Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Vous voulez une autre anecdote marrante, et plus récente, sur le niveau général de connaissances scientifiques ?
A un diner, pas si lointain, une dame : "moi je suis contre les OGM parce qu'il y a de l'ADN dedans."
Je veux bien admettre que beaucoup de "découvertes" et le vocabulaire qui va avec sont relativement récents, on ne parle pas d'ADN à l'école depuis longtemps, par exemple. Tout de même.
Et pendant ce temps-là, L'Oréal and Co vendent des crèmes pleines de liposomes et de pro-rétinol, de co-enzyme Q10 et de pigments réflecteurs de lumière.
De là à conclure que la science c'est pour faire joli...
A un diner, pas si lointain, une dame : "moi je suis contre les OGM parce qu'il y a de l'ADN dedans."
Je veux bien admettre que beaucoup de "découvertes" et le vocabulaire qui va avec sont relativement récents, on ne parle pas d'ADN à l'école depuis longtemps, par exemple. Tout de même.
Et pendant ce temps-là, L'Oréal and Co vendent des crèmes pleines de liposomes et de pro-rétinol, de co-enzyme Q10 et de pigments réflecteurs de lumière.
De là à conclure que la science c'est pour faire joli...
Je suis depuis longtemps un très grand pessimiste sur la possibilité des sciences d'entrer efficacement (je dis: efficacement) dans la culture normale de tout un chacun, sauf fort investissement personnel. Il n'y a absolument aucune raison que l'on en parle de manière plus compétente que de tous les autres domaines culturels, domaines dans lesquels l'immense majorité des gens, sont généralement incompétents.
Oncle Joe
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Au moins, vu comme ça, c'est simple.Erion a écrit :Parce que ces littératurants sont des ignares.Virprudens a écrit :Est-ce que quelqu'un peut alors m'expliquer pourquoi Pynchon est adulé par les horribles terribles infâmes littératurants alors même qu'il truffe ses bouquins de science ?Roland C. Wagner a écrit :+42.Gérard Klein a écrit :J'aime la science. Et aussi la science-fiction. Il y a peut-être un lien.
Mais il semblerait qu'il soit obscène de le dire de nos jours, y compris dans le milieu de la science-fiction.
Encore une fois : pourquoi vouloir à tout prix opposer littérature et science, alors même que la science-fiction s'applique à les réconcilier ? Et j'attends toujours, aussi, qu'on m'explique pourquoi la "littgen", c'est le Mal, et pourquoi la SF, c'est le Bien.
François - http://malioutine.overblog.com/
- Roland C. Wagner
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Va poser la question sur un forum de littgen.Shalmaneser a écrit :Et j'attends toujours, aussi, qu'on m'explique pourquoi la "littgen", c'est le Mal, et pourquoi la SF, c'est le Bien.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
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Une boîte de chocolat virtuels à l'érudit qui me retrouve la référence d'une nouvelle française sur ce thème : le mode de pensée selon lequel toute la technologie est fictive ("trop compliqué,ça ne marchera jamais") qui entraîne l'arrêt effectif du fonctionnement des appareils en question !Lensman a écrit :Je crois que Campbell disait à peu près que la science, c'était de la magie qui... fonctionne! Enfin, il parlait plutôt de technologie, et il prétendait (avec un poil de mauvaise foi) que, si on écoutait les scientifiques, une bonne partie des engins technologiques ne devraient PAS fonctionner...Hoêl a écrit :Faudrait pas oublier que pour des ignares dans mon genrs , la science , ça ressemble à de la magie ... d'où notre capacité à passer de La S.F. à la Fantasy sans état d'âme !
Oncle Joe
Sinon, un peu de politique ?
http://www.liberation.fr/societe/010160 ... s-incultes
En tant que scientifique, et prof de sciences qui plus est (encore que la biotechnologie ne soit pas vraiment une science dure, disons mi-molle), je ne peux qu'applaudir à ce contre-appel ...Le contre-appel des scientifiques incultes
Par Un collectif de scientifiques
Les historiens qui ont signé l’appel des vingt demandant l’annulation de la décision de rendre optionnelles l’histoire et la géographie en terminale S s’inquiètent du déclin des humanités dans la formation des lycéens scientifiques.
En revanche, ils semblent s’inquiéter moins de la place des sciences et des techniques dans la formation des lycéens littéraires. En tant que scientifiques, il nous serait plus facile d’être d’accord avec eux s’ils s’émouvaient autant de ce que le lycée forme des littéraires ignares en sciences que de ce qu’il forme des scientifiques incultes ; et si leurs propositions relevaient de la solidarité pédagogique globale, plutôt que d’une vision corporatiste.
