Mystification extraterrestre et science-fiction
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Mystification extraterrestre et science-fiction
Mystification extraterrestre et science-fiction est le titre d'un article de Joseph Altairac sur Génération Science Fiction.
Je vous mets le début.
"Danse avec les Ummites (1)
Mystification extraterrestre et science-fiction
Décidément, les Ummites, ces pseudo-extraterrestres qui, depuis 1966, inondent de courrer certains naïfs, ont bien réussi leur coup. Voilà qu'au sein même de KBN n°4 (mai 1992), notre ami Francis Valéry nous gratifie d'un passionnant article, "L'Hypothèse anthropomorphique dans l'œuvre romanesque de Chad Oliver : Notes sur la préinscription du phénomène ummite dans la littérature de science-fiction — 1". Et ce n'est visiblement qu'un début. Sans compter que l'actif rédacteur en chef de KBN appelle le monde critique de la science-fiction à suivre son exemple : "Si un plus grand nombre de documents ummites pouvaient circuler dans la communauté SF, il ne fait aucun doute qu'il serait envisageable de poursuivre des recherches à l'intérêt évident" (1). Qu'on se le dise.
Appel entendu… par anticipation, par Michel meurger qui, dans Études lovecraftiennes n°11 (Épiphanie 1992), consacrait cinq pages érudites (2) de critiques à l'ineffable best-seller (100 000 exemplaires vendus ! (3)) de Jean-Pierre Petit, Enquête sur les extraterrestres qui sont déjà parmi nous (Albin Michel, 1991), et ne manquait pas de souligner les rapports nombreux qu'entretient le cocasse canular d'Ummo avec la science-fiction."
Je vous mets le début.
"Danse avec les Ummites (1)
Mystification extraterrestre et science-fiction
Décidément, les Ummites, ces pseudo-extraterrestres qui, depuis 1966, inondent de courrer certains naïfs, ont bien réussi leur coup. Voilà qu'au sein même de KBN n°4 (mai 1992), notre ami Francis Valéry nous gratifie d'un passionnant article, "L'Hypothèse anthropomorphique dans l'œuvre romanesque de Chad Oliver : Notes sur la préinscription du phénomène ummite dans la littérature de science-fiction — 1". Et ce n'est visiblement qu'un début. Sans compter que l'actif rédacteur en chef de KBN appelle le monde critique de la science-fiction à suivre son exemple : "Si un plus grand nombre de documents ummites pouvaient circuler dans la communauté SF, il ne fait aucun doute qu'il serait envisageable de poursuivre des recherches à l'intérêt évident" (1). Qu'on se le dise.
Appel entendu… par anticipation, par Michel meurger qui, dans Études lovecraftiennes n°11 (Épiphanie 1992), consacrait cinq pages érudites (2) de critiques à l'ineffable best-seller (100 000 exemplaires vendus ! (3)) de Jean-Pierre Petit, Enquête sur les extraterrestres qui sont déjà parmi nous (Albin Michel, 1991), et ne manquait pas de souligner les rapports nombreux qu'entretient le cocasse canular d'Ummo avec la science-fiction."
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
Je ne sais pas s'il faut parler ici de fakelore ou de légende urbaine, mais toujours est-il que cet exemple formidable nous introduit dans les frontières de la littérature et de la croyance.
L'exemple fameux du canular d'Orson Welles (dérivé de HG Wells) n'est pas si isolé qu'on ne pourrait l'imaginer. La panique qu'il suscita chez certains de ses auditeurs doit être mise en relation avec le terreau de croyances populaires qui l'ont rendu plausible. Un chercheur avait ainsi tenté de recenser toutes les manifestations du "Cult of Alien Gods" dans l'Amérique banlieusarde et rurale, a priori peu suspecte d'être sensible à cette littérature souvent réduite au lectorat adolecent...Et, à sa plus grande surprise, il avait constaté que ce canevas lovecraftien avait suscité beaucoup d'adeptes littéralistes plus ou moins convaincus de la réalité de ce qu'ils lisaient !
