De quoi la fantasy est-elle le nom?

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 9:36 pm

Xavier Mauméjean a écrit :
Lensman a écrit :
Xavier Mauméjean a écrit :Cela dit, je prévois d'écrire un roman de Fantasy avec de la magie. Mais, retenant la leçon d'Eons, je serai très rigoureux quant à son champ d'application.
Un de ces jours, à force de raffiner, tu vas finir par écrire un vrai roman de science-fiction sans t'en rendre compte...
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Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mer. nov. 25, 2009 9:50 pm

On peut concevoir une littérature hybride mélant des morceaux de SF, de fantasy et de fantastique. Il suffit simplement de mélanger les jouets et de les mettre en scène correctement.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh


Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com

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silramil
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Message par silramil » mer. nov. 25, 2009 10:44 pm

marypop a écrit :
silramil a écrit :Marypop : as-tu lu ma réponse?
Oui d'où la mienne.

Il y a des textes qui traitent précisément de la disparition de la magie.
Typiquement dans LsdA on peut le lire selon cette approche.

Cela revient à parler d'un "il était une fois" qui peut être l'ancêtre de notre monde (ou pas) et la magie existait mais n'existe plus.

Mais je t'avoue que la notion d'ontologie est aussi limpide pour moi que celle de métaphysique ne semble l'être pour l'oncle :)
Puisque je me doute que tu n'utilises pas ce terme dans le sens informatique mais dans le sens philosophique. Si wikipedia qui est mon ami m'a vaguement éclairée pour le premier cas, j'avoue que ma connaissance de la philiosophie étant assez proche de celle d'un élève moyen de première ...
Désolé, j'ai décroché et manqué quatre pages, du coup.

Si la magie cesse d'exister, mais a existé, cela implique que le monde pourrait encore accueillir de la magie (d'où le thème symétrique du retour de la magie dans un monde devenu profane). Même si de l'extérieur un tel monde purgé de magie paraît équivalent à un monde rationnel, ce n'est qu'une copie d'un monde rationnel.

Je ne parle ici que d'un aspect relativement limité pour ce qui est de l'intrigue d'une fiction : il importe peu, dans de nombreux cas, de savoir quelle est la nature profonde d'un univers, pour ce qui est de suivre ce qui s'y passe. En revanche, pour analyser les objets qui s'y trouvent, prévoir quel type d'objet peut se manifester et évaluer la cohérence du monde, ce point est essentiel.
Il ne s'agit, au fond que de s'éclaircir les idées.

Après, les textes qui jouent délibérément sur une ambiguïté ontologique ne sont pas des contre-exemples. La réalité est tranchée et ne peut être mixte : on peut pas avoir de la magie et de la raison, seulement de la raison déguisée en magie ou de la magie déguisée en raison. Si un auteur préfère laisser ce point ontologique en suspens, c'est pour le bien de son histoire, pas de souci, c'est d'ailleurs le moteur de pas mal d'histoires de fantastique ou d'imagination scientifique, mais cela ne fait pas des univers mixtes, ou en transition.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. nov. 25, 2009 10:50 pm

Fabien Lyraud a écrit :On peut concevoir une littérature hybride mélant des morceaux de SF, de fantasy et de fantastique. Il suffit simplement de mélanger les jouets et de les mettre en scène correctement.
Dans Asimov's, Norman Spinrad appelle ça "post-genre fiction" et Hal Duncan a fait un truc sur son blogue au sujet de la "strange fiction".
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silramil
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Message par silramil » mer. nov. 25, 2009 10:51 pm

Fabien Lyraud a écrit :On peut concevoir une littérature hybride mélant des morceaux de SF, de fantasy et de fantastique. Il suffit simplement de mélanger les jouets et de les mettre en scène correctement.
Je ne vois pas vraiment la différence entre la fantasy et le fantastique, de toute façon, à part pour la mise en scène et en situation. Dès lors qu'on fait du fantastique assumé, ça devient de la fantasy, et quand on rend la fantasy rare et troublante, ça devient du fantastique.

Et pour ce qui est de mélanger SF et fantasy, on peut le faire nominalement, faire se rencontrer un robot et des elfes, transformer un vaisseau spatial en épée magique, mais il s'agit soit de fantasy présentant des objets nommés en référence à la science-fiction, soit de science-fiction dans laquelle on appelle magie des phénomènes réguliers et régulables.

edit : ça peut aussi être du "post-genre", mais alors c'est foncièrement parodique et ne concerne plus un rapport à la réalité, mais simplement à la littérature.