Si l’histoire - notamment celle des sciences et des techniques - et la géographie, sont indispensables pour se situer dans le monde d’aujourd’hui, les mathématiques, la physique et la chimie, la biologie et l’informatique sont des savoirs tout aussi indispensables pour trouver à se situer dans ce monde. Or, ces savoirs sont déniés aux lycéens chaque jour davantage, alors que l’histoire et la géographie restent, rappelons-le, obligatoires dans chacune des classes de la sixième à la première.
L’affirmation des signataires selon laquelle la décision de rendre l’histoire et la géographie optionnelles en terminale S relève d’un «utilitarisme à courte vue» reflète le préjugé fréquent qui assigne aux sciences et aux techniques un rôle ewxclusif d’outil, niant leur rôle intellectuel, libérateur de la pensée. Seule la démarche scientifique a permis à un Galilée, à un Darwin, à un Turing, de défier les idéologies auxquelles ils étaient confrontés et de modifier profondément notre histoire.
Ce qui, bien au contraire, nous semble impératif aujourd’hui est de donner aux sciences et aux techniques la place qui leur revient dans la formation intellectuelle initiale de nos concitoyens, ce qui passe, entre autres réformes, par la création d’une véritable série S au lycée, pour laquelle la lettre S signifierait «science» et non «sélection».
Martin Andler Mathématicien, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin, Gérard Berry Professeur au Collège de France, ,Michel Cosnard PDG de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) Gilles Dowek Professeur à l’Ecole polytechnique, Malik Ghalab Directeur scientifique de l’Inria, Claude Hélène Directeur de recherche à l’Inria, Hélène Kirchner Directrice scientifique adjointe à l’Inria, Pierre Laszlo Historien des sciences, professeur honoraire à l’Ecole polytechnique, Maurice Nivat membre de l’Académie des Sciences, Michel Serres Membre de l’Académie Française.
... et la dernière intervention de Gérard Klein, et j'ajouterai d'ailleurs une anecdote un peu plus tard (là, mes étudiants commencent à se douter de quelquechose...)
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"Il aura fallu des millions d'années à l'espèce humaine pour descendre des arbres et seulement dix de plus pour se mettre en vitrine." R. Powers
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Note bien que je ne dis pas que tous les lecteurs de littgen accueillent la SF à bras ouverts (et c'est également vrai dans l'autre sens, apparemment) ; je pose plutôt la question à ma bibliothèque, et elle me répond que la question n'a pas lieu d'être.Roland C. Wagner a écrit :Va poser la question sur un forum de littgen.Shalmaneser a écrit :Et j'attends toujours, aussi, qu'on m'explique pourquoi la "littgen", c'est le Mal, et pourquoi la SF, c'est le Bien.
Et puis, la "littérature générale", c'est quoi ? Cette formule ne recouvre aucune réalité autre qu'éditoriale, contrairement à la SF ; même la notion de "classiques" est plus pertinente, en littérature. Alors forcément, quand on cherche à toute force à opposer la SF à quelque chose qui, en soi, n'existe pas, ça pose problème.
François - http://malioutine.overblog.com/
http://www.juliangough.com/journal/amer ... lists.htmlShalmaneser a écrit : Et puis, la "littérature générale", c'est quoi ? Cette formule ne recouvre aucune réalité autre qu'éditoriale, contrairement à la SF ; même la notion de "classiques" est plus pertinente, en littérature. Alors forcément, quand on cherche à toute force à opposer la SF à quelque chose qui, en soi, n'existe pas, ça pose problème.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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Yes !Lem a écrit :Gébé : "Charles-Reboisé Cloizon accuse", in le tome I de la GASFF, Les Mondes Francs (Le Livre de Poche, 1ère édition dans Hara-Kiri je crois).Sylvaner a écrit :[Une boîte de chocolat virtuels…

je cherchais chez Frémion...
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C'est une réponse ?Erion a écrit :http://www.juliangough.com/journal/amer ... lists.htmlShalmaneser a écrit : Et puis, la "littérature générale", c'est quoi ? Cette formule ne recouvre aucune réalité autre qu'éditoriale, contrairement à la SF ; même la notion de "classiques" est plus pertinente, en littérature. Alors forcément, quand on cherche à toute force à opposer la SF à quelque chose qui, en soi, n'existe pas, ça pose problème.
Voilà justement un article qui montre que le problème est éditorial :
Ben oui.But two books by ambitious writers, dealing with the same idea; displaced gods, struggling to adapt in our modern world. You can't ignore the writer who did it first, just because he wasn't published by Bloomsbury.
A literary culture that can't connect these dots has serious nerve-damage.
