Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 3:11 pm

Roland C. Wagner a écrit :Je ne souhaite rien, à part continuer à écrire les bouquins que j'ai envie d'écrire jusqu'au jour où je n'en aurai plus la capacité. (Et il y a de fortes chances que les bouquins en question soient de la science-fiction.)
Tu ne souhaites pas les publier et gagner ta vie avec ?
Sinon, j'ai du mal à répondre à la suite, vu que je ne comprends pas très bien ce que tu entends par "recettes jeunesses qui fonctionnent".
Tu as dit plus haut que la crise de la sf était com-mer-ciale. Je pensais qu'en faisant un parallèle avec la littérature jeunesse, tu sous-entendais qu'avec les moyens commerciaux adéquats (cf le rouleau-compresseur de Wiz chez Albin, par exemple), on pouvait renverser la tendance. Ce n'est pas ce que tu voulais dire ?
(A la limite, je préférerais car ma compétence dans le domaine est proche de zéro, pour répondre aussi au Navire.)

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Lensman
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Message par Lensman » mar. nov. 10, 2009 3:25 pm

Vécu collectif, on y revient.
Pour qu'il y ait SF, il ne suffit pas d'une ensemble de titres où on va dire "ça, c'est de la SF", ou "il y a des aspects" SF", ou "on voit que ce untel connaît la SF" (on est content pour lui...), etc. Il faut des directeurs de collection (ou de revue, mais c'est en crise depuis longtemps pour ce support, ce qui ne veut pas dire qu'il faut négliger les modestes lumières qui brillent toujours) qui encouragent (voire imposent) leurs idées, des lecteurs qui la reconnaissent, la demandent, des critiques qui y réagissent... Bref, une communauté, même si évidemment et heureusement, ce n'est pas aussi formel que ça, dans le monde réel.
Alors, qu'il y ait un passage à vide, c'est sûr. Que la SF s'endorme (je ne sais pas pourquoi on parle parfois de "mort", alors que cela ressemble simplement à de la torpeur...). Et alors? aux écrivains d'écrire, aux éditeurs d'acheter des manuscrits de SF, aux lecteurs de lire les livres de SF en question. Si des éléments de la chaîne fonctionnent au ralenti, c'est dommage, mais il faut maintenir la machine SF en état de fonctionnement, et non pas l a démantibuler et disperser des composantes un peu partout.
Et de toute façon, si la dispersion doit se faire, elle se fera. Par contre, je ne vois pas l'ombre d'un intérêt à encourager le mouvement.
Oncle Joe

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Eons
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Message par Eons » mar. nov. 10, 2009 3:25 pm

Lem a écrit :C'est pourquoi je repose ma question "romaine" : que veut-on dire quand on dit sf ?
système formel ?
:arrow:
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Erion
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Message par Erion » mar. nov. 10, 2009 3:28 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :C'est à partir du "on" que tu auras ta définition de la SF, pas en cherchant cette définition (parce que chacun va donner une définition qui correspond à l'image qu'il a de lui-même).
En soi, il me semble que c'est déjà une définition : la sf dont tu parles (qui se définit ainsi) est avant toute chose une intersubjectivité – un vécu collectif. Les définitions individuelles qui pourraient être données ensuite auront moins d'importance que ce fait premier, qui les englobe.
Oui/non/erreur d'interprétation ?
Hm, c'est toi qui a posé la question "que veut-on dire par", ce qui implique déjà, le "vécu collectif". Si je pose la question "que veut-on dire par marteau", ce sera la même chose (parce que je peux utiliser mon poing, une brique, ou tout ce qu'on veut pour enfoncer un clou).

Ce qui paraît t'intéresser, c'est la représentation, plus que la définition. Mais dans tous les cas, il faut savoir qui parle.

