Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Pour les tentations spiritualistes, à mon sens, je ne vois pas de raison d'y résister. Pourquoi se priver d'un truc dont on a envie? (à moins que ce ne soit là une question métaphysique...)
Ce n'est sûrement pas par le raisonnement et par les discussions avec des mécréants qu'on arrive à les apaiser. Il doit falloir essayer pour voir ce que c'est.
Oncle Joe
Ce n'est sûrement pas par le raisonnement et par les discussions avec des mécréants qu'on arrive à les apaiser. Il doit falloir essayer pour voir ce que c'est.
Oncle Joe
Bon.Non fiable
Je te renverrais bien à la liste des faits relevés plus haut (la suite des "comment expliques-tu…") en soulignant qu'ils restent non-expliqués mais j'imagine que tu contesteras leur statut de fait et soutiendras qu'il n'y a là rien à expliquer. C'est aussi ce que semble penser Roland. L'acte premier d'une étude critique, c'est de convenir qu'il existe un objet d'étude et on n'y arrive pas donc – laissons tomber.
c'était couru dès le début, c'est une question d'état d'esprit...Lem a écrit :Bon.Non fiable
Je te renverrais bien à la liste des faits relevés plus haut (la suite des "comment expliques-tu…") en soulignant qu'ils restent non-expliqués mais j'imagine que tu contesteras leur statut de fait et soutiendras qu'il n'y a là rien à expliquer. C'est aussi ce que semble penser Roland. L'acte premier d'une étude critique, c'est de convenir qu'il existe un objet d'étude et on n'y arrive pas donc – laissons tomber.
Mais des choses passionnantes et intrigantes ont été dites (de mon point de vue) et pour ma part, ça va m'obliger à préciser et affiner considérablement des positions que je croyais plus facile à tenir...
Je n'oublie pas ces échanges sur les dieux, et ça me servira pour le travail sur Farmer que je mijote depuis longtemps déjà...
Oncle Joe
Est-ce qu'une explication simple du type "dieu est un sujet qu'il est possible d'interroger, donc la SF ne va pas s'en priver puisque l'interrogation est son métier" te conviendrait ?Lem a écrit :Je te renverrais bien à la liste des faits relevés plus haut (la suite des "comment expliques-tu…") en soulignant qu'ils restent non-expliqués mais j'imagine que tu contesteras leur statut de fait et soutiendras qu'il n'y a là rien à expliquer.
Un récit de SF commençant implicitement par "Et si...", il me semble, par exemple, logique d'avoir pu lire "Quand les dieux buvaient." qui n'est qu'une forme de réponse à la question "Et si les dieux buvaient ?".
La fréquence de l'usage du divin (ou de ses caractéristiques supposées) dans la SF ne serait alors pas tant dû à son caractère métaphysique qu'au simple potentiel narratif qu'il offre.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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C'est un conte d'Andersen. Je n'ai malheureusement pas le temps de rechercher lequel.Sand a écrit :je ne rappelle absolument plus du nom du conte avec la version féminine du petit Poucet (enfin, ce que j'interprête comme sa version féminine).
Au tout début, le narrateur explique que c'est une hirondelle qui lui raconte l'histoire (si ça c'est pas magique, déjà), et nous avons donc une vieille femme qui souhaite un enfant, qui se fait donner des graines, une petite fille minuscule nait dans la fleur, si petite que son lit est une coquille de noix.
Je ne sais plus pourquoi ni comment, la gamine se retrouve dehors, manque se noyer, manque épouser un crapaud, est recueillie par une souris qui lui permet de passer l'hiver et lui apprend à travailler ; la fille est alors courtisée par une taupe, elle sauve une hirondelle de la mort, hirondelle qui s'en va, mais le jour des noces avec la taupe, la fille demande à voir le soleil une dernière fois, et là l'hirondelle qui est revenue l'emporte dans les airs et l'emmène dans un pays où elle passe lors de sa migration, pays où il y a plein de gens de la même taille que la fille, qui ont des ailes et vivent dans des fleurs. Ils lui fabriquent des ailes et le prince l'épouse. Allusion comme quoi l'hirondelle qui raconte est l'hirondelle du conte, fin.
Ca a bercé mon enfance, ce type de conte, et si ce n'est pas magique....
Quant aux histoires de fantômes et de revenants, il y en a plein dans le folklore breton. Voir Anatole Le Braz.
Je crois volontiers qu'en France, pays catholique, elles ont été pourchassées efficacement par le clergé pendant des siècles et qu'elles n'ont subsisté que dans des régions d'évangélisation relativement récente.
Et pourtant, Madame Du Deffand…
Difficile de comprendre les raisons, en effet. Mais lorsque on en discute avec les "ignorants", leurs arguments, bien souvent, sont assez maigres. Ça aide pas...Gérard Klein a écrit :J'ai du reste eu l'impression, en lisant ce fil, que la plupart des participants avaient beaucoup de mal, non seulement à comprendre pourquoi certains vouaient à la science-fiction une ignorance ou une haine aussi stérile qu'irrationnelle, mais aussi à expliquer, voire simplement à dire, pourquoi elle les passionnait, eux.