Et, pour rester dans le même monde fictionnel, souvenons-nous de cette fantastique supercherie du Necronomicon qui souleva les fantasmes de générations de lecteurs et reste un modèle d'"hypotexte fictionnel", authentique faux, vrai pseudépigraphe. Mais le jeu de miroirs ne s'arrête pas là, car bien des lecteurs du Cthulhu Mythos veulent se convaincre de l'existence d'Arkham et de sa métagéographie associée, à tel point que certains patelins fort avisés n'ont pas hésité à investir dans de fausses ruines ou musées pour attirer les touristes du "Cthulhuland"....
Bien sûr, dans ces phénomènes à mi-chemin entre fantasme et délire, il est difficile de dénouer ce qui relève d'une forme de jeu (un peu à la manière des LARG/GN depuis longtemps pratiqués par les fans de Doyle) et ce qui participe d'une imagination débridée prête à la confusion (mentale)...
Il faut en effet faire attention à un phénomène minoritaire mais réel : les esprits les moins critiques et les plus fragiles peuvent être la proie des dérives sectaires les plus inquiétantes. Nul besoin de rappeler ici la mythologie scientologue ou les bouffonneries raeliennes, mais les dérives apparaissent même là où on ne les attend pas : ainsi la presse britannique s'était récemment fait l'écho d'une communauté de vie goréenne (inspirée par la morale BDSM véhiculée par les écrits de John Norman) tombée sous la coupe d'un gourou voulant renforcer l'esclavage sexuel en son sein (qu'il baptisa "Kaotian")...
Et ce phénomène, loin de se cantonner à des communautés en perdition, se retrouve également dans toute une nébuleuse d' "Églises" (au sens américain), de sociétés et d'associations très influentes et fortes de nombreux fidèles/adhérents. J'ai déjà évoqué dans un autre topic les interpénétrations profondes entre une certaine SF et les branches du mouvement New Age, avec les débordements sectaires que la presse a relaté avec délices compte tenu de l'appartenance de stars d'Hollywood à ces organisations (transcendantalism, mythopoetic men's movement, ecological self, ecofascism, neoshamanism, transhumanism...).
C'est sans doute là l'une des manifestations les plus fascinantes de la problématique : comment la SF américaine est-elle devenue le socle d'organisations philosophiques, religieuses voire sectaires ? Comment les mouvements les plus respectables (et auxquels sympathisaient des gens aussi dignes de confiance que FH, Asimov, Van Vogt ou Kurzweil) ont-ils laissé la porte ouverte à certaines dérives irrationnelles voire délictuelles ?
Voilà une autre manière d'interroger la place sociétale et culturelle de la SF américaine, en n'oubliant pas qu'elle partage cet étrange privilège avec la littérature fantastique et l'ésotérisme chrétien, eux aussi très riches en pratiques et débordements de toute sorte...
L'"imaginaire" transposé dans le quotidien ne conduit pas nécessairement au sectarisme, il peut aussi offrir des modèles de vie aux individus comme à certaines communautés. Mais l'exemple du gorean movement nous montre que l'abandon des mythologies traditionnelles (christianisme) au profit de nouveaux récits fondateurs n'est pas toujours exempt de régressions. Drôle de paradoxe pour une littérature dont les pionniers se voulaient les chantres de l'émancipation de l'homme moderne ...
L'exemple fameux du canular d'Orson Welles (dérivé de HG Wells) n'est pas si isolé qu'on ne pourrait l'imaginer. La panique qu'il suscita chez certains de ses auditeurs doit être mise en relation avec le terreau de croyances populaires qui l'ont rendu plausible. Un chercheur avait ainsi tenté de recenser toutes les manifestations du "Cult of Alien Gods" dans l'Amérique banlieusarde et rurale, a priori peu suspecte d'être sensible à cette littérature souvent réduite au lectorat adolecent...Et, à sa plus grande surprise, il avait constaté que ce canevas lovecraftien avait suscité beaucoup d'adeptes littéralistes plus ou moins convaincus de la réalité de ce qu'ils lisaient !