Parce que si tu fais la somme de toutes ces définitions, tu obtiendras comme réponse que la SF est variée (ce que nous savons tous).
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 3:30 pm

Lensman a écrit :Il a fallu le coup de pied aux fesses de l'arrivée de la SF américaine après la guerre pour réveiller ce petit monde de sa torpeur. Peut-être retourne-t-il doucement dans cette situation de demi-sommeil du temps d'avant. Dommage.
Personne ne sait mieux que toi combien l'histoire est plus longue que ça. Il n'y a pas eu un coup de pied aux fesses – mais de multiples et dans les deux sens de l'Atlantique (pour ne parler que des US et de la France).
– Il y a des sources françaises dans l'œuvre de Poe.
– La traduction de Poe a carrément changé l'histoire de la littérature et la poésie ici.
– Verne n'existe pas sans Poe, mais c'est Verne (et non Poe) qui entraîne le monde dans le sillage de la protoSF géographico-technique.
– Et c'est par réaction aux limites de cette protosf que Wells apparaît comme un nouveau coup de pied salvateur (Verne traçant lui-même ses propres limites : "j'utilise la science, il l'invente").
– Et il y a autant la conscience d'avoir inventé encore autre chose que, peut-être, un brin de nationalisme, dans le fait que Gernsback commence à revendiquer, au début des années 30, la paternité d'une science-fiction authentiquement américaine.
– Et il y a l'éblouissement devant cette sf-là qui réveille la sff à partir de 1950
– Et ce sont les créateurs graphiques nés dans cet éblouissement (dans les pages de garde d'Opta et les couves de Fiction, Druillet, Mœbius, and co) qui font basculer le graphisme sf dans la modernité à partir des années 70 (Heavy Metal)
– Et il y a les anglais et un certain australien qui secouent le cocotier au début des années 90
Les coups de pied circulent. Ils n'ont certes pas la même force, la même importance mais voir dans Gernsback le seul fait décisif de l'histoire de la sf… Non.
L'histoire continue. Reste à comprendre/deviner/organiser vers quoi elle va.

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Lensman
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Message par Lensman » mar. nov. 10, 2009 3:39 pm

La proto SF, qui me passionne, c'est la proto SF. Au milieu du grand machin informe (que j'étudie) que Versins appelait "conjecture romanesque rationnelle" (sans doute, en très gros, ton fameux "club") il y a quelque chose de beaucoup plus spécifique et radical, avec son fonctionnement très particulier, qui est la SF. L'américaine est la mieux structurée, la plus formidable, C'est un objet singulier, puissant mais fragile aussi, qui demande de l'entretien, de l'investissement et de l'affection (un Me 262, au milieu des autres avions du temps, pour ceux qui aiment les métaphores poétiques). Celle-là, d'ailleurs, ses ennemis la reconnaissent d'instinct, au nez. Comme ses passionnés...
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 3:53 pm

Erion a écrit :Hm, c'est toi qui a posé la question "que veut-on dire par", ce qui implique déjà, le "vécu collectif".
Je pensais que ce "on" serait plus neutre que ça. Si j'avais postulé le vécu collectif d'entrée de jeu, j'aurais dit "nous".
Quoi qu'il en soit, ce vécu, tel que le condense Oncle, ne me semble pas du tout menacé de dilution. Internet, c'est le biotope communautaire ultime de ce point de vue. On n'a même plus besoin d'organes éditoriaux physiques : on peut faire des encyclopédies en ligne, citer toutes les images que l'on veut, publier toutes les recherches imaginables, "rééditer" des introuvables et parler, parler, parler.
Ce que je demandais en posant la question "que veut-on dire par", c'est plutôt ceci : la disparition du marquage (dans l'hypothèse où l'avenir éditorial de la sf l'impliquerait, ce que je crois plus ou moins inévitable mais qui n'est pas prouvé) implique-t-elle forcément une dilution, un affadissement ? Et si oui, pourquoi ? Quel est le lien entre le label et les textes produits ?
Et j'édite pour ajouter une précision : quel est le lien aujourd'hui ?

Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 4:00 pm

Lensman a écrit :Et de toute façon, si la dispersion doit se faire, elle se fera. Par contre, je ne vois pas l'ombre d'un intérêt à encourager le mouvement.
Dans cette hypothèse, j'en vois un très grand, Oncle : c'est nous qui l'organisons, en connaissance de cause, plutôt que des gens pour qui la sf n'est qu'une chose comme une autre.
(Ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs.)

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. nov. 10, 2009 4:00 pm

Détendez-vous, les enfants…
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Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 4:06 pm

Histoire secrète people. Marrant.
(Mais tu n'as pas répondu à ma question Roland. Tes livres, tu veux aussi les vendre, n'est-ce pas ? Et en vivre ?)

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Lensman
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Message par Lensman » mar. nov. 10, 2009 4:12 pm

Lem a écrit : (Ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs.)
Bonjour la perspective... Mieux vaut, me semble-t-il, organiser des choses qui resteront peut-être mystérieuses... mais pour les autres...
Oncle Joe

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. nov. 10, 2009 4:22 pm

Lem a écrit :(Mais tu n'as pas répondu à ma question Roland. Tes livres, tu veux aussi les vendre, n'est-ce pas ? Et en vivre ?)
Ouaip. Ouaip.

Jusque-là, ça va.
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Message par Atv' » mar. nov. 10, 2009 4:47 pm

Le mot SF en lui-même est déjà une métonymie : le rayon SF des librairies contenant autant de SF (dont je me garderai bien de donner une définition, mais supposons qu'elle existât au moins un jour) que de genres qu'on aime ranger à côté, le mot SF a fini par désigner tout ce qu'on trouve dans ce rayon. Pour s'économiser quelques périphrases, on va l'utiliser comme une grosse louche. Puis on va s'en vouloir et on va songer à ranger tout ça un peu mieux, sentant bien qu'on ne peut pas mettre Clarke dans la même case que Matheson. Alors, comme il faut bien prendre le problème par un bout, on va revenir à l'étymologie, on va parler de fiction spéculative. Ou alors, on va revenir aux racines et considérer les pionniers du genre. Ou bien, on va se référer aux spécialistes. Comme ils ne sont pas d'accord, on va, tel un juré d'assises, chercher sa conviction intime.

Je ne sais pas pour vous, mais ce qui précède reflète à peu près ma position. Si déjà on ne peut pas être d'accord avec soi-même, ça me semble mal barré pour arriver à un consensus.

Et en tant que lecteur, je m'en tape royalement. Maintenant, je comprends que ça ait de l'importance pour un écrivain ou un éditeur cherchant à positionner une œuvre afin de la vendre. Ainsi que pour une communauté convaincue de sa cohésion mais curieuse de son pourquoi.

Et puis, si les débats vains ne sont pas essentiels, je ne vois pas ce qui l'est.

Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 4:49 pm

Roland >

Eh bien, la suite semble assez logique.
Baxter, Dick, Gibson, Robinson, Bordage, Simmons, Reynolds, Spinrad sont publiés et/ou réédités hors-label, apparemment au bénéfice de tout le monde. (Je ne prends à dessein que des auteurs "genre" et des livres "genre", et j'écarte à dessein toute problématique de type transfiction.) Il n'y a aucune raison pour que nous ne fassions pas la même chose.
Toujours d'accord ?

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. nov. 10, 2009 4:56 pm

Lem a écrit :Roland >

Eh bien, la suite semble assez logique.
Baxter, Dick, Gibson, Robinson, Bordage, Simmons, Reynolds, Spinrad sont publiés et/ou réédités hors-label, apparemment au bénéfice de tout le monde. (Je ne prends à dessein que des auteurs "genre" et des livres "genre", et j'écarte à dessein toute problématique de type transfiction.) Il n'y a aucune raison pour que nous ne fassions pas la même chose.
Toujours d'accord ?
Oui.

C'est une pure question de montant sur le chèque.

Ne crois pas que je ne te vois pas venir.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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