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par Gérard Klein » sam. déc. 05, 2009 3:12 am
Si vous n'avez pas d'abord acheté et lu ensuite le n°48/49 du Rocambole, et tout spécialement, l'article de Vittorio Frigerio, Crépuscule de la paralittérature, passez votre chemin, vous n'aurez pas accès à Mon Paradis.
Dieu
Et maintenant, le facteur premier, la cause, la raison, l'explication, appelez-ça comme vous voudrez, du déni de la science-fiction par l'élite médiatico-universitaro-culturelle me semble être le mythe de l'unité de la littérature, j'ai bien écrit le MYTHE de l'unité de la littérature. Toutes les nations, du moins celles qui ont une littérature, le partagent plus ou moins, mais aucune au même degré obsessionnel que la France. Il y a à cela des raisons historiques précises et l'on me pardonnera de faire un détour par le passé et d'autres espèces littéraires, le temps de revenir à notre sujet.
Au 17° siècle, l'absolutisme naissant éprouva le besoin non seulement d'éliminer autant que faire se pouvait les langues régionales mais de constituer une littérature fondatrice avec des corps chargés de veiller à son intégrité et à sa transmission, au sommet desquels s'étale l'Académie Française. Auparavant, chacun écrivait comme il sentait dans une grande diversité de genres et de langues qui forniquaient joyeusement entre eux. Après, plus question de rigoler. On a même doté pour ça les académiciens d'une épée, histoire de bien montrer qu'ils étaient des aristocrates puisque seuls ces derniers avaient le droit de porter et d'employer un couteau d'une certaine longueur. J'ai toujours rêvé de voir s'organiser des duels à mort, façon gladiateurs, d'académiciens dans le centre de leur auditorium, débarrassé de ses meubles inutiles en son centre et qui pour le reste s'y prête assez bien. Ainsi seraient réglées de violentes controverses sur une définition du Dictionnaire. Ce serait aussi une façon de rajeunir rapidement l'assemblée. J'ai également toujours été surpris qu'aucun des impétrants ne refuse de porter cette arme, même des esprits aussi pacifistes que Jean Rostand ou en principe iconoclastes que Roger Caillois. Mais je dérape et je délire. C'est l'âge.
Mais enfin, Richelieu, reviens et abolis-nous tout ça ! À commencer par un dictionnaire dont la rédaction est aussi stupide qu'inutile. Quoique un académicien, collaborateur de Le Monde, aujourd'hui hélas disparu, m'avait promis par écrit de s'intéresser au terme science-fiction quand on en viendrait à la lettre S. Pas demain la veille.
Donc, l'unité de la littérature. Bien entendu, il n'y a pas à proprement parler de cahier des charges. Mais il y a un fort enjeu de pouvoir et les conditions de cette unité sont définies par le complexe élitaire que j'ai évoqué, en étroite connexion avec le pouvoir politique et social la plupart du temps. Cette connexion n'implique pas du tout que les points de vue et intérêts du pouvoir symbolique et du pouvoir politique et judiciaire coïncident toujours, pas plus que ce ne fut le cas entre le susdit et le pouvoir religieux. Je le précise inutilement afin d'éviter un troll. Au demeurant, cette définition d'un corpus et d'une idéologie orthodoxes est une vieille habitude religieuse et sorbonnarde. Au reste, l'enseignement religieux et en particulier les jésuites contribuèrent fortement à la définition des classiques. Et bien entendu encore, afin de pourfendre par avance un troll stupide, il y a, au sein du champ ou domaine vaste et complexe où se constitue l'orthodoxie, des luttes permanentes vu le capital symbolique qui est attaché à telle ou telle de ses expressions. De même qu'il y a eu des bisbilles entre le religieux et le politique.
