "histoires comme si, devinez l'auteur...)
Néanmoins, si la nouvelle laisse une impression plus forte, et je suis tout a fait d'accord la dessus, le plaisir pris entre les deux n'est pas le même. Avec le roman, il y a le plaisir de la fin, de cette envie de voir le denouement, un denouement longuement reporté et généralement avec brio, ce qui crée une attente qui ajoute au plaisir.J'ai un peu de mal à m'expliquer, mais le roman et le recueil provoquent des sensations totalement différentes chez moi sans être antagonistes. Avec un recueil, il n'y a pas d'impression de fin, il y a le plaisir de la chute de la nouvelle, alors que pour le roman, on sait que c'est fini (logiquement)
et ça se ressent différemment, parce qu'on sait qu'on ne rouvrira plus le roman (dans l'immédiat) et qu'une page se tourne.
Néanmoins, si la nouvelle laisse une impression plus forte, et je suis tout a fait d'accord la dessus, le plaisir pris entre les deux n'est pas le même. Avec le roman, il y a le plaisir de la fin, de cette envie de voir le denouement, un denouement longuement reporté et généralement avec brio, ce qui crée une attente qui ajoute au plaisir.J'ai un peu de mal à m'expliquer, mais le roman et le recueil provoquent des sensations totalement différentes chez moi sans être antagonistes. Avec un recueil, il n'y a pas d'impression de fin, il y a le plaisir de la chute de la nouvelle, alors que pour le roman, on sait que c'est fini (logiquement)
et ça se ressent différemment, parce qu'on sait qu'on ne rouvrira plus le roman (dans l'immédiat) et qu'une page se tourne.
http://www.fantastinet.com l'actualité de la littérature de l'imaginaire
Bon, j'avoue, je n'ai pas tout compris dans ton post, mais je voulais souligner le point avec lequel, probablement, je divergeais des "préféreurs de romans".orcusnf a écrit :Néanmoins, si la nouvelle laisse une impression plus forte, et je suis tout a fait d'accord la dessus, le plaisir pris entre les deux n'est pas le même. Avec le roman, il y a le plaisir de la fin, de cette envie de voir le denouement, un denouement longuement reporté et généralement avec brio, ce qui crée une attente qui ajoute au plaisir.J'ai un peu de mal à m'expliquer, mais le roman et le recueil provoquent des sensations totalement différentes chez moi sans être antagonistes. Avec un recueil, il n'y a pas d'impression de fin, il y a le plaisir de la chute de la nouvelle, alors que pour le roman, on sait que c'est fini (logiquement)
et ça se ressent différemment, parce qu'on sait qu'on ne rouvrira plus le roman (dans l'immédiat) et qu'une page se tourne.
J'aime bien les romans, mais, souvent, je trouve qu'ils trainent en longueur et que, non, ce n'est pas bon de "reporter le dénouement".
Mon rêve, mon idéal, c'est le récit "de la taille parfaite", quand tu dis juste ce que tu as à dire, ni plus, ni moins. Du coup, je ne dis pas que la nouvelle est mieux que la novella qui est mieux que le roman... mais que, selon mes critères, beaucoup de récits gagneraient à une bonne coupe aux ciseaux

- orcusnf
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ah je ne dis pas le contraire, certains romans gagneraient a etre plus courts. D'autres a être plus longs aussi parfois.
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Concernant les transports en commun, je ne pense pas que la durée du trajet ait une influence sur la longueur du texte lu par le consommateur.
A preuve beaucoup de voyageurs francliliens lisent des romans.Ceci implique seulement un mode de lecture différent.C'est à dire par paquet de 10, 15 pages.
Toujours sur les transports en commun, grosso modo (statistiques perso et sans valeur)1/3 des voyageurs patientent,1/3 des personnes lisent un roman, 1/3 tripotent leur mobile (conversation, SMS,jeux...).Et si on proposait à ce dernier tiers un texte court écrit ou audio ?
A preuve beaucoup de voyageurs francliliens lisent des romans.Ceci implique seulement un mode de lecture différent.C'est à dire par paquet de 10, 15 pages.
Toujours sur les transports en commun, grosso modo (statistiques perso et sans valeur)1/3 des voyageurs patientent,1/3 des personnes lisent un roman, 1/3 tripotent leur mobile (conversation, SMS,jeux...).Et si on proposait à ce dernier tiers un texte court écrit ou audio ?
- M le maudit
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Ils font ça au Japon ? Qu'est-ce qu'ils proposent ? Nouvelles ? Extraits de textes ? Premier chapitre d'ouvrages ? Mangas ? Et surtout : est-ce que ça marche ? Il y a une vraie demande pour les textes pour mobiles ?
Si ça marche, ça peut être super intéressant de voir comment ils procèdent. Ce sont des éditeurs spécialisés dans cette forme, ou bien des maisons d'éditions existantes qui se diversifient en proposant des textes sur téléphone ?
Si ça marche, ça peut être super intéressant de voir comment ils procèdent. Ce sont des éditeurs spécialisés dans cette forme, ou bien des maisons d'éditions existantes qui se diversifient en proposant des textes sur téléphone ?
La meilleure preuve que l' homme n' est pas fait pour le travail, c' est que ça le fatigue... (Mark Twain)
Au japon on trouve des roman sur portable. SOuvent de l'autofiction ou des romans à l'eau de rose écrits par des jeunes japonaises sur leur portable.
le numéro été de Books en parle
le numéro été de Books en parle
Les jeunes Japonaises ont inventé un nouveau genre littéraire : l’autofiction en épisodes, qu’elles rédigent sur leurs portables. Un filon pour les éditeurs.
C’est de la folie ! Deep Love, « Le ciel d’amour », « Le fil rouge » et bien d’autres romans du genre se sont vendus à des millions d’exemplaires au Japon. Le genre ? Les keitai shousetsu, les romans écrits sur portable. Depuis quelques années, dans une société nippone très corsetée, les jeunes femmes se ruent sur leurs téléphones mobiles ultramodernes pour exprimer et partager leurs états d’âme. Immédiatement postés sur des sites Internet consacrés à cette nouvelle forme d’écriture, leurs romans rencontrent un succès phénoménal, tant les jeunes Japonaises se reconnaissent dans ces héroïnes qui leur ressemblent. Les maisons d’édition les plus sérieuses publient désormais ces ouvrages faciles, faits de phrases courtes, de mots simples et de grands sentiments. Providence du livre ou crépuscule de la littérature ?
À la fin de l’année, les romans écrits sur portable occupaient quatre des cinq premières places sur la liste des bestsellers de fiction. « Le fil rouge », par une certaine Mei, était numéro deux, avec 1,8 million d’exemplaires vendus. Koizora (« Le ciel d’amour »), par Mika, était numéro un et sa suite figurait à la troisième place : au total, 2,6 millions d’exemplaires des deux tomes avaient été vendus.
Le roman sur portable, ou keitai shousetsu, est le premier genre littéraire à être né à l’ère du téléphone mobile ; et, pour une forme nouvelle, il est étonnamment solide. Maho i-Land, le principal site qui leur est dédié, propose plus d’un million de titres, pour la plupart écrits par des amateurs, tous accessibles gratuitement. Selon les chiffres fournis par l’entreprise, le portail, qui offre également des outils pour créer des blogs et des pages d’accueil, reçoit 3,5 milliards de visites par mois.
Malheureusement, les progrès de la science sont souvent comme une hache dans les mains d’un criminel pathologique - Albert Einstein
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