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On peut pourtant rêver à des efforts de vulgarisation efficace, comme ce que font des émissions comme E=M6, C'est pas sorcier, ou ces séries extrêmement racoleuses importées des USA (Superscience, Superstructures, etc.). Comme toute vulgarisation à l'extrême, c'est souvent pauvre en information et très approximatif, mais ça a le mérite d'exister, de dire des choses correctes dans les grandes lignes, d'être généralement assez accrocheur, bref, de savoir capter l'attention de tout un chacun avec de la science, de la même manière que, quand j'étais gamin, des magazines comme Sc. & Vie Junior et même certains articles de Mickey (généralement orientés voiture-du-futur) ont participé à éveiller mon intérêt pour les sciences et technologies (ce n'est qu'à un certain stade d'études qu'on commence à dissocier les deux).Lensman a écrit :Je suis depuis longtemps un très grand pessimiste sur la possibilité des sciences d'entrer efficacement (je dis: efficacement) dans la culture normale de tout un chacun, sauf fort investissement personnel. Il n'y a absolument aucune raison que l'on en parle de manière plus compétente que de tous les autres domaines culturels, domaines dans lesquels l'immense majorité des gens, sont généralement incompétents.
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D'accord, ce ne sont que quelques efforts dans un océan d'obscurantisme mais ils prouvent que la science peut toucher n'importe qui sans grand effort de cette cible. Ces émissions sont toutes extrêmement accessibles. (Le problème est qu'on entretient dans les esprits l'idée que la science est réservée aux meilleurs cerveaux, qu'elle est compliquée, qu'elle est forcément mathématique... À un certain niveau d'études, elle devient tout ça, mais on peut s'y initier et s'en émerveiller largement sans ça.)
D'ailleurs, toute cette vulgarisation tend parfois vers la science-fiction dans ses promesses peu étayées, dans son esthétique futuriste, dans son caractère de récit. La vulgarisation ressemble souvent à de la SF mise au service de l'éducation.
Et pour revenir à la remarque sur la magie : mon attrait pour la science a aussi été éveillé par un certain nombre de visites au Palais de la découverte quand j'étais gamin et effectivement, toutes ces merveilles que je ne comprenais que parcellairement, ça tenait de la magie. La science me semblait être capable de tout. Certitude que confortait la SF.
Et j'ai beau savoir tous leurs défauts, j'aime bien regarder de temps à autre une émission de vulgarisation pour y retrouver la magie scientifique dissipée par mes études, de la même manière que je lirais de la SF.
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Mais est-ce que la SF est de la vulgarisation mise au service de l'éducation ? ...Atv' a écrit :La vulgarisation ressemble souvent à de la SF mise au service de l'éducation.
Modifié en dernier par Shalmaneser le mar. déc. 15, 2009 1:31 pm, modifié 1 fois.
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Et bien voilà... c'est ce que beaucoup de camarades sur ce fil pensent, aussi. Mais il y a une sorte de fond "médiatico-culturel" qui donne l'impression (je dis bien l'impression) du contraire, et qui nous est pénible, quand on s'arrête (bêtement, je te l'accorde) à tendre l'oreille.Shalmaneser a écrit : Et puis, la "littérature générale", c'est quoi ? Cette formule ne recouvre aucune réalité autre qu'éditoriale, contrairement à la SF ; même la notion de "classiques" est plus pertinente, en littérature. Alors forcément, quand on cherche à toute force à opposer la SF à quelque chose qui, en soi, n'existe pas, ça pose problème.
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Heu... la citation donne l'impression que c'est moi qui ait écrit ça, mais c'est Atv', je crois. C'est une question compliquée.Shalmaneser a écrit :Mais est-ce que la SF est de la vulgarisation mise au service de l'éducation ? ...Atv' a écrit :Lensman a écrit :La vulgarisation ressemble souvent à de la SF mise au service de l'éducation.
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Justement, Tonton, même un fond médiatico-culturel, ça se modifie !Lensman a écrit :Et bien voilà... c'est ce que beaucoup de camarades sur ce fil pensent, aussi. Mais il y a une sorte de fond "médiatico-culturel" qui donne l'impression (je dis bien l'impression) du contraire, et qui nous est pénible, quand on s'arrête (bêtement, je te l'accorde) à tendre l'oreille.Shalmaneser a écrit : Et puis, la "littérature générale", c'est quoi ? Cette formule ne recouvre aucune réalité autre qu'éditoriale, contrairement à la SF ; même la notion de "classiques" est plus pertinente, en littérature. Alors forcément, quand on cherche à toute force à opposer la SF à quelque chose qui, en soi, n'existe pas, ça pose problème.
Oncle Joe
Ne prenons pas les rumeurs infondées et "fluctuantes" (voire mergituresques) pour argent comptant ; lisons plutôt les livres, ce qu'ils ont à nous dire est bien différent.
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