On s'est pris un raclée tout à fait physique, hélas. Mais ça n'empêche pas la ferveur.jp the z a écrit :[Dans mes bras!!!!!! enfin une metaphysique que je peux comprendre !!!
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Lem, je suis plutôt d'accord avec ce que tu dis, mais ce qui me gêne, c'est ce que tu ne dis pas : une fois encore, tu éludes d'autres hypothèses (le jeu, l'écriture...) pour arriver à ta conclusion de la variable cachée...
C'est un peu ça qui ne veut pas passer, tu vois...
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"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"
Erion a saisi ma pensée. Il ne s'agit pas de TOUT se farcir d'un point de vue historique, cela n'a pas de sens (comme croire qu'ils faudrait de toute force lire les premiers romans, si on est amateur de littérature générale...), mais il y a un apprentissage, dans lequel on se plonge avec délice, à un âge où l'apprentissage est facile. Les jeunes lecteurs enthousiastes SF lisent très vite, goulument, absorbe très vite (par forcément très bien, mais ça se décante au fil des lectures). C'est presque comme un sport un peu difficile (comme le polo, par exemple), c'est pas quelque chose que l'on va pouvoir pratiquer en amateur, en se disant "tiens! je n'en lis pas de la SF, mais je vais en lire un roman, aujourd'hui... voyons ce qu'on me conseille...". Vous voyez d'ici le tableau...Erion a écrit :Pas vraiment. Ce que veut dire Lensman, c'est que les amateurs de SF ont commencé à en lire quand ils étaient jeunes, qu'ils ont lu un peu de tout, et que cet apprentissage les a transformé en experts pour les oeuvres actuelles. Alors qu'un critique de littgen qui débarque dans l'univers SF, n'ayant pas eu ce "bain culturel", n'a pas les clés de lecture.bormandg a écrit : Réaction à retardement, vu que je ne reste pas à surveiller le fil, mais je signale que, d'une autre façon, tu ressors ma propre vision du fait que la SF exige des lecteurs qu'ils montent directement au 83° étage d'une tour qui s'élève d'un étage par an depuis 1926, ou qu'ils se farcissent la montée parn les escaliers presque étage par étage avant d'avoir le droit de lire et de critiquer les oeuvres actuelles, qui sont toutes supposées faire (explicitement, les emprunts non cités à la Werber ne sont pas acceptés et sont traités de plagiat) référence au corpus existant, sous peine de rejet par les "amateurs éclairés" que nous serions...
C'est une des raisons pour lesquelles le postulat de Lem selon lequel le déni disparaîtrait, me paraît bizarre (je ne vois d'ailleurs pas ce qui le pousse à penser ça,saut peut-être une manière d'éviter de se désespérer en voyant les collections de SF reculer), car cela me semble structurellement impossible, compte tenu de la trop grande spécialisation induite par cette littérature, et chez ses auteurs, et chez ses lecteurs.
Ce genre de phénomène culturel est d'ailleurs passionnant.
Oncle Joe
PS: quand à l'admission du roman policier, je rappellerai qu'il me semble admis comme "amuseur", ou pour être très gentil, comme "brillant second" de la littérature générale.
Modifié en dernier par Lensman le dim. nov. 29, 2009 4:55 pm, modifié 1 fois.
Un essai a été publié il y a quelques mois intitulé Le français des écrivains me semble-t-il (ou quelque chose comme ça). Je ne l'ai pas encore lu mais je me souviens des recensions critiques qui en résumaient l'argument : la littérature à partir de Flaubert, en France, ce n'est pas le choix de la fiction (d'inventer des histoires) mas celui de créer une langue propre – de traiter le "français du roman" comme phénomène poétique, voire comme une langue étrangère. Apparemment, on est dans le continuum que cite JDB et ça me paraît tout à fait plausible.JDB a écrit :J'ai évoqué naguère la parution d'une anthologie intitulée The Secret History of Science Fiction. Vous en lirez ici une critique par Paul Witcover, qui dégage bien (à mon sens) la différence fondamentale d'approche entre un écrivain de SF et un écrivain mainstream.Pour les non anglophones, son argument se résume à ceci : l'écrivain de SF considère -- dans l'élaboration de son récit -- que ses prémisses sont réelles ; l'écrivain de mainstream y voit une métaphore ou un outil commode ou une source de jeu.
