Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. nov. 10, 2009 4:57 pm

Atv' a écrit :Pour s'économiser quelques périphrases, on va l'utiliser comme une grosse louche.
Tu viens de rappeler pourquoi je prends soin d'employer "science-fiction", qui est de mon point de vue un quasi-synonyme de "speculative fiction".
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Erion
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Message par Erion » mar. nov. 10, 2009 5:01 pm

Roland C. Wagner a écrit :
Oui.

C'est une pure question de montant sur le chèque.
Ca me rappelle l'anecdote sur Vonnegut, ça.

Il faisait tout son possible pour publier ses nouvelles dans des revues non-SF. Il se battait pour ça. Il voulait être publié par des magazines de littérature générale, sans avoir l'étiquette SF, et il écrivait les nouvelles pour ça. Parfois il n'y parvenait pas, et les publiait dans des revues SF. C'était un échec pour lui.

Pourquoi ?
Les revues de littgen payaient 5c le mot, celles de SF 1c.

A quoi ça tient les étiquettes.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 5:21 pm

Il serait très naïf de prétendre que le débat en cours est purement théorique et lttéraire. Le business est une partie de l'équation. La "question romaine", à mes yeux, c'est justement une manière d'éviter qu'il ne soit question que de business. (Un jour ou l'autre, on reparlera de métaphysique, justement dans cette optique ; on reparlera aussi de science ; on fait juste un long détour).
1) le système éditorial marqué semble à bout de souffle
2) mais la situation prouve qu'on peut parfaitement publier de la SF "genre" hors-label.
2bis) cette diffusion prouve aussi qu'une bonne partie des codes, des tropes, des gimmicks "genre" sont passés dans le grand public (pour ne rien dire de leur popularisation par les autres médias).
3) par ailleurs, il existe désormais une zone d'interaction entre sf "genre" et littérature.
3bis) Elle n'est pas apparue comme ça, ex nihilo, mais est le fait d'auteurs pour qui la sf est une ressource normale de la littérature. Ces auteurs ne sont pas spécialisés ; ils empruntent à la sf ce dont ils ont besoin, quand ils le veulent, pour certains ivres seulement (voire certaines parties d'un livre). Parmi eux se trouvent quelques-uns des écrivains qui ont le plus animé le paysage littéraire ces dernières années : Pynchon, Houellebecq, Murakami, etc.
4) il existe donc un continuum qui va des plus obscurs fanzines jusqu'aux collections blanches les plus soutenues.
Oui/non ?
Modifié en dernier par Lem le mar. nov. 10, 2009 5:35 pm, modifié 1 fois.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. nov. 10, 2009 5:23 pm

Si la science-fiction était un liquide, elle imprègnerait l'éponge de la société contemporaine.

Avec deux u.
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Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 6:11 pm

l'éponge de la société contemporaine.
Je vais prendre ça pour un oui.
Donc…
La SF comme vécu collectif n'est pas menacée.
La SF "genre" a un avenir commercial puisqu'elle exporte hors collections dédiées certaines de ses plumes les plus pointues.
Deux bonnes nouvelles en une seule journée.

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Erion
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Message par Erion » mar. nov. 10, 2009 6:17 pm

Lem a écrit :
l'éponge de la société contemporaine.
Je vais prendre ça pour un oui.
Donc…
La SF comme vécu collectif n'est pas menacée.
La SF "genre" a un avenir commercial puisqu'elle exporte hors collections dédiées certaines de ses plumes les plus pointues.
Deux bonnes nouvelles en une seule journée.
Dommage que les deux ne se recouvrent pas.
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. nov. 10, 2009 6:17 pm

Lem a écrit :La SF "genre" […] exporte hors collections dédiées certaines de ses plumes les plus pointues.
Des noms ?
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Lensman
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Message par Lensman » mar. nov. 10, 2009 6:19 pm

