Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Il y a quelque chose qui me géne dans ce que dit Serge.
Dans un texte il y a deux niveaux, le niveaux figuratifs qui regroupent les éléments concrets et le niveau thématique plutôt de l'ordre de l'abstrait et de l'intellectuel. On pourrait dire que le niveau thématique est de l'ordre de l'idée et le niveau figuratif celui de l'image en caricaturant grossièrement. Le problème c'est qu'en SF les élèments figuratifs s'organisent en réseau et ce réseau d'élément soudés entre eux par les éléments thématiques qui sont là pour les orienter. La nature de ce réseau, de ce tout qui englobe les partie, je pratiquement sûr qu'il est d'ordre actantiel. L'univers forme un super actant. Ce qui veut dire que l'univers d'un roman de SF est pratiquement de l'ordre du personnage.
Serge est en train de nous dire dans une véritable posture postmoderne que le figuratif ce n'est pas important. Or je pense qu'au contraire c'est à travers la figuration que se trouve les véritables marqueurs du genre à commencer par l'imagerie, ces merveilleux jouets. Faire du thématique en virtualisant plus ou moins le figuratif s'apparente à un véritable exercice d'équilibriste. Certes Egan y arrive sur Océanique. Mais on sent très bien qu'il manque quelque chose à ce texte. On a comme l'impression qu'il a été construit autour du message que voulait délivrer l'auteur. Et si cette impression est si forte c'est que le figuratif est réduit au minimum ( et la construction plus passionnelle que narrative n'aide pas non plus).
Dans un texte il y a deux niveaux, le niveaux figuratifs qui regroupent les éléments concrets et le niveau thématique plutôt de l'ordre de l'abstrait et de l'intellectuel. On pourrait dire que le niveau thématique est de l'ordre de l'idée et le niveau figuratif celui de l'image en caricaturant grossièrement. Le problème c'est qu'en SF les élèments figuratifs s'organisent en réseau et ce réseau d'élément soudés entre eux par les éléments thématiques qui sont là pour les orienter. La nature de ce réseau, de ce tout qui englobe les partie, je pratiquement sûr qu'il est d'ordre actantiel. L'univers forme un super actant. Ce qui veut dire que l'univers d'un roman de SF est pratiquement de l'ordre du personnage.
Serge est en train de nous dire dans une véritable posture postmoderne que le figuratif ce n'est pas important. Or je pense qu'au contraire c'est à travers la figuration que se trouve les véritables marqueurs du genre à commencer par l'imagerie, ces merveilleux jouets. Faire du thématique en virtualisant plus ou moins le figuratif s'apparente à un véritable exercice d'équilibriste. Certes Egan y arrive sur Océanique. Mais on sent très bien qu'il manque quelque chose à ce texte. On a comme l'impression qu'il a été construit autour du message que voulait délivrer l'auteur. Et si cette impression est si forte c'est que le figuratif est réduit au minimum ( et la construction plus passionnelle que narrative n'aide pas non plus).
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Pas nécessairement, mais l'idée est là je crois. Il me semble que les grands romans de SF réenchantent un univers rationnel, à la fois par la métaphore vive, l'image, la métaphore réifiée, peu importe la terminologie employée (c'est l'arme privilégiée de la fantasy), et par un procédé spécifique cette fois, qui consiste, par nécessité, à creuser l'écart entre la démarche rationnelle et ce qui la suscite. Plus le monde de science-fiction se thématise comme monde technique (ce que fait Egan), plus il exige, pour ne pas se figer, des horizons de plus en plus inaccessibles. Et l'effet science-fiction, le sense of wonder, naît à mon avis de ce grand écart entre une démarche rationnelle, complexe, et un événement infiniment complexe, qui s'appelle Trou noir, ou Dieu, ou Théorie du Tout. La carotte est métaphysique, mais, en science-fiction, toujours inaccessible.Lem a écrit :Revenons au point de départ qui est : les items favoris d'Egan et par-delà, de la sf, sont-ils d'origine métaphysique et/ou religieuse (...) ?
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Pour ça, les Méditations Métaphysiques de Descartes "suffiraient"...Transhumain a écrit :[ Et l'effet science-fiction, le sense of wonder, naît à mon avis de ce grand écart entre une démarche rationnelle, complexe, et un événement infiniment complexe
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Les autres paramètres de Descartes?Transhumain a écrit :Non, grand fou, parce que tu oublies les autres paramètres.systar a écrit :Pour ça, les Méditations Métaphysiques de Descartes "suffiraient"...

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On n'est pas constructifs, là.Transhumain a écrit : Nan !
Attendons le retour de Lem de Radio Libertaire pour continuer...