Toute la différence est là, il me semble.
JDB
Mais l'attitude opposée (continuer à considérer la langue comme "transparente" et se concentrer d'abord sur l'histoire, la narration, la fiction) ne me semble pas spécifique à la sf : on peut en dire autant du roman policier, du roman sentimental ou historique.
Discutons-en. De mon côté, ce sera avec grand plaisir (et je dis ça sans aucune ironie).Le_navire a écrit :Lem, je suis plutôt d'accord avec ce que tu dis, mais ce qui me gêne, c'est ce que tu ne dis pas : une fois encore, tu éludes d'autres hypothèses (le jeu, l'écriture...) pour arriver à ta conclusion de la variable cachée... C'est un peu ça qui ne veut pas passer, tu vois...
Je postule que "je suis d'accord" fait référence à ma dernière synthèse en date. Dans ce cadre-là, que signifie "tu éludes" ?
Je suis d'accord, ça me semble davantage des "techniques" que des choix fondamentaux, au service de ce que veut faire l'écrivain.Lem a écrit : Mais l'attitude opposée (continuer à considérer la langue comme "transparente" et se concentrer d'abord sur l'histoire, la narration, la fiction) ne me semble pas spécifique à la sf : on peut en dire autant du roman policier, du roman sentimental ou historique.
Maintenant, il y a des courants littéraires pour lesquels les "techniques" d'écriture constituent le fond de la chose, mais bon. C'est tout de même d'un intérêt circonscrit.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le dim. nov. 29, 2009 5:13 pm, modifié 1 fois.
Que veux tu dire par là ?Lem a écrit :2) Des facteurs traditionnels ont été proposés depuis longtemps pour expliquer ce phénomène : rôle de la science dans le genre
En quoi le "rôle" de la science serait, selon toi, un facteur de rejet ? Par qui ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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Est-ce si différent de la littérature générale ? Je t'assure que si tu commences par Joyce, Robbe-Grillet ou Marguerite Duras sans formation préalable, tu vas avoir une drôle de surprise. Et il y a par ailleurs beaucoup d'œuvres sf classiques dans lesquelles on peut entrer sans avoir jamais fréquenté le genre : Lovecraft, Sturgeon, Simak, Dune, Gibson… Rien que ça, c'est une formation accélérée.Lensman a écrit :Il ne s'agit pas de TOUT se farcir d'un point de vue historique, cela n'a pas de sens (comme croire qu'ils faudrait de toute force lire les premiers romans, si on est amateur de littérature générale...), mais il y a un apprentissage, dans lequel on se plonge avec délice, à un âge où l'apprentissage est facile. Les jeunes lecteurs enthousiastes SF lisent très vite, goulument, absorbe très vite (par forcément très bien, mais ça se décante au fil des lectures). C'est presque comme un sport un peu difficile (comme le polo, par exemple), c'est pas quelque chose que l'on va pouvoir pratiquer en amateur, en se disant "tiens! je n'en lis pas de la SF, mais je vais en lire un roman, aujourd'hui... voyons ce qu'on me conseille...".
Je préfère ne pas développer ce point pour l'instant, avec ton accord.C'est une des raisons pour lesquelles le postulat de Lem selon lequel le déni disparaîtrait, me paraît bizarre
La sf ne sera jamais un autre "brillant second" de la littérature. Elle ne devrait pas chercher à l'être, d'ailleurs, car ce serait une inféodation. C'est pour ça qu'il faut travailler à produire une représentation propre. Mais à tout prendre "brillant second" plutôt que rien… A chacun de décider.quand à l'admission du roman policier, je rappellerai qu'il me semble admis comme "amuseur", ou pour être très gentil, comme "brillant second" de la littérature générale.
- bormandg
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Sinon, pour en revenir au coeur du débat, i.e. de savoir si le rejet de la SF est lié à la présence, dans une part non négligeable (sauf par les critiques mainstream qui en ignorent superbement l'existence), d'une interrogation métaphysique, je crois sincèrement que cela n'est absolument pas une raison déterminante.