Lem a écrit :Il serait très naïf de prétendre que le débat en cours est purement théorique et lttéraire. Le business est une partie de l'équation. La "question romaine", à mes yeux, c'est justement une manière d'éviter qu'il ne soit question que de business. (Un jour ou l'autre, on reparlera de métaphysique, justement dans cette optique ; on reparlera aussi de science ; on fait juste un long détour).
1) le système éditorial marqué semble à bout de souffle
2) mais la situation prouve qu'on peut parfaitement publier de la SF "genre" hors-label.
2bis) cette diffusion prouve aussi qu'une bonne partie des codes, des tropes, des gimmicks "genre" sont passés dans le grand public (pour ne rien dire de leur popularisation par les autres médias).
3) par ailleurs, il existe désormais une zone d'interaction entre sf "genre" et littérature.
3bis) Elle n'est pas apparue comme ça, ex nihilo, mais est le fait d'auteurs pour qui la sf est une ressource normale de la littérature. Ces auteurs ne sont pas spécialisés ; ils empruntent à la sf ce dont ils ont besoin, quand ils le veulent, pour certains ivres seulement (voire certaines parties d'un livre). Parmi eux se trouvent quelques-uns des écrivains qui ont le plus animé le paysage littéraire ces dernières années : Pynchon, Houellebecq, Murakami, etc.
4) il existe donc un continuum qui va des plus obscurs fanzines jusqu'aux collections blanches les plus soutenues.
Oui/non ?
Je ne vois pas ce que tu tires de cela. Si les auteurs de SF n'ont pas le choix (les collections SF ne marchent plus assez), il est logique qu'ils proposent leurs ouvrages ailleurs, et tant mieux s'ils arrivent. Que faire d'autre? Mais pour le genre, c'est une régression.
A chaque fois qu'on ressort Pynchon, Houellebecq, et Murakami, ça me fait rigoler: je n'ai pas lu le dernier (j'aurai peut-être une bonne surprise), donc je ne peux rien dire, mais les deux premiers ne sont pas des auteurs qui m'intéressent (un auteur qui m'intéresse? Baxter, ou Watts, pour donner des exemples. J'ai des goûts simples). Je ne vois pas ce que ça a de rassurant ou de positif, ni d'exaltant, pour moi en tout cas. Tout ce que je vois, c'est que ça serait de plus en plus compliqué de repérer les bouquins de SF dans cet océan de publication. Et on se retrouverait dans la situation d'avant la science-fiction, avant l'époque où elle était publiée, en gros, dans des collections spécialisées.
A mon sens, tu surestimes de façon considérable la curiosité de l'ensemble du public, qui a besoin de voir des choses relativement clairement désignées pour s'y retrouver. Et j'insiste, on se retrouve dans la situation d'avant la caractérisation de la science-fiction. Sans structuration, la SF perdra l'essentiel de son intérêt, pour ressembler à tout le reste. Un petit poil de spéculette par Ci, un brin de philosophie conjecturale par là, un cln d'œil uchronique... du dilué, du fade, du faux chocolat.
Il est possible que ce soit inévitable. Tans pis, si c'est le cas.
Tans pis: je ne voit pas ce qu'on peut dire d'autre. Le reste, c'est de la méthode Coué (bon, il paraît que ça marche dans certains cas…).
A mon avis, tu rêves (tout va bien, tant que tu ne laisses ton rêve devenir ton maître, comme disait une excellent écrivain qui a un peu donné dans le merveilleux scientifique...)
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le mar. nov. 10, 2009 6:24 pm, modifié 1 fois.

Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 6:24 pm

Roland C. Wagner a écrit :Des noms ?
J'en ai donné plus haut Roland.
Baxter (Presses), Dick (10/18 @ alii), Gibson (Diable), Robinson (Presses), Bordage (Diable & Folio), Simmons (Laffont), Reynolds (Presses), Spinrad (tu sais bien).
On n'est quand même dans la dentelle transgenre.

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Lensman
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Message par Lensman » mar. nov. 10, 2009 6:35 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Des noms ?
J'en ai donné plus haut Roland.
Baxter (Presses), Dick (10/18 @ alii), Gibson (Diable), Robinson (Presses), Bordage (Diable & Folio), Simmons (Laffont), Reynolds (Presses), Spinrad (tu sais bien).
On n'est quand même dans la dentelle transgenre.
Nous, on s'y retrouve. Mais ce qui est en train de se passer, c'est que le public va retenir des noms, ce qui est un phénomène bien normal. Avec la collection spécialisée, tu peux publier quelqu'un d'inconnu, et un partie importante des amateurs va essayer de le lire, parce qu'il est dans une collection de SF. Le genre avance, les lecteurs comparent.
Avec la disparition des collections, l'aspect collectif de l'aventure SF risque de disparaître. On revient de manière EXCLUSIVE à l'auteur/individu: je lis du Untel, et non plus je lis de la SF.
Ce serait une grande perte pour moi. Sans doute, certains seront indifférents à cela, sans doute certains s'en réjouiront. C'est la vie, comme dirait Gilles.
Oncle Joe

