Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Erion
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Message par Erion » mar. déc. 08, 2009 7:22 pm

bormandg a écrit : Pas du tout d'accord, et encore moins avec la fin. Pour différentes raisons (le problème d'apocalypse du "nouveau" paradigme n'atant ni la moindre, ni la seule), la part du public qui accepte la SF a culminé entre 1975 et 1985 aux alentours de 30%, et les jeunes actuels multiplieront les qualificatifs péjoratifs à l'encontre de la SF (barbante, démodée, prise de tête,... sans doute éviteront-ils "infantile", ils ne pourraient plus justifier leur amour de la bit-lib :twisted: ).
Non. La SF EST reconnue par le public, majoritairement jeune. Les jeunes n'ont aucun problème avec la SF, aucun.

Qu'ils n'en lisent pas autant que dans les années 80, ca fait partie du problème global du rapport à la lecture, mais la reconnaissance, elle est là.

Ca démontre juste que la question de la reconnaissance n'a rien à voir avec le chiffre des ventes.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lem

Message par Lem » mar. déc. 08, 2009 7:23 pm

Mélanie a écrit :*Retourne sous-mariner*
Oh, tu veux pas rester un peu ?
C'est bien quand tu es là, il y a une sorte de douceur… (même quand tu es énervée).

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bormandg
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Message par bormandg » mar. déc. 08, 2009 7:25 pm

Lem a écrit :Petite incise coïncidentielle : ce matin, sur France Culture, émission sur Schopenhauer. L'invité (je ne sais pas qui c'est, un philosophe j'imagine) parle de métaphysique. Schopenhauer en a-t-il une ou est-il, déjà, un philosophe de l'absurde ? Suggestion de l'invité : "la perception métaphysique du monde par Schopenhauer, c'est la musique".
Et me revient alors cette phrase très belle dont, je crois bien, Schopenhauer est l'auteur :
Même après la mort du dernier homme, la musique continuera
Presque une histoire parfaite de science-fiction en dix mots.
Pourquoi presque? C'est une très jolie "short-short" à la Brown.
Qu'il y ait une grande partie de la SF qui soit sous-tendue par des problèmes métaphysiques ne fait de doute pour aucun lecteur de SF rigoureux (mais aucun dénieur ne l'acceptera, sauf avec le qualificatif de métaphysique "au rabais").
Que sa présence soit une des sources du déni, d'accord (avec l'ajout, pat les dénieurs, du qualificatif précédent). Que ce soit celle qui a joué un rôle plus qu'anecdotique, majeur, je ne crois pas, et multiplier loes affirmations équivalentes à l'hypothèse n'en fait pas une preuve de sa validité.
Modifié en dernier par bormandg le mar. déc. 08, 2009 7:26 pm, modifié 1 fois.
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Message par Mélanie » mar. déc. 08, 2009 7:25 pm

Lem a écrit :Oh, tu veux pas rester un peu ?
C'est bien quand tu es là, il y a une sorte de douceur… (même quand tu es énervée).
Moi je veux bien rester, mais je n'ai pas grand-chose à ajouter pour faire avancer le schmilblick, là, tout de suite. Je m'y connais plus en Woody Allen qu'en métaphysique (encore que, les deux sont-ils incompatibles ?).

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Transhumain
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Message par Transhumain » mar. déc. 08, 2009 7:28 pm

Lem a écrit :Je ne crois pas qu'il y ait eu rejet de la sf au cinéma comme en littérature – parce que le statut de la métaphore n'y est pas exactement le même peut-être.
Très juste. Je vais réfléchir à ça de mon côté.

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Message par Transhumain » mar. déc. 08, 2009 7:32 pm

Erion a écrit :Non. La SF EST reconnue par le public, majoritairement jeune. Les jeunes n'ont aucun problème avec la SF, aucun.
Le dernier article de Livres Hebdo sur le sujet, si mes souvenirs sont bons, montre surtout que les jeunes lisent de la fantasy et de la bit-lit. Les stats de prêts de bouquins SF à un jeune public en médiathèque ne sont pas du tout concluants.

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Message par Erion » mar. déc. 08, 2009 7:37 pm

Transhumain a écrit :
Erion a écrit :Non. La SF EST reconnue par le public, majoritairement jeune. Les jeunes n'ont aucun problème avec la SF, aucun.
Le dernier article de Livres Hebdo sur le sujet, si mes souvenirs sont bons, montre surtout que les jeunes lisent de la fantasy et de la bit-lit. Les stats de prêts de bouquins SF à un jeune public en médiathèque ne sont pas du tout concluants.
Je crois que tu as oublié la deuxième partie de mon post : "la reconnaissance n'a aucun rapport avec les ventes". ou les prêts.
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Message par Lem » mar. déc. 08, 2009 7:37 pm