Quant à savoir pourquoi nous aimons la SF, un certain avatar a posé la question ici, un jour où il était bien luné.
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Oncle Joe,
Je m'interroge justement sur l'intérêt de la démarche de Farmer : s'il écrit pour régler ses comptes avec la religion, et à travers elle avec une certaine représentation de Dieu, ça signifie tout de même que ses romans ont d'abord une visée polémique : ce ne serait pas un peu réducteur ? (je ne sais pas, je n'ai pas lu Farmer)
Par ailleurs, si tels sont les présupposés de Farmer, cela n'empêche en rien la SF d'être généralement disposée à prendre au sérieux la question de la transcendance : la SF explore les possibilités de la science, c'est certain, mais cela ne fait pas pour autant de l'anticléricalisme un élément structurel du genre...
En revanche, l'hypothèse de la métaphysique comme variable cachée de la SF me paraît nettement plus convaincante, notamment parce qu'elle ne l'oriente a priori vers aucune idéologie.
Je m'interroge justement sur l'intérêt de la démarche de Farmer : s'il écrit pour régler ses comptes avec la religion, et à travers elle avec une certaine représentation de Dieu, ça signifie tout de même que ses romans ont d'abord une visée polémique : ce ne serait pas un peu réducteur ? (je ne sais pas, je n'ai pas lu Farmer)
Par ailleurs, si tels sont les présupposés de Farmer, cela n'empêche en rien la SF d'être généralement disposée à prendre au sérieux la question de la transcendance : la SF explore les possibilités de la science, c'est certain, mais cela ne fait pas pour autant de l'anticléricalisme un élément structurel du genre...
En revanche, l'hypothèse de la métaphysique comme variable cachée de la SF me paraît nettement plus convaincante, notamment parce qu'elle ne l'oriente a priori vers aucune idéologie.
François - http://malioutine.overblog.com/
- Roland C. Wagner
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Le truisme, c'est que la science-fiction est pleine de "dieux".Lem a écrit :C'est peut-être le moment de sortir de l'hésitation.Roland C. Wagner a écrit :J'hésite entre le truisme et le n'importe quoi
Des dieux, certes, mais encore faut-il voir quels dieux…
Le n'importe quoi, c'est que la dimension métaphysique que ça donnerait au genre serait une raison de son rejet ou de son déni ou que sais-je encore ?
Le questionnement métaphysique ne me passionne pas en tant que questionnement ; par contre, j'apprécie quand on me propose des réponses physiques à ce type de questionnement, et une longue fréquentation du genre me suggère que c'est ce que la science-fiction fait le plus souvent lorsque ce genre de sujet est abordé.
Parce que la science-fiction a une ambition cosmologique ?
Tiens, ça, c't'une idée.
À part ça, cette histoire de déni dû à la métaphysique me laisse toujours aussi sceptique. C'est pour ça que j'ai cité Bergier dans la critique : « Sa cosmogonie et sa mythologie nous effraient parce qu’elles sont possibles. » L'intérêt de cette phrase n'est pas tant l'affirmation péremptoire de la deuxième partie que les deux termes employés dans la première, qui renvoient à la culture et non à la science.
Réécrivons maintenant la phrase de Bergier : « Sa cosmologie et la mythologie qui en découle nous effraient parce qu’elles sont possibles. »
La phrase originelle me paraît typique d'un hétéroclite, alors que je pourrais être d'accord avec la deuxième à condition de préciser certaines nuances. Pourtant, je n'ai changé qu'un mot.
Étrangement, ou peut-être pas tant que ça, il me semble que la version originale était plus susceptible d'éveiller l'attention dans notre pays, et je parierais que c'est pour ça que Bergier l'a employée, pas forcément consciemment. Et toi, un demi-siècle plus tard, tu as le verbe « invoquer » qui te glisse sous les doigts au sujet de la création des Grands Anciens par Lovecraft.
Ça ne veut pas dire que tu es un hétéroclite, juste que la formulation en question — et ce n'est pas la seule dans la préface — pourrait satisfaire un hétéroclite. En fait, une lecture de ta préface avec un regard d'hétéroclite est tout à fait amusante, d'où ma pochade ironique.
La métaphysique est un domaine en or pour les hétéroclites. Plutôt qu'une cause du déni de la science-fiction, j'y verrais plutôt une raison de son succès : Planète a sans doute fait autant pour faire connaître la SF au grand public que Fiction et Galaxie réunis.
Là réside peut-être un malentendu, une assimilation de la science-fiction aux hétéroclites que l'existence d'auteurs populaires comme Jimmy ou Richard Bessière ne pouvait que renforcer.
