MF a écrit :Shalmaneser a écrit :Ah, c'est intéressant. Je n'ai pas tout à fait le même sentiment, mais qu'est-ce qui te fait dire ça, exactement ?
Lorsque tu envisages de créer un univers de fantasy qui servira de toile de fond à un "cycle" ou à une "saga" (toile qui se peindra d'ailleurs souvent pendant l'avancement du cycle), tu as intérêt à accrocher le lecteur afin qu'il te suive sur la durée.
Sinon, tu vas avoir du mal à trouver un éditeur pour
ajouter une pierre à l'édifice littéraire, ou pour le faire exploser .
Donc, il faut avant tout ménager son gentil lecteur, le prendre par la main et bien lui faire comprendre qu'il doit retourner à la librairie acheter le volume suivant ?
C'est donc bien ce que disait Transhu : c'est une littérature de rombières.
Sauf que je ne suis pas vraiment d'accord... D'un point de vue purement pratique tu as raison, un livre ne peut être publié s'il ne plaît pas aux lecteurs ; mais cela ne veut pas nécessairement dire que la finalité principale du livre en question doit être de divertir le lecteur, de créer une appétence. Je ne crois pas que la littérature soit totalement étrangère à l'idée du divertissement, loin de là ; simplement, il y a
quelque chose de plus, une ambiguïté entretenue entre le divertissement et la réflexion littéraire.
Pour prendre un exemple récent : Jaworski joue justement de cette ambivalence du roman de Fantasy qui se doit de plaire au lecteur, tout en interrogeant sa propre nature :
[quote="Jean-Philippe Jaworski, dans
"Gagner la guerre", et par la bouche de Benvenuto"]Et si, en définitive, il y avait une intention louche derrière toute histoire divertissante ? Et si mon lecteur, à bien y réfléchir, était autre chose que mon lecteur ? Après tout, si je racontais une histoire au sénateur Mastiggia, c'était bien pour le distraire : le distraire de la vérité, de tous les désagréments qu'elle aurait pu générer pour moi, et faire du père endeuillé mon ami et ma dupe. Vous qui êtes en train de me lire, ne le faites-vous pas pour vous distraire ? Et, quoique vous sachiez que je suis une inqualifiable crapule, n'êtes-vous pas un peu mon ami ?[/quote]
Cette "intention louche" que renferment certaines histoires divertissantes, serait-elle justement de l'ordre de cette vanité peu avouable du livre qui vise autre chose que le simple plaisir de son lecteur ? Qui vise à n'être pas qu'un récit parmi d'autres, à clamer sa singularité littéraire ? (Je ne sais pas, je n'ai pas encore fini le roman...

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