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DuncanI
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Message par DuncanI » mar. nov. 10, 2009 6:36 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Des noms ?
J'en ai donné plus haut Roland.
Baxter (Presses), Dick (10/18 @ alii), Gibson (Diable), Robinson (Presses), Bordage (Diable & Folio), Simmons (Laffont), Reynolds (Presses), Spinrad (tu sais bien).
On n'est quand même dans la dentelle transgenre.
Oui, certes ils sont publiés hors collections spécialisées mais ça ne les empêche pas d'être mis en vente dans les rayons SF/Fantasy des librairies. Et de s'y vendre bien mieux que s'ils étaient noyés dans la surproduction Litt. Gen.

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Erion
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Message par Erion » mar. nov. 10, 2009 6:36 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Des noms ?
J'en ai donné plus haut Roland.
Baxter (Presses)
http://livre.fnac.com/a2712453/Stephen- ... &Nu=5&Fr=0

(référencé à la Fnac sous Collection : Science-Fiction)
Dick (10/18 @ alii)
http://livre.fnac.com/a304722/Philip-Ki ... &Nu=1&Fr=0

(référencé "Domaine étranger")
Robinson (Presses),
http://livre.fnac.com/a2440577/Kim-Stan ... Nu=39&Fr=0

(référencé "Science-fiction")

Etc. Diable Vauvert n'est pas vraiment comparable aux Presses et c'est avant tout Bordage et Ayerdahl que les phénomènes de genre.

Quand on fait le tour, les seuls cas qui correspondent, c'est P.K. Dick et le dernier Spinrad.

Ca fait peu.
Modifié en dernier par Erion le mar. nov. 10, 2009 6:38 pm, modifié 1 fois.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 6:37 pm

Lensman a écrit :pour le genre, c'est une régression.
En quoi ?
Pourrais-tu par exemple estimer combien de titres parus sous le label t'ont enthousiasmé récemment (hors l'anthologie) ? J'ai jeté un coup d'œil sur le site à la rubrique "vos coups de cœur" et les deux seuls que j'ai trouvés de toi, c'est un fantasy historique de Negrete (positif) et le W. J. Williams de l'Atalante (négatif).
un auteur qui m'intéresse? Baxter, ou Watts, pour donner des exemples.
Baxter est publié hors label.
Tout ce que je vois, c'est que ça serait de plus en plus compliqué de repérer les bouquins de SF dans cet océan de publication.
Tu plaisantes, naturellement.

Lem

Message par Lem » mar. nov. 10, 2009 6:40 pm

DuncanI a écrit :Oui, certes ils sont publiés hors collections spécialisées mais ça ne les empêche pas d'être mis en vente dans les rayons SF/Fantasy des librairies. Et de s'y vendre bien mieux que s'ils étaient noyés dans la surproduction Litt. Gen.
De ma propre expérience, tu te trompes.
Ils sont mis en vente dans les deux rayons. En piles sur la table des nouveautés généralistes et dans le rayon SF. Et ça ne leur nuit pas, bien au contraire.

JDB
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Message par JDB » mar. nov. 10, 2009 6:46 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Des noms ?
J'en ai donné plus haut Roland.
Baxter (Presses), Dick (10/18 @ alii), Gibson (Diable), Robinson (Presses), Bordage (Diable & Folio), Simmons (Laffont), Reynolds (Presses), Spinrad (tu sais bien).
On n'est quand même dans la dentelle transgenre.
Beaucoup de cas d'espèces dans ces exemples :
-- Baxter et Robinson : seuls leurs romans portant sur le futur proche sont publiés sans étiquette -- et ce n'est plus toujours vrai pour leur réédition poche ;
-- Reynolds aux Presses : pas d'étiquette, certes, mais l'habillage est parlant (et la réédition poche est labellisée) ;
-- Simmons chez Laffont : les SF sont publiés en "Ailleurs et demain", Terreur n'est pas de la SF ;
-- pour Dick, Bordage, Gibson et Spinrad, la publication hors-collection ou en habillage litgen me semble relever d'une prime à la notoriété ou à la qualité (méritée).

Deux autres remarques :
1. On est partis de la métaphysique pour revenir à des considérations bien connues : la reconnaissance ou le besoin d'icelle et le succès financier.
2. La position d'Oncle Joe qui regrette la disparition annoncée de la SF comme catégorie éditoriale est parfaitement cohérente avec la définition de la SF comme littérature collective.
JDB

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