Le cas de Moorcock est particulièrement intéressant ici : il joue dans son mutlivers avec les différentes approches ontologiques, mais foncièrement son cadre de référence me paraît être la fantasy. Hawkmoon, Jerry Cornelius, les danseurs de la fin des temps utilisent une "science" obscure, qu'ils ne comprennent ni ne maîtrisent.
L'opposition entre Loi et Chaos est une fausse opposition, à ce compte. Tous ces principes sont magiques, mais la Loi consiste à imposer des conventions et réguler à tout prix les phénomènes (preuve que cette régulation ne se fait pas par elle-même, ce qui est le principe de la physique) tandis que le chaos essaie de multiplier les exceptions, jusqu'à faire en sorte qu'aucune répétition ne soit possible.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 10:55 pm

silramil a écrit : Si un auteur préfère laisser ce point ontologique en suspens, c'est pour le bien de son histoire, pas de souci, c'est d'ailleurs le moteur de pas mal d'histoires de fantastique ou d'imagination scientifique, mais cela ne fait pas des univers mixtes, ou en transition.
Cela veut dire, dans ces cas là, que le statut du monde (a priori le nôtre) est un enjeu important de l'histoire, voire l'enjeu principal. On "fait peur au" ou on "déstabilise" le lecteur le temps d'une histoire, en général courte: la magie, la malédiction fonctionne ponctuellement, alors qu'on est dans notre monde, où on sait bien que ça ne marche pas... Sur un long roman, ça me paraît plus compliqué.
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Mélanie
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Message par Mélanie » mer. nov. 25, 2009 10:59 pm

silramil a écrit :Je ne vois pas vraiment la différence entre la fantasy et le fantastique, de toute façon, à part pour la mise en scène et en situation. Dès lors qu'on fait du fantastique assumé, ça devient de la fantasy, et quand on rend la fantasy rare et troublante, ça devient du fantastique.
Pour moi, ce sont deux genres qui ne procèdent absolument pas de la même démarche. On en a un peu parlé au début de la discussion. Comme je le disais plus tôt, il me semble qu'il y a notamment un rapport de l'individu au monde dans lequel il évolue qui est un élément central de la fantasy, alors qu'il est totalement accessoire, voire absent, en fantastique. On proposait aussi l'hypothèse d'une littérature de construction (fantasy) ou destruction (fantastique) de l'individu. En tout cas, les deux genres ne jouent pour moi ni sur les mêmes ressorts, ni sur les mêmes émotions.

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silramil
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Message par silramil » mer. nov. 25, 2009 11:00 pm

Lensman a écrit :
silramil a écrit : Si un auteur préfère laisser ce point ontologique en suspens, c'est pour le bien de son histoire, pas de souci, c'est d'ailleurs le moteur de pas mal d'histoires de fantastique ou d'imagination scientifique, mais cela ne fait pas des univers mixtes, ou en transition.
Cela veut dire, dans ces cas là, que le statut du monde (a priori le nôtre) est un enjeu important de l'histoire, voire l'enjeu principal. On "fait peur au" ou on "déstabilise" le lecteur le temps d'une histoire, en général courte: la magie, la malédiction fonctionne ponctuellement, alors qu'on est dans notre monde, où on sait bien que ça ne marche pas... Sur un long roman, ça me paraît plus compliqué.
Oncle Joe
Je n'ai pas la même interprétation. Si la malédiction marche, nous ne sommes pas dans notre monde, mais dans un monde où potentiellement toute malédiction peut marcher, ce qui implique que toute magie est possible, que le soleil est peut-être bien en train de tourner autour de la Terre, etc. Si un truc surnaturel se passe avec certitude, ce sont tous les fondements la rationnalité qui s'effondrent. Pas étonnant que les personnages deviennent fous ou cherchent à se rassurer en se disant que ce n'était qu'un rêve.
En revanche, si la malédiction n'est pas la cause du problème, alors nous sommes dans un monde rationnel, qui semblait simplement susceptible de dériver.

Les mains d'Orlac, par exemple, jouent sur cette ambiguïté, mais pour la résoudre : nous sommes en fait dans un monde rationnel et le surnaturel n'est qu'une illusion.

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silramil
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Message par silramil » mer. nov. 25, 2009 11:01 pm

Mélanie a écrit :
silramil a écrit :Je ne vois pas vraiment la différence entre la fantasy et le fantastique, de toute façon, à part pour la mise en scène et en situation. Dès lors qu'on fait du fantastique assumé, ça devient de la fantasy, et quand on rend la fantasy rare et troublante, ça devient du fantastique.
Pour moi, ce sont deux genres qui ne procèdent absolument pas de la même démarche. On en a un peu parlé au début de la discussion. Comme je le disais plus tôt, il me semble qu'il y a notamment un rapport de l'individu au monde dans lequel il évolue qui est un élément central de la fantasy, alors qu'il est totalement accessoire, voire absent, en fantastique. On proposait aussi l'hypothèse d'une littérature de construction (fantasy) ou destruction (fantastique) de l'individu. En tout cas, les deux genres ne jouent pour moi ni sur les mêmes ressorts, ni sur les mêmes émotions.
parfaitement d'accord. C'est ce que je résumais par différences de mise en scène et en situation.