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Je suis d'accord avec toi sur Singleton. La question du libre arbitre dans le contexte de l'interprétation des mondes multiples est une vraie question, d'accord. Cependant, la façon dont le personnage pose le problème et le résout ne tient pas vraiment debout. L'idée reste très intéressante.Lem a écrit : Dans Singleton, par exemple, le narrateur est presque empêché de vivre à l'idée que chaque succès enregistré par lui dans son existence implique l'échec de ses moi alternatifs dans les autres branches du multivers ; suis-je le seul à avoir trouvé que c'était pousser l'exigence éthique – comment dire ? – un peu loin, dans la mesure où rien, jamais (dans cette nouvelle en tout cas) ne permet d'envisager une interaction vécue avec ces autres branches.
Je partage cette analyse de la SF, telle que tu la présentes en préface de Retour sur l'Horizon. Pour le courant dominant de la philosophie du 20e siècle, la métaphysique est dénuée d'intérêt. Affirmer l'existence d'une réalité indépendante de l'esprit humain dénote d'une conception du monde naïve et dépassée. C'est une affirmation sans fondement qui relève donc de la croyance, telle une religion. L'idée que la science-fiction est un refuge secret de la métaphysique rejetée par ailleurs me semble séduisante et solidement étayée par quantité d'exemples. Greg Egan n'en est que le plus flagrant.Lem a écrit :
Je ne dis nulle part que l'œuvre d'Egan est "avant tout religieuse" mais que l'insistance avec laquelle elle met en scène, sous forme de possibilités techniques, des situations classiquement métaphysiques et religieuses (accéder à l'immortalité, séparer moi de non-moi, formuler une théorie performative de la réalité etc.) est un trait de fonctionnement caractéristique qui la distingue, et au-delà d'elle toute la sf, du reste de la littérature où ces situations n'apparaissent pas.
Cependant, et en particulier pour le cas d'Egan, il faut distinguer métaphysique et religion. Le "club" de Greg Egan, Max Tegmark & co ne se sent pas concerné par le tabou envers le réalisme. Pour eux, non seulement la réalité existe mais elle est accessible à la raison. La physique fondamentale n'est pas loin de découvrir la "théorie du tout" et les biologistes de comprendre en détail le fonctionnement du cerveau. Quand on leur expose les thèses du constructivisme social, ils ricanent et rangent ces fadaises dans la case des mèmes propagés par une oligarchie déconnectée du sens commun, case qui contient déjà les religions. Leur vision du monde est profondément athée, au point qu'ils ressentent à peine le besoin de préciser cette évidence.
Bien sûr, il est impossible d'ignorer dieu et la religion dans notre civilisation façonnée par deux mille ans de christianisme. Surtout quand, comme Greg Egan, tu marches sur ses plate-bandes. Alors, je suis d'accord, dieu est très présent chez Egan, mais il est présent en creux, c'est son absence qui est visible.
Ainsi dans la nouvelle "Crystal Nights", le thème de la divinité est flagrant puisque le héros se place en créateur d'un monde virtuel. Il montre cependant son manque d'omnipotence, même sur sa création. Au passage, il donne une leçon de morale à toute divinité potentielle. Finalement, ce personnage n'a rien d'un dieu.
La morale est un thème important chez Egan, comme le souligne Sylvie Denis. Ses personnages sont en permanence confrontés à des choix éthiques. Ils n'ont pas le recours à une morale externe imposé par la religion. Ils doivent construire leur morale eux-même. Encore une fois, cela participe à la définition de leur identité.
Ils sont d'origine métaphysique oui.Lem a écrit :Revenons au point de départ qui est : les items favoris d'Egan et par-delà, de la sf, sont-ils d'origine métaphysique et/ou religieuse et est-ce une question importante ?
D'origine religieuse... la foi, la prière, l'adoration, cela ne me semble pas être parmi les thèmes de prédilection d'Egan.
Même les anars ont trouvé l'hypothèse métaphysique crédible (car il a fallu l'aborder à l'antenne, comme je le redoutais). C'est dire ! A part ça, ce fut une déclaration d'amour à la sf via l'anthologie sur le mode "ça faisait vingt ans que je n'en lisais plus et, là, crac…". On a écouté du Philip K. Dick très drôle (Fabrice Colin ne connaissait pas ce texte sur Metz et les Français et il n'en est pas revenu ; il a eu l'impression d'entendre Werner lui parler dans les hauts-parleurs). On a écouté un son de Gérard Klein parlant du même et de son mystérieux sourire au petit-déjeuner. Philippe Curval a évoqué Boris Vian et Wotan ; Catherine Dufour a rappelé que la Fatwa, la Mousse et le Tramway, ce n'est pas de la science-fiction mais du journalisme, sans cesser de prendre des notes dans son petit cahier usuel. J'ai débité mon histoire secrète de la sff comme tourne une goupille de cocotte-minute. Et pour se fêter elle-même, cette extension temporaire de Notre Club est allée s'hydrater au Q-bar, rue de la Roquette (caipirinhas pour les hommes, champagne pour la dame) avant de paisiblement se dissoudre dans la nuit violacée, sous les portiques de l'ossuaire nommé Père Lachaise.