Et, pour rester dans le même monde fictionnel, souvenons-nous de cette fantastique supercherie du Necronomicon qui souleva les fantasmes de générations de lecteurs et reste un modèle d'"hypotexte fictionnel", authentique faux, vrai pseudépigraphe. Mais le jeu de miroirs ne s'arrête pas là, car bien des lecteurs du Cthulhu Mythos veulent se convaincre de l'existence d'Arkham et de sa métagéographie associée, à tel point que certains patelins fort avisés n'ont pas hésité à investir dans de fausses ruines ou musées pour attirer les touristes du "Cthulhuland"....
Bien sûr, dans ces phénomènes à mi-chemin entre fantasme et délire, il est difficile de dénouer ce qui relève d'une forme de jeu (un peu à la manière des LARG/GN depuis longtemps pratiqués par les fans de Doyle) et ce qui participe d'une imagination débridée prête à la confusion (mentale)...
Il faut en effet faire attention à un phénomène minoritaire mais réel : les esprits les moins critiques et les plus fragiles peuvent être la proie des dérives sectaires les plus inquiétantes. Nul besoin de rappeler ici la mythologie scientologue ou les bouffonneries raeliennes, mais les dérives apparaissent même là où on ne les attend pas : ainsi la presse britannique s'était récemment fait l'écho d'une communauté de vie goréenne (inspirée par la morale BDSM véhiculée par les écrits de John Norman) tombée sous la coupe d'un gourou voulant renforcer l'esclavage sexuel en son sein (qu'il baptisa "Kaotian")...
Et ce phénomène, loin de se cantonner à des communautés en perdition, se retrouve également dans toute une nébuleuse d' "Églises" (au sens américain), de sociétés et d'associations très influentes et fortes de nombreux fidèles/adhérents. J'ai déjà évoqué dans un autre topic les interpénétrations profondes entre une certaine SF et les branches du mouvement New Age, avec les débordements sectaires que la presse a relaté avec délices compte tenu de l'appartenance de stars d'Hollywood à ces organisations (transcendantalism, mythopoetic men's movement, ecological self, ecofascism, neoshamanism, transhumanism...).
C'est sans doute là l'une des manifestations les plus fascinantes de la problématique : comment la SF américaine est-elle devenue le socle d'organisations philosophiques, religieuses voire sectaires ? Comment les mouvements les plus respectables (et auxquels sympathisaient des gens aussi dignes de confiance que FH, Asimov, Van Vogt ou Kurzweil) ont-ils laissé la porte ouverte à certaines dérives irrationnelles voire délictuelles ?
Voilà une autre manière d'interroger la place sociétale et culturelle de la SF américaine, en n'oubliant pas qu'elle partage cet étrange privilège avec la littérature fantastique et l'ésotérisme chrétien, eux aussi très riches en pratiques et débordements de toute sorte...
L'"imaginaire" transposé dans le quotidien ne conduit pas nécessairement au sectarisme, il peut aussi offrir des modèles de vie aux individus comme à certaines communautés. Mais l'exemple du gorean movement nous montre que l'abandon des mythologies traditionnelles (christianisme) au profit de nouveaux récits fondateurs n'est pas toujours exempt de régressions. Drôle de paradoxe pour une littérature dont les pionniers se voulaient les chantres de l'émancipation de l'homme moderne ...
Modifié en dernier par Askaris le sam. août 15, 2009 1:15 pm, modifié 6 fois.
Euh, c'est quoi le "canular" dans la pièce radiophonique de Welles ? Et le rapport avec la religion ou la croyance ?Askaris a écrit :Je ne sais pas s'il faut parler ici de fakelore ou de légende urbaine, mais toujours est-il que cet exemple formidable nous introduit dans les frontières de la littérature et de la croyance.
