Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Si je résume ce que je comprends du propos de Lem ci-dessus, la littérature traite de ce que fait l'homme dans une cage qu'il sait indestructible, sauf la SF qui étend parfois son champ (mais pas toujours, n'est-ce pas ?) au-delà des barreaux de la cage et traite de ce que fait l'homme pour s'évader ou de ce qu'il fait de la liberté ainsi gagnée.
Méfi les métaphores…
Mais oui, pourquoi pas.
La sf, pas toujours, parfois, quand elle est en forme, prolonge une tradition intellectuelle tombée en désuétude au début du XXème siècle qui consiste à spéculer sur ce qui se passe hors de la cage. Eventuellement sur la façon dont nous pourrions sortir de la cage. Il lui arrive même de dire ("there is no spoon") qu'il n'y a pas de cage.
Mais oui, pourquoi pas.
La sf, pas toujours, parfois, quand elle est en forme, prolonge une tradition intellectuelle tombée en désuétude au début du XXème siècle qui consiste à spéculer sur ce qui se passe hors de la cage. Eventuellement sur la façon dont nous pourrions sortir de la cage. Il lui arrive même de dire ("there is no spoon") qu'il n'y a pas de cage.
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C'est marrant, ça pourrait se dire aussi du polar...Atv' a écrit :Si je résume ce que je comprends du propos de Lem ci-dessus, la littérature traite de ce que fait l'homme dans une cage qu'il sait indestructible, sauf la SF qui étend parfois son champ (mais pas toujours, n'est-ce pas ?) au-delà des barreaux de la cage et traite de ce que fait l'homme pour s'évader ou de ce qu'il fait de la liberté ainsi gagnée.
Bruno - http://systar.hautetfort.com
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Quelques noms, juste pour qu'on situe bien l'apport d'Egan par rapport à ces "penseurs"?Roland C. Wagner a écrit :les navrantes imbécillités de « penseurs » incapables de comprendre la nature de cette étrange époque
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Ma foi, dans le polar le gus est en liberté et sait très bien que la prison est aussi perméable qu'un galurin de feutre sous l'averse hivernale.systar a écrit :C'est marrant, ça pourrait se dire aussi du polar...Atv' a écrit :Si je résume ce que je comprends du propos de Lem ci-dessus, la littérature traite de ce que fait l'homme dans une cage qu'il sait indestructible, sauf la SF qui étend parfois son champ (mais pas toujours, n'est-ce pas ?) au-delà des barreaux de la cage et traite de ce que fait l'homme pour s'évader ou de ce qu'il fait de la liberté ainsi gagnée.
Mais j'imagine que c'était ironique...
La métaphore est peut-être dangereuse mais mon pauvre petit cerveau s'en sort mieux avec des images, n'ayant pas assez de connaissances philosophiques ou littéraires pour suivre facilement cette discussion par ailleurs passionnante pour ce que j'en retire.
Et puis, cage, c'est plus court à écrire que condition de pauvre mortel (dont on souhaite par ailleurs également s'échapper, comme quoi la langue rigoureuse elle-même joue de la métaphore, la condition étant alors officiellement conçue comme prison...).
Veux-tu une confidence ?MF a écrit :certains textes/récits (le Ruellan par exemple) sont dans ou hors du corpus SF tel que peut le définir chacun.Et inclure ces textes dans le corpus(sinon pourquoi le retenir dans l'antho) c'est, déjà, donner une couleur métaphysique à la SF.
J'aurais pris tout texte qu'André aurait pu m'envoyer.
Un space-opera, une uchronie, un conte de grand guignol – peu importe. Les auteurs capables de me faire avouer un truc pareil se comptent sur les doigts d'une main mais celui-là en fait partie. Ce n'est pas de la métaphysique; c'est André Ruellan.
Ce n'est pas de la science-fiction ; c'est Notre Club.
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Là on aborde la question du sens. Pourquoi rejette - t - on la SF ? D'une part on aborde la question du croire. C'est une littérature qui oblige son lecteur à se retrouver dans une position de croyant. Pour apprécier la Sf il faut vouloir croire. Or vu le décalage proposé par le genre par rapport à, la réalité consensuelle beaucoup d'individus vont rejeter cette attitude et vont se fondre dans le devoir ne pas croire plus ou moins dicté par cette réalité consensuelle. C'est là que l'on peut regretter qu'il n'existe pas de véritable étude sur la sémiotique du genre. Ce serait passionnant et éclairerait pas mal ce problème du rejet.Notons pour le fun que l'autre hypothèse, celle d'une SF dépréciée parce que ludique, qui sollicite une psychanalyse un peu vague (l'enfant joueur, qui dit "on dirait que tu serais... et qu'alors je serais...", et hop par métonymie décomplexée on voit illico en lui un "créateur de mondes"), appellerait, pour être étayée, les mêmes "généralités improuvables" sur la société (et réclamerait notamment qu'on explique pourquoi, nous tous ici, nous avons fait exception à ce rejet massif du jeu créateur au sortir de l'enfance).