La conversation prend un tour intéressant. Il y a sans doute beaucoup de choses à apprendre et de nouvelles formulations à produire. La remarque de Fabien est terriblement abstraite mais je la comprends et il y a de quoi faire. Les notes de Transhu et Mathieu m'incitent à penser qu'il va falloir s'attaquer sérieusement à la distinction métaphysique/religion (le et/ou est à bout de souffle). L'anecdote de JFS sur Reynolds me plaît car j'ai l'intuition qu'elle va me forcer à tirer un peu tôt une cartouche embarrassante :
La conversation prend un tour intéressant. Il y a sans doute beaucoup de choses à apprendre et de nouvelles formulations à produire. La remarque de Fabien est terriblement abstraite mais je la comprends et il y a de quoi faire. Les notes de Transhu et Mathieu m'incitent à penser qu'il va falloir s'attaquer sérieusement à la distinction métaphysique/religion (le et/ou est à bout de souffle). L'anecdote de JFS sur Reynolds me plaît car j'ai l'intuition qu'elle va me forcer à tirer un peu tôt une cartouche embarrassante :
D'où vient que ces titres sonnent bien ?Lorsqu'il était venu aux Utopiales, Reynolds avait expliqué qu'il avait choisi ces titres parce qu'ils sonnaient bien, mais que lui-même ne s'intéressait pas du tout à leur sous-entendu métaphysique...
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De ce qu'ils sont un vilain plagiat du titre de mon bouquin de philo préféré?Lem a écrit :D'où vient que ces titres sonnent bien ?Lorsqu'il était venu aux Utopiales, Reynolds avait expliqué qu'il avait choisi ces titres parce qu'ils sonnaient bien, mais que lui-même ne s'intéressait pas du tout à leur sous-entendu métaphysique...

De la rencontre explosive entre une image spatiale et un concept religieux? (localisation d'un illocalisable; finitisation d'un infini; bref: une aberration logique)
Bruno - http://systar.hautetfort.com
Mon grand retour pour un peu d'ironie persifleuse: belle marque d'amour, en vérité dans cette déclaration...Lem a écrit : A part ça, ce fut une déclaration d'amour à la sf via l'anthologie sur le mode "ça faisait vingt ans que je n'en lisais plus et, là, crac…".
A part ça, j'admets que la conception de la métaphysique telle que la voit Matthieu, là, ça me plait! En fin de compte, on aurait fait le tour du sujet, le problème de la compréhension du monde est résolu! Quel sujet reste-t-il à traiter ensuite (il suffit de laisser les physiciens, et les mathématiciens/informaticiens, bien sûr, caler quelques détails explicatifs)?
Oncle Joe
Synchronicité :Lem a écrit :J'ai débité mon histoire secrète de la sff
Etonning, not ?The Secret History of Science Fiction (Paperback)
~ James Patrick Kelly (Editor), John Kessel (Editor)
Paperback: 424 pages
Publisher: Tachyon Publications (October 1, 2009)
Language: English
La critique dans Publishers Weekly: "Genre-bending anthologists Kelly and Kessel (Rewired) select a wide range of post-1970 stories by authors who occupy the nebulous land between literary and genre. Offerings like Margaret Atwood's Homelanding, a vignette about alien life, and Steven Millhauser's The Wizard of West Orange, which conclusively demonstrates that any story centering around a new science is science fiction, make it clear that nongenre authors have been writing stories that appropriate many genre tropes. But while the title will attract genre fans, li-fi readers who might otherwise be drawn in by T.C. Boyle and Don DeLillo may well be put off by the Tachyon imprint and the words science fiction, undermining the editors' assertion that the walls that separate the mainstream from science fiction are, in fact, crumbling."
Source : amazon.com
JDB
A quand "Science Fiction: The Secret History of Metaphysics in Literature"? Là, ce serait vraiment drôle...JDB a écrit :Synchronicité :Lem a écrit :J'ai débité mon histoire secrète de la sffEtonning, not ?The Secret History of Science Fiction (Paperback)
~ James Patrick Kelly (Editor), John Kessel (Editor)
Paperback: 424 pages
Publisher: Tachyon Publications (October 1, 2009)
Language: English
La critique dans Publishers Weekly: "Genre-bending anthologists Kelly and Kessel (Rewired) select a wide range of post-1970 stories by authors who occupy the nebulous land between literary and genre. Offerings like Margaret Atwood's Homelanding, a vignette about alien life, and Steven Millhauser's The Wizard of West Orange, which conclusively demonstrates that any story centering around a new science is science fiction, make it clear that nongenre authors have been writing stories that appropriate many genre tropes. But while the title will attract genre fans, li-fi readers who might otherwise be drawn in by T.C. Boyle and Don DeLillo may well be put off by the Tachyon imprint and the words science fiction, undermining the editors' assertion that the walls that separate the mainstream from science fiction are, in fact, crumbling."
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JDB
Oncle Joe