Mélanie a écrit :Moi je veux bien rester
Chic !
mais je n'ai pas grand-chose à ajouter pour faire avancer le schmilblick, là, tout de suite. Je m'y connais plus en Woody Allen qu'en métaphysique (encore que, les deux sont-ils incompatibles ?).
Peut-être WA est-il le prototype de ces "jeunes gens à vapeurs" dont parlait Oncle, plus haut ? Après tout, une grande partie de sa filmographie parle de ça : impossible d'être juif (enfin : de croire), la psychanalyse ne marche pas, elle entretient juste le suspense, la philosophie n'apprend qu'à poser les questions. En fin de compte, on ne surmonte l'angoisse qu'en aimant Annie Hall, quitte à souffrir. Ce qui est au fond un verdict très XXème siècle (et très raisonnable).
C'est curieux, je me souviens bien du monologue final du film. WA raconte l'histoire d'un type qui va chez le psychanalyste et qui dit : "j'ai un problème, ma femme se prend pour une poule" Le psy s'étonne : "Vous ne lui avez pas dit qu'elle n'était pas une poule ?" Et le type répond, assez piteux : "Je voudrais bien mais j'ai besoin des œufs." WA laisse passer une seconde et conclut : Je crois qu'on est tous un peu comme ça, maintenant. On prétend qu'on veut la vérité mais au final, on a encore besoin des œufs.

Est-ce HS ?
Pas tant que ça. (Mais je reconnais qu'il n'y pas de voiture volante.)

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Message par Mélanie » mar. déc. 08, 2009 7:43 pm

Lem a écrit :Est-ce HS ?
Pas tant que ça. (Mais je reconnais qu'il n'y pas de voiture volante.)
Même pas dans Woody et les robots ?

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Message par bormandg » mar. déc. 08, 2009 7:43 pm

Lem a écrit :Quel genre de gars n'aime que les jeux où il est sûr de gagner ? Brr.
T'as pas vu L'Année dernière à Marienbad, toi. :P
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Message par Lem » mar. déc. 08, 2009 7:44 pm

Mélanie >
Ah. Tu vois que tu fais avancer le schmilblick ! (Oncle te bénira.)

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Message par bormandg » mar. déc. 08, 2009 7:46 pm

Erion a écrit :
bormandg a écrit : Pas du tout d'accord, et encore moins avec la fin. Pour différentes raisons (le problème d'apocalypse du "nouveau" paradigme n'atant ni la moindre, ni la seule), la part du public qui accepte la SF a culminé entre 1975 et 1985 aux alentours de 30%, et les jeunes actuels multiplieront les qualificatifs péjoratifs à l'encontre de la SF (barbante, démodée, prise de tête,... sans doute éviteront-ils "infantile", ils ne pourraient plus justifier leur amour de la bit-lib :twisted: ).
Non. La SF EST reconnue par le public, majoritairement jeune. Les jeunes n'ont aucun problème avec la SF, aucun.
T'as pas du rencontrer les mêmes jeunes que moi. Tu sors de ton cours de troisième cycle en fac, des fois? :twisted:
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Message par bormandg » mar. déc. 08, 2009 7:47 pm

Lem a écrit :Mélanie >
Ah. Tu vois que tu fais avancer le schmilblick ! (Oncle te bénira.)
et Eons si vous faites arriver la page 200 vant samedi... 8)
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Message par Mélanie » mar. déc. 08, 2009 7:48 pm

Lem a écrit :C'est curieux, je me souviens bien du monologue final du film. WA raconte l'histoire d'un type qui va chez le psychanalyste et qui dit : "j'ai un problème, ma femme se prend pour une poule" Le psy s'étonne : "Vous ne lui avez pas dit qu'elle n'était pas une poule ?" Et le type répond, assez piteux : "Je voudrais bien mais j'ai besoin des œufs." WA laisse passer une seconde et conclut : Je crois qu'on est tous un peu comme ça, maintenant. On prétend qu'on veut la vérité mais au final, on a encore besoin des œufs.
De mémoire, ça porte plutôt sur l'impossibilité de comprendre les rapports humains que sur la quête de vérité. Il conclut sur une phrase du style "Les rapports humains sont totalement incompréhensibles et chaotiques, mais on continue parce qu'on a tous besoin des oeufs".
(Et c'est vrai que c'est un passage qui reste en mémoire.)