Les critiques littéraires qui nient l'existence d'une réflexion en SF savent parfaitement aller chercher une interrogation métaphysique chez un auteur reconnu (i.e. Kafka, non?).
Le fait que la présence des autres motifs de rejet dans d'autres branches de la littérature qui ne souffrent pas (ou doit-on dire "plus", parce que le rejet du roman policier a duré assez longtemps?) d'un rejet comparable ne suffise pas à expliquer ce rejet ne justifie pas l'idée qu'il suffit d'ajouter un motif supplémentaire pour l'expliquer.
AMA, nous ne sommes pas, face à l'acceptation ou au rejet d'une branche artistique, devant une situation déterministe où la présence ou l'absence de tel ou tel motif de rejet expliquerait l'acceptation ou le rejet, mais plutôt dans une situation "chaotique" où le rejet intervient sans motif explicable et s'auto-entretient aussi longtemps qu'un motif fort d'acceptation (Simenon pour le polar?) n'est pas intervenu. Et comme n'est à ce jour survenu aucun phénomène qui justifierait la remise en cause de ce rejet qui se nourrit de lui-même et du refus de prendre en compte toute information nouvelle, il dure et perdure....
Les critiques littéraires qui nient l'existence d'une réflexion en SF savent parfaitement aller chercher une interrogation métaphysique chez un auteur reconnu (i.e. Kafka, non?).
Le fait que la présence des autres motifs de rejet dans d'autres branches de la littérature qui ne souffrent pas (ou doit-on dire "plus", parce que le rejet du roman policier a duré assez longtemps?) d'un rejet comparable ne suffise pas à expliquer ce rejet ne justifie pas l'idée qu'il suffit d'ajouter un motif supplémentaire pour l'expliquer.
AMA, nous ne sommes pas, face à l'acceptation ou au rejet d'une branche artistique, devant une situation déterministe où la présence ou l'absence de tel ou tel motif de rejet expliquerait l'acceptation ou le rejet, mais plutôt dans une situation "chaotique" où le rejet intervient sans motif explicable et s'auto-entretient aussi longtemps qu'un motif fort d'acceptation (Simenon pour le polar?) n'est pas intervenu. Et comme n'est à ce jour survenu aucun phénomène qui justifierait la remise en cause de ce rejet qui se nourrit de lui-même et du refus de prendre en compte toute information nouvelle, il dure et perdure....

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
En quoi est-il spécifique ?Roland C. Wagner a écrit :C'est le mélodrame de base qui n'est pas spécifique. Le mélo augmenté, lui, l'est.
Au XXème siècle ? Il va falloir prouver ça.Alors que la métaphysique n'est pas spécifique à la science-fiction.
C'est bien ce que je dis : "mauvaise réputation littéraire".Bon, on est retombé dans le vieux schéma SF contre littérature, comme d'hab'. Rien de caché dans tout ça.
- Roland C. Wagner
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T'as une drôle de manière de voir les choses, quand même…Lem a écrit :Mais à tout prendre "brillant second" plutôt que rien…
Sinon, ce qui m'intéresse maintenant, c'est cette histoire de disparition du déni.
Tu veux dire que la science-fiction serait en train d'imiter Tem et perdrait peu à peu sa transparence ?
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- bormandg
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Kafka, tu connais? (je sors tout de suite la bombe Z, mais je pourrais te citer autant d'auteurs que d'émissions où Pivot a employé le mot si je les avais regardées).Lem a écrit :Au XXème siècle ? Il va falloir prouver ça.Alors que la métaphysique n'est pas spécifique à la science-fiction.

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Parce que c'est une forme inventée par Gernsback et reprise par d'autres auteurs de SF.Lem a écrit :En quoi est-il spécifique ?Roland C. Wagner a écrit :C'est le mélodrame de base qui n'est pas spécifique. Le mélo augmenté, lui, l'est.
Ah non, c'est à toi de prouver qu'il n'y a pas de métaphysique ailleurs.Lem a écrit :Au XXème siècle ? Il va falloir prouver ça.Alors que la métaphysique n'est pas spécifique à la science-fiction.
J'aurais dû écrire : tu es retombé dans le vieux schéma. Avec mes excuses.Lem a écrit :C'est bien ce que je dis : "mauvaise réputation littéraire".Bon, on est retombé dans le vieux schéma SF contre littérature, comme d'hab'. Rien de caché dans tout ça.
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Ce qui fait d'ailleurs que tout un public, pas seulement formé d'ignares et d'imbéciles, n'entre pas, ou peu dans ce type de texte. Et que des courants existent hors de ces icônes.Lem a écrit :Est-ce si différent de la littérature générale ? Je t'assure que si tu commences par Joyce, Robbe-Grillet ou Marguerite Duras sans formation préalable, tu vas avoir une drôle de surprise.Lensman a écrit :Il ne s'agit pas de TOUT se farcir d'un point de vue historique, cela n'a pas de sens (comme croire qu'ils faudrait de toute force lire les premiers romans, si on est amateur de littérature générale...), mais il y a un apprentissage, dans lequel on se plonge avec délice, à un âge où l'apprentissage est facile. Les jeunes lecteurs enthousiastes SF lisent très vite, goulument, absorbe très vite (par forcément très bien, mais ça se décante au fil des lectures). C'est presque comme un sport un peu difficile (comme le polo, par exemple), c'est pas quelque chose que l'on va pouvoir pratiquer en amateur, en se disant "tiens! je n'en lis pas de la SF, mais je vais en lire un roman, aujourd'hui... voyons ce qu'on me conseille...".
J'ai l'impression, pour ma part, que le temps de la "culture générale" est en train de s'achever. Des "cultures particulières" sont en train de se développer, et cela fait un moment. Les notions de courants dominants disparaissent, de plus en plus de courants différents continuent à exister, à se développer, parfois en n'entretenant que peu de liens avec les autres (il y a toujours des interaction, tout de même!). Je pense que la notion de culture dominante est en train de reculer, et même d'ailleurs au niveau de l'image "officielle", où des fissures de plus en plus grandes me semblent apparaître.
Mais ce n'est qu'une impression, comme la tienne pour la fin du déni...
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le dim. nov. 29, 2009 5:27 pm, modifié 1 fois.
Non.bormandg a écrit :Les critiques littéraires qui nient l'existence d'une réflexion en SF savent parfaitement aller chercher une interrogation métaphysique chez un auteur reconnu (i.e. Kafka, non?).
Kafka est considéré par la critique comme l'écrivain décisif de l'absurde – c'est à dire précisément d'un monde d'où toute métaphysique a disparu. Mais l'essentiel de la réception s'intéresse chez lui à son usage du langage, à la façon dont il rétablit "le dénuement originel" du langage. Et aussi, paraît-il, à son humour.
Le seul contre-exemple majeur que je peux envisager, c'est Borgès. Mais quand on lit bien comment il a été reçu, on s'aperçoit que son prestige embarrasse ou ennuie beaucoup de critiques qui y voient une espèce de contre-littérature, une sorte d'impasse : pas de romans, des fiches de lecture bibliophiles. Il y a Borgès, c'est entendu. Mais il est sans descendance. Tout ce qu'on peut faire à partir de Borgès c'est… du Borgès. Dans la réception générale de cet auteur, il n'est pas diffcile de deviner en sous-ttre quelques-uns des reproches adressés à la sf.
C'est une contre-hypothèse tout à fait plausible. Elle a l'avantage d'être définitive et de ne demander aucune discussion supplémentaire. A chacun de voir comment il veut se positionner par rapport à elle.une situation "chaotique" où le rejet intervient sans motif explicable et s'auto-entretient aussi longtemps qu'un motif fort d'acceptation (Simenon pour le polar?) n'est pas intervenu. Et comme n'est à ce jour survenu aucun phénomène qui justifierait la remise en cause de ce rejet qui se nourrit de lui-même et du refus de prendre en compte toute information nouvelle, il dure et perdure....
Modifié en dernier par Lem le dim. nov. 29, 2009 5:30 pm, modifié 1 fois.