MEMORIA de Laurent GENEFORT
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- Roland C. Wagner
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- Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am
D'accord avec toi. En prime, il me semble qu'avant d'émettre un avis sur un livre, il faut bien considérer les objectifs de l'auteur. S'il a choisi tel ou tel type de narration, telle ou telle manière de traiter tel ou tel thème, on peut supposer qu'il a une raison, voire plusieurs.
Laurent Genefort est un auteur beaucoup plus… disons cérébral que Dan Simmons. C'est sensible dans l'approche science-fictive (il suffit de comparer la qualité et la nature de la construction d'univers à la base du Cycle d'Omale avec celle des Cantos d'Hypérion), et aussi dans l'emploi des émotions. Simmons manipule son lecteur sur le plan émotionnel, tandis que, chez Genefort, les émotions ont en général nettement moins d'importance. Et ça, c'est un choix, en vue de raconter une histoire.
Personnellement, j'admire beaucoup la retenue et l'efficacité dont fait preuve Greg Egan dans certaines de ses meilleurs textes : non seulement l'émotion est dosée avec soin, mais elle découle inéluctablement de la situation science-fictive. A contrario, le traitement qu'en fait Dan Simmons, avec cette mise en avant de l'émotion, me paraît plus typique de l'horreur dite moderne : il n'y a pas de différence significative sur ce plan entre Hypérion et L'Échiquier du mal.
Laurent Genefort est un auteur beaucoup plus… disons cérébral que Dan Simmons. C'est sensible dans l'approche science-fictive (il suffit de comparer la qualité et la nature de la construction d'univers à la base du Cycle d'Omale avec celle des Cantos d'Hypérion), et aussi dans l'emploi des émotions. Simmons manipule son lecteur sur le plan émotionnel, tandis que, chez Genefort, les émotions ont en général nettement moins d'importance. Et ça, c'est un choix, en vue de raconter une histoire.
Personnellement, j'admire beaucoup la retenue et l'efficacité dont fait preuve Greg Egan dans certaines de ses meilleurs textes : non seulement l'émotion est dosée avec soin, mais elle découle inéluctablement de la situation science-fictive. A contrario, le traitement qu'en fait Dan Simmons, avec cette mise en avant de l'émotion, me paraît plus typique de l'horreur dite moderne : il n'y a pas de différence significative sur ce plan entre Hypérion et L'Échiquier du mal.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
الكاتب يكتب
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ATTENTION - TRES TRES GROS SPOILER
Pour Roland et les autres, qui ont déjà lu le livre.
Pour Roland et les autres, qui ont déjà lu le livre.
En fait, ce qui me gène dans le traitement très "cérébral", c'est que le roman repose sur la capacité d'une IA à atteindre l'humanité.
C'est ce qui sous-tend tout le roman, c'est ce que nous est dit clairement à la fin d'ailleurs.
"L'IA a, de part ses différentes "incarnations" pu acquérir ce qui lui manquait : l'humanité."
Or je trouve qu'on ne retrouve pas tant que ça cette humanité dans le texte.
L'IA est trop analytique et j'aurais préféré qu'elle soit plus humaine, comme un Dan Simmons peut le faire (d'où mon exemple).
Pour l'histoire de ma lecture, je trouvais, au fil des pages, que vraiment le héros manquait de sentiments et que c'était très froid comme écriture.
Puis on arrive à la page 227 ou 217 je ne suis plus sûr, et là j'ai crié au génie.
Mais oui, le héros est une IA, donc la manière dont le roman est écrit est excellente.
Qu'il est fort ce genefort, jouer sur le style de narration pour amener à ça...
Puis on arrive à la fin du bouquin, et là il est dit que par ses expériences cette IA peut prétendre à l'humanité.
Et là je suis déçu. Finalement ce n'était peut être pas fait exprès, et c'est plus le style de l'auteur, qu'un choix lié à un écrit à la première personne s'adaptant vraiment bien à la mentalité du personnage.
C'est ça que j'ai trouvé dommage.
- bormandg
- Messages : 11906
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En bref, le roman est une variation, à mon avis intéressante et réussie, même si un roman ne saurait tenir lieu d'expérience concluante, et d'ailleurs il n'a pas cette prétention, du problème de Turing. 