Et peut-être la principale raison de l'éventuel rejet/déni de la SF en France est-elle que, de tout temps, la SF a été assimilée par une majorité de gens à tel ou tel aspect du genre parmi les plus cheap ou discutables. Dans ce cas, ce ne sont pas Dantec ou Werber qui vont dissiper la confusion avec les hétéroclites, vu que tous deux croient à mort aux ovnis.
Il me vient une question : les comics de super-héros traitent-ils de métaphysique ?
Ouah, si on peut plus rigoler…Lem a écrit :Le titre de ce fil est @rcw. L'examen de ton article dans Bifrost en est le point de départ. Allez, Roland, c'est bon.
Le titre est en fait d'Olivier Girard. Sylvie et moi n'en avions pas donné à l'article.
Tiens, ça me fait penser que tu n'as, je crois, pas répondu à ses remarques au sujet de ton emploi pour le moins cavalier de la Bulle de présent.
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- Roland C. Wagner
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Lis-le et trouve ta réponse.Shalmaneser a écrit :Oncle Joe,
Je m'interroge justement sur l'intérêt de la démarche de Farmer : s'il écrit pour régler ses comptes avec la religion, et à travers elle avec une certaine représentation de Dieu, ça signifie tout de même que ses romans ont d'abord une visée polémique : ce ne serait pas un peu réducteur ? (je ne sais pas, je n'ai pas lu Farmer)
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Ce que j'interroge ici, ce n'est pas l'oeuvre de Farmer elle-même, mais la lecture qu'en fait l'oncle Joe ; il me semble que c'est assez différent. Quant à savoir si je le lirai un jour, ça dépend un peu de la réponse de Joe (ou d'autres) justement.Roland C. Wagner a écrit :Lis-le et trouve ta réponse.Shalmaneser a écrit :Oncle Joe,
Je m'interroge justement sur l'intérêt de la démarche de Farmer : s'il écrit pour régler ses comptes avec la religion, et à travers elle avec une certaine représentation de Dieu, ça signifie tout de même que ses romans ont d'abord une visée polémique : ce ne serait pas un peu réducteur ? (je ne sais pas, je n'ai pas lu Farmer)
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Finalement la SF en tant que littérature anthropologique, littérature des civilisations et des cultures me semblent finalement une voie plus actuelle que celle de la métaphysique. Curieusement je ne saurais dire pourquoi. Peut être parce que nous sommes dans une période de transition entre deux modèles de civilisation (société industrielle et société de l'information). Nous sommes à une période où les questions concernant la culture, l'identité, le rapport au passé et à l'avenir sont fortes. Les questions bien concrétes. de civilisations sont plus prégnantes à mon avis que les abstractions métaphysique. Je persiste et je signe.
Ps : je pense que Roland ne pourra qu'être d'accord avec ça.
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En fait peu importe pourquoi un auteur aurait écrit un livre, ou l'inconscient de l'auteur qui perce dans ses oeuvres.Shalmaneser a écrit :
Ce que j'interroge ici, ce n'est pas l'oeuvre de Farmer elle-même, mais la lecture qu'en fait l'oncle Joe ; il me semble que c'est assez différent. Quant à savoir si je le lirai un jour, ça dépend un peu de la réponse de Joe (ou d'autres) justement.
Que Farmer ait fait Le Fleuve de l'éternité pour régler ses comptes avec la religion qu'il a subie pendant son enfance, n'est pas décisif ici.
Et tu peux le lire, c'est vraiment très chouette, comme saga!
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D'accord ; mais Oncle Joe semble l'avoir lu ainsi, encore une fois, et c'est là-dessus que j'aimerais avoir quelques précisions. Si je ne m'abuse, Oncle, tu utilises Farmer comme exemple pour montrer (avec quelques nuances, mais tout de même) que la SF est intrinsèquement anticléricale, non ? (hypothèse qui ne demande qu'à être contredite...)systar a écrit :En fait peu importe pourquoi un auteur aurait écrit un livre, ou l'inconscient de l'auteur qui perce dans ses oeuvres.Shalmaneser a écrit :
Ce que j'interroge ici, ce n'est pas l'oeuvre de Farmer elle-même, mais la lecture qu'en fait l'oncle Joe ; il me semble que c'est assez différent. Quant à savoir si je le lirai un jour, ça dépend un peu de la réponse de Joe (ou d'autres) justement.
Que Farmer ait fait Le Fleuve de l'éternité pour régler ses comptes avec la religion qu'il a subie pendant son enfance, n'est pas décisif ici.
Et tu peux le lire, c'est vraiment très chouette, comme saga!
Et bien sûr, ce n'est pas l'anticléricalisme en lui-même qui me dérange, mais le fait que ces romans aient pu être écrits dans le seul but d'avoir raison... Mais évidemment, je suppose que l'oeuvre de Farmer est bien plus riche que cela, et qu'elle présente d'autres intérêts - parmi lesquels un peu de métaphysique, qui sait ?

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