L'exemple fameux du canular d'Orson Welles (dérivé de HG Wells) n'est pas si isolé qu'on ne l'imagine.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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J'ai un peu réécrit certains passages pour mieux faire sentir les glissements entre littérature, jeu de rôle, idéal de vie, philosophie, légende urbaine, croyance et sectarisme.Erion a écrit :Euh, c'est quoi le "canular" dans la pièce radiophonique de Welles ? Et le rapport avec la religion ou la croyance ?Askaris a écrit :Je ne sais pas s'il faut parler ici de fakelore ou de légende urbaine, mais toujours est-il que cet exemple formidable nous introduit dans les frontières de la littérature et de la croyance.
L'exemple fameux du canular d'Orson Welles (dérivé de HG Wells) n'est pas si isolé qu'on ne l'imagine.
Le continuum de l'un à l'autre est moins inusuel qu'on ne le suppose à première vue.
Sauf qu'il n'y a PAS eu canular de la part de Welles. Un journaliste a démontré récemment que la panique "gigantesque" a été plus montée par les journaux (pour décrédibiliser la radio, média naissant) qu'une véritable panique avec des millions d'auditeurs terrorisés. La pièce était référencée, à trois moments il était précisé qu'il s'agissait d'une pièce radio.
Certes, il y a eu des appels, etc. Mais pas dans les proportions mythiques.
Donc, parler de "canular" est excessif. Le procédé utilisé par Welles était classique, à la radio britannique (procédé déjà utilisé en 1926 à la BBC), mais inconnu aux USA, d'où le léger effet de surprise.
Plus précisément, au même moment où passait la pièce radio, il y avait un show sur une radio concurrente avec des comiques très célèbres à l'époque, Welles avait calé "l'interruption du programme" sur une pause du show, quand l'auditeur était le plus susceptible de tourner le bouton pour changer de station.
Bref, rien à voir avec l'idée du canular, et de la croyance, mais plutôt un effet de média, lié à une méconnaissance des possibilités d'une part, et la volonté de la presse de faire du sensationnel.
C'est devenu un mythe médiatique, mais qui s'apparente un peu plus aux légendes urbaines qu'à la croyance.
Certes, il y a eu des appels, etc. Mais pas dans les proportions mythiques.
Donc, parler de "canular" est excessif. Le procédé utilisé par Welles était classique, à la radio britannique (procédé déjà utilisé en 1926 à la BBC), mais inconnu aux USA, d'où le léger effet de surprise.
Plus précisément, au même moment où passait la pièce radio, il y avait un show sur une radio concurrente avec des comiques très célèbres à l'époque, Welles avait calé "l'interruption du programme" sur une pause du show, quand l'auditeur était le plus susceptible de tourner le bouton pour changer de station.
Bref, rien à voir avec l'idée du canular, et de la croyance, mais plutôt un effet de média, lié à une méconnaissance des possibilités d'une part, et la volonté de la presse de faire du sensationnel.
C'est devenu un mythe médiatique, mais qui s'apparente un peu plus aux légendes urbaines qu'à la croyance.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Merci de me corriger...mais ce n'est pas la teneur de mon billet, tu fais un contresens...car si tu fais l'effort de lire tout mon post (ce dont je ne doute pas), ce n'est pas tant la volonté ou non de Welles de mystifier qui m'intéresse que la réaction de ses auditeurs. Et plus largement, ce que des phénomènes comme Ummo, Cthulhuland, Roswell, la dianétique ou le New Age nous disent des rapports entre les gens(du "commun") et les "récits fondateurs" colportés par la SF...Erion a écrit :Sauf qu'il n'y a PAS eu canular de la part de Welles. Un journaliste a démontré récemment que la panique "gigantesque" a été plus montée par les journaux (pour décrédibiliser la radio, média naissant) qu'une véritable panique avec des millions d'auditeurs terrorisés. La pièce était référencée, à trois moments il était précisé qu'il s'agissait d'une pièce radio.
Certes, il y a eu des appels, etc. Mais pas dans les proportions mythiques.
