+ une poussière de nombreuses formes de pensées qui, elles, n'ont pas triomphé politiquement, et, quoique très réelles, ont été oubliées, ou rejetées comme non sérieuses: Hérésies chrétiennes, Gnose, Kabbale, alchimie...Lem a écrit :Dans la généalogie de la pensée occidentale (mode Systar-is-watching-you on), on peut établir le découpage à gros grains suivant :
– mythologie (le monde est gouverné par des forces intelligentes, les dieux)
– physique présocratique (née d'une "vidange" sémantique de la mythologie – voir Vernant, Mythes et pensée chez les Grecs – : le monde est gouverné par des forces impersonnelles, l'eau, le feu, etc. qui sont, pourrait-on dire, les cadavres des dieux)
– métaphysique (le monde est gouverné par des principes premiers situés au-delà de lui-même mais qu'on peut atteindre par la raison)
– métaphysique chrétienne (le monde est gouverné par un principe premier dont tout le reste découle, Dieu, et qui ne peut être atteint uniquement par la raison ; il y a là un mystère qui excède le travail humain mais qu'on peut comprendre par la charité ou la grâce)
– physique postchrétienne (le monde est gouverné par les mathématiques)
– métaphysique postéchrétienne (le monde est dans le sujet ; l'enquête sur les principes premiers est en fait une enquête sur les catégories humaines de la représentation, l'espace, le temps, la causalité, etc.)
– tournant linguistique (le monde est une question mal posée et, du coup, il ne reste que les mathématiques, seul langage rigoureux)
– physique quantique (le monde n'est pas une question scientifique ; tout ce qu'on peut faire, c'est des prédictions sur le comportement des instruments => réhabilitation paradoxale de la métaphysique dont on commence à peine à percevoir les effets aujourd'hui)
La SF est née entre le tournant linguistique et la physique quantique. Questions visant à informer un débat futur : qu'a-t-elle embarqué des formes de pensée antérieures, qu'a-t-elle pressenti des formes de pensée futures ?
Y a de quoi faire, donc, pour répondre à ta question programmatique!
@ Joseph: sur la variation du sens des mots pendant un débat: ça doit faire partie du jeu, surtout quand on est en train de manipuler des catégories non pas de philo, mais de méta-philo.
La métaphysique, c'est comme le rap: ça fonctionne mieux quand on en fait, sans se demander toutes les trois lignes quel sera son avenir, ou quelle est sa nature de catégorie globale un peu fourre-tout.
Et puis ça dépend du lecteur de philo qu'on a face à soi: moi j'aime bien tout ce qu'on classe dans la métaphysique, j'aime bien ces questions de sa genèse, de son développement; mais un autre lecteur de philo vous aurait tenu un autre son de cloche, peut-être.