Le coté enfant qui joue de l'auteur nous l'avons dit est à l'origine de la perception adolescente de la SF et est le deuxième facteur de rejet. Je pense que dans l'acceptation du jeu, il y a le rapport de l'individu au jeu lui même. Comment l'individu considère - t - il la notion de jeu créateur ? D'ailleurs cette notion même de jeu rend très intéressante la remarque de Joseph sur l'imagerie de la SF. S'il y a jeu, c'est celui de l'enfant dans sa chambre qui se raconte une histoire avec des figurines et des jouets, qui crée ses propres constructions. L'auteur de SF (comme l'auteur de fantasy d'ailleurs avec d'autres éléments) lui utilise tout un tas d'élément qui sont autant de jouets (l'extra terrestre, le robot, le mutant, le vaisseau spatial) et c'est avec ces jouets littéraires qu'il va bâtir son histoire. Il va utiliser ces jouets de diverses manières, les poser dans un monde qu'il bâtit. L'amateur de SF au lieu de rejeter la notion de jeu accepte qu'en tant qu'adulte il fait muter son rapport au jeu, du ludique simple de l'enfance au littéraire et à l'intellectuel de l'âge adulte. Il s'agit d'une intellectualisation du jeu en effet. Je ne pense pas qu'il faille faire intervenir la société. Nous devons là aussi penser comment ce coté influe sur la construction du sens pour essayer de comprendre le pourquoi de ce rejet. Mais malheureusement il n'existe pas de travaux sur la sémiotique de la SF et je suis le premier à m'en désoler.
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- Roland C. Wagner
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Pourquoi tu me demandes ça à moi ?systar a écrit :Quelques noms, juste pour qu'on situe bien l'apport d'Egan par rapport à ces "penseurs"?Roland C. Wagner a écrit :les navrantes imbécillités de « penseurs » incapables de comprendre la nature de cette étrange époque
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Pour faire suite au post de Fabien, j'aimerais bien que Navire revienne plus en détails sur son expérience de l'Oulipo et les réactions réfractaires au jeu comme programme littéraire. Sur ce dernier point, en particulier, j'ai sans doute beaucoup à apprendre car, c'est vrai, j'ai plutôt une perception non-problématique du groupe. Or, il y a un lien bien réel entre l'Oulipo et la sf dans l'histoire littéraire française. Je serais curieux d'en savoir plus.
Et [dieu]n'importe quelle entité étudiée par la métaphysique sait que l'un n'empêche pas l'autre.Lem a écrit :Ce n'est pas de la métaphysique; c'est André Ruellan.
C'est bien ce que je désignais par Corpus.Ce n'est pas de la science-fiction ; c'est Notre Club.

Mieux que le suaire, le voile laisse parfois transparaître l'image.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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J'aurais dit une littérature qui oblige le lecteur à accepter de remettre en cause toutes ses croyances ?Fabien Lyraud a écrit :Là on aborde la question du sens. Pourquoi rejette - t - on la SF ? D'une part on aborde la question du croire. C'est une littérature qui oblige son lecteur à se retrouver dans une position de croyant.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Idem !Lem a écrit :Pour faire suite au post de Fabien, j'aimerais bien que Navire revienne plus en détails sur son expérience de l'Oulipo et les réactions réfractaires au jeu comme programme littéraire. Sur ce dernier point, en particulier, j'ai sans doute beaucoup à apprendre car, c'est vrai, j'ai plutôt une perception non-problématique du groupe. Or, il y a un lien bien réel entre l'Oulipo et la sf dans l'histoire littéraire française. Je serais curieux d'en savoir plus.
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Non, je ne m'amuse pas à ça.Atv' a écrit : Mais j'imagine que c'était ironique...
Pas avec un nouveau forumeur.
Pas avec un Toulousain.
Regarde le personnage de Lynx, dans Citoyens Clandestins, de DOA. Regarde bien l'énergie qui se dégage de ce personnage. Il "sort de la cage", littéralement.
Le danger des images, c'est juste de savoir si le réseau d'images va correspondre totalement à ce qu'on tente de décrire, ou si, au bout d'un moment, filer trop longtemps la métaphore révèlera un couac, une distorsion par rapport à l'objet qu'on veut décrire (= la SF, ici).La métaphore est peut-être dangereuse mais mon pauvre petit cerveau s'en sort mieux avec des images, n'ayant pas assez de connaissances philosophiques ou littéraires pour suivre facilement cette discussion par ailleurs passionnante pour ce que j'en retire.
C'est ça que Lem te suggérait rapidement. (j'imagine que c'est ça, puisque c'est un des trucs qu'il m'a "appris")
Qui a dit qu'on n'avait pas le droit de mélanger les concepts et les métaphores?Et puis, cage, c'est plus court à écrire que condition de pauvre mortel (dont on souhaite par ailleurs également s'échapper, comme quoi la langue rigoureuse elle-même joue de la métaphore, la condition étant alors officiellement conçue comme prison...).

Bruno - http://systar.hautetfort.com