Donc, parler de "canular" est excessif. Le procédé utilisé par Welles était classique, à la radio britannique (procédé déjà utilisé en 1926 à la BBC), mais inconnu aux USA, d'où le léger effet de surprise.
Plus précisément, au même moment où passait la pièce radio, il y avait un show sur une radio concurrente avec des comiques très célèbres à l'époque, Welles avait calé "l'interruption du programme" sur une pause du show, quand l'auditeur était le plus susceptible de tourner le bouton pour changer de station.
Bref, rien à voir avec l'idée du canular, et de la croyance, mais plutôt un effet de média, lié à une méconnaissance des possibilités d'une part, et la volonté de la presse de faire du sensationnel.
C'est devenu un mythe médiatique, mais qui s'apparente un peu plus aux légendes urbaines qu'à la croyance.
Bien évidemment, je ne parle pas de NOUS, lecteurs distanciés et critiques, mais de la population américaine telle qu'elle apparaît dans les statistiques et les types médians (ce qui demande à être discuté, mais c'est un autre problème)...Analyse à laquelle il manque d'ailleurs le rôle du cinéma, grand pourvoyeur d'images et de stéréotypes, en particulier celui de la Guerre Froide...
Si tu retrouves la référence je serais curieux de la lireErion a écrit :Sauf qu'il n'y a PAS eu canular de la part de Welles. Un journaliste a démontré récemment que la panique "gigantesque" a été plus montée par les journaux (pour décrédibiliser la radio, média naissant) qu'une véritable panique avec des millions d'auditeurs terrorisés. La pièce était référencée, à trois moments il était précisé qu'il s'agissait d'une pièce radio.
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Sauf que la réaction des auditeurs n'est pas liée aux UFO. Le phénomène de 1926, s'est produit avec une histoire de révolte, Dans les années 40, on a eu le même type d'événement au Chili.Askaris a écrit : la réaction de ses auditeurs. Et plus largement, ce que des phénomènes comme Ummo, Cthulhuland, Roswell, la dianétique ou le New Age nous disent des rapports entre les gens(du "commun") et les "récits fondateurs" colportés par la SF...
Plus récemment, on a eu l'histoire de la division de la Belgique, reportages à l'appui.
Bref, tout ça pour dire que l'histoire de Welles n'a rien à voir avec les ummites, roswell et autres, mais plus avec la question des médias, de leur effet, des phénomènes de crédibilité. Welles aurait utilisé des noirs à la place des ET, c'était pareil. C'est le fait d'avoir un programme qui s'interrompt, l'effet de réel qui produit des conséquences.
Va pas ranger la dianétique et Welles dans le même sac, il n'y a aucun rapport.
Et pour la référence c'est "La guerre des mondes a-t-elle eu lieu" de Pierre Lagrange.
http://www.quebecoislibre.org/05/051115-4.htm
Et je cite un passage intéressant qui montre que ce sont les gens cultivés qui ont colporté le mythe de la panique, histoire de montrer que les masses sont crédules, dangereuses et bêtes :
"Ce sont les gens cultivés, ceux qui sont en général les garants de la vérité et de ce qui est considéré comme étant rationnel ou pas, qui ont plongé comme un seul homme dans cette idée que tout le reste du monde était formé de gens stupides qui étaient prêts à croire n’importe quoi. […] Cette histoire de panique ne tient que si l’on est persuadé effectivement que le public est stupide et prêt à avaler n’importe quelle histoire. Mais si on commence à avoir une idée un peu plus raisonnable des gens, pas comme une espèce de masse informe qui se jette par les fenêtres dès qu’il entend un truc à la radio, on est obligé de réviser notre point de vue parce que si panique il y a eu, c’est un phénomène extrêmement localisé qui concerne une petite partie de la population."