Le corpus classique, je le connais assez bien. Et pour avoir relu récemment avec une petite fille de treize ans Les Fourberies de Scapin, j'ai compris que ce texte était à peu près inintelligible pour elle qui ne vient pas du tout d'un "quartier", à la fois du point de vue de la langue et des situations, et vérifié que le théâtre de Molière, destiné à faire rire des gandins aristocratiques aux dépens de bourgeois sans particule était l'un des plus réactionnaires que je connaisse. Il m'a pratiquement rendu Tartuffe, ce précurseur de L. Ron Hubbard, sympathique.
Et que notre bien aimé président n'avait pas tout à fait tort quand il taxait de sadisme l'inscription aux concours élémentaires de l'Administration la consommation obligatoire de la Princesse de Clèves. C'est seulement après avoir lu Paul de Gondi de Retz, Bussy-Rabutin et les Mémoires de Saint-Simon que j'ai enfin compris l'exception morale et amoureuse de ce personnage en un temps où les mariages étaient de convenance et d'intérêt, l'adultère habituel, l'exemple venant de tout en haut, le viol courant entre personnes de la meilleure compagnie, et l'honneur une façon de parler. Et, par là, la singularité du personnage qui fit l'étonnement et le succès de l'œuvre. Difficile à imaginer quand on vient de Martinique ou de Livry-Gargan, qu'on n'est pas agrégé de grammaire comme fut notre ami Pilotin, et qu'on vit dans une société où le mariage devient exceptionnel, la fidélité une illusion transitoire, et l'honneur une question de "respect" qui se négocie au canif.
Ce mythe donc, celui de l'unité de la littérature, se constitue par inclusion, le corpus, mais aussi, évidemment et peut-être surtout, par exclusion: ce que n'est pas la littérature, la Bonne Littérature. Les frontières se déplacent avec le temps mais découvrir qu'elles existent et qu'elle se déplacent souvent lentement permet de comprendre quelques paradoxes superficiels de l'histoire littéraire. Ainsi, il a fallu près d'un siècle pour admettre Stendhal dans le giron de la littérature, et Balzac était réputé écrire fort mal pratiquement jusque vers 1930 au moins. Comme le note Wiki:"la critique se fait dure, injuste, et souvent mesquine, puisque son acharnement continue après sa mort."
Pourquoi? Stendhal écrivait comme le Code Civil, réputé de bon style. Et Balzac? La raison en est sans doute ce que Lem appellerait une "variable cachée" mais qui ne l'est guère. Stendhal et Balzac décrivent leur société contemporaine et ses tares et travers, ce qui ne se fait pas.
La Bonne Littérature, au moins du temps, traite de mythologie, du passé historique, de l'amour, et se permet tout juste lorsqu'elle touche au présent, de l'auto-fiction, sur le modèle du jeune Werther, comme Chateaubriand, Mme de Staël et son copain Benjamin Constant. Passons. Victor Hugo, qui n'est pas fou, attendra 1862 pour donner dans Les Misérables un tableau de son monde à peu près contemporain.
Bien entendu, il y a des gardiens de l'orthodoxie. Traditionnellement, les Français aiment tellement l'orthodoxie qu'en général il y en a plusieurs. Pour faire simple, les gardiens du temple furent de deux sortes qui se confondent parfois, les critiques des journaux, feuilletonistes en ce sens précis, qui occupent le "rez-de-chaussée" hebdomadaire de quotidiens, et des revues, et les innombrables auteurs des Histoires de la Littérature qui sont souvent des universitaires. Si j'avais une chaire et des étudiants en lettres, ce qu'à MOI ne déplaise, je les obligerai à faire des thèses sur les rez-de-chaussée et l'Histoire des Histoires de la littérature française, ce qui serait à la fois instructif et comique et qui, à ma connaissance, certes limitée, n'existe pas. Une telle histoire serait celle de l'élite prescriptive qui définit plus implicitement qu'explicitement (et pour cause, c'est un peu comme définir la science-fiction) la Bonne Littérature.