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Sand
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Message par Sand » mar. déc. 08, 2009 7:48 pm

Lem a écrit :
Même présenté avec la précaution de la caricature, je dois dire que j'ai du mal à penser que la société déploie toute cette artillerie rien que pour réprimer les angoisses métaphysiques de quelques jeunes gens!
C'est sûr. Toute l'Europe antique couverte de temples, tout l'Empire romain converti au christianisme. Toute l'Europe médiévale hérissées d'églises – c'était juste pour canaliser les vapeurs de "quelques jeunes gens".
Oncle – tout le monde connaît l'angoisse métaphysique. La conscience – ou la pensée symbolique, peut-être – est reconnue par les préhistoriens au fait que les cultures commencent à enterrer leurs morts. Les solutions à l'angoisse métaphysique sont une signature des sociétés, au même titrre que leur façon d'exploiter la terre ou le style de leurs réseaux d'adduction d'eau. Et elles concernent la même proportion de la population : tout le monde. Je ne pensais pas qu'on aurait besoin de repasser par ces choses, quand même !

Et pour revenir à la récapitulation de la page précédente, j'ajoute pour enrichir l'hypothétique courant de conscience du début trois quatrième de couves du Rayon Fantastique qui se trouvent être sur l'étagère juste au-dessus de moi (juré craché, je n'ai pas choisi ; c'est les trois qui sont là).

Pierre Barbet : Vers un avenir perdu
Prévoir son avenir, on le sait, en serait un avantage pour l'ndividu que s'il pouvait le modifier d'autant.
Mais que dire de toute une super-société qui, pratiquant d'avantageux voyages dans le temps, se heurte à une infranchissable barrière ?
Dans ce secteur temporel, en effet, les astrotemps en mission semblent se volatiliser.
Et lorsqu'une expédition – après mille péripéties spatiales et planétaires – trouve enfin la clé de l'énigme, c'est pour s'apercevoir que cette clef est, pour notre douce Terre, une bombe !
Nathalie-Charles Henneberg : La plaie
An 3000.
Conquise par "la Plaie", une force noire qui l'assaille périoiquement, la Terre semble perdue face aux étoiles libres.
Mais ses meilleurs enfants s'unissent pour la délivrer.
Après un exode vertigineux, le choc des vaisseaux fous dans l'espace, la Terre en proie aux Ombres, les planètes hallucinantes de beauté ou d'épouvante…
De grands anges de flammes combattant des démons irresponsables, des possédés…
Et maintes aventures humaines dans l'effrayante mêlée des mondes.
Le plus épique, le plus fabuleux space opera de Nathalie Henneberg.
Nathalie-Charles Henneberg : Le sang des astres
Selon le professeur russe Agrest, il existerait, rien que dans notre Galaxie, cent cinquante mille planètes au moins dont les conditions seraient analogues à celle de la Terre. Mais naturellement, leur développement pourrait être différent.
Qu'arriverait-il si des astronautes terriens de l'an 2700 tombaient en plein Moyen-Age sur une telle planète ?
Si tous les secrets de la Cabbale étaient réels ?
Si une comète était, simplement, une salamandre ?
Et si, comme l'Ondine ou la Sirène des contes, cette fille du feu, ce "Sang des astres" s'éprenait d'un… cosmonaute errant ?
Seule, l'inépuisable richesse, la poésie imaginative de N.-C. Henneberg peut oser tisser la folie – le piège d'un aussi merveilleux opéra de l'Espace et du Temps.
Religion. Mythologie. Mystique. Métaphysique. La classe totale.
Ce qui m'amène à penser l'idiotie suivante :

et si...

si le fait qu'un grand nombre d'ado, parmi ceux qui ont adoré lire de la SF, s'en détournent à l'âge adulte n'était pas tant le signe d'un rejet de la SF lié aux idées reçues sociétales ("j'ai grandi, je me dois de passer aux choses sérieuses") mais le signe que la métaphysique dans la SF a rempli son rôle : ils n'ont plus d'angoisses, ou du moins elles ne les obsèdent plus, ils ont des réponses auxquelles se référer, et pas ou plus l'envie de creuser plus avant ; ou alors ils trouvent des réponses estimées plus pertinentes ailleurs (religions notamment, quoique l'athéisme fournit aussi des réponses prêtes-à-l'emploi ; psy-trucs divers et variées ; autres réponses auxquells je ne pense pas à l'instant présent)

Ne resteraient lecteurs de SF que les ados/adultes qui ont accrochés au reste de la SF, les thématiques autres que métaphysiques, et les encore-angoissés insatisfaits des solutions proposées ailleurs, qui continuent de creuser.

Dans ce cas, la métaphysique dans la SF n'est pas cause de rejet pour elle-même (au contraire, elle attire), elle l'est par sa fonction : c'est simplement une "concurrente" aux autres réponses, et personne n'aime la concurrence.

Ce serait un problème de fonction, non de nature.

(ceci ne vaut que si on marche dans mon idiotie à peine esquissée plus haut, à laquelle je ne suis pas sûre d'adhérer mi-même...)

(est-ce que je deviens hétéroclite avec ces bêtises ?)
Modifié en dernier par Sand le mar. déc. 08, 2009 7:52 pm, modifié 2 fois.

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