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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Si, il y a rapport dans la mesure où on parle toujours des mêmes gens qu'on chosifie, réifie et fige sous le terme un peu condescendant de "masses"...(Et ta référence est la bienvenue pour nous mettre en garde contre des schématismes convenus et trop facilement répétés sans esprit critique)Erion a écrit :Sauf que la réaction des auditeurs n'est pas liée aux UFO. Le phénomène de 1926, s'est produit avec une histoire de révolte, Dans les années 40, on a eu le même type d'événement au Chili.Askaris a écrit : la réaction de ses auditeurs. Et plus largement, ce que des phénomènes comme Ummo, Cthulhuland, Roswell, la dianétique ou le New Age nous disent des rapports entre les gens(du "commun") et les "récits fondateurs" colportés par la SF...
Plus récemment, on a eu l'histoire de la division de la Belgique, reportages à l'appui.
Bref, tout ça pour dire que l'histoire de Welles n'a rien à voir avec les ummites, roswell et autres, mais plus avec la question des médias, de leur effet, des phénomènes de crédibilité. Welles aurait utilisé des noirs à la place des ET, c'était pareil. C'est le fait d'avoir un programme qui s'interrompt, l'effet de réel qui produit des conséquences.
Va pas ranger la dianétique et Welles dans le même sac, il n'y a aucun rapport.
L'histoire de Welles ne nous parlerait pas de "UFO" à te lire mais de "médias,de leur effet, des phénomènes de crédibilité"...
Et tu cites le récent canular politique de la RTBF ou d'autres évenements de révolte dont j'ignorais l'existence...
Mais justement, au-delà du "cas" Welles utilement démystifié par Lagrange, poussons la logique de ce que tu précises jusqu'au bout : pourquoi les "masses" (ou certains pans de la société) manifestent-elles des réactions de "crédulité" ou au contraire d'"hyper-scepticisme" face aux "MASS-MEDIAS" ?
Le phénomène de Roswell comme les délires sur Xenu ou les soucoupes volantes ne nous parle-t-il pas fondamentalement du rapport à l'information officielle et à la défiance que certains pans de la société continuent de manifester envers et contre tout ?
Je ne voudrais pas noyer la problématique des croyances dérivées de la culture SF dans la vaste question du mythe complotiste et des rumeurs (du genre il n'y a pas eu d'alunissage en 1969), mais à bien y réfléchir, j'observe de réelles connexions entre les 2 phénomènes.
D'un côté, un comportement grégaire (même très limité et circonscrit à certaines parties de la population) ouvert aux manipulations de tous genres et à la propagande (les Martiens des années 50 avaient un fort accent slave...)
De l'autre, un fantasme collectif de recherche ésotérique où tous se convainquent que le discours "officiel" (exotérique) nous cache quelque chose et que la "vérité" est l'affaire de quelques initiés triés sur le volet ...
Ces deux attitudes peuvent sembler contradictoires, mais j'aurais tendance à les ramener au même principe psychologique de base. À savoir, le refus, plus ou moins conscient, d'obéir à un mode particulier de rationnalité, à commencer par celui qui émane des instances scolaires, académiques, médiatiques et politiques.Ce refus pouvant être à certains égards une réaction de "classe" (oh la la, ça va pas faire plaisir ça) face à l'imposition d'un savoir jugé manipulateur et acculturant. Les exemples de cette défiance sont nombreux dans le Sud, mais on les retrouve sans peine (sous d'autres formes) dans nos pays industriels...
C'est sur ces bases là que prospère l'idée d'un ailleurs, d'un arrière-monde, toujours menaçant...horizon à la fois craint et fantasmé. De ce point de vue, les débordements de la culture "ufologique" ou sci-fiste viennent s'inscrire dans un cadre bien plus large et flou qui associe pêle mêle millénarismes, théories du complot, eschatologies sectaires et rumeurs en tout genre...
On peut donc se demander si le matériel SF n'est que le support à des phénomènes qui le dépassent ou la matrice d'un rapport particulier au monde pour certains individus et groupes ? Ce que j'appelais plus haut "substitution de discours fondateur". Je n'ai pas la réponse.