Mais en attendant, on trouve aisément des choses pittoresques. Prenez Pierre-Jean de Béranger, pas exemple que j'ai même un peu lu, qui fut tenu pour le plus grand poète de son temps, bien supérieur à Hugo, en partie pour des raisons politiques, et qui est totalement oublié et ravalé au rang de chansonnier. Je galège? Voici ce que dit le Pr. Wiki: "De très nombreuses et grandes figures du xixe siècle ont rendu hommage à Béranger de son vivant.
▪ Chateaubriand: « Un des plus grands poètes que la France ait jamais produits »
▪ Goethe: « Béranger est le génie bienfaisant du siècle »
▪ Sainte-Beuve: « C’est un poète de pure race, magnifique et inespéré »"
Les plus grands prophètes choient de leur piédestal.
Bref l'inclus et l'exclu bougent pas mal avec le temps et pas toujours très vite. Sautons à la fin du 19° et au début du 20° siècles. Qui peut lire encore, sans obligation professionnelle ou masochisme incurable, Paul Bourget, cet indépassable analyste de l'âme humaine, surtout féminine (quoique dans le Disciple, il touche à la métaphysique); Maurice Barrès ou Henri Bordeaux dont je recommande le célèbre Les Roquevillard. N'oublions jamais, toutefois, que nous regardons le passé avec les yeux du présent et que les historiens qui se veulent ou se prétendent les plus objectifs ne font pas autrement.
Alors la science-fiction, dans tout ça, même archaïque. Comme le note Lem elle est regardée, en dehors de considérations moralisantes, et tout de même d'un refoulement dans la littérature pour adolescents, jusqu'à l'entre-deux-guerres, sans animosité particulière et même parfois avec une sympathie amusée par l'élite prescriptive. C'est qu'elle ne présente aucun danger, elle est tout à fait marginale, elle ne constitue pas une subculture qui pourrait entamer ou défier la Vraie Culture. Même si Renard en effet théorise bien son potentiel et le fait dans des revues tout à fait orthodoxes, tout le monde s'en fout. C'est comme les bananes de Joséphine Baker. Les facéties occasionnelles d'André Maurois (le Peseur d'âmes, repris in petto par Dan Brown dans son dernier opus, mais Maurois n'en était pas l'inventeur) ou de Jules Romains (Violations de frontière) étaient accueillies avec une compréhension ironique. Ces (plus ou moins) jeunes gens reviendront bien à la Littérature. Ils l'ont fait.
Reste que Versins cite de Maurois un passage intéressant que Lem ne manquera pas d'ajouter à ses références: Dans Hypothèses sur l'avenir, (Relativisme), 1930, il écrit: "Si l'on avait décrit très exactement aux hommes de 1880 la vie que nous menons aujourd'hui, sans doute l'eussent-ils trouvée terrifiante. Or beaucoup d'entre eux sont vivants, ils se sont adaptés sans s'en apercevoir à un mode d'existence qui leur eût semblé jadis pénible et extravagant. Il en sera toujours ainsi. Nous ne savons pas ce que sera, en 1957, la vie de ceux d'entre nous qui auront survécu, mais sans doute la trouveront-ils normale, monotone, et penseront-ils avec curiosité à un avenir que nous ne pouvons même pas concevoir."
Il n'en va pas tout à fait de même pour le fantastique. Là, il y a de sérieuses mises en garde. Bon, Hoffmann, c'est un étranger. Poe, on garde à cause de Baudelaire, mais c'est pour les gamins. Le Horla, c'est Maupassant mais il vaut mieux ne pas en parler, ce qu'on a fait longtemps. Bref, le fantastique, ce n'est pas vraiment de la Littérature. Relents de superstition? Manque de réalisme?