Mais du point de vue du rapport au réel, c'est-à-dire de la nature des univers de ces fictions, c'est la même chose. Mais quand on a dit ça, on est loin d'avoir creusé les spécificités de chaque genre, bien sûr.

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Mélanie
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Message par Mélanie » mer. nov. 25, 2009 11:04 pm

silramil a écrit :parfaitement d'accord. C'est ce que je résumais par différences de mise en scène et en situation.
Je comprends mieux ton point de vue, mais ce point particulier me fait un peu tiquer. Pour moi, ce n'est pas juste une différence de muse en scène et de situation, c'est la nature profonde de chacun des deux genres qui est radicalement différente. (Ou alors, on est en train de dire la même chose mais avec des termes différents ?)

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Message par MF » mer. nov. 25, 2009 11:14 pm

silramil a écrit :[Si la magie cesse d'exister, mais a existé, cela implique que le monde pourrait encore accueillir de la magie (d'où le thème symétrique du retour de la magie dans un monde devenu profane).
Est-ce moi ou bien le mot "profane" a-t-il une importance dans ce débat ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Message par silramil » mer. nov. 25, 2009 11:21 pm

Mélanie a écrit :
silramil a écrit :parfaitement d'accord. C'est ce que je résumais par différences de mise en scène et en situation.
Je comprends mieux ton point de vue, mais ce point particulier me fait un peu tiquer. Pour moi, ce n'est pas juste une différence de muse en scène et de situation, c'est la nature profonde de chacun des deux genres qui est radicalement différente. (Ou alors, on est en train de dire la même chose mais avec des termes différents ?)
Je penche pour la deuxième hypothèse, mais pour préciser : je suis d'accord pour dire que la nature profonde de ces deux genres, en tant que cadres de création fictionnelle, se joue sur les points que tu évoques. mais la nature de leurs univers, d'après mon analyse, est un aspect qui leur est commun.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 11:32 pm

silramil a écrit :
Mélanie a écrit :
silramil a écrit :parfaitement d'accord. C'est ce que je résumais par différences de mise en scène et en situation.
Je comprends mieux ton point de vue, mais ce point particulier me fait un peu tiquer. Pour moi, ce n'est pas juste une différence de muse en scène et de situation, c'est la nature profonde de chacun des deux genres qui est radicalement différente. (Ou alors, on est en train de dire la même chose mais avec des termes différents ?)
Je penche pour la deuxième hypothèse, mais pour préciser : je suis d'accord pour dire que la nature profonde de ces deux genres, en tant que cadres de création fictionnelle, se joue sur les points que tu évoques. mais la nature de leurs univers, d'après mon analyse, est un aspect qui leur est commun.
Je n'arrive pas à me défaire de l'image (simplifiée) dans laquelle, pour le fantastique, on serait dans notre monde, mais où surgirait justement un "défaut", qui remet en cause la conception qu'en a le héros (et le déstabilise, et avec lui, souvent, le lecteur).
Pour la fantasy, le monde dans lequel évolue le héros n'est pas un "problème" (autre que les dangers et problèmes auxquels il est confronté, mais qui sont "normaux" dans son univers).
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marypop
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Message par marypop » mer. nov. 25, 2009 11:38 pm

Lensman a écrit :
Xavier Mauméjean a écrit :
marypop a écrit :Je venais de retrouver le titre de cet excellent mauméjean et je vous en remercie malgré tout :)

Donc Xavier peut nous dire si oui ou non la magie existe dans son livre, mais dans tous les cas tu ne peux pas prendre pour postulat que la magie existe ou pas.

Il y a masse d'ouvrages où le ressort est justement sur la disparition ou réapparition de la magie par exemple.
Hello les amis,
C'est sympa de l'évoquer. Alors, de mon point de vue, la magie n'existe pas dans le roman. Du point de vue des personnages, elle existe.
C'est exactement ce que j'avais compris!!!
C'est la fête pour moi, car généralement, quand je discute avec les auteurs, je me trompe deux fois sur trois dans mes interprétations!
Oncle Joe
C'est ce que j'avais compris aussi, principalement grâce aux juifs je crois.

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Message par erispoe » mer. nov. 25, 2009 11:38 pm

Xavier Mauméjean a écrit : C'est sympa de l'évoquer. Alors, de mon point de vue, la magie n'existe pas dans le roman [Car je suis légion]. Du point de vue des personnages, elle existe.
Oui, d'aileurs j'avais été un peu surpris par l'étiquetage fantasy de l'édition poche du roman... Pour moi, Car je suis légion n'est pas vraiment de la fantasy mais plutôt un roman historique (mais je n'étais pas au courant du décalage de 2000 ans que tu as introduit).

Et ta remarque me fait forcément penser au bouquin de Paul Veyne "les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?".

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