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Je m'excuse de ma réaction un peu tardive, mais je manque un peu de temps.
Je ne suis pas aussi qualifié que certains intervenants
, aussi mon avis n'est peut être pas le plus pertinent.
Je pense que s'il peut-être intéressant de comparer la façon dont les auteurs abordent ou auraient pu aborder une idée, en tirer une appréciation qualitative est ardu.
HYPERION m'a beaucoup marqué à l'époque où je l'ai lu, le parcours des différents protagonistes m'ayant vraiment passionné.
Mais Il n'empêche que MEMORIA m'a fait passer un excellent moment et que je compte bien lire d'autres ouvrages de Laurent GENEFORT.
Je ne suis pas aussi qualifié que certains intervenants

Je pense que s'il peut-être intéressant de comparer la façon dont les auteurs abordent ou auraient pu aborder une idée, en tirer une appréciation qualitative est ardu.
HYPERION m'a beaucoup marqué à l'époque où je l'ai lu, le parcours des différents protagonistes m'ayant vraiment passionné.
Mais Il n'empêche que MEMORIA m'a fait passer un excellent moment et que je compte bien lire d'autres ouvrages de Laurent GENEFORT.
J'aurais finalement jamais du parler d'Hyperion...
Car je ne compare pas les 2 romans, ils n'ont rien en commun.
Ce que je veux dire, c'est que je trouve que quand on raconte l'histoire d'un homme qui a perdu jusqu'au souvenir de son nom, qui vit en absorbant les souvenirs des autres, et qui ne se rappelle même pas sa propre vie, qui ne vit que pour tuer sans même se rappeler pourquoi il le fait... cela doit jouer dans la manière dont on le décrit et aussi sur son état d'esprit.
Or je trouve qu'on ne le retrouve pas vraiment dans le roman.
Cette sorte d'état d'esprit dont je parle, je trouve que Dan Simmons, par exemple, est très fort pour la rendre. Gene Wolfe est aussi très bon sur ce type de personnage.
Et je trouve ça finalement un peu dommage, parce que je suis persuadé que ça aurait fait un bien meilleur roman.
C'est juste mon ressenti sur ce livre, et ça m'arrive assez rarement (voire jamais) de fermer un livre en me disant "Machin l'aurais mieux traité", voilà pourquoi j'en ai parlé.

Car je ne compare pas les 2 romans, ils n'ont rien en commun.
Ce que je veux dire, c'est que je trouve que quand on raconte l'histoire d'un homme qui a perdu jusqu'au souvenir de son nom, qui vit en absorbant les souvenirs des autres, et qui ne se rappelle même pas sa propre vie, qui ne vit que pour tuer sans même se rappeler pourquoi il le fait... cela doit jouer dans la manière dont on le décrit et aussi sur son état d'esprit.
Or je trouve qu'on ne le retrouve pas vraiment dans le roman.
Cette sorte d'état d'esprit dont je parle, je trouve que Dan Simmons, par exemple, est très fort pour la rendre. Gene Wolfe est aussi très bon sur ce type de personnage.
Et je trouve ça finalement un peu dommage, parce que je suis persuadé que ça aurait fait un bien meilleur roman.
C'est juste mon ressenti sur ce livre, et ça m'arrive assez rarement (voire jamais) de fermer un livre en me disant "Machin l'aurais mieux traité", voilà pourquoi j'en ai parlé.
Jeffx, je pense que je comprends ce que tu veux démontrer au travers de tes différentes interventions.
Petit SPOILER
Petit SPOILER
Mais le personnage, de part sa nature originelle, peut très bien fonctionner un long moment dans une forme de routine (là je rejoins ton spoiler du 13 septembre) puis finalement atteindre une forme de conscience plus "humaine" et vouloir s'affranchir de son ancienne condition en effectuant un ultime transfert.