Vers 1949 encore, quand j'étais en quatrième, une enseignante de lettres sans doute d'avant-garde nous faisait lire les nouvelles fantastiques de Mérimée, la Vénus d'Ille et l'histoire de l'ours violeur dont j'oublie toujours le titre (Lokis, merci Lem) mais en nous mettant bien en garde contre le fait que ce n'était pas de la vraie Littérature et que le bon Mérimée était ailleurs. C'était une autre époque, proprement fantastique, certes. Nous nous levions à l'entrée du professeur, l'appel durait une minute et personne ne manquait jamais, et même le pire des cancres ne téléphonait pas du fond de la classe. C'était dans le 9-3.
Puis le fantastique a fini par être intégré au corpus, probablement après la Seconde Guerre Mondiale.. Comme quoi, parfois, il suffit d'attendre. Mais Caillois l'aborde encore dans son anthologie en deux volumes avec d'infinies précautions.
Et lorsque la science-fiction apparaît plus ou moins en force, au début des années 1950, on lui oppose généralement le bon et respectable fantastique. L'habile Maurice Renault ne s'y trompe pas qui mêle les deux espèces littéraires.
Mais j'anticipe indûment car le même excellent Maurice Renault avait mené auparavant un combat fervent dans les pages de Mystère Magazine pour faire reconnaître le roman policier comme genre littéraire à part entière au moins dans ses plus nobles manifestations, citant Chesterton et tutti quanti. Et tâchant de créer des prix. C'était à la fin des années 1940 et il n'était pas question de lui donner raison. On trouvait dans Le Monde, Figaro Littéraire et autres journaux sérieux, de longues dissertations concluant que tel roman de Bernanos (dont j'ai oublié le titre) pouvait accéder à la distinction de roman policier littéraire. Simenon, la Série Noire, vous rigolez. Certes quelques esprits audacieux, peut-être Gide soi-même, s'aventuraient à considérer le policier comme une distraction à côté des mots croisés. Il paraissait même que Churchill en lisait. Annoncer la parution de Simenon dans La Pléiade, ce panthéon du papier, aurait amené le prophète droit à l'internement psychiatrique. C'était l'époque où des auteurs français, pas mauvais, souvent par ailleurs traducteurs, prenaient des pseudonymes anglo-saxons.
Puis vint la science-fiction. Et là, pour des raisons historiques et anecdotiques déjà longuement évoquées, et malgré la brève offensive de quelques jeunes intellectuels (un an, pas plus), l'affaire est vite réglée. Ce n'est pas de la Littérature, ça n'en sera jamais.
On peut évidemment, après l'exemple du roman réaliste, celui du fantastique classique, celui dans une large mesure du roman policier, se dire qu'en attendant un peu, la science-fiction finira par être admise dans le giron de la Littérature Mythiquement Unitaire et qu'on ne verra plus sur des quatrièmes de couverture louant des ouvrages généralement médiocres: attention, ceci n'est pas de la science-fiction. J'en doute fortement après un demi-siècle d'espoir désabusé et pour les trois autres raisons fortes que j'évoquerai ultérieurement et quelques autres, mineures. À partir du moment, où la science-fiction s'est constituée en subculture, comme, dans un autre domaine le jazz, elle est inacceptable. De plus, c'est une subculture dont les tenants, auteurs et lecteurs, viennent en général d'une classe sociale très évidemment différente de la dominante. Non que celle-ci soit absolument hermétique. Comme sous l'Ancien Régime, il était possible de passer d'un État à un autre en particulier par la voie ecclésiastique, il est tout à fait possible de devenir un écrivain respectable en venant d'un quartier comme on dit. Ce n'est pas facile mais ce n'est pas interdit et il y a même des encouragements à recevoir. Mais il faut absolument se plier aux dits et non-dits de l'orthodoxie, aussi diffus et vagues qu'ils soient mais immanquablement repérables.
Mais on peut toujours rêver.