Modifié en dernier par Askaris le sam. août 15, 2009 3:22 pm, modifié 3 fois.
- Eons
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Il y a bel et bien eu une panique, mais celle-ci s'est limitée dans les faits à quelques centaines de personnes, un millier tout au plus. Ce sont les journaux qui ont transformé le lézard en godzilla.Askaris a écrit :Si tu retrouves la référence je serais curieux de la lireErion a écrit :Sauf qu'il n'y a PAS eu canular de la part de Welles. Un journaliste a démontré récemment que la panique "gigantesque" a été plus montée par les journaux (pour décrédibiliser la radio, média naissant) qu'une véritable panique avec des millions d'auditeurs terrorisés. La pièce était référencée, à trois moments il était précisé qu'il s'agissait d'une pièce radio.(car de ce côté-ci de l'Atlantique, Bazin dans les Cahiers du Cinéma -2002- semble reprendre la "légende" sans la mettre en doute)
Malheureusement, je constate que même Wikipédia continue à parler d'un million d'auditeurs paniqués et de chaos dans tout NY... Alors que le chaos en question n'a jamais été que celui, fictif, annoncé dans l'émission elle-même.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr
Je suis effaré de voir que, chez des gens un peu cultivés, on puisse mentionner le mot "canular" à propos de l'émission d'Orson Welles.
Décidément, rien n'a changé, c'est comme à la fin de L'Homme qui tua Liberty Valance": on imprime la légende...
Cela dit, j'irai même un peu plus loin: j'avoue n'avoir jamais rien lu de bien sérieux, MEME sur les quelques personnes qui auraient été paniquées... Par contre, plein d'articles qui disent... "qu'il a été dit" qu'il y avait eu de la panique... Mais là, je veux bien discuter, et je serais heureux de voir des documents précis à ce sujet.
Oncle Joe
Décidément, rien n'a changé, c'est comme à la fin de L'Homme qui tua Liberty Valance": on imprime la légende...
Cela dit, j'irai même un peu plus loin: j'avoue n'avoir jamais rien lu de bien sérieux, MEME sur les quelques personnes qui auraient été paniquées... Par contre, plein d'articles qui disent... "qu'il a été dit" qu'il y avait eu de la panique... Mais là, je veux bien discuter, et je serais heureux de voir des documents précis à ce sujet.
Oncle Joe
Il faut croire qu'il ny a pas que les "masses" à se laisser mystifier par des "mythes" culturels.Lensman a écrit :Je suis effaré de voir que, chez des gens un peu cultivés, on puisse mentionner le mot "canular" à propos de l'émission d'Orson Welles.
Décidément, rien n'a changé, c'est comme à la fin de L'Homme qui tua Liberty Valance": on imprime la légende...
Cela dit, j'irai même un peu plus loin: j'avoue n'avoir jamais rien lu de bien sérieux, MEME sur les quelques personnes qui auraient été paniquées... Par contre, plein d'articles qui disent... "qu'il a été dit" qu'il y avait eu de la panique... Mais là, je veux bien discuter, et je serais heureux de voir des documents précis à ce sujet.
Oncle Joe
Ça me rappelle ce pauvre Shakespeare dont beaucoup de gens très estimables continuent à penser qu'il n'était qu'un prête nom....(il faudra demander à Dieu l'avis de la Société des Immortels)
Je ne sais si cette allusion s'adresse à moi ou au camarade Eons, mais dans tous les cas le cas Welles ne constituait pas l'essentiel de mon argumentaire. J'ignore pourquoi il intéresse tant de monde, mais c'est là un point marginal et non décisif de mon premier post (....après, on peut aussi prendre ce cas emblématique et ouvrir une discussion dessus...).Lensman a écrit :Par contre, il y a une envie, visiblement, de beaucoup de commentateurs, et pas forcément idiots, de croire que c'est le cas. C'est cela qui serait intéressant à étudier...
Oncle Joe
Modifié en dernier par Askaris le lun. août 31, 2009 6:19 pm, modifié 1 fois.