Du sense of wonder à la SF métaphysique

[systar]

ah ?
Je suis assez basique, quand titres cités juste avant, moi toujours penser "genre de titres" en rapport avec la citation...
Ceci dit, je pense toujours qu'on ne peut rien conclure des titres. Sinon les San Antonio sont des livres de cuisine.

Bah on est deux. C'est rare qu'on soit d'accord, d'ailleurs (merci Lem !).

@ Aldaran: "ce genre de titres" visait ton "tout ça".

Bon.

J'étais parti pour vous expliquer pourquoi, si on regarde la situation "culturelle" de la métaphysique en France au début du XXème, la position de Lem est loin d'être absurde, quoique au prix d'un affinage (notez le vocabulaire cantalou qui transparaît) de cette position, mais là, je ne voudrais surtout décourager personne d'examiner avec Lem si les titres de Langelot (que j'aime), de Michel (que j'aime un peu moins, trop cérébral), et des trois jeunes détectives (que j'aime) sont métaphysiques ou non...

[Lem]

je traduis en langage de jeunes lecteurs intrépides

Quelque chose comme :

- monstres = infini
- inconnu = néant
- plus ou moins paranormal = temps
- reliques et trésors provenant du passé = ciel
- greniers entassés avec des choses géniales dedans = force
- voisins bizarres = ciel

L'Oulipo aurait adoré.

vous traduisez par votre propre vision.

C'est ma foi vrai :

- infini = infini
- néant = néant
- temps = temps
- ciel = ciel
- force = force

Nettement moins marrant, j'en conviens.

[Aldaran]

A de la sous-littérature pour les gosses... (ils voient les couvertures, aussi..)

Mais…
Des gosses qui s'intéressent à "l'infini", à "l'univers", au "néant", à "l'inconnu", au "temps", à "la force", au "ciel", à "l'esprit" ?

Ben... Ce ne serait pas nouveau que les gosses s'intéressent à tout ça. Tu aurais même pu glisser dans ta liste "Les Maîtres de l'Univers" et "Les Mystérieuses cités d'or", ça n'aurait choqué personne ici... et conforté les autres.

Je suis d'accord. Les lecteurs de SF n'ont pas de problème avec l'époque "enfantine" de leur passion, et les productions "enfantines" de leur domaine de prédilection. C'est même le contraire, il y a une continuité entre leurs lectures de gamins et leurs lectures d'adultes. Souvent, on se vante du moment où on a lu "autre chose" que ses lectures de gamins. Mais la SF, elle offre tout le panorama que l'on recherche, et dans une continuité qui existe beaucoup moins ailleurs, où il est important de faire le malin, on montrant qu'on est "adulte", qu'on est passé à "autre chose".
Oncle Joe

Il me semble qu'Orwell s'est interrogé pas mal sur ce moment où les gosses décident, pour diverses raisons, qu'ils doivent passer à "autre chose". Si j'ai bien compris, le monde régi par cet "autre chose", le nôtre donc (celui qui refuse de reconnaître la SF à sa juste valeur), lui foutait une trouille terrible. Mais je mélange peut-être tout...

[marypop]

Lem tu as perdu l'enfant en toi !!!!

"l'infini" = le grenier, le terrain vague, l'espace derrière le terrain vague
"l'univers" = le lac, la mer, le monde, la forêt, la chambre des parents
"néant" = ce qui fait peur globalement
"l'inconnu" = le mystère

Je te donne un exemple concret de grande réussite pour enfant, et en plus c'est quasiment mon film préféré : l'histoire sans fin.

Il ne peut pas être davantage question de temps, d'infini, d'éternité, et surtout de néant.
Evidemment que ça parle aux enfants !
Est-ce de la SF ?
Est-ce de la métaphysique ?

Edit : pour le reste c'est très énervant que ce forum n'ait pas en actif l'option qui nous informe qu'un nouveau message a été posté entre temps ça éviterait les chassés croisés de posts.

[systar]

vous traduisez par votre propre vision.

C'est ma foi vrai :

- infini = infini
- néant = néant
- temps = temps
- ciel = ciel
- force = force

Nettement moins marrant, j'en conviens.

Mais furieusement "idéalisme allemand"... (si j'en juge par les précautions conceptuelles avec lesquelles Fichte, Schelling, Hegel, et même Rosenzweig, ont tenté de construire de telles (fausses) tautologies... )

[Lem]

La plupart de ces titres ont une vraies charges poétique.

Totalement.

On y trouve toutes formes de figures de rhétoriques (alitération, assonnance, oxymore). Et si la SF était de la poésie matérialiste ?

Le tout est de déterminer quel genre de poésie.
Parce que Les portes de l'infini, ça ne donne pas exactement la même émotion poétique que La mer ourlée de tes lèvres ou Fleurs sauvages de la jeunesse (quoi que le deuxième ait un petit côté Silverberg).

[Sand]

Il me semble qu'Orwell s'est interrogé pas mal sur ce moment où les gosses décident, pour diverses raisons, qu'ils doivent passer à "autre chose". Si j'ai bien compris, le monde régi par cet "autre chose", le nôtre donc (celui qui refuse de reconnaître la SF à sa juste valeur), lui foutait une trouille terrible. Mais je mélange peut-être tout...