Certes les efforts pour fissurer la forteresse n'ont pas manqué. Dans les années 1970, Jacques Goimard, homme dont le poids est certain, a pesé sur la porte du Monde des livres, l'a entrouverte et nous y avons aussitôt glissé un pied , Dorémieux, lui et moi, pour l'empêcher de se refermer, et pendant une bonne vingtaine d'années, nous avons eu notre ghetto, à savoir une page ou une demi-page de rubrique à peu près mensuelle. Le rôle fut tenu par Goimard lui-même, un tout petit peu par moi, par Michel Jeury, par Emmanuel Jouanne et probablement par un ou deux autres que Goimard et moi portions généralement sur les fonds baptismaux. Puis Jacques Baudou prit la relève à sa manière, jusqu'à la quasi-évaporation. On lui doit aussi de bons Que-sais-je?
Mais ce qui est frappant, c'est précisément la tenue à l'écart. Si cela peut se comprendre pour des domaines vraiment très spécialisés comme la poésie ou la philosophie, c'est plus étonnant pour des romans sur une si longue période et pour certaines œuvres qui ne sont pas si spéciales. Avec disparition et occultation dès qu'il n'y a plus de "spécialiste". Soit.
La tenue à l'écart peut aller beaucoup plus loin. Considérons Libération. De par son public, jeune, curieux, remuant, et lecteur de science-fiction, on aurait pu s'attendre à ce que ce distingué quotidien se précipite sur le genre. Nenni, du moins dans ses Cahiers Livres. Pendant des années, des amateurs fervents et connaisseurs parvinrent à glisser dans les rubriques les plus cocasses, société, mode, musique et même sports, de brefs compte-rendus de livres qui les avaient marqués. Je pense ici par exemple à Jean Quatremer qui représente le journal à Bruxelles et qui a bien dû réussir un glisser un Brunner entre deux papiers sur le fonctionnement de la Commission Européenne. Et à d'autres. Mais dans le Cahier Livres, jamais.
On me permettra ici une anecdote personnelle. Je connais depuis fort longtemps Antoine de Gaudemar qui a dirigé pendant des années le Cahier Livres. Je ne le connais pas très bien mais nous nous tutoyons. Je l'ai rencontré très régulièrement dans les restaurants que fréquentent les éditeurs autour de la Place Saint-Sulpice. Et le gag s'est reproduit des dizaines de fois. Je lui demandais:"alors cette rubrique sur la sf dans Libé, ça vient. C'est pourtant votre public." Et Antoine de me répondre chaque fois: "oui, on y pense. Il doit y avoir une réorganisation. Après…"
Il n'y a plus d'après à saint-Germain des Prés.
En fait, Gaudemar, comme son acolyte François Rivière pour qui un bon écrivain doit être mort depuis au moins cinquante ans, pensait tout simplement que la science-fiction, ce n'était pas de la Littérature et il se voyait comme un défenseur, voire le dernier, de la Littérature.
Enfin, il y eût une réorganisation et Frédérique Roussel vint. Elle, au moins, a introduit, en connaissance de cause, de la science-fiction, quand elle peut, comme elle peut, dans le Cahier Livres de Libération. Ou en dehors. C'est selon, et les meilleures traditions perdurent.
Dans l'université, c'est un peu la même chose. Une poignée de bons esprits, Goimard, Compère, Bozetto, plus récemment Sylvie Allouche à l'ENS, Anne Besson, Irène Langlet et quelques autres ont essayé de secouer la citadelle de l'orthodoxie. Nous en sommes heureux, mais nous ne nous illusionnons pas sur la portée de leurs efforts.
Toutefois, il y eut des essais et ainsi, dans La Littérature en France depuis 1945 (Bordas, 1970), on trouve un sous-chapitre consacré à la science-fiction, dont je suis le héros avec une longue citation d'une de mes nouvelles. J'ai dû bien décevoir les quatre auteurs en ne devenant pas un écrivain célèbre. Mais on ne peut pas tout faire, résoudre des problèmes socio-économiques à la pelle, participer à des anthologies, diriger des collections et publier par dizaines des textes critiques. Ce qui est plus intéressant, c'est que le chapitre concerné s'intitule Autour de la littérature.
Pas question d'être dedans. Y figure, entre autres, Simenon, que j'évoquais plus haut. Pour les autres, vous irez voir.
Personne de sensé ne croit plus au Mythe de l'Unité de la Littérature ni même de la Culture, sauf probablement les académiciens. Mais cela ne l'empêche pas d'être toujours efficient. C'est ce qu'on appelle une question métaphysique.
Un intervenant i.i.i.i.i.i ce qui veut dire intervenant ilote ignare idiot incompétent, comme il y a les andouille cinq A. et qui n'est rien de tel car je l'ai démasqué et je sais qui il est (lui aussi peut-être) veut faire croire que la science-fiction, littérature populaire, n'est pas moins bien traitée que la littérature érotique, supposément populaire.
D'abord, ni la littérature érotique, ni la science-fiction ne sont véritablement des littératures populaires comme j'y reviendrai, un expert à l'appui.
Ensuite, dans un premier temps, la littérature érotique, de Pierre Guyotat (que je n'aime pas trop) à Catherine Millet, en passant par Pauline Réage, Michel Bernard, Joé Bousquet, André Hardellet, Georges Bataille (qui a consacré au moins un livre au sujet),Pierre Louÿs, José Pierre (dont je recommande Qu'est-ce que Thérèse, c'est les marronniers en fleurs?) éminent surréaliste, et des dizaines d'autres, ont été extrêmement bien traités par la presse littéraire. Même Emmanuelle sur la surface littéraire de laquelle on peut s'interroger. Faut-il évoquer Henri Miller et Anaïs Nin? Ou même ce pauvre D.H. Lawrence qui fut taxé d'une préface d'André Malraux. Dans le dernier Courrier International, il est longuement traité d'un roman, certes britannique, où l'usage des bougies n'est pas strictement orthodoxe. Les anthologies de J.J. Pauvert ont eu droit à des pages entières, et c'est dans un quotidien que j'ai découvert naguère la réédition du monument de Pascal Pia, L'Enfer des livres, qui est un peu le Versins du domaine, sauf, ne vous précipitez pas, qu'il s'agit surtout d'une austère bibliographie.
Il se trouve que je me suis beaucoup intéressé à la littérature érotique et que j'ai même dirigé un petit temps, chez J'ai lu, une collection de ce genre à partir de 1987. Le curieux trouvera sans peine une préface semi-érudite aux Mémoires d'une chanteuse allemande, signée de mes initiales. J'ai renoncé rapidement, la collection rose ne correspondant plus à mes exigences.
L'Histoire de la littérature érotique, de Sarane Alexandrian, publiée chez Seghers, connut un succès de presse considérable.
Et puisque je cite Alexandrian, dans un deuxième temps, j'ai eu l'honneur de participer avec lui à un colloque sur la littérature populaire à la TBN, lui représentant l'érotique et moi la sf, en compagnie d'une dame Harlequin, et ce pauvre Alexandrian faillit s'étrangler à expliquer que la littérature érotique n'avait jamais été populaire, ce que je tentais à mon tour dans mon domaine à propos de la science-fiction.
Certes, pour donner un semblant de raison au 5 i précité, je n'ai trouvé nulle part de recension, malgré des recherches très approfondies, comme le sujet l'exige, du fameux Apprentie-coiffeuse, je suis violée et pénétrée tous les matins des deux côtés par mon patron avec un fer à friser. Je présume que le service de presse a été insuffisant.
Cette question mineure évacuée, restent trois facteurs majeurs du déni de la science-fiction depuis plus d'un demi-siècle et qui me conduisent à écrire:
(À suivre)
PS: Bon j'ai oublié des tas de choses dont je voulais parler mais si elles me reviennent, vous n'y couperez pas.
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Gérard Klein le sam. déc. 05, 2009 5:09 am, modifié 2 fois.
Mon immortalité est provisoire.