J'ai le souvenir très net de copains de mon petit frère, qui trouvaient leur mère en général pas mal, mais quand même, qu'elle aime regarder les dessins animés avec eux, c'était pas normal, c'était une adulte.

Moi, en apprenant ça, j'ai décidé que plus grande, je ferais pareil, aucune raison de se priver d'un plaisir juste parce qu'on a vieilli.

(on dévie ? ah bon ?)

[Lem]

J'étais parti pour vous expliquer pourquoi, si on regarde la situation "culturelle" de la métaphysique en France au début du XXème, la position de Lem est loin d'être absurde, quoique au prix d'un affinage (notez le vocabulaire cantalou qui transparaît) de cette position...

Tu devrais le faire, affinage compris. On en a besoin dans le débat.

[systar]

"l'infini" = le grenier, le terrain vague, l'espace derrière le terrain vague
"l'univers" = le lac, la mer, le monde, la forêt, la chambre des parents
"néant" = ce qui fait peur globalement
"l'inconnu" = le mystère

Autant je trouve que souvent l'intelligence de l'ado, dans le discours ambiant, est surestimée, autant là, je trouve que celle de l'enfant est un poil dévaluée...

[Lensman]

La mer ourlée de tes lèvres .

C'est une nouvelle de Farmer, je me souviens!
Oncle Joe

[Lensman]

Bon, je vous laisse, je vais dîner avec les gamins du Mercredi de la SF...
J'aimerais que tout le monde planche un peu sur ma vision psycho-sociologique du lecteur de SF qui ne subit pas de rupture culturelle (hormis celle de la découverte de la SF, quand il est tout gamin).
Oncle Joe

[marypop]

"l'infini" = le grenier, le terrain vague, l'espace derrière le terrain vague
"l'univers" = le lac, la mer, le monde, la forêt, la chambre des parents
"néant" = ce qui fait peur globalement
"l'inconnu" = le mystère

Autant je trouve que souvent l'intelligence de l'ado, dans le discours ambiant, est surestimée, autant là, je trouve que celle de l'enfant est un poil dévaluée...

Ca n'a rien à voir avec de l'intelligence.
Le plaisir, le frisson, de la lecture et le rapport AVEC LE TITRE.

La plupart des livres pour enfant font appel au mystère, c'est la le trait commun.
Ce mystère peut être SF, Fantasy, Fantastique, Policier, ou autre, peu importe.

Sortir du contexte un titre ou un autre pour dire qu'il est surprenant que les enfants s'y intéressent, c'est fallacieux.

Que tu parles d'ET ou des Goonies, ou d'une maison hantée, ou de la nouvelle bizarre qui est en cours avec toi cette année, les ressorts sont les mêmes.

Ils s'agit de découvrir autre chose.

Ce qui est tout à fait naturel puisque l'enfant est dans la période de sa vie de l'apprentissage.

si tu penses que dire que les enfants aiment lire des choses qui parlent de la découverte (donc de l'inconnu) de la peur et du frisson ... je ne vois pas le rapport avec l'intelligence donc bon.

[Sand]

Je dirais plutôt qu'on a besoin de passer à l'étape suivante : on est tous d'accord qu'il y a de la métaphysique dans la SF, y compris ses titres.

Ca fait 80 pages que ça tourne en rond là-dessus.

Maintenant, j'aimerais bien voir en quoi cette métaphysique serait à l'origine du rejet/déni de la SF.

Parce que pour le moment, c'est
"il y a de la métaphysique dans la SF et c'est pour ça qu'elle est malaimée"
"hein quoi ? Quel est le rapport entre la métaphysique et le rejet de la Sf ?"
"rooo, mais lisez-moi, je vous dis qu'il y a de la métaphyique dans la SF, vous allez pas nier ça quand même ! Je vous dis aussi qu'il y a rejet de la SF, z'allez pas le nier non plus !"
"oui alors la présence de la métaphysique on est d'accord, le rejet, on a des doutes mais admettons. Le rapport avec la métaphysique ?"
"ben y'en a dans la SF"

On se croirait dans la pub contre les antibiotiques.

[JDB]

Parce que pour le moment, c'est
"il y a de la métaphysique dans la SF et c'est pour ça qu'elle est malaimée"
"hein quoi ? Quel est le rapport entre la métaphysique et le rejet de la Sf ?"
"rooo, mais lisez-moi, je vous dis qu'il y a de la métaphyique dans la SF, vous allez pas nier ça quand même ! Je vous dis aussi qu'il y a rejet de la SF, z'allez pas le nier non plus !"
"oui alors la présence de la métaphysique on est d'accord, le rejet, on a des doutes mais admettons. Le rapport avec la métaphysique ?"
"ben y'en a dans la SF"

On se croirait dans la pub contre les antibiotiques.

Non. Faut transmettre ce fil à Boulet, au cas où il aurait besoin de scénars pour son blog.
Enfoncé les délires entre jeunes dessinateurs sur les super-pouvoirs !
JDB (putain, je l'ai pas fini, mon chapitre)

[Aldaran]

le rejet, on a des doutes mais admettons. Le rapport avec la métaphysique ?"

Toi tu t'es jamais faite recevoir par tes profs de français en leur proposant une dizaine de copies sur des bouquins de SF en échange de la seule demandée sur "Bel ami"...
En gros, le retour, c'est "on travaille sur quelque chose de sérieux, le divertissement, c'est pour chez toi". Hors